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vendredi 19 avril 2024
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Interviews

Interviews (69)

Fuite de l’anacarde/Dr Adama Coulibaly Dg du Cca // « Le phénomène menace sérieusement la filière(…) »

mardi, 18 février 2020 21:23 Written by

 M. Directeur général,  pouvez-vous  nous faire un  point  sur la fuite   de l’anacarde durant la campagne  de commercialisation 2019 ?
 Il   est difficile de donner un chiffre précis. Nous pouvons juste faire  des extrapolations pour donner  ce que nous  estimons à partir  de la production nationale.   Il s’agit  de  chiffres  que nous avons   que nous avons enregistré dans  nos bases de données en termes de commercialisation.   Il  convient à ce niveau   de faire la part  des choses entre  ce qui est commercialisé en  interne et la production nationale.  Nous sommes  d’accord pour dire que la production ivoirienne dépasse les 800 mille tonnes. Il se trouve que pour l’année 2019, nous n’avons enregistré que 634 641 tonnes. Nous sommes conscients qu’il  une bonne parti  du produit qui passe par les frontières terrestres.  Ces deux dernières années, le phénomène  a pris une ampleur telle  qu’il commence à  menacer  sérieusement la filière.Mais pourquoi ?Au titre  de la parafiscalité, il y a un manque à gagner de plusieurs milliards de Fcfa. Nos estimations indiquent que nous ne sommes pas loin des 17 milliards  de manque à gagner. Ceci étant, pour le  producteur, il n’y a pas  eu de perte étant donné qu’il a vendu son produit. Même   si ce produit a pris une destination extérieure,  il est reste que le producteur a fait sa recette. La production nationale a certes  atteint les 800 mille tonnes  de noix brutes, mais   ce que nous avons atteint  dans nos bases de données  c’est 634641 tonnes. Le gap  représente la quantité  qui s’est retrouvé  hors de nos frontières et qui oscille en 150 mille et 200 mille tonnes. Précisons que ce n’est pas une seule frontière qui est poreuse.   Tous les pays  qui nous entourent  considèrent  qu’ils ont droit à  une part  de l’éléphant.  Dans le Gontougo on est passé de plus  de 130mille tonnes à 17 mille tonnes sur 4 à 5 ans. Qu’est ce qui a pu se passer alors qu’il  n’y a pas eu  de  catastrophe naturelle, de feu de brousse ? La pluviométrie a été bonne.   Cela interpelle. En ce qui concerne le  respect du   prix du Kg, nous avons sur le terrain nos dispositifs de commercialisation  avec  des documents que  l’acheteur doit   renseigner. Vous ne pouvez pas acheter  un Kg  de noix  sans renseigner  notre  carnet d’achat documents dont une copie reste avec le producteur.  Mais, malheureusement, il se trouve que des producteurs   se rendent complices  de certains acheteurs véreux.  Ce  sont ces données qui permettent au comité de veille dans chaque département de surveiller l’application  et le respect des prix  sur le terrain. C’est l’une  des difficultés sur le terrain. Des exportateurs et acheteurs agrées par le Conseil du  coton et  de l’anacarde ont également décidé d’aller   s’installer  au Ghana,  le long  de la frontière d’avec la Côte d’Ivoire pour mieux capter la production ivoirienne. Des sanctions sont prévues dans ce sens ?Oui , il y a des installations  le long des frontières. Les   multinationales qui sont basées ici, sont les mêmes que dans les pays voisins.   Ils travaillent également avec  des acteurs qu’on trouve dans nos zones de production et vice versa. Ce qui nous gêne, c’est  ceux  qui est achètent  dans l’intention  de  réexporter. Le port de Tema est devenu le premier port d’exportation mondiale de noix brutes avec plus de 391 mille tonnes  pour une production nationale qui ne peut pas dépasser 125 mille tonnes. Il nous revient que le Burkina exporte aussi par  ce port.  La différence ne vient pas forcement  de nos plantations mais il y a un gros volume qui vient  de chez nous.    Ce  n’est pas ce qui est transformé au Ghana qui nous pose problème.  Sa capacité de transformation est d’environ 20 mille tonnes.   Ce pays   a  une grosse unité qui est installée à Tema qui décortique entre 12 et 13 mille tonnes. Le reste, ce sont des petites unités qui sont installées. Ce  n’est pas ça aussi  qui nous gêne fondamentalement. La Côte d’Ivoire est quatrième  transformateur mondial  d’anacarde malgré la faiblesse de nos volumes et récemment nous avons conforté notre position sur le marché  européen  en termes d’exportation d’amande en tant que quatrième fournisseur en amende après le Vietnam, l’Inde et le Brésil.    
Pour lutter contre la fuite  de la noix de cajou, le Cca va s’appuyer  sur une ordonnance. Pouvez-vous  nous en parler ?Cette ordonnance  N°2018-437 du 03  Mai 2018 portant répression de la commercialisation et  de l’exportation illicites des produits agricoles, en son article 3  dit  très clairement : « Sont confisqués aux profits de l’organe en charge de la régulation de la filière  agricole concernée, les produits  des infractions  prévues par  la présente ordonnance. Peuvent être  confisqués, les moyens de transports ayant servi à commettre l’infraction ».   C’est le Conseil du coton et  de l’anacarde  qui a  initié cette ordonnance et le gouvernement a estimé que ça ne pouvait-être spécifique à l’anacarde. Donc elle a été élargie à l’ensemble des filières dont les produits  sont l’objet  d’exportation frauduleuse. Nous  sommes en train d’actionner tous les acteurs afin que nous puissions parler le même langage.2019, nous avons apporté notre contribution dans le cadre de l’opération  qui avait été initiée précédemment   mais  ce dispositif ne nous a pas donné satisfaction. Nous  allons voir comment nous allons renforcer ce dispositif et apporter notre contribution en termes de mobilité aux forces  qui sont basées à Ouagolo,  Ferkessedougou et Bondoukou.  En plus de ce que va faire l’Etat lui-même.
 M. le  Directeur général, pouvez-vous  nous  faire un petit bilan  de la campagne  2019, le taux de transformation et les prévisions pour 2020 ?
 En 2019, la production ivoirienne a été de 634641tonnes comme indiqué plus haut,  contre  761731tonnes en 2018.  C’est une baisse de 17% d’une année à l’autre.  En ce qui concerne la transformation, nous avons enregistré 68mille tonnes en 2018 contre  57 mille tonnes en 2019. Au titre des exportations locales, 574 mille tonnes en 2019 contre 642 mille  tonnes en 2018.   Notre plus grande satisfaction, c’est qu’il y a une véritable dynamique  au niveau de la  transformation.  C’est qu’entre 2018 et 2019, le volume a baissé mais,  entre- temps il y a 9 nouvelles unités qui ont été créées en 2019 d’une capacité d’environ 170 mille tonnes. Au moment où nous vous parlons, il y a 9 nouvelles unités qui sont en construction et  qui vont démarrer leurs activités en 2020.  Nous ne parlons pas des projets qui  sont prêts   et qui vont démarrer en 2020. Au total,  sur les deux années, nous allons avoir une capacité additionnelle de l’ordre de  165 mille tonnes. Ce qui nous fonde à espérer que  la Côte d’Ivoire va atteindre en fin 2020,  le seuil psychologique de 100 mille tonnes transformées localement. D’ici 2023, la  capacité de transformation installée sera d’environ  500 mille tonnes.Bamba Mafoumgbé  Légende photo : Dr Adama Coulibaly, Directeur général du Conseil du Coton et anacarde : « D’ici 2023, la  capacité de transformation installée sera d’environ  500 mille tonnes » ( In Le Temps du 13 février 2020)

M. MONDHER MIMOUNI (Chef de l’intelligence commerciale ITC)// « (…) beaucoup d’obstacles au commerce en Côte d’Ivoire »

mercredi, 29 janvier 2020 10:33 Written by

« (…) beaucoup d’obstacles au commerce en Côte d’Ivoire »

C’est en principe en ce mois de Janvier 2020, que sera opérationnelle, la Zone de libre- échange continentale africaine(Zlecaf). En attendant, M. MONDHER MIMOUNI, chef de l’Intelligence commerciale au Centre de commerce international(Cci) situe les enjeux de l’appui de la structure dans la redynamisation du commerce intra africain.

 

De manière concrète qu’ est ce qui a été déjà fait sur le terrain en Afrique ?

 

Le Centre de commerce international( Cci), ou Itc en anglais existe depuis 1964. Il a été créé en même temps que la Cnuced et le Gatt( actuel Omc). En plus que 50 ans, le Cci a énormément fait dans le cadre de son mandat. Qui est principalement d’aider et de soutenir le secteur privé. En travaillant directement avec celui-ci mais aussi en travaillant avec les institutions d’appui à l’investissement. Mais aussi les ministères du Commerce, de l’Industrie. Sans oublier ceux de la Jeunesse et de la Femme, puisque nous avons des activités qui se diversifient de plus en plus. En vue d’un développement inclusive qui va jusqu’ à l’Environnement. Notre mandat, c’est d’aider et de soutenir le secteur privé dans les différents pays. Etant donné que toute la richesse vient du secteur privé. Nous sommes présents dans des pays, où le tissu industriel est composé de Petites et moyennes entreprises( Pme) qui ont besoin de beaucoup de soutiens. Dans le cadre de la gestion de l’information commerciale, nous aidons principalement les pays à mieux utiliser l’information commerciale. Nous sommes dans un monde où le plus fort, c’est celui qui détient l’information. Les plus grosses entreprises, ce n’est pas Bouygues, Airbus ou General Electric. Mais les entreprises de communication et d’informations. Citons : Google, Facebook, Amazone entre autres. Ce sont ces entreprises-là qui tiennent l’information et qui savent la sortir le moment précis. Notre mandat aussi, c’est d’aider les plus petites entreprises à avoir accès à l’information et la rendre digeste. Afin de les aider à mieux s’orienter et savoir vers qui exporter. Nous sommes leaders mondial sur l’information commerciale et nous donnons libre accès à celle dont nous disposons. C’est la principale raison pour quelle, nous entendons bien travailler en synergie avec vous, pour aider les Pme à avoir accès à l’information juste qui puisse aider les Pme à prendre la décision juste.

Dans ce cadre vous avez montez des projets sur l’Ile des Comores. Pouvez-vous nous en parler ?

 

Nous avons monté un petit projet sur l’Ile des Comores. Qui exporte actuellement trois principaux produits. Citons entre autres, la Vanille et le girofle. Avant, ils exportaient 12 produits et petit à petit, ils sont arrivés à trois. Chaque année, les acheteurs venaient et c’est eux qui fixaient les prix. Pendant que les producteurs n’avaient aucune idée sur les prix qui sont pratiqués ailleurs. Pour tout dire, ils abusaient d’eux. Vu qu’ils se trouvaient à la période de la récolte où ils étaient obligés de vendre. Soit ils vendent soit ils se trouvaient en surproduction( …) C’est ce qui a entrainé petit à petit à la disparition du tissu productif de ce pays.

 

Qu’avez-vous fait pour sauver la situation ?

 

Nous avons implémenté un applicatif que nous avons lancé il y a deux ans. Celui-ci nous donne au jour le jour, les prix pratiqués sur le marché mondial. Ainsi, l’acheteur ne viendra fixer un autre prix bas aux producteurs. Là où le Kg de la vanille vaut plus. Ce ne sont pas les producteurs seulement, mais les chambres de commerce qui peuvent utiliser les prix donnés par l’applicatif pour mieux les diffuser auprès des producteurs qui sont connectés aux différentes chambres de commerce. Ainsi, plus jamais quelqu’un ne viendra leur dicter un prix dérisoire.

