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jeudi 28 mars 2024
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Reportages (43)

Promotion//Fin de la Foire made in Côte d’Ivoire// Les recommandations du comité scientifique ( Restitution)

lundi, 27 novembre 2023 09:03 Written by


La Foire du Made In Côte d’Ivoire (FOMCI) édition 2023 a permis de mener des réflexions de hauts niveaux sur le thème : « La qualité Made In Côte d’Ivoire, opportunités d’affaires et facteur de croissance inclusive » au travers d’une conférence inaugurale et de quatre panels, dont j’ai l’honneur de vous en faire la présente restitution.

 Conférence inaugurale

La conférence inaugurale a été animée sous la forme d’un échange entre le Ministre du Commerce et de l’industrie, Docteur Souleymane DIARRASSOUBA et quatre panélistes issus de l’écosystème socio-économique de la Côte d’Ivoire.

Les échanges ont porté sur les sujets liés à la contrefaçon, à la fraude, aux dispositifs de financement et d’aide aux petites et moyennes entreprises, à l’organisation du secteur de l’artisanat et à la protection du met typiquement ivoirien à savoir l’Attiéké.

Répondant volontiers aux questions des intervenants, le Ministre du Commerce et de l’Industrie, Dr Souleymane Diarrassouba, a mis en lumière les actions du gouvernement en faveur du secteur privé, à travers notamment la mise en place de structures d’encadrement et de promotion des petites et moyennes entreprises dont l’Agence Cote d’Ivoire PME, le Guichet Unique de Développement des PME, la Société de Garantie des PME et l’Agence Côte d’Ivoire Export. Mais également à travers la mise en place d’un cadre institutionnel de protection des activités du made in Côte d’Ivoire tel que la création du Comité National de Lutte contre la Contrefaçon (CNLC).

Cette conférence inaugurale au format inédit, a suscité un vif intérêt et un engouement certain auprès des participants et des acteurs du secteur privé.

Après cette conférence inaugurale qui s’est déroulée au cours de la cérémonie d’ouverture, les deux jours suivants, ont vu la tenue de panels.

 PANEL1 :

Le premier panel de la FOMCI 2023 s’est déroulé sous le thème « Régime fiscal, Financement d’entrepreneurs dans la transformation des produits locaux : dispositions existants, obstacles et solutions ».
Les échanges ont permis de présenter des mesures issues du Plan Nationale de Développement (PND) et du Plan Stratégique Nationale 2030, qui visent tous deux la Transformation structurelle de l’économie et la Promotion du secteur privé et de l’investissement.
Face aux dispositifs structurels, organiques, réglementaires et législatives existants, les présentations des panélistes et les échanges qui s’en sont suivi avec les participants, ont relevé l’existence d’obstacles tels que une communication insuffisante sur les dispositions prises, une faible structuration des entrepreneurs, des instruments classiques de financement non adaptés, une faible épargne, une forte présence du secteur informel, un faible taux d’éducation financière et de culture entrepreneuriale.
Les débats ont mis en exergue les efforts mis en œuvre par l’Etat de Côte d’Ivoire pour assister le secteur privé. Aussi, il a été reconnu que des Structure publiques d’accompagnement sont-elles mises en place ainsi que des projets et initiatives de transformation des chaînes de valeurs agricoles. Également, les panélistes ont montré que des dispositions fiscales incitatives ont été prises pour s’adapter aux PME et aux jeunes entrepreneurs.

Cependant, les panélistes ont convenu qu’il demeure indispensable de mettre en place et d’améliorer les outils d’aides aux PME, d’encourager et de favoriser la formalisation du secteur informel, de sensibiliser les entrepreneurs sur les mesures étatiques d’accompagnement existantes, de mettre en place de régimes fiscaux encore plus adaptés aux entrepreneurs, d’aider aux financements des initiatives technologiques et innovantes, de sensibiliser sur la culture de l’épargne et de mettre en place des instruments alternatifs de financement.

 PANEL 2 :
Le deuxième panel s’est articulé autour du thème « Qualité des produits locaux : réglementation, norme, certification et différentiation face à la concurrence internationale ».
Les différents panélistes ont défini le cadre réglementaire, la typologie et la stratification des normes et des certifications.
D'une manière générale, les différents intervenants ont montré l'importance et la nécessité de la norme et de la certification dans la qualité et la compétitivité d'un bien ou d’un service.
Les interventions des panélistes ont mis un accent particulier sur la nécessité de certifier et de labéliser les produits locaux pour ajouter une plus-value et de les rendre de plus en plus exportables.
Face à l’insuffisance de promotion et de la certification des produits ivoiriens sur le marché international constatée par les panélistes, des solutions pour la promotion et la labélisation ont été évoquées.
Au regard des enjeux économiques et sociaux, des dispositifs règlementaires doivent donc être améliorées pour favoriser la compétitivité des produits locaux sur les marchés internationaux.