En Afrique de l’ouest, il se dit que c’est difficile d’avoir accès aux informations commerciales. Quel est le problème ?

 

C’est un problème général. On ne peut pas indexer l’Afrique de l’Ouest. Par ce qu’en Afrique centrale, l’information commerciale laisse à désirer tout comme en Afrique du nord. ( …). Quand un gouvernement ou un chef d’entreprise décide, il le fait en fonction de l’information la plus récente. Dans plusieurs pays de la région, le problème auquel l’on fait face, c’est que même si l’information existe, elle est caduque. Si vous allez à la Banque centrale, à l’institut national de la statistique ou au ministère du Commerce, vous allez trouver parfois des informations contradictoires. Sur quelle base prendre une décision étant donné que l’information commerciale est un outil de décision ? De deux, quand l’information idoine existe, elle se trouve dans des bureaux mais pas centralisée dans un endroit précis. D’où on peut la partager avec les institutions et autres potentiels utilisateurs. Des efforts sont faits de la part des différents Etats. Au niveau de l’Union économique et monétaire ouest africain( Uemoa), un formidable travail est en train d’être fait à travers la mise en place d’un portail d’informations commerciales. Mais ça ne suffit pas. Ce portail n’est pas opérationnel. Si je voudrais voir ce que la Côte d’Ivoire a exporté le mois dernier et les prix réels, je ne peux pas. Le secteur privé a besoin d’informations très récentes et très rapidement. En Côte d’Ivoire, par exemple, nous avons mis en place, il y de cela trois ans, un système d’alerte aux obstacles au commerce. Ce système est logé à la chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire. Pour exporter, plusieurs institutions entrent en jeu. Nous avons les ministères de la Santé, de l’industrie, du Commerce, de l’Economie et des finances. Cela dépend du produit mais nous avons plusieurs institutions qui entrent dans la régulation d’un produit. Nous avons fait une enquête au niveau de la Côte d’Ivoire, nous sommes arrivés à conclusion qu’il y avait beaucoup d’obstacles au commerce et beaucoup d’obstacles procéduraux qui sont longues. Ce qui affecte la compétitivité du pays. Quand nous avons mis ce système en place, au début c’était excellent. Après une campagne de communication, plusieurs dizaines de personnes aussi bien des hommes d’affaires, des petits que de grands exportateurs ont commencé à l’utiliser. Dès que votre produit est bloqué au niveau de la Douane, vous envoyez un message qui arrive à un point focal. Qui à son tour, va le redistribuer à l’institution qui est en charge de ça. Ce dernier va régler immédiatement. Cela fait gagner beaucoup d’argent au pays. Au début le système a marché mais petit à petit, le nombre d’utilisateurs a baissé.

Pourquoi ce relâchement ?

Les utilisateurs n’ont pas maintenu ce système d’alerte. Nous au niveau de l’Europe, il y a ce genre de système qui marche très bien. Tous les exportateurs et tous ceux qui sont dans le secteur économique, l’utilise et il y a une communication autour de ça. La presse économique, les centres de promotion du commerce doivent utiliser les mécanismes qui sont en place. Mais si on n’améliore pas la communication, ils seront sous utilisés. Par exemple, en ce qui concerne la Côte d’Ivoire, le système mis en place, nous

a permis de régler beaucoup de problèmes au niveau des importateurs et exportateurs. Notamment ceux liés au certificat d’origine qui devrait passer par la Chambre de commerce et d’industrie. Nous l’avons fait en Ile Maurice où beaucoup de taxes qui ont été éliminées. Des structures font des ajouts et oublient de faire des nettoyages au fur et à mesure. Si on ne procède pas à des nettoyages, sans le vouloir, on peut avoir des procédures qui se dupliquent. Avec à la clé des coûts additionnels à la charge des opérateurs économiques. Or on doit faire en sorte de gagner des points de compétitivité. A chaque fois qu’on laisse passer des éléments de ce style- là, cela affecte la compétitivité nationale. Nous avons aidé en Côte d’Ivoire travaillé sur le Pacir et formé des opérateurs à l’analyse commercial. Ce sont ce genre d’intelligence que nous voulons aider à créer au niveau des pays.

Vous avez dit que vous essayez de rendre l’information digeste de telle sorte qu’elle puisse profiter aux petits exploitants. Quels sont les moyens au niveau de l’Afrique pour atteindre vos cibles qui n’ont souvent pas accès à internet ?

C’est un problème majeur. Quand on a des micro- entreprises, c’est difficile d’atteindre les producteurs et les petits exportateurs. Raison pour laquelle, nous voulons renforcer notre collaboration avec les chambres de commerce en leur mettant à disposition toutes les informations et les moyens. Malheureusement, dans certaines régions, l’accès à l’internet est difficile.(…) Un accord qui a permis d’augmenter les exportations, c’est bien Agoa. Mais il y a beaucoup de technicité dedans. Pour toute l’Afrique de l’Ouest, nous avons fait des guides qui les aident à mieux tirer profits de l’Agoa de A à z. Ce pour différents secteurs. Cela a eu tellement de succès que nous avons été invités par des ambassadeurs africains à Washington pour leur présenter ça et renforcer à la communication. Malheureusement, quel que soit le budget que vous mettez en place, quel que soit la volonté que vous mettez en place, si vous n’avez pas le soutien du pays lui-même, c’est difficile d’atteindre les résultats escomptés. Si nous développons un système qu’on fournit à un partenaire, ce que nous attendons de lui, c’est de maintenir le cap en consolidant les acquis par lui-même. Surtout quand il y a un avantage. C’est vrai nous aidons mais il faut que la partie tierce, prenne la relève. Nous ne comprenons pas pourquoi, ce n’est pas le cas.

Et au Cameroun… ?

Personnellement je n’ai pas travaillé sur le Cameroun ces dernières années. Mais avons un grand projet financé par l’Angleterre, dans le cadre de l’observatoire à mettre en place. La Côte d’Ivoire et le Cameroun sont deux pays pilotes avec l’observatoire que nous sommes en train de mettre en place. Nous allons sélectionner un ou deux secteurs clés par pays sur les lesquels nous allons travailler sur les 24 pays sélectionnés. En travaillant par exemple sur la chaine des valeurs et la promotion des exportations.

Avec la Zlecaf, comment entendez-vous travailler avec le secteur privé africain pour le rendre plus compétitif ?

Le Centre de commerce international(Itc) croit beaucoup en l’accord sur la Zone de libre -échange continentale africaine. Nous ne sommes pas le seul d’ailleurs. Il n’y a qu’à voir l’engouement au niveau de certains pays du G20. Ils sont très intéressés par tout ce qui concerne cet accord aussi bien au sein de l’Union africaine( Ua) que des différents pays. Afin d’aider à booster le commerce intra-africain par exemple d’une part et avoir une relation plus approfondie avec l’Afrique d’autre part. S’ils le font, c’est qu’ils croient au potentiel qui est énorme dans plusieurs régions d’Afrique. Quand on regarde la structure du commerce de l’Afrique, il y a beaucoup de produits de base, beaucoup de commerce de produits semi-transformés. L’inconvénient avec un tel tableau, par exemple pour les pays qui exportent 80% de pétrole et du bois, même si on déclare que le pays exporte pour 20 milliards de dollars de pétrole, ce sont les multinationales qui exportent. Mais combien va revenir au pays en termes de royalties. Combien d’emplois sont créés par l’exportation des produits de base? C’est très peu d’emplois dans le pays. Donc si la transformation ne se fait pas sur place, dans les pays producteurs, les problèmes de chômage des jeunes et la lutte contre la pauvreté ne vont pas être réglés. En somme, le pays qui continue à exporter des produits bruts, il exporte des produits à très peu de valeur ajoutée.

Qu’entend donc concrètement voir le Centre de commerce international en Afrique ?

Quand on exporte en dollars en Afrique, 60% sont en valeur ajoutée alors que quand on exporte vers le reste du monde, il n’y a que 30% de produits finis. En augmentant vos exportations vers l’Afrique, vous avez plus de création de richesses. Souvent on voit que plusieurs pays exportent vers les pays traditionnels, avec des contrats déjà prédéfinis. Dans ce cas de figures, le producteur ou l’exportateur ne cherche pas à identifier de nouvelles opportunités. Parce qu’il connait la transaction et la procédure. C’est peut-être partiellement la faute au producteur ou à l’exportateur qui ne cherche pas à diversifier ses partenariats mais aussi c’est la faute aux institutions en charge de son environnement de commerce qui ne l’informe pas sur le potentiel qui existe. Quand je prends un pays comme le Togo, les exportations c’est vers la France( …). Quand vous regardez la liste des exportateurs de café au monde, dans les Top 5, il y a plusieurs pays qui ne produisent pas un grain de café.

Qu’en est –il de l’Intégration régionale ?

Il faut la renforcer que d’exporter sur le reste du monde. C’est important. Mais pour y réussir, il faut développer une certaine intelligence commerciale pour identifier les potentialités. Une fois que cela est fait, il faut voir comment donner plus de valeurs aux produits existants. Souvent on parle de transformation mais souvent c’est sur le packaging. Si vous arrivez à respecter les normes et les standards, le secteur privé peut gagner beaucoup. Ce dernier pour prospérer, il a besoin qu’on le guide un peu en améliorant l’environnement du commerce. Notamment le coût du transport qui est souvent moins cher de la Chine au Nigeria que du Nigeria au Sénégal. Le coût du transport intra- africain est très élevé. L’insécurité joue un rôle tout comme le manque d’infrastructure qui est un sérieux problème(…) Il faut réduire aussi les obstacles au commerce qui existent entre les pays. Une fois que vous arrivez à faire ça, l’idée c’est de fournir des informations aux entreprises sur les potentiels qui peuvent avoir ou dégager de l’Afrique, afin de bénéficier c’est le but de l’observatoire que nous sommes en train de mettre en place. Ce pour les aider à avoir les informations au jour le jour. Nous voulons aussi connecter les entreprises. Théoriquement, il y a du potentiel, il faut mettre les infrastructures en place pour booster le commerce en Afrique. Sans oublier l’assurance. Il faut assurer les transactions c’est important.

En ce qui concerne l’observatoire africain du Commerce, vous avez commencé avec 14 pays, quand allez-vous atteindre l’étape des 54 pays ?

L’observatoire est un projet sur 4 voire 4 et demi. Nous avons défini un calendrier que nous sommes en train de respecter d’ailleurs. Dans plusieurs pays, nous sommes en train et nous voulons avoir l’information en temps réel. C’est difficile et c’est pourquoi nous avons voulu commencer avec 5 pays. Ainsi, dès que tous les mécanismes d’implémentation sont mis en place, nous allons l’élargir à un plus grand nombre. Quand nous avons dit ça, nous avons enregistré une demande très forte que ce que nous avions prévu. C’est ainsi que nous sommes retrouvé à 14 pays. Avec lesquels nous avons commencé le projet. Qui est de travailler avec toutes les institutions du pays, dans la transparence en temps réel et fournir ces données à toutes les entreprises des systèmes quasi-automatiques d’informations. Afin de mettre les africains au top des tops de l’information commerciale. Pour être membre de l’observatoire, nous voulons l’engagement du pays à contribuer activement. Aussi le pays doit être prêt et disposé à nous donner l’information.

Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.( In Le Temps decembre 2019)

Légende photo : M. MONDHER MIMOUNI Chef de l’Intelligence commerciale au Cci. : « Il faut mettre les infrastructures en place pour booster le commerce en Afrique »

 

Arancha Gonzalés,( Dg Cci) /Actions du Cci en Afrique « Nous appuyons le commerce et les Pme..»

dimanche, 22 décembre 2019 08:40 Written by

Concrètement en quoi a consisté cette semaine de l’industrialisation de l’Afrique ?

Le Centre de commerce international( Cci) a parlé de l’industrialisation de l’Afrique. Nous avons échangé avec les entreprises, parlé de commerce international et creuser un peu plus dans la gouvernance. Mais il y a eu aussi, tout un volet d’échange avec les entreprises qui sont venues ici à Addis Abeba, pour parler entre elles de commerce international. Nous avons enregistré la participation d’acheteurs, des demandeurs, des investisseurs et des gouvernements qui veulent attirer des investisseurs notamment en Ethiopie. Plus spécifiquement, cette semaine a comporté trois volets : Le premier dédié aux femmes dans le commerce en Afrique. Ce dans le contexte de la Zone de libre -échange continentale africaine,( Zlecaf). Un accord signé par les Chefs d’Etat africains. C’est quelque chose de nouveau, par rapport à ce que nous avions vu par le passé est en train de se réaliser. Après donc sa signature, cet accord doit maintenant être concrétisé et mis en œuvre. Nous avons échangé avec les femmes entrepreneurs parce qu’elles constatent que dans la Zlecaf, qu’il manque la prise en compte des aspirations des femmes entrepreneurs. Il a eu le volet Industrialisation de l’Afrique. Quelles ont été les activités majeures Nous nous sommes focalisés sur les jeunes entrepreneurs ; c’est-à-dire les Start up. Nous avons voulu leur donner un espace spécifique. Parce qu’on doit écouter les jeunes. Ce n’est pas simplement parler d’eux dans une grande conférence mais leur donner la parole. Il faut leur donner un espace afin qu’ils nous disent leur souhait par rapport à l’intégration commerciale. Nous avons eu le forum mondial pour les exportations. Jusqu’ en 2013, nous ne l’avions jamais organisé une édition en Afrique. Après le Rwanda, nous étions en Zambie et donc c’est la troisième fois que nous l’organisons sur le continent africain. Précisément à Addis Abeba où se trouve le centre de gravité de la Zlecaf.

En quoi consiste l’apport du Centre de commerce international(Cci) à la mise en place de la Zlecaf ?

Nous assistons et soutenons l’Union africaine( Ua) sur des volets. Nous sommes en train de créer un observatoire pour le commerce en Afrique. Cet observatoire va être appuyé par des mandats pris par l’Ua. Ces mandats aideront à faire en sorte que cet instrument permette aux Etats membres de mesurer comment l’intégration économique africaine avance. Mais Donc on ne peut pas savoir si l’intégration économique avance ou pas. Nous allons donc mettre en place cet observatoire pour le commerce africain qui est financé par l’Ue et mandaté par l’Union africain et mis en œuvre par le Centre de commerce international. Egalement, nous sommes en train de développer un en ligne un outil qui va permettre aux pays de simuler l’impact d’élimination des tarifs douaniers dans chaque pays, pour qu’ils puissent voir comment ils procèdent à la réduction desdits tarifs et la réduction des barrières non tarifaires.
Nous imaginons que ce n’est pas tout ?
Nous allons également travailler avec les institutions d’appuis au commerce. C’est-à-dire les chambres de commerce et les agences de promotion du commerce et de l’investissement que l’Ocde à aider afin de bénéficier de la Zone de libre –échange africaine. Au mois de Mai 2020, nous serons à Accra au Ghana où, nous allons rassembler toutes agences de promotion de commerce et d’investissement du monde. Aussi, nous travaillons sur la chaine des valeurs sur le continent africain. Pour les aider à devenir plus compétitives. Nous travaillons sur l’habillement et le textile au Mali, au Burkina Faso, les Tic au Sénégal(…). Sans oublier les femmes entrepreneurs en Zambie et au Zimbabwé… Bref, nous appuyons la mise en place de la Zlecaf, ses institutions d’appui au commerce et les Petites et moyennes entreprises.

Si l’Union européenne( Ue) a réussi c’est parce qu’il y avait un petit groupe au départ. Alorsqu ’en Afrique nous avons 55 Etats. Est-ce que cela ne pose pas déjà problème ?

C’est vrai qu’avec l’Ue il y avait un petit noyau dur ( La France, l’Allemagne (…) mais qui a subi des aléas. En termes de grandes économies, en Afrique, vous avez l’Egypte, le Nigeria, le Kenya et l’Afrique du Sud et l’Angola. Après nous avons les moyennes économies. Après ce qui s’est passé, cette fois-ci la Zlecaf a été signée par trois de ces cinq. Egypte, Angola, Kenya. Pendant ce temps, les deux autres : l’Afrique du sud et le Nigeria qui étaient dans un processus électoral. Par la suite, ils ont décidé de prendre le train en marche quand ils ont bouclé leur processus électoral respectif. Ici la différence n’est pas assez grande parce qu’il y a eu ça dans l’Ue. La plus grande différence entre l’Ue et l’Union africaine, c’est ce que la Commission de l’Ua ce n’est la Commission européenne. C’est bien ça la différence. Au niveau de la Commission de l’Ue vous avez des institutions qui poussent à l’intégration. Qui a un pouvoir fort. En Afrique nous n’avons pas ça. C’est un secrétariat au service des Etats membres et qui n’ a pas de pouvoir fort. Une paneliste a dit ce matin que ce n’est pas la disponibilité des financements qui pose problème mais c’est le fait de ne pas oser.
Votre commentaire ?
Il n’ y a pas fondamentalement un problème de financement ou de liquidité. Il y a plein de fonds qui ne cherchent à être injecter dans l’économie. Le problème que nous avons, c’est qu’il n’y pas de connexion entre la liquidité et les entreprises. Précisément les Pme qui ont besoin de crédits ne sont reliées aux fonds qui existent. Les Pme ne peuvent pas se payer le risque les exigences imposées par les banques traditionnelles. Ce qu’il faut donc, c’est de les interconnecter entre elles.
Pour une semaine aussi importante, nous avons eu l’impression que le volet exposition a été carrément ignoré ?

Nous n’organisons pas de foire. Ce n’est pas notre métier. Nous organisons des B to B six que nous préparons six mois à l’avance. Avec un point d’honneur aux produits agro-alimentaires parce que ça intéresse beaucoup. Nous avons aussi les services autours de l’agro-transformation. C’est aussi la machinerie et l’équipement. Bref, nous avons pensé que c’est un secteur qui a du potentiel intégrateur aussi bien au niveau des pays francophones qu’anglophones ont comme atout. Nous avons commencé dès à présent la rencontre de l’année prochaine. Les acheteurs s’enregistrent aujourd’hui et nous disent ce qui les intéresse. De leur côté, les vendeurs s’enregistrent également et disent ce qu’ils ont à offrir. Chacun d’entre eux arrivent avec des échantillons(…), ses catalogues mais nous ne faisons pas de foires. Le prochain forum aura lieu en Mongolie en Asie.

Bamba M.

Légende photo : Madame Arancha Gonzalés, Dg du Cci : « Il faut donc, interconnecter les Pme aux financements qui existent »

Encadré : Les ivoiriens, les grands absents

Durant la célébration de la semaine de l’industrialisation de l’Afrique, le siège de l’Union africaine à Addis- Abeba ( Ethiopie), a été pris d’assaut par plus de 500 femmes d’affaires venues de par le continent africain, pour parler d’affaires et d’opportunités de partenariats entre elles. Encore une fois, les ivoiriennes et partant les femmes de l’espace francophone ont été moins visibles. Pourquoi ? Nous ne pouvons en dire plus. Et pourtant dans le secteur de l’Agrobusiness ivoirien, elles sont nombreuses à bien se défendre et à avoir du talent à revendre. Durant ces manifestations aussi, les hommes et femmes d’affaires ivoiriens ont brillé par leur absence. Pour tout dire, les femmes anglophones et leurs hommes ont ‘pris le pourvoir’ et ont certainement noué de bons partenariats. A travers un corps à corps, des promotrices venues du Ghana, du Nigeria, du Zimbabwé et de l’Uganda, ont bien fait la promotion de leur She Butter ou beurre de Karité. Heureusement que Madame Dé Yacine de l’entreprise Sadia du Sénégal était présente avec ses échantillons d’engrais organiques.
B. Mafoumgbé , envoyé spécial
Encadré : Les pays signataires et les instruments du traité

Après la signature du Bénin et du Nigeria en Juillet 2019, l’Érythrée est le seul pays du continent n’ayant pas signé l’accord portant création de la Zlecaf. Vingt-sept pays l’ont ratifié : on compte notamment le Burkina Faso, le Tchad, le Congo, la Côte d’Ivoire, Djibouti, la Guinée, le Gabon, le Ghana, la Gambie, le Kenya, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Rwanda, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud, le Togo, l’Ouganda ou le Zimbabwe. La République arabe sahraouie démocratique (Rasd) et le Maroc ont annoncé dans la mouvance, qu’ils déposeraient les instruments de ratification dans les jours qui suivaient. Les 5 instruments du traité ont été adoptés. Ils portent sur les règles des produits d’origine, les offres tarifaires, la suppression des barrières tarifaires, le système de paiement numérique de dédouanement et l’observatoire africain de facilité du commerce.
B. M ( in Le Temps  du 20 décembre 19

 

 

 

 

 

 

Yacouba Dembélé ( Dg Aderiz)/ Réexportation du riz à partir de la Ci// « Le Nigeria a fermé sa frontière à cause du riz de Côte d'Ivoire(…) »

mercredi, 11 décembre 2019 23:01 Written by

 De  la  mise en œuvre  de la Stratégie nationale  de développement  de la riziculture( Sndr),  à la réexportation  du riz importé  vers les autres pays  de la Sous- région, M.  Yacouba Dembélé, Dg de l’Agence de développement de la filière riz( Aderiz)  à la faveur  du Sara 2019 a fait des révélations… Interview
 Toute à l’heure, vous  n'avez pas évoqué l'alternative du protectionnisme comme cadre pour développer la filière rizicole, comme le fait le Nigeria ? Or, le prix du riz vietnamien est très faible... C'est la fuite en avant ?
En Afrique, vous avez deux pays qui s'aiment bien, qui se regardent, mais qui ont deux dispositions tout à fait différentes : c'est le Sénégal et la Côte d'Ivoire. Le Sénégal a un marché du riz protégé : si vous importez  X quantité de riz, on vous demande de commercialiser  X quantités de riz local. En Côte d'Ivoire, nous avons choisi le libéralisme total.  Car, d'une manière ou d'autre autre, une protection vous rattrape tôt ou tard. Il vaut mieux être dans les difficultés maintenant et trouver les solutions, augmenter la productivité, mettre en place des systèmes innovants pour que notre riz soit compétitif au même titre que les petits producteurs thaïlandais.  C'est très important pour nous. L'autre avantage que nous avons est que l'ivoirien aime le riz produit chez lui. Au Sénégal, ils ont du riz brisé, c'est-à-dire qu'il faut produire, puis retravailler le riz pour le casser. L'Ivoirien, quant à lui, aime le riz de  saison, le riz qui est mou, le riz qui sent bon et le riz qui après deux heures de préparation reste encore mou et peut donc être consommé bien après avoir été préparé. Des enquêtes distinctes sur l'ensemble  du marché ivoirien ont été conduites et sont arrivées aux mêmes conclusions : le premier riz apprécié des Ivoiriens est une variété locale. Le riz importé n'est arrivé qu'en quatrième position. C'est un atout pour nous. A nous maintenant d'envahir le marché avec ce riz qui est aimé des Ivoiriens à un prix compétitif. Mais si on regarde les autres filières, notamment le cacao, on se rend compte que même après des années d'une très belle performance ivoirienne, le cacaoculteur n'arrive pas à trouver son compte. D'où toutes les mesures qui sont prises ces derniers mois.
 