 PANEL 3 :
Ce panel a traité le thème « Défis et opportunités de la transformation des produits locaux pour une valeur ajoutée locale ».
Les panélistes ont d’abord présenté les différents défis liés à la transformation des produits locaux.
Il s’agit d’assurer la fourniture de produits de qualité, de maitriser la chaine d’approvisionnement, de transformer les produits dans un cadre sain et d’utiliser des technologies adaptées.

D’autres défis tels que la conservation des produits, la faiblesse de l’encadrement, le déficit de financement ainsi que le manque de communication sur les dispositifs existants, ont été mentionnés.
A ces défis, les panélistes ont proposé des pistes de solutions pouvant aboutir à la transformation des produits locaux ainsi que les opportunités qui en découlent. Il s’agit notamment de l’accompagnement des entrepreneurs par des professionnels de la transformation technologique afin de leur permettre de mieux maîtriser les pratiques en la matière. A cela, il faut ajouter la promotion de la consommation locale et de la certification systématique des produits made in Côte d’Ivoire.
D’autres solutions telles que la formation aux pratiques de transformation industrielle et la création d’espaces permanent de promotion dédiés aux produits locaux, ont été proposées.

PANEL 4
Le dernier panel a eu pour thème « Critère qualité-prix et stratégie marketing dans le choix du consommateur ».
Plusieurs questions ont été abordées notamment la définition d’une stratégie marketing adaptée aux produits locaux et la prise en compte des préférences des consommateurs.
Pour les panélistes le marketing est perçu comme l’ensemble des actions menées par une entreprise en vue de pousser le consommateur à poser l’acte d’achat. La finalité de toute stratégie marketing doit donc être la satisfaction du besoin du client. Ce sont les désirs de celui-ci qui doivent orienter tout entrepreneur.
Sur la question du choix du consommateur, il a été noté qu’au-delà du prix, le consommateur ivoirien est de plus en plus regardant sur les éléments relatifs à la qualité, au processus de fabrication et à toute informations qui concoure à renforcer sa sécurité.

Pour finir, nous pouvons dire qu’à travers une conférence inaugurale et quatre panels aux contenus édifiants, la FOMCI 2023 a donné au Made in Côte d’Ivoire, au consommer locale et au développement inclusif, une réelle plateforme d’expression.

Pour le Comité scientifique, Dr Ranie-Didice BAH-KONE.
Je vous remercie.

Contribution//Inclusion financière// Un système qui exclut les deux tiers de la population mondiale ne peut être juste ». (par Singoh YO)

mardi, 10 octobre 2023 11:13 Written by

Cette citation du prix Nobel d’économie Muhammad Yunus (2006) illustre l’importance de l’inclusion financière. Elle souligne la nécessité d’un accès effectif et abordable à des services et produits financiers de base, tels que les paiements, l’épargne, le crédit et l’assurance, fournis par des institutions financières à tous les adultes en âge de travailler. L’inclusion financière représente un facteur clé pour le développement économique et social de l’Afrique, car elle permet de réduire la pauvreté, de stimuler la croissance, de favoriser l’entrepreneuriat, de renforcer la stabilité financière, etc. (Banque mondiale, 2021). Ainsi, selon la Banque mondiale, le taux d’inclusion financière en Afrique subsaharienne s’établit à 55 % en 2021.

Toutefois, ce taux reste encore inférieur à la moyenne mondiale (marqué par une évolution de 51% en 2011 à 76% en 2021). En effet, des disparités importantes selon les pays, les zones rurales ou urbaines, les genres ou les tranches d’âge existent. Par exemple, sur les 55% des adultes en Afrique subsaharienne qui disposent d’un compte bancaire en 2021, près de 33% possèdent un compte de mobile money (Banque mondiale, 2021).

Au niveau de la zone UEMOA, le taux de bancarisation élargi, qui prend en compte, outre le taux de bancarisation strict, la proportion de la population ayant un compte auprès des institutions de microfinance, enregistre une hausse significative. Il évolue en effet, de plus de 10%, et passe ainsi de 28,4% en 2012 à 42,4% en 2021. Quant au taux d’inclusion financière ou taux global d’utilisation des services financiers, celui-ci poursuit sa tendance haussière, enregistrant une évolution de de 28,6% en 2012 à 67,2% en 2021.