 Cette course en avant pour atteindre un riz à un prix très compétitif face au riz importé permettra peut-être d'atteindre l'autosuffisance, de parvenir à de très bons rendements, mais le riziculteur va-t-il gagner sa vie ?
 
C'est une des directives de l'Etat. L'Etat nous dit  que même si vous parvenez à l'autosuffisance, si  le paddy ne s'achète pas à un prix rémunérateur pour le producteur, je ne suis pas d'accord avec vous. On nous demande simultanément un riz de bonne qualité et en quantité, rémunérateur pour le producteur et dont le prix est accessible aux ménages ivoiriens. Nous sommes encadrés par ça.
 
  Est-il vrai que vous produisez du riz en Côte d’Ivoire sans marge ?
 
 Quand   nous avons rassemblé tous les acteurs, nous nous sommes rendu compte que nous produisons, sans marge, un riz à  289 Fcfa le Kg.   Or, le riz sur le marché est à environ 400 Fcfa/Kg.   Ensuite,  nous nous sommes  dits : à quel autre riz pouvons-nous comparer le nôtre ? Au riz semi-luxe. Or, il existe au moins six variétés  de riz semi-luxe sur le marché (il y a le luxe, le semi-luxe, etc.). Le luxe représente 2% du marché, le semi-luxe 80% et le riz bas de gamme 18%.  Donc, nous  avons voulu  nous comparer au riz importé de même valeur. En ce faisant, on passerait de  289 à 400 Fcfa.  Mais nous avons voulu nous arrêter à 370  Fcfa. Car, rappelons que le prix de  289 Fcfa/kg  est un prix de riz brut, sans marge. Donc c'est une marge sur laquelle on peut jouer à tout moment, qu'on peut répartir entre les acteurs. On a même mis de l'argent de côté pour les questions de semences, etc.   Nous avons  a vraiment une bonne marge parce qu'un de nos objectifs est d'aller vers la productivité, que chaque maillon de la filière fasse de la compression de charges pour avoir des marges suffisantes. Pour  prendre l’exemple  sur la filière palmier à huile que je connais bien, pour y avoir travaillé,  on  produisait la tonne à  350 de Fcfa /Kg, en Malaisie ils étaient à 275 de Fcfa kg.  Quand la  crise est arrivée, elle a touché tout le monde, même les malaisiens. Les malaisiens ont tout arrêté. Mais deux ans après, ils ont continué à produire car ils se sont dit  que c'était la concurrence,  le marché international. Il faut produire à un niveau auquel le marché international ne va jamais venir. En fait, c'est ça notre objectif  et c'est comme ça qu'on peut réussir dans le village planétaire.
 
Les autorités poursuivent une politique de libéralisation depuis plusieurs années maintenant. Or, depuis 2015, la production stagne. Peut-on parler d'échec de cette politique ?
La stagnation vient de l'accès aux financements (Voir  encadré).  Il y a deux types de financements : les investissements qui sont réservés à l'Etat et tout ce qui est exploitation, et là on n'a pas besoin de l'Etat. On a trouvé la solution avec la mise en place de la contractualisation et un financement aligné. La première année, on a fait  690 millions  de Fcfa de crédit  avec 100% de remboursement.   Le  paysan qui a besoin d'engrais, va voir un prestataire de service qui lui fournit une facture pro forma qu'il envoie à la structure de micro-crédit.  De suite, le compte du débiteur est débité pour créditer le compte du prestataire. A la récolte, quand le paysan vend à un usinier, ce dernier lui fait un bon que le paysan remettra à la banque. Aussi,  tout le monde est dans la même banque qui créditera le compte du producteur et débitera le compte du transformateur.  Bref, nous avons mis   en place un système aligné. Ce sont nos amis japonais qui nous soutiennent  et ils nous ont dit que ça marchait et de l'essayer. Et ça marche. Aujourd'hui, certains sont prêts à nous créer notre fonds de refinancement. C'est ce qu'il nous manque. Il faut que les gens sachent se débrouiller sans recourir à l'Etat ou à d'autres. En fait, c'est notre bataille. Mais ça va être dur,  nous sommes  d'accords.
 
 Au  niveau mondial,  les Etats-Unis, l'Ue, la Chine, maintenant le Nigeria, tout le monde a pratiqué une politique protectionniste en matière agricole...
 Le Nigeria a fermé sa frontière principalement à cause du riz de Côte d'Ivoire. Parce que le riz  qui est  importé est réexporté. Donc ce n'est pas un riz Cedeao.   Mais il n'est pas produit en Côte d'Ivoire, il n'y fait que transiter. Il est reconditionné en Côte d'Ivoire. C'est ça le problème du Nigeria. J'y suis allé plusieurs fois et ils nous ont bien attrapés, nous de Côte d'Ivoire, du Liberia, du Togo, du Bénin...ils ne veulent pas nous voir ! Mais ce n'est pas nous, ce sont les opérateurs privés, les commerçants ivoiriens qui ont acheté ce riz. Nous devons   aller ensemble pour solutionner ce problème. Nous, nous sommes faibles. On nous dit qu'il ne faut pas de subvention dans l'agriculture, mais il en faut.  Au Sénégal, le gouvernement est derrière. Nous, on a demandé un fonds de garantie ; on n'a rien eu. Au Sénégal,  ils ont donné  8 milliards de fcfa
Mais qu'est-ce qui freine ?
 Nous étions à une réunion de l'Uemoa et  nous leur avons  demandé  de mettre en place une politique sous-régionale. Car  nous  sommes   rendu compte que si chacun va à l'autosuffisance, que va-t-il se passer? Où allons-nous envoyer notre riz ? Qui va exporter où? Il faut qu'on mette en place une politique sous-régionale dans laquelle c'est l'ensemble de la sous-région qui va à l’autosuffisance. Les Africains sont d'accord sur tout sauf s'entraider !  Nous sommes   en train de forcer les gouvernements pour qu'on y arrive. Le Mali, par exemple, a  un million de terres irrigables donc il y a des Ivoiriens qui peuvent faire du riz et s'installer là-bas. Nous, nous sommes en train d'installer 7 centres de conditionnement de semences et nous  avons pensé à eux.  Parmi les 7 centres, celui de Korhogo produit pour la région de Korhogo mais est destiné  à produire la semence pour el Mali. Celui de Man est pour la région de Man et aussi pour le Liberia. Celui de Djenné, pour la région de Djenné et  pour la Guinée. Car déjà, ces pays - là viennent prendre la semence chez nous. Donc nous nous préparons déjà à cette demande sous-régionale.
  Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
 Légende photo :  Yacouba Dembelé, (Dg de l’Aderiz) «  Nous avons  demandé  un fonds de garantie, nous n’ avons rien eu… »
 
 Encadré :
 Des risques d’insécurité alimentaire demeurent…
M. Apporture Kouakou, est le   directeur de cabinet du  ministre de la promotion de la riziculture. A la  faveur d’un panel  sur la relance de la riziculture en  Côte d’Ivoire  dispose d’1,5 million d’hectares de terres cultivables, des ressources en eaux abondantes et un environnement macro-économique et institutionnel satisfaisant.   C’est bien  pour mieux  titrer profit de    ces atouts,  qu’  en février 2012, le gouvernement  a  lancé  la Stratégie nationale de développement de la riziculture( Sndr).  Il  a saisi l’occasion pour présenter les acquis  de   Selon lui,  « La production de riz est en hausse en Côte d’Ivoire passant de 984 000 tonnes en 2012 à 1,3millions de riz blanchi en 2018 ».Toutefois dira-t-il. Avant  d’ajouter  que  « malgré ces résultats encourageants, des risques d’insécurité alimentaire demeurent,  au niveau de la consommation du riz,  les modifications  de la qualité du riz, la commercialisation et la stagnation de la production ivoirienne ces 5 dernières années est de nature à accroitre ses risques ». Des défis majeurs restent à relever pour un développement  durable de la filière. Citons  le faible taux de superficie,  la maitrise de l’eau, la maitrise de la variabilité des phénomènes climatiques, le problème des semences  améliorées et autres intrants, faible niveau de mécanisation, l’absence d’un mécanisme de régulation, faible promotion du riz ivoirien.  M. Kouakou  Apporture  ajoutera  que  « des actions d’envergure s’imposent pour asseoir une agriculture moderne, rentable et durable. Mais cela suppose une politique volontariste de la maitrise de l’eau, ainsi que la réhabilitation des infrastructures existantes, une promotion d’un dispositif d’irrigation moderne, accessible financièrement, avec des semences améliorées, résilientes et conformes, développer la mécanisation avec la prestation des professionnels disposant d’u matériel de qualité. C’est pourquoi, un accent particulier sera mis sur la chaine de valeur, les capacités de transformations et d’accès au marché. Cela suppose l’implication d’un secteur privé dynamique résolument engagé vers le développement de la filière riz en Côte d’Ivoire ».  Pour Marc Desenfants, Dg de Solevo et initiateur de la conférence- débat, a pour  sa part  dit : « L’objectif de cette rencontre est de susciter le débat sur les défis à relever dans la filière riz pour aller vers l’autosuffisance en riz, trouver des pistes de valorisation des différents maillons de la chaîne de valeur et construire une croissance pérenne et durable car l’objectif de la Cote d’Ivoire est d’être auto-suffisant en riz ».Belle occasion  également pour  ses collaborateurs   de présenter le projet en cours dans la partie nord  de la Côte d’Ivoire en matière de riziculture.  En effet,  la du   Région du Poro  dispose d’un bassin de 100 000 hectares de cultures rizicoles mais seulement 17 000 structurés. Le projet prend en compte 950 agriculteurs réunis en 40 coopératives en les rendant compétitives et en leur favorisant l’accès à des intrants.  
Bamba M.( In Le Temps du  vendredi 06 décembre 19)
 Légende photo   La Côte d’Ivoire dispose de plus de 1,5  million d’hectares   de terre cultivable

Interview bilan Sem Ali Bongo Ondimba// « Dans dix ans, le Gabon doit être dans les cinq pays moteurs en Afrique »

jeudi, 17 octobre 2019 21:24 Written by

 

 

  Monsieur le Président de la République, vous avez traversé une période très difficile consécutive à des problèmes de santé, ce qui a suscité des inquiétudes. Comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Je me sens bien. Et de mieux en mieux chaque jour. Je veux remercier très chaleureusement le peuple gabonais pour son soutien et son affection dans l’adversité. Quand vous avez traversé pareille épreuve, vous prenez conscience de beaucoup de choses. Aujourd’hui, je suis plus que jamais déterminé à rendre à mon pays ce qu’il m’a donné, à lui être utile et le conduire vers un avenir meilleur.
Il y a dix ans le peuple gabonais vous confiait la conduite du Gabon et son destin. Quels sentiments vous animent aujourd’hui ?
Un sentiment de fierté, mais surtout d’humilité et de responsabilité. Depuis 2009, j’ai souhaité associer toutes les intelligences et les sensibilités du pays à la réussite de notre projet. Nous avons conduit ensemble des réformes majeures sur le plan économique, social et environnemental.
Mais je ne me satisfais pas de ce bilan. Je suis conscient à la fois des difficultés qui continuent de peser sur la vie de nos concitoyens et du chemin qui nous reste à parcourir. Aujourd’hui, je voudrais que les réformes mises en œuvre passent à un niveau supérieur, et que les Gabonais en ressentent concrètement les effets dans leur vie quotidienne. La croissance, c’est bien. Mais la croissance, ça ne se mange pas !
Politique
En 10 ans vous avez eu autant de premiers ministres que votre prédécesseur en plus de 40 ans. Certains y voient une forme d’instabilité dans le choix des hommes et des femmes pour vous accompagner.
Dans une équipe, pour trouver la meilleure configuration, il faut parfois faire plusieurs essais.
Ce qui compte pour moi, ce sont les résultats concrets de nos politiques publiques. Pas la stabilité gouvernementale. Je le répète, j’ai une seule obsession : les Gabonais doivent ressentir concrètement, dans leur quotidien, les effets des réformes. Les membres du Gouvernement doivent être évalués et jugés à l’aide de la feuille de route et des objectifs qui leurs ont été assignés pour conserver leur place au sein du Gouvernement de la République.
Economie
Sur le plan économique, beaucoup de choses ont été faites. Vous avez toujours fait de la diversification de l’économie votre cheval de bataille. En dix ans, les choses ont-elles suffisamment avancé ?
Si nous avons mieux résisté que les autres pays de la sous-région à la crise du secteur pétrolier, c’est bien parce que j’ai engagé ce mouvement de diversification dès 2010.
C’est une action de long terme qui commence à porter ses fruits.
En 2010, le secteur des hydrocarbures représentait 29,3 % de notre PIB. En 2019, seulement 21,7 %.
Depuis 2010, le bois est transformé localement avant d’être exporté. Aujourd’hui, on importe même du bois pour le transformer au Gabon et nous sommes devenus le premier producteur de bois contre-plaqué en Afrique et le deuxième au niveau mondial. Le secteur des mines a suivi la même évolution avec la création d’une filière de transformation locale du manganèse.
J’ai aussi mis l’accent sur l’agriculture, un secteur particulièrement important en raison de ses effets positifs sur l’emploi, la balance commerciale ou sur le développement territorial. Le secteur agricole est aujourd’hui le 1er employeur privé du pays. Il nous faut encore aller plus loin pour assurer notre indépendance alimentaire. C’est tout l’enjeu de la phase 2 du programme Graine que j’ai lancé ces dernières semaines.
Enfin, le Gabon occupe le 1er rang dans la sous-région en matière de technologie 4G. Notre pays est reconnu comme étant à l’avant-garde du secteur numérique et des télécommunications.
Que faut-il faire, Monsieur le Président, pour booster l’emploi dans notre pays ?
Le meilleur moyen de retrouver le chemin d’une croissance qui soit profitable à tous, est de contribuer à créer des emplois dans le secteur privé, plus comme hier, dans le secteur public. Ce sont les entreprises qui sont créatrices d’emplois, et non l’Etat.
Nous devons être capables, à court et à moyen terme, de créer 20 000 emplois par an dans le secteur privé formel afin d’intégrer au marché du travail tous les jeunes qui, chaque année, frappent à sa porte.
Je mets aujourd’hui toute mon énergie pour que le Gabon attire davantage d’investissements étrangers. Nous avons tous les atouts pour cela. Cela implique bien évidemment, un environnement des affaires plus transparent, des règles juridiques plus claires pour les entreprises, une fiscalité plus attractive et des démarches administratives facilitées. Toutes choses que nous avons mises en œuvre au sein de la zone économique spéciale de Nkok et dont les résultats sont probants.
Nous avons également ces dernières années encouragé  une meilleure gouvernance, ainsi que l’entrepreneuriat à travers la mise en place d’incubateurs.
Enfin, j’ai demandé que soit complètement réformé, en 2018, le système de formation pour privilégier l’enseignement technique et professionnel. Ce sont là des réponses claires à la problématique du chômage.
Bonne gouvernance
L’opération Mamba semble s’être essoufflée. Où en est aujourd’hui la lutte contre la corruption au Gabon ?
Jamais autant qu’aujourd’hui l’accent a été mis sur la lutte contre la corruption au Gabon.
Je suis farouchement déterminé à ce que ce combat continue. Le Gabon ne saurait être à la traîne des exigences internationales. C’est une question d’éthique, de morale, mais aussi d’efficacité.
L’opération Mamba reste plus que jamais d’actualité. Mais reconnaissons que conduire des enquêtes rigoureuses dans le strict respect des règles de procédure demande du temps et de l’objectivité. Et le temps de la justice n’est pas le temps médiatique, ni même le temps politique.
Compte tenu de la gravité des faits reprochés aux personnes incriminées, il faut être extrêmement précautionneux.
Mais notre appareil de lutte anti-corruption ne se résume pas à l’opération Mamba. Un ministre dédié à la lutte contre la corruption a été nommé en juin dernier. Et il y a quelques mois, j’ai promulgué un nouveau code pénal qui renforce les sanctions en matière de corruption. Ses dispositions sont parmi les plus sévères en Afrique. Toutes choses qui font du Gabon un pays qui a décidé de prendre ses responsabilités sur cette question.
Infrastructures / Routes
Concernant les infrastructures, on constate que l’élan pris au début de votre magistère s’est un peu ralenti. Et on déplore l’état de nos routes aussi bien au niveau des voiries urbaines que dans les grands axes reliant les localités du pays. Pourquoi ce relâchement et comment reprendre la dynamique initiale?
75 % du réseau routier construit au Gabon depuis 40 ans l’a été ces dix dernières années.
La plupart des voies qui traversent les quartiers de Libreville, d’Akanda et d’Owendo sont en chantier.
Et nous avons achevé la construction de la route PK5-PK12 qui a totalement désenclavé les PK. Aujourd’hui en moins 15 minutes, il est désormais possible d’aller du PK5 au PK12. C’est un grand soulagement pour les usagers.
Cependant, loin de moi l’idée de m’en satisfaire. Nous devons permettre à nos compatriotes de parcourir le Gabon en toute saison, permettre la circulation des personnes et des marchandises en tout point du territoire, désenclaver les localités de l’intérieur du pays. C’est l’ambition de la Transgabonaise, une infrastructure routière hors-norme de 780 km qui ira de Libreville à Franceville, en traversant cinq des neuf provinces du pays.
Le financement est prêt. J’ai exigé que le démarrage des travaux intervienne au plus vite pour que les Gabonaises et les Gabonais puissent en saisir les opportunités dans les prochaines années.
Décentralisation
Le Fond d’Initiative Départementale (FID) mis en place pour permettre le développement de l’intérieur du pays semble bloqué, car depuis son annonce, rien n’a concrètement bougé. Comment expliquer ce retard ?
En effet, aucun financement n’a à ce jour été octroyé en ce qui concerne le Fonds d’Initiative Départementale (FID). Le processus de validation des projets est long et minutieux. Les équipes en charge de ce dossier travaillent avec professionnalisme sur ce chantier prioritaire pour la vitalité de nos départements. Un nouveau ministre vient d’être nommé, et il est notamment chargé d’en accélérer la cadence.
Fonction publique
Au niveau du ministère de la fonction publique plusieurs recensements ont été effectués. En quoi celui initié par le ministre actuel est-il différent ?
C’est la toute première fois que dans notre pays, un recensement est entrepris avec la technologie biométrique. Celui-ci est beaucoup plus fiable que les précédents. Ce recensement permettra de moderniser nos systèmes de gestion des ressources humaines, avec une base de données sûre et un système d’information et de gestion plus efficace. Il est donc dans l’intérêt des agents publics et des usagers.
Des économies seront ainsi réalisées. Elles permettront d’investir dans des domaines qui auront un impact direct sur le quotidien des Gabonaises et des Gabonais. Optimiser les dépenses publiques de fonctionnement et réduire le train de vie de l’État nous autorisent à investir davantage dans les infrastructures utiles et dans le social, comme la santé, l’assurance-maladie.
Logement
Le logement figure également au rang de vos priorités. Au terme de votre premier mandat, vous avez reconnu qu’on était très loin du compte. Les erreurs commises ont-elles depuis été corrigées ? Avez-vous trouvé des mécanismes plus efficaces pour faire face au déficit criant de logements sociaux dans notre pays ?
Notre ambition reste la même : loger les Gabonais, notamment les plus vulnérables, dans des conditions décentes. Je ne reviendrai pas ici sur les erreurs et errements du passé.
En revanche, j’en ai tiré toutes les conséquences pour l’avenir, sur le plan politique comme administratif. Par exemple, la Société Nationale Immobilière (SNI), qui commercialisait les logements sociaux, a été jumelée avec la Société Nationale de Logements Sociaux (SNLS). Ce qui est plus efficace.
Aujourd’hui, la SNI a relancé plusieurs chantiers et a entrepris de passer à la commercialisation des logements en l’état. Certains de nos compatriotes souhaitaient eux-mêmes construire alors que d’autres veulent simplement acquérir une parcelle de terre avec titre foncier.
Le ministère de l’Habitat chargé de ces questions, a toute ma confiance, d’autant qu’il est désormais fortement appuyé par la Caisse des Dépôts et Consignation qui a fait du financement de la construction des logements l’une de ses priorités.
Social / Solidarité
Sur le plan social, de nombreux efforts ont été réalisés, notamment dans le domaine de la santé avec la construction de structures hospitalières modernes, ou de la protection sociale avec la mise en place de l’assurance maladie. Cependant, il y a parfois un manque de médicaments et un sous-effectif de personnels spécialisés. Comment y remédier ?
La santé a toujours été pour moi une préoccupation et vous avez raison de souligner, que le Gouvernement y a consacré de nombreux moyens.
Concernant les nécessaires ajustements que vous mentionnez, j’ai instruit les services compétents en la matière de me faire un point de situation sur l’expression des besoins en personnels et en équipements pour une prise en compte efficiente de ce dossier.
Mon ambition est forte : je veux que les Gabonais disposent d’un système de santé moderne et performant.
D’après vous, quelles réformes ont eu le plus d’impact sur la vie quotidienne de vos compatriotes ?
Toutes les réformes sont utiles. Le fait de rééquilibrer nos finances publiques, réduire la dette et le déficit, le train de vie de l’Etat nous permet de dégager des marges de manœuvre pour réinvestir dans le social, la santé, l’éducation, et toutes autres questions jugées prioritaires.
Les réformes ont pour vocation de changer voir de transformer la vie de nos compatriotes en améliorant leur quotidien. C’est pourquoi j’ai été si déterminé dans le déploiement de la couverture d’assurance-santé, via la CNAMGS, qui fait désormais partie de nos acquis sociaux. La gratuité des frais d’accouchement constitue également une avancée majeure pour nos compatriotes.
De la même manière dans le domaine de l’éducation, la réforme sur l’orientation de nos jeunes vers des formations techniques et professionnelles aura un impact déterminant sur l’avenir de nos enfants.
Enfin, je veux évoquer la place des femmes dans notre société, et donc le sujet de l’égalité hommes-femmes. Vous le savez, j’en ai fait d’emblée ma priorité en décrétant les années 2010 « décennie de la femme ». Les instances politiques ont été féminisées, que ce soit au niveau du gouvernement, à l’Assemblée Nationale et au Sénat, mais aussi au niveau de la haute fonction publique.
Promouvoir l’égalité hommes-femmes, c’est une question de justice sociale, mais c’est aussi une question d’efficacité collective. Plus le vivier de talents est large, meilleure sera notre Nation.
Environnement
Monsieur le Président de la République, vous avez été coordonnateur du Comité des chefs d’État africains sur le changement climatique (CAHOSCC). Au terme de votre mandat à la tête de cette institution, quels avantages avez-vous pu obtenir pour l’Afrique, et pour le Gabon en particulier ?
Feu le Président Omar Bongo Ondimba disait à juste titre : « nous avons un seul pays ». J’ajouterais, de la même manière, que « nous n’avons qu’une seule planète ». Il n’y en a pas d’autre de rechange.
En matière d’environnement, j’ai toujours mis un accent sur la nécessaire préservation de notre patrimoine naturel doté d’une très grande richesse. Je me suis engagé tant sur notre continent que sur la scène internationale pour faire un plaidoyer sur la lutte contre le réchauffement climatique et la perte de notre biodiversité. Aujourd’hui, cette cause semble être entendue par les dirigeants de la planète.
Le Gabon est aujourd’hui en première ligne. Notre forêt tropicale est, avec l’Amazonie, l’un des deux derniers poumons verts de la planète. Elle accueille la biodiversité la plus riche d’Afrique. C’est le fruit de choix très clairs et assumés : au moment où beaucoup détruisent par l’exploitation leurs écosystèmes naturels, le Gabon a fait le choix de sanctuariser via notamment nos 13 parcs nationaux. J’ai, par ailleurs, toujours exigé pour notre pays les normes environnementales les plus élevées en matière d’exploitation forestière et d’agriculture.
Aujourd’hui, le Gabon est considéré comme un modèle en Afrique sur ces questions et nos initiatives sont suivies de près, en Afrique comme dans le reste du monde.
Récemment, la Norvège, pays reconnu pour sa gestion durable des ressources forestières, a décidé de soutenir nos efforts en nous octroyant 90 milliards de Francs CFA pour protéger nos forêts sur dix ans. C’est une reconnaissance formidable de nos efforts, et je sais que notre ministre de l’Environnement connu pour son engagement sincère et son exigence, mettra toute son énergie pour cette cause chère à mon cœur.
Agriculture
Il y a deux ans, les vacances agricoles ont été lancées pour intéresser les jeunes beaucoup plus tôt aux métiers de la terre. Selon vous, la formation de plus de jeunes dans ce secteur est-elle la solution ?
Il s’agit en l’espèce d’une solution parmi d’autres. La bataille de l’emploi et du développement territorial sera gagnée avec la prise en compte de la question agricole. Quel que soit le domaine, la formation est toujours nécessaire. Le programme de vacances agricoles dont l’objectif est d’initier le plus tôt possible les jeunes à l’agriculture ne peut que conforter notre politique de retour à la terre, portée sur le plan national par le projet GRAINE.
Je suis convaincu que plus il y aura de jeunes formés aux métiers de la terre, plus nous développerons une culture agricole, et plus nous aurons de belles réussites dans ce domaine. Des réussites exemplaires qui donneront assurément l’envie aux jeunes gabonaises et gabonais de s’engager dans cette voie.
Education
Lors de votre discours à la Nation du 16 août dernier, vous avez dit que « former les jeunes dans des métiers qui ne sont pas porteurs est criminel ».
Vous prônez donc la formation professionnelle pour ces jeunes. Cependant, notre pays fait face à un manque de structure d’accueil et de formateurs qualifiés. Qu’avez-vous prévu de mettre en place pour répondre à ces besoins ?
Je réitère mes propos : envoyer nos jeunes dans des filières générales qui n’offrent pas suffisamment de débouchés et d’alternatives sur le marché du travail est criminel. C’est pour cette raison que j’ai voulu en 2018 réformer le système de formation. Nous agissons en ce sens. Un exemple : un établissement de formation professionnelle est actuellement en construction dans la zone économique de Nkok. Des milliers de jeunes Gabonais, qualifiés dans les métiers techniques et professionnels, y seront formés. La fin des travaux est prévue pour 2020. Des formations post-bac de 6, 12 ou 18 mois seront dès lors dispensées. Les entreprises qui souhaiteront renforcer les capacités de leurs employés y trouveront également leur compte.
International / diplomatie
Le Gabon a une diplomatie très active. En dix ans, quel en a été le bilan ?
D’abord, nos liens avec les pays de la sous-région ont été renforcés. Le Gabon entretient des relations d’amitié et de coopération avec ses voisins et amis, par un dialogue permanent et des concertations qui reposent sur une franchise réciproque. En ma qualité de Président de la CEEAC, j’ai impulsé une réforme de notre organisation pour en améliorer le fonctionnement. Sur le plan économique, j’ai également contribué au renforcement de l’intégration économique et monétaire au niveau régional au cours de mon mandat de Président de la CEMAC.
Enfin sur le plan de la sécurité et de la stabilité de la région, je me félicite que nous ayons su contribuer avec les Forces Gabonaises à la Mission Multi-dimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) à Bangui, à apporter une plus-value à l’ensemble du dispositif sécuritaire existant en République Centrafricaine.
Sur le plan économique, je n’ai ménagé aucun effort pour donner au Gabon la place qu’il mérite au sein du concert des nations. Je me suis ainsi rendus aux sommets Inde-Afrique en octobre 2015, Chine-Afrique en septembre 2018 et à la Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD VII) en août 2019. Le Gabon sera également présent au premier Sommet Russie-Afrique prévu le 24 octobre prochain à Sotchi en Russie.
Enfin, je ne saurai oublier les efforts menés en matière de diplomatie environnementale où la voix du Gabon, comme je le disais, est attendue et entendue. En tant que Président du CAHOSCC, j’ai en particulier impulsé un plan de mobilisation de fonds d’urgence continental pour anticiper les besoins de financement liés à l’adaptation de nos pays au changement climatique. Ce plan a été discuté, lors d’une grande tournée internationale menée par le ministre des Affaires Etrangères, avec plus d’une dizaine de pays partenaires.
Indiscutablement, le Gabon est aujourd’hui un acteur reconnu, crédible et influent tant au niveau sous-régional que continental et international. Nous le devons en large partie à notre stabilité politique et à la cohérence et la constance des idées que nous défendons depuis longtemps auprès de nos partenaires.
Bilan personnel
S’il y avait un conseil que vous aimeriez donner au jeune Président Ali Bongo Ondimba du 16 Octobre 2009, quel serait-il ?
A cette question, Steeve Jobs, le fondateur d’Apple, répondait par cette formule qui m’a beaucoup marquée : « Stay hungry, stay foolish »… Je dirais au jeune Ali Bongo d’être optimiste, d’être toujours audacieux, de ne jamais se résigner, de ne pas hésiter parfois à remettre en cause les codes d’une ancienne manière de faire de la politique. Mais c’est toujours aisé à dire a posteriori… Les changements de mentalité et de cultures sont parfois les plus longs à accomplir.
A 4 ans de la fin de votre second mandat, comment rassurer les Gabonais sur la réalisation des promesses faites ?
Les Gabonais jugeront sur pièce. En dix ans, le Gabon s’est profondément modernisé. Durant les quatre prochaines années, le rythme des réformes sera accéléré. Ce qui compte, et tous les membres du gouvernement l’ont compris, ce ne sont pas les paroles et les effets d’annonce, ce sont les actions et les résultats. Des erreurs ont été commises par le passé. Elles ne sauraient être renouvelées à l’avenir.
Nous avons changé d’époque.
La méthode n’est plus la même.
L’ambition aussi a changé.
Et c’est sans doute un effet de l’expérience, mais aussi la conséquence de l’épreuve que j’ai surmontée. Avec le temps, mon niveau d’exigence à l’égard des membres du Gouvernement a augmenté alors que mon degré de patience, lui, a diminué.
Quelle est votre ambition pour l’avenir ?
Que mes compatriotes vivent beaucoup mieux demain qu’aujourd’hui, et encore mieux après-demain. Dans dix ans, le Gabon doit être dans les cinq pays moteurs en Afrique.
Pour y parvenir, nous devons atteindre l’objectif de plein emploi, donner la priorité à la formation, développer notre agriculture, davantage produire ce que nous consommons localement au lieu de l’importer, tirer davantage partie des richesses de notre sous-sol pour asseoir notre développement, consolider notre système de santé et de protection sociale et tirer pleinement profit de l’économie verte. Le respect de l’environnement ne doit pas être perçu comme une contrainte mais une opportunité pour innover.
Monsieur le Président de la République, nous sommes arrivés au terme de cet entretien, quel message de fin souhaiteriez-vous adresser ?
Ma détermination à poursuivre l’œuvre que j’ai entreprise au service des Gabonaises et des Gabonais est totale. J’ai une grande ambition pour mon pays, une grande confiance dans le potentiel de notre peuple. C’est ensemble que nous y parviendrons, pas les uns contre les autres, mais les uns avec les autres. J’irai jusqu’au bout de ma mission pour répondre à l’appel de nos compatriotes, en particulier les nécessiteux. Nous avons le devoir de léguer aux générations futures, un pays prospère et uni. Rien ne saurait être bâti sur la division. La cohésion est en revanche, source de miracles. Source : Présidence du  Gabon Légende photo : Sem Ali Bongo Ondimba rassure ses compatriotes  et les amis  du Gabon