Dès lors, les institutions financières locales (IFL), telles que les banques, les mutuelles d’épargne et de crédit, les caisses populaires, les institutions de microfinance ou encore les associations villageoises d’épargne et de crédit, jouent un rôle essentiel pour favoriser l’inclusion financière.
Les IFL se caractérisent par leur proximité géographique, sociale et culturelle avec leurs clients, leur connaissance fine des besoins et des capacités de remboursement des emprunteurs etc…

Toutefois, elles se trouvent confrontées à de nombreux défis pour assurer leur pérennité, leur rentabilité et leur efficacité. Au nombre de ces défis, figurent la faiblesse des fonds propres, la dépendance vis-à-vis des bailleurs de fonds externes, la concurrence accrue des autres acteurs financiers, la réglementation prudentielle, le risque de dégradation de la qualité du portefeuille, ou encore la faible adoption des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Dans ce contexte, le mobile money offre des opportunités considérables pour renforcer le rôle des IFL dans l’inclusion financière en Afrique (Assadi et Cudi, 2011). Le mobile money désigne l’utilisation du téléphone portable comme moyen de paiement et de transfert d’argent. Il permet aux utilisateurs d’effectuer des transactions financières à distance, sans recourir à un compte bancaire ou à une connexion internet. Ce service connait un essor spectaculaire en Afrique subsaharienne ces dernières années, avec plus de 500 millions d’utilisateurs actifs en 2021, soit plus que dans toute autre région du monde. Par ailleurs, le volume total des transactions enregistre une croissance et s’élève à plus de 1 000 milliards de dollars en 2021.

Le mobile money présente plusieurs avantages pour les IFL et leurs clients. Il réduit en effet, les coûts de transaction, améliore la sécurité et la traçabilité des opérations, élargit la couverture géographique et la diversité des services offerts. Il contribue en outre à accroître la fidélisation et la satisfaction des clients, et à renforcer la résilience face aux chocs externes. Selon les données, les personnes qui disposent d’un compte de mobile money ont un taux d’épargne similaire à celui des détenteurs de comptes bancaires. Ce qui leur permet de mieux faire face aux chocs lorsqu’ils se produisent. (GSMA, 2023).
Par ailleurs, plusieurs exemples d’innovations basées sur le mobile money émergent en Afrique. Selon le rapport annuel 2021 de la BCEAO sur la situation de l’inclusion financière dans l’UEMOA, les innovations introduites par plusieurs fournisseurs de services financiers couplées aux nouvelles technologies permettent d’attirer de nouveaux clients. Ces avancées combinées au recours à la monnaie électronique et l’entrée sur le marché de nouveaux acteurs, améliorent significativement le taux global d’utilisation des services financiers.
En effet, certaines institutions nouent des partenariats avec les opérateurs de monnaie électronique, en vue de proposer des services financiers relatifs à l’ouverture de comptes d’épargne et à l’octroi de microcrédits aux populations. L’avènement des partenariats entre les FinTech et les banques génère une concurrence accrue au niveau du secteur, favorisant l’ouverture de plusieurs nouveaux comptes de monnaie électronique.
A titre d’exemple, le partenariat entre Baobab Sénégal et Wave, un acteur majeur du mobile money en Afrique permet aux clients de Baobab d’utiliser la plateforme de paiement mobile Wave pour effectuer des transactions en temps réel. Le partenariat entre Orange Money et le réseau des caisses populaires du Burkina Faso (RCPB), offre la possibilité aux clients du RCPB d’accéder à leurs comptes via leur téléphone portable. Le projet bien connu de M-Pesa en Tanzanie et au Kenya ou le cap des 30 millions d’utilisateurs a été franchi en 2022. Celui de Orange Bank Africa, la première banque mobile à avoir obtenu une licence de banque commerciale par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et née d’un partenariat entre le Groupe Orange et le Groupe de bancassurance NSIA Banque, ou encore la Fintech Ivoirienne DJAMO, spécialisée dans les services bancaires en ligne etc…
Ainsi, le renouveau des institutions financières locales en Afrique pourrait transiter par une meilleure intégration de cette solution dans leur stratégie et leur fonctionnement.

Cependant, l’intégration du mobile money dans le modèle des IFL ne s’avère pas dénuée de risques et de difficultés. Elle implique des changements organisationnels, techniques et culturels importants, qui nécessitent un accompagnement adapté et une collaboration étroite entre les différents acteurs impliqués (IFL, opérateurs téléphoniques, autorités réglementaires, etc.). Elle pose également des questions éthiques et sociales liées à la protection des données personnelles, à la prévention du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme, à l’éducation financière des utilisateurs ou encore à l’impact social et environnemental de l’utilisation massive du téléphone portable.

Somme toute, le renouveau des institutions financières locales en Afrique peut découler d’une meilleure intégration du mobile money dans leur stratégie et leur fonctionnement. Celle-ci doit être réalisée de manière responsable et durable, en s’appuyant sur les besoins réels des clients, les contraintes réglementaires et opérationnelles, ainsi que les opportunités offertes par les nouvelles technologies. C’est à cette condition que les IFL pourront renforcer leur rôle de pilier de l’inclusion financière en Afrique.

Singoh YO, Financial Risk Manager

A propos de l’auteur:

Monsieur Singoh YO est Gestionnaire Financier Principal Chargé des Risques de Crédit. Il dispose d’une solide expérience dans le secteur bancaire, acquise au sein de banques commerciales et de banques multilatérales de développement.

 

Insécurité// Lutte contre le terrorisme// Les révélations d’un rapport de Crisis group sur la Côte d’Ivoire

vendredi, 11 août 2023 17:45 Written by

« Alors que la Côte d’Ivoire semble mieux positionnée que bien d’autres dans son voisinage pour faire face la menace d'une insurrection djihadiste, la plupart des responsables ivoiriens comprennent qu'il n'y a pas place à la complaisance. Ils reconnaissent que les centaines de pistes de brousse non surveillées qui relient le pays à ses nombreux voisins créent des ouvertures pour la violence militante dans les zones frontalières. » Extrait d’un rapport de 21 Pages de Crisis Group sur la situation sécuritaire en Côte d’Ivoire et de la stratégie de lutte du gouvernement ivoirien contre le terrorisme. Ce document a pour titre : Éloigner les djihadistes du Nord de la Côte d'Ivoire, Briefing Afrique de Crisis Group N°192, Abidjan/Bruxelles, le 11 août 2023 »
Aussi, dans ce document publié ce 11 Aout 2023 , cette organisation non gouvernementale basée à Bruxelles en Belgique précise :« Beaucoup décrivent de nouvelles attaques djihadistes, peut-être même dans des zones urbaines, une question de quand plutôt que de si, malgré tous les nouveaux déploiements militaires dans les six régions du Nord au cours des dernières années. D'une manière générale, la Côte d'Ivoire est sur la bonne voie et devrait continuer à poursuivre les stratégies que le gouvernement a mises en place pour renforcer la sécurité le long de ses frontières ainsi que les programmes de lutte contre la pauvreté et le chômage dans la région. » Aussi, Crisis group ne manque pas de rappeler que des « investissements supplémentaires dans les économies locales, les relations communauté-armée, les relations transfrontalières coopération militaire et capacités militaires – seront nécessaires pour aider la Côte d’Ivoire continuer à repousser les groupes djihadistes qui ont jeté l'ombre de la misère et de l'instabilité sur son voisinage. »
Mais avant d’arriver à cette conclusion, cette Ong rappelle que : « Alors que les groupes djihadistes du Sahel se déplacent vers le sud, la Côte d'Ivoire a renforcé son déploiement sécuritaire dans le nord et déployé divers projets sociaux réduire la pauvreté et le chômage des jeunes. La violence militante a diminué depuis une série d'attaques dans le nord entre 2020 et 2021. »
Et d’ajouter que l'insécurité est endémique en Afrique de l'Ouest. Les militants envahissent contre les États riverains, multipliant les attaques dans le nord du Bénin et du Togo. Côte d’Ivoire, qui possède la plus grande économie d’Afrique de l’Ouest francophone, semble particulièrement bien placé pour se prémunir contre l'expansion djihadiste, mais il fait néanmoins face à des risques.
Qu'est-ce qui devrait être fait ?
Le double objectif de la Côte d’Ivoire en matière de sécurité et de développement économique rapporte d’importants dividendes à la population du nord. Les autorités devraient renforcer les investissements sociaux et continuer à instaurer la confiance entre l'armée et civils. Ils devraient poursuivre la coopération militaire bilatérale avec le Burkina voisin.
L'insécurité est endémique en Afrique de l'Ouest. Les militants envahissent contre les États riverains, multipliant les attaques dans le nord du Bénin et du Togo. Côte d’Ivoire, qui possède la plus grande économie d’Afrique de l’Ouest francophone, semble particulièrement bien placé pour se prémunir contre l'expansion djihadiste, mais il fait néanmoins face à des risques.
Depuis leurs bases du nord du Mali et de l'est du Burkina Faso, les groupes djihadistes du Sahel se sont propagés vers le sud vers les pays côtiers d'Afrique de l'Ouest, faisant craindre qu’ils finissent par s'y implanter. Des bandes de « militants » se sont déplacées dans les forêts le long des frontières sud du Burkina Faso avec le Bénin, le Ghana, le Togo et la Côte d'Ivoire.
Par rapport aux États du Sahel, indique le document, « dans plusieurs desquels les djihadistes ont fait des progrès réguliers avancées, la Côte d’Ivoire a bien réagi, associant l’accent mis sur la sécurité à une approche socio-économique globale. Les autorités d'Abidjan devraient persister dans les efforts de sécurité, y compris par le soutien aux initiatives régionales de partage de renseignements. Ils devraient également continuer à rechercher une coopération militaire bilatérale avec le Burkina Faso et éventuellement avec des États littoraux comme le Bénin, le Ghana et le Togo. »
Enfin, souligne la note,« ils doivent renforcer travailler à forger la confiance entre les forces de sécurité et les habitants du nord ainsi que la rampe augmenter leur investissement dans des programmes qui offrent des opportunités de subsistance, en particulier aux jeunes et les femmes, en veillant à ce qu'elles atteignent les villages reculés. »
Car, l’environnement sécuritaire dans une grande partie de la région est menacé. Les djihadistes sont sur le marché à travers le nord et le centre du Mali et à travers le Burkina Faso, où autant de car un habitant sur onze a été déplacé. 2022 a été l'année la plus meurtrière jamais enregistrée dans les deux pays.
Face à un environ sécuritaire des plus mouvant et imprévisible, il urge que le gouvernement se concentre sur ce dossier brulant en interne. Précisons que dans le cadre de « l’opération militaire de la Cédéao au Niger, Abidjan fournira 850 à 1100 hommes »
Selon fratmat.info, le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara a annoncé le 10 août 2023 que les chefs d'État ouest-africains ont donné leur accord pour qu'une opération visant à rétablir l'ordre constitutionnel au Niger démarre « dans les plus brefs délais ». Le chef de l'État ivoirien a indiqué à cet effet que son pays va fournir « un bataillon » de 850 à 1.100 hommes, aux côtés du Nigeria et du Bénin notamment, et que « d'autres pays » les rejoindront. Il a fait cette déclaration à Abidjan, à son retour d'Abuja.
Rappelons que Crisis Group, est une Ong internationale à but non lucratif créée en 1995, dont la mission est de prévenir et d'aider à résoudre les conflits meurtriers grâce à un travail de recherche sur le terrain, des analyses et des recommandations indépendantes.
Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Légende photo : Malgré des efforts dans la lutte contre le terrorisme, la Côte d’Ivoire doit maintenir le cap.