Joseph Owona K.( Président Afruibana)/Avenir de la Banane Acp// « Nous déplorons la non- mise en œuvre du mécanisme de sauvegarde »

jeudi, 10 octobre 2019 06:37 Written by

La filière de la banane Acp, pourrait faire face d’ici quelques mois, à la rude concurrence des bananes dollars sur le marché de l’Union Européenne( Ue). Face à la menace, Joseph Owona, le président de l’Association africaine des producteurs de bananes( Afruibana) interpelle et fait des propositions. Interview..

Monsieur le président comment se porte la filière de la banane Acp?
La filière bananière africaine connait de manière plus globale un très grand dynamisme. Il se trouve malheureusement que nous sommes confrontés à des difficultés sur le marché européen. En termes de droit sur ce dernier marché. En décembre 2019, l’accord de Genève qui a été signé sur la Banane entre les Etats unis d’Amérique( Usa) et l’Europe qui est lié à un démantèlement tarifaire, s’avèrerait dommageable pour nos productions. Parce que sans protection contre les pays latinoamericains, à la faveur des accords de libres échanges, nous perdons cette protection que nous avions déjà sur ces bananes. De l’autre côté, nous déplorons la non- mise en œuvre du mécanisme de sauvegarde. Lequel mécanisme nous permettait qu’en cas de dépassement de quotas par les producteurs latinos américains de fermer la porte à des importations supplémentaires en Europe. Toutes ces protections disparaissent mettant ainsi en difficulté, notre filière. Comme vous le savez par ailleurs, c’est une filière extrêmement dynamique comme indiqué plus haut mais c’est également une filière pourvoyeuse de mains d’œuvres, de devises pour nos pays. Bref, c’est une filière qui est un facteur limitant de l’immigration. Avec la culture de la banane, nous pouvons fixer les populations dans les zones rurales.

Face à la situation que dites- vous concrètement à l’Europe ?
Nous disons à l’Europe que nous sommes dans un partenariat gagnant-gagnant sur secteur d’activité comme indiqué plus haut. Par voie de conséquence, nous avons tous à y gagner, c’est-à-dire aussi bien l’Europe que les producteurs Acp. Rappelons qu’ au terme de l’accord signé en 2009, il était prévu que le droit de douane à imposer aux bananes en provenance des pays latino-amricain serait réduit de manière dégressive. Mais il se trouve que nous sommes aujourd’hui dans une situation où tout ce que nous avons prévu au départ, nous sommes à 75 euros la tonne alors que normalement nous devrions être à 114euros la tonnes. Nous avons également la volonté d’une agriculture propre ou soucieuse de la protection de l’environnement. Nous limitons autant que possible l’emploi des pesticides et des engrais. Tout cela nous l’avons pris en compte et nous l’avons rappelé dans l’Appel d’Abidjan. Depuis plusieurs années, les pays Acp se sont engagés dans cette voie. La République dominicaine produit de la banane bio, le Ghana presque toute sa production est bio, une partie en Côte d’Ivoire l’est. En revanche, au Cameroun, on ne peut pas faire de la banane bio en raison de l’humidité par contre elle est équitable. Mais que cela soit pour la banane équitable ou bio, cela reste des marchés de niche et la consommation n’est pas élastique.

Et dans les Caraïbes ?