 

Reportage//Lutte contre la migration irrégulière au Maroc// Quand les professionnels de la mode décident de ‘fixer’ les jeunes talents africains…

dimanche, 18 juin 2023 13:03 Written by

Malgré les différentes campagnes de sensibilisation, la migration irrégulière continue de tuer les jeunes africains. Au Maroc, des artistes, hommes de culture et spécialistes de la mode, ont décidé de fixer les jeunes talents africains. Reportage…

Ce Jeudi 04 Mai 2023, il est 9 heures. Nous sommes à Rabat ; la capitale administrative du Maroc. Ce dans le cadre des festivités de l’édition 2023 Africa fashion talents (Afrifata), dédié à la mode et à l’émergence des jeunes talents africains. Afrifata, un incubateur social initié par Afmad dont la président est Zaineb Karroumi El Kadiri. A cette heure de la journée, il fait un temps chaud. Le Théâtre national Mohammed V qui abrite les festivités, a fait sa cure de jouvence. Sur l’esplanade de la sexagénaire bâtisse, les stylistes et modélistes venus de plusieurs pays africains dont la Côte d’Ivoire, la Mauritanie, le Togo et le Cameroun entre autres, s’activent à exposer leurs modèles taillés dans du tissu de chez eux. Il faut faire vite, pour prendre place dans le Halle du 1er étage aménagé pour la circonstance. C’est ici qu’auront lieu, le show et les différents panels. Pour y accéder, il faut prendre les marches qui, pour la circonstance, ont été habillées d’un tapis royale rouge. On se croirait au Festival de Canne en France.