La République dominicaine aujourd’hui, arrive juste après la Côte d’Ivoire, l’un des gros producteurs de bananes bio dans les Acp. Il y a cette particularité à souligner que mériterait que cette origine- là soit mieux rémunérée sur le marché européen.

Les producteurs de bananes Acp viennent de lancer en Côte d’Ivoire l’Appel d’Abidjan, quelle est la teneur de cet appel ?

Il s’inscrit dans des accords successifs sur la banane qui tournent autour du système de préférence que l’Europe avait mis en place pour protéger les bananes originaires des pays Afrique caraïbes pacifique (Acp), ses fournisseurs traditionnels. Aux termes des accords de Genève qui consacrent la fin de la guerre de la banane. L’Union européenne a donc conclu un accord avec les Etats-Unis et les pays d’Amérique Latine, au terme duquel ont été mis en place des barrières tarifaires qui allaient progressivement être démantelées. Nous avons malheureusement constaté que l’Europe a multiplié les accords bilatéraux avec ces pays et donc procédé de manière extrêmement rapide au démantèlement des barrières tarifaires. Par exemple, en 2019 nous aurions dû nous retrouver à114 Euros soit plus de 74670 Fcfa la tonne de tarif douanier appliqué aux exportations en provenance des pays latino-américains et nous sommes en réalité à 75 Euros soit 49125 Fcfa la tonne. Nous avons donc saisi l’Europe à travers la plate-forme Afruibana pour qu’elle ne descende pas en dessous du niveau actuel de barrière tarifaire qui est de 75 Euros soit 49125 Fcfa la tonne. C’est le premier point. Le deuxième point est de mettre en place un mécanisme de sauvegarde, de stabilisation du marché. Sur le marché européen, l’offre est chroniquement supérieure à la demande. Or, un marché qui n’est pas régulé s’effondre au niveau des prix. Le mécanisme mis en place pour protéger les bananes communautaires et Acp n’a donc jamais été appliqué, a été inopérant ou trop lourd. Nous pensons donc que nous pouvons mettre en place un mécanisme beaucoup plus transparent et beaucoup plus souple. Le troisième point que nous réclamons est de prendre des mesures d’accompagnement pour permettre aux bananes de nos origines de continuer à améliorer leur compétitivité. Voici les trois points principaux. Mais, nous avons aussi tenu à rappeler à l’Europe que la banane est un produit extrêmement important pour nos économies dans la mesure où cette industrie est pourvoyeuse d’emplois car grande consommatrice de main d’œuvre, qu’elle génère des devises mais aussi qu’elle fixe les populations dans les zones rurales et participe ainsi à limiter les migrations. Nous avons dit ce que nous avions dans le ventre mais c’est ce qui se fait entre amis. Nous ne sommes pas des ennemis de l’Europe. Au contraire, mais il faut parfois se dire des vérités.

Que peuvent les producteurs Acp face aux multinationales, Doll, Delmonte… ?

Il ne faudrait pas aborder le problème sur cet angle. Ce n’est pas cela le problème. En tant qu’africains, on peut emballer pour Doll, Del Monte. Le problème n’est pas à ce niveau. Le problème, c’est celui qu’on a avec les européens. Nous leur disons, voilà ce qu’on peut faire, nous sommes partenaires écoutez-nous(…)
Vous avez mentionné, une offre supérieure à la demande, mais elle l’est au niveau mondial et provient essentiellement de la banane dollar. Comment pouvez-vous réguler cette offre sur le marché européen ?
Il existe des accords aux termes desquels on a accordé des quotas au Brésil, au Pérou, etc. Une fois que ces quotas sont dépassés ou en voie de l’être, on doit automatiquement déclencher le mécanisme de sauvegarde qui oblige les pays à ne pas aller au-delà du quota. Voici ce que nous recherchons. Nous pensons que nous pouvons mettre un mécanisme sur le marché européen qui protège les bananes communautaires et les bananes Acp dont c’est le seul débouché. Car faut-il le rappeler les bananes dollars ont déjà leur marché naturel qui est les Etats-Unis.

La Chine est Elle importe surtout des bananes des pays d’Asie mais aussi du Mexique. Peut-on envisager que l’Afrique exporte vers ce pays ?
Les quantités que nous produisons aujourd’hui ne sont pas suffisantes et économiquement rentables pour exporter vers la Chine. Pourquoi le Mexique exporte vers la Chine ? En raison de l’étroitesse du marché européen et du volume de sa production. Le premier producteur mondial de banane ce sont les Philippines, et elles ne sont pas très éloignées de la Chine. Nous avons aussi des producteurs Acp comme la République dominicaine ou Belize, le Surinam, etc., qui ne vendent qu’en Europe. Vous ne pouvez pas vendre un seul gramme de banane sur le marché américain.
L’Europe est un marché dynamique, elle a encore importé des quantités record de banane l’année dernière sans que cela profite aux pays Acp. Comment l’expliquer ? Par un manque de compétitivité ?

 

Il y a plusieurs raisons. Aujourd’hui, ce que nous demandons c’est que nous puissions tenir. Par exemple, l’Equateur qui produit plus de 7 millions de tonnes de bananes par an contre 1,2 million de tonnes pour l’ensemble des pays Acp atteint rapidement des économies d’échelle. Il vend sur le marché américain et vient en fait faire du dumping sur le marché européen poussant les prix vers le bas. Le débat est double. C’est pour cela qu’aujourd’hui que nous mettons en avant qu’un des facteurs pouvant contribuer à la réduction des migrations c’est l’agriculture. Il faut regarder ce problème en terme de prospective.
Il nous revient que l’appétit pour les bananes bio et/ou équitable est grandissant en Europe. Or, les pays d’Afrique semblent les mieux préparés pour répondre à cette demande avec de nouvelles plantations en cours. Faut-il prospecter profondément sur cette niche ?

Nous l’avons envisagé. Il y a actuellement des démarches importantes pour exporter vers l’Afrique du Sud. Mais, par exemple dans le cas du Cameroun où plusieurs tentatives ont été menées. D’une manière globale, nous devons solliciter nos gouvernements, et nous l’avons fait, pour que les barrières artificielles entre les Etats soient levées, que les voies de communication soient développées. En réalité, la volonté est là, les quantités sont là, le savoir-faire aussi mais on a à faire à d’autres obstacles, parfois invisibles. Par exemple, dans le cas du Cameroun, nous avons livré jusqu’en 2015 à peu près 50 000 tonnes de bananes par an au Nigeria en passant par le Nord du pays. Avec Boko Haram tout est stoppé. Vers le Sud, l’insécurité dans les voies de communication, conséquence de la crise interne, fait que l’on ne peut plus exporter de bananes même par bateau vers Calabar. En Côte d’Ivoire, il y a des exportations sur certains pays comme le Sénégal ou la Mauritanie mais il y a des entraves sur lesquelles je ne voudrais pas m ‘étendre ici mais qui relèvent de la responsabilité de nos Etats. Les solutions ne sont pas toujours faciles à trouver mais je ne doute pas un seul instant de la volonté des pouvoirs publics d’accompagner dans tous nos pays les producteurs.
Comment l’Europe a- t-elle reçu votre appel et qu’elle a été sa réponse ?
Il faut dire que l’appel est symbolique, il est politique. Mais nous avons un dialogue permanent avec l’Europe. Cela ne s’arrête pas à l’appel. Les choses dont nous avons parlé aujourd’hui c’est pour leur donner une plus grande résonnance et montré que nous parlons d’une seule voix. Vous avez vu qu’à la cérémonie d’ouverture, l’un des orateurs était l’ambassadeur de l’UE en Côte d’Ivoire. Nous ne sommes pas tout à fait d’accord sur certaines approches mais le dialogue est permanent. Dans une ou deux semaines nous allons nous retrouver à Bruxelles pour rencontrer également les nouveaux responsables mis en place par la Commission.

Par Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Légende photo : Joseph Owona , président d’Afriubana : « Nous allons nous retrouver à Bruxelles pour rencontre les nouveaux responsables… »

 

Interview /Jean Likane-Yagui(Député à l’Assemblée Nationale)// « La Côte d’Ivoire possède le plus grand potentiel aurifère de l’Afrique de l’Ouest »

jeudi, 26 septembre 2019 06:48 Written by

L’orpaillage clandestin démeure une question d’actualité en Côte d’Ivoire. M. Jean Likane-Yagui, Député à l’Assemblée Nationale, et ancien Directeur général de la Société de développement minier,( Sodemi) Interview.

Honorable, vous avez été Directeur général de la Société pour le développement minier( Sodemi), donc un tout sachant sur le bassin minier ivoirien. Pourquoi tant d’agitation autour du sol ivoirien ces dernières années ?

La Côte d’Ivoire est un pays qui regorge d’importantes ressources minières telles que le Fer, le Nickel, le Manganèse, la Bauxite, le Diamant et surtout l’Or. En effet, le territoire ivoirien possède 35 % de roches birimiènnes (ceintures vertes) de l’Afrique de l’Ouest. Ces roches sont porteuses de gisements aurifères faisant de notre pays le plus grand potentiel aurifère de toute l’Afrique de l’Ouest devant les pays comme le Ghana, le Mali, le Burkina Faso, etc.. Cet atout géologique associé aux différents problèmes de sécurité dans les pays sahéliens entraînent la ruée vers l’or en Côte d’Ivoire, tant pour de grandes entreprises minières internationales que pour des orpailleurs.
C’est quoi l’orpaillage clandestin ?
L’orpaillage est la recherche et l’exploitation artisanale de l’Or dans les rivières et les placers aurifères. C’est donc une activité de type informel, exploitant cette ressource de manière non planifiée, en utilisant principalement des méthodes manuelles et recourant à des outils rudimentaires. L’orpaillage clandestin est donc celui non autorisé et par conséquent non encadré par l’Administration Minière.

Qui se cache derrière cette affaire qui fait grincer les dents ?

Rires ! Il n’y a pas quelqu’un en particulier qui se cache derrière cette affaire. En Côte d’Ivoire, l’orpaillage clandestin est d’abord une communauté d’intérêts de trois groupes bien identifiés : Les acheteurs d’or qui sont généralement des Burkinabés qui, à travers des comptoirs d’achat, travaillent pour de grandes sociétés de Négoce d’or ; les orpailleurs proprement dits constitués, selon les Nations Unis, à 80 % de non ivoiriens ; et enfin les propriétaires terriens qui sont essentiellement des ivoiriens riverains des zones aurifères qui louent leurs parcelles agricoles pour des activités d’orpaillage.

En quoi l’orpaillage pratiqué en Côte d’Ivoire diffère de celui pratiqué dans les pays voisins ?

Fondamentalement, l’orpaillage pratiqué en Côte d’Ivoire ne diffère pas de celui pratiqué dans les autres pays. L’orpaillage clandestin pratiqué en Côte d’Ivoire est d’abord une exploitation sauvage non autorisée donc non encadrée par le gouvernement. L’utilisation de gros engins motorisés et des produits chimiques est l’aspect le plus dévastateur de cette activité illégale.

Quelles pourraient être les conséquences pour les populations et l’environnement ?

Les conséquences pour les populations et pour l’environnement sont énormes : La déforestation d’importantes surfaces de forêts, la pollution mercurielle chronique lors de l’amalgamation de l’or, la destruction et la pollution des cours d’eau et le lessivage des sols ; la précarité sanitaire des populations sans suivi médical adapté et potentiellement vectrice de maladies ; le développement des trafics de drogues, d’armes et de personnes mettant en danger les populations.

Et particulièrement pour l’agriculture dans les zones d’exploitation ?

La déforestation, le lessivage des sols, la pollution des cours d’eau, la destruction des terres fertiles, qui rendent les sols impropres à l’agriculture avec pour conséquence, à terme, l’insécurité alimentaire.

Comment lutter contre un phénomène transnational ?

Le caractère transnational de l’orpaillage clandestin vient du fait que les ressortissants des pays limitrophes qui sont plus rompus aux techniques d’orpaillage viennent massivement en Côte d’Ivoire du fait de l’insécurité ambiante qui règne dans le Sahel. Le problème est qu’ils exercent en toute illégalité malgré toutes les campagnes de sensibilisation et les mesures prises par le gouvernement pour encadrer cette activité. En dépit des discours officiels (qui annoncent des mesures vigoureuses de rationalisation des activités d’orpaillage) et de quelques « opérations coup de poing » pour fermer des sites clandestins d’orpaillage, de nouveaux autres sites se créent et se développent régulièrement en dehors des conditions prévues par le code minier.

Que faire pour y remédier ?

Pour remédier à cela, il y’a lieu de persévérer dans l’effort déjà entrepris par le gouvernement et de mettre l’accent sur :

•La sensibilisation des propriétaires terriens afin que ceux- ci ne louent pas leurs parcelles agricoles pour des activités d’orpaillage clandestin.•La confiscation systématique de tout engin motorisé trouvé sur les sites clandestins d’exploitation. Il me revient que des équipements confisqués sont vendus aux enchères, mais malheureusement, il semble que les acheteurs sont généralement les personnes de qui les engins ont été confisqués.

•Le contrôle de la vente et la traçabilité du mercure sur l’ensemble du territoire. A ce sujet, les députés viennent d’adopter une loi ratifiant la convention de Minamata qui vise à protéger la santé humaine et l’environnement contre les effets néfastes du mercure. L’implication des Conseils Régionaux dans la lutte contre l’insécurité et la pollution sur les sites d’exploitation. La condamnation à des peines exemplaires des négociants qui achètent de l’or sur /ou en provenance des sites clandestins.

En tant que sachant et expert faut-il craindre des émeutes (conflits inter communautaire) sur les différents sites ?

 

Rires ! Je ne suis pas un expert en sécurité. Cependant, je peux dire que les conflits inter communautaire sont peu probables tant les intérêts sont si importants et liés. Plusieurs personnes sont impliquées dans la chaîne d’exploitation : Du gardien de site aux cadres, en passant par les propriétaires terriens, les fournisseurs de service, et plus encore. Tout le monde y gagne. Personne n’a intérêt à ce que la chaîne se brise. Tout au plus, des revendications des propriétaires terriens ou des creuseurs vers des acheteurs pourraient créer des mésententes.

La Côte d’Ivoire pourra-t-elle échapper au syndrome qu’a connu les pays africains au sous- sol riche ?

Vous voulez certainement parler des conflits liés à l’exploitation des ressources minérales. En ce qui concerne le secteur minier ivoirien, je dirai qu’il n’y a pas de risques majeurs de conflits. Je vous ai dit au début de cet entretien que la Côte d’Ivoire possédait le plus grand potentiel aurifère de toute l’Afrique de l’Ouest. Cependant, tous les gouvernements qui se sont succédés, depuis le Président Félix Houphouët Boigny, ont basé le développement de ce pays sur l’agriculture. C’est, harmonieusement depuis quelques années que le secteur minier apporte sa contribution au développement national avec une participation au Pib de moins de 5 %. Notre secteur minier est encore si petit au côté de la filière Café - Cacao pour attirer les convoitises extérieures et c’est mieux ainsi !
Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Jean Likane-Yagui , Député à l’Assemblée Nationale : «(…) Personne n’a intérêt à ce que la chaîne se brise »(In Lginfos)

 

 

M. Siandou Fofana (Tourisme et loisirs)// Investissements// « Voici ce qui est prévu sur le site de la Sorbonne au Plateau »

lundi, 02 septembre 2019 08:47 Written by

Profitant récemment  de la  cérémonie  de remise  de cartes à  des agents assermentés, M. Siandou Fofana, le ministre du Tourisme et  des Loisirs,  a invité les opérateurs  économiques du secteur touristique  à mettre l’accent sur la démarche qualité..
 
 Monsieur le ministre,  70 agents assermentés  viennent de revoir leur carte des mains du ministre du Tourisme et des Loisirs. Que vont –ils faire concrètement sur le terrain ?
 Il s’agit pour nous d’insuffler une nouvelle  dynamique au secteur. Ce par la culture de résultat   et de performance axées sur  démarche qualité.  C’est cette démarche qualité que nous recherchons.  Vous conviendrez avec nous  qu’en termes  de démarche qualité, depuis plusieurs dizaines d’années, les classements  de nos hôtels n’ont pas fait l’objet de révision. Au point que chacun se fixe les étoiles qu’il souhaite.  Nous avons convenus  de mettre de l’ordre dans tout ça. C’est ce qui permet avec Côte d’Ivoire normalisation( Codinorm), de mettre  de l’ordre dans tout ça et aboutir à une classification de nos réceptifs hôteliers.  Cela suppose  qu’il faut avoir  des agents sur le  terrain,   instaurer   à la base des règles qui feront l’objet de suivi et de traitement.   Si ce n’est pas le cas, nous aviserons.  Ce que nous pouvons dire,  c’est que ces agents vont sur  le terrain, pour faire respecter les règles  et qu’à partir de celles-ci, nous ayons la possibilité de faire respecter  toute la règlementation.  
 Un  message particulier à l’endroit  des gestionnaires  de  réceptifs hôteliers ?
 Que tous  se conforment à la règlementation en vigueur. Que  ceux qui opèrent illégalement sans agrément  et sans avoir à renouveler leur autorisation,  se conforment à la règlementation. Cela nous permettra  de voir leur existence, de les codifier  et de savoir  ce qui s’y passe d’une parte, et de savoir que les normes sont respectées d’autre part. Ajoutons que  l’essentiel pour nous, c’est la santé des visiteurs  de  sites touristiques et de loisirs. Il faut que les règles d’hygiènes, de propretés et  de salubrité soient respectées. Une brigade de salubrité et d’hygiène sera  mise à contribution dans ce sens. Pour que,   In fine,  à travers une politique commerciale bien structurée, nous arrivions non seulement à garder les clients mais aussi à les fidéliser sur la destination Côte d’Ivoire.    
  Faudrait –il  s’attendre à des sanctions contre  ceux  qui ne vont pas respecter les normes ?
Ce n’est pas notre souhait, mais nous pensons que  si  des acteurs venaient à être interpelés et  qu’ils ne se conforment  pas à la règlementation, il est clair que  des sanctions  prévues par la loi vont tomber.
  Monsieur le ministre peut-on que « Sublime Côte d’Ivoire »  est en train de porter déjà des fruits ?
  Tout à fait !  « Sublime Côte d’Ivoire » est en train de porter  des fruits. Nous y croyons. Nous avons commencé et nous faisons une montée en puissance.   Les résultats sont en train de nous parvenir par la grâce de dieu et   du   leadership de nos hautes autorités que nous voulons saluer ici.  Pour revenir  à « la Place de la Sorbonne » au Plateau,  il  sera construit  une Smart City. C’est-à-dire   un hôtel  il y  aura  un espace commercial Vip de luxe.   Le Tourisme commercial et d’affaires trouvera tout son sens à  partir  d’un pôle  de croissance économique de cette nature.  On peut rester dans la Sous- région et avoir tout à portée de mains sans Visa. 

B. Mafoumgbé,(  In Lginfos  aout 2019 ) 

Legende photo : Ministre du Tourisme et des loisirs

Docteur Adama Coulibaly Dg Cca/ Redynamisation de la filière coton et textile // « Nous nous battons pour attirer les investisseurs »

lundi, 19 août 2019 18:53 Written by

Le Directeur général du Conseil du Coton et de l’anacarde,( Ccc), le Docteur Adama Coulibaly, nous parle de l’approvisionnement en Matières premières des transformateurs locaux et la stratégie mise en place pour attirer les investisseurs dans la filière textile ivoirienne..
Monsieur le Directeur général, vous venez de participer au 18e Forum de l’Agoa à Abidjan. Que peut-on retenir ?

Nous avons noué beaucoup de contacts et échangé avec des acteurs majeurs de l’Agoa. Des rencontres qui s’inscrivaient dans la droite ligne de nos démarches et stratégies habituelles. Nous nous battons pour attirer des investisseurs dans la filière coton. Nous parlons beaucoup de la filière anacarde mais, il n’en démeure pas moins que la filière coton est l’objet d’une préoccupation majeure au même titre que la filière cajou. A ce titre nous pouvons vous faire la confidence que le 04 aout 2019, nous avons échangé avec le Directeur exécutif adjoint de Pvh qui est le leader mondial qui est entreprise N° 2 dans le domaine du textile et de l’habillement. Il s’est agissait au cours de cette séance de travail, de lui présenter les nombreuses opportunités qu’offre la Côte d’Ivoire en matière de développement des textiles et de l’habillement. Précisons que ce groupe est installé dans des pays qui ne produisent de coton. Ici nous avons non seulement une production locale mais la Côte d’Ivoire est une sorte entonnoir pour deux gros pays producteurs de coton en Afrique que sont le Mali et le Burkina Faso. La Côte d’Ivoire, la porte d’entrée de l’Uemoa et de la Cedeao qui in fine compte plus trois cent millions d’habitants et donc plus de trois cent millions de consommateurs. Ce sont tous ces avantages qu’offre notre pays sans compter sa proximité avec les Etats unis d’Amérique( Usa), qui leur ont été présentés.

Parlons un peu de l’approvisionnement de l’industrie textile locale. Des industriels de la place disent rencontrer des difficultés pour s’approvisionner en Matière première. Que répondez-vous ?

La Matière première existe dans le pays et tout le monde peut le constater. Maintenant est ce qu’on a le fonds de roulement nécessaire pour l’acheter ? Cela est un autre débat. Il n’appartient pas au Conseil du coton et de l’anacarde de répondre à cette question. Ce que nous faisons, comme ce que nous avons fait d’ailleurs dans la filière cajou, nous l’avons dans la filière coton avant la filière cajou. C’est de réserver une partie de la production nationale aux transformateurs locaux aussi bien en ce qui concerne la fibre de coton que la graine de coton. Maintenant quand on vous réserve un volume et que pour des raisons de contrats ou pour des difficultés au niveau de votre fonds de roulement, vous n’avez pas pu enlever, le débat change de nature.

Quel l’état des lieux dans le secteur des oléagineux en matière d’approvisionnement en graines de coton ?

Nous avons une usine de trituration qui marche bien et qui est implantée à Korhogo : Industrie de trituration de graines de coton et de raffinage d’huile végétales,( Cotraf). Elle a une politique d’approvisionnement a adéquate et vous pouvez aller visiter cette entreprise. Les responsables n’ont aucuns soucis d’approvisionnement en Matière première, sauf que par moment, ils remettent en cause les prix du Kg de graine de coton. A ce niveau, le régulateur que nous sommes intervient pour qu’il y ait un prix préférentiel pour l’industrie locale. A chaque fois qu’il y a problème, triturateurs, égreneurs et nous-mêmes, nous nous retrouvons pour trouver une solution au problème posé. La graine existe tout comme la fibre. Le reste relève d’une question commerciale entre entités privées. Nous faisons de la régulation. En tant que tel, nous ne pouvons pas nous substituer à un acteur privé pour son approvisionnement.

Olheol c’est finie avec l’Etat de Côte d’Ivoire ?

Nous n’en savons rien. Allez poser la question aux dirigeants de cette entreprise.

 

Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.( in Lginfos du 14 aout 19)

Légende photo : Docteur Adama Coulibaly, Directeur général du Conseil coton et anacarde : « Nous ne pouvons pas nous substituer à un acteur privé pour son approvisionnement »

 

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