Sur place, des artistes – peintres accrochent sur les simaises, de très beaux tableaux. Il s’agit d’une vingtaine de tableaux des artistes peintres sénégalais, Daouda Ndiaye et du marocain Noureddine Tabété. Cette exposition comporte des dizaines de tableaux. De très beaux tableaux qui attirent les amateurs d’œuvres d’art de haute qualité. Certaines portent sur la thématique de la migration irrégulière. Le confrère D. Cheickna ne demande pas mieux ! Oui, migration illégale bien connue en Afrique au sud du Sahara,( Côte d’Ivoire, au Sénégal… )sous l’ appellation populaire « immigration clandestine ».


Avec Daouda Ndiaye, artiste- peintre sénégalais, à qui l’on pourrait attribuer la cinquantaine, nous prenons rendez-vous, pour parler ce fléau qui tue chaque année, de millier de jeunes africains. Indiquons qu’en quête d’un avenir meilleur, ils sont de milliers de jeunes africains qui tentent périlleusement, de traverser le désert du Sahara et la Mer méditerranée sur des embarcations de fortune, pour atteindre ‘Bako’, ou l’autre côté de la rive en malinké. Ceux qui partent de la Côte d’Ivoire, dans la plupart des cas et qui ont les moyens de s’offrir un billet d’avion pour rallier les deux pays, passent par le Maroc.

Pourquoi le Maroc ?

« Car, il n’existe pas de visa entre les deux pays, depuis des décennies. Mais une fois au Maroc, ils se trouvent être pris dans une nasse. Le temps d’atteindre les côtes espagnoles, ils s’adonnent à de petites activités de plongeurs dans la restauration rapide ou de main d’œuvre agricole dans les champs d’olivier et de blé », nous explique un membre de l’Organisation international pour la migration(l’Oim), en mission dans Royaume chérifien mais avec qui nous n’avons pas le temps d’approfondir nos échanges, malheureusement…

Il est dix heures 30mn, heure locale. Tous les invités sont là et la cérémonie de lancement d’Afrifat2023 peut commencer. La sonorisation crache un rythme arabique. Le mercure monte et la commissaire générale d’Afrifata 2023, Zaineb Karroumi El Kadiri devant une forêt de microphones, de cameras et sous les crépitements des appareils photo commence son discours. La gorge nouée par l’émotion, elle commence par remercier le gouvernement marocain, les différents partenaires et designers invités. Bref, elle a dit toute sa gratitude à tous les partenaires qui n’ont pas lésiné sur les moyens pour soutenir ce festival.

L’art et la mode pour fixer les jeunes talents africains

La culture, l’art et la mode sont une opportunité pour les jeunes africains, de profiter de multiples formations et la possibilité aussi d'avoir accès à un réseau d'orientation international privilégié de connaissances dans le milieu du design de la mode et de la production sur sélection pour participer au concours des jeunes talents avec remise de prix pour le gagnant un voyage Fashion dans une Fashion week internationale et un suivi entrepreneurial.
«Je voudrais profiter également de l’occasion pour rendre hommage à l’Afrique. Merci aux partenaires et au ministère qui nous ont fait confiance. Nous voulons faire des jeunes créateurs de la mode, des acteurs de demain. Il y a l’art en Afrique. », a dit Zaineb Karroumi El Kadiri.
Pour M. Mohamed Ben Yacoub, directeur des arts au ministère de la Culture, la jeunesse et de la communication ne dira pas le contraire aux jeunes stylistes venus entre autres du Maroc le Congo Brazzaville, le Sénégal, la Mauritanie, la Côte d'Ivoire, Emirates Arabe unies et de l’Angola. Puis, s’adressant à la jeunesse africaine qui viennent faire des études au Maroc, il leur a demandé de continuer assidument leurs études. Car, dira Ben Yacoub, « il y a des marchés et des opportunités ici. Continuez d’apprendre. Mes encouragements à la fondatrice de ce festival qui est une excellente opportunité de construction de la culture et de l’Afrique. Quelle belle opportunité offerte aux jeunes créateurs et designers africains qui doivent valoriser les potentialités inestimables qui existent sur le continent »

Des étudiants africains se prononcent…

Par ailleurs, des étudiantes africaines qui fréquentent des grandes écoles de modes et de l’hôtellerie rencontrés en marge de ce festival, disent qu’elles, n’entendent pas aller à l’aventure après leur formation. C’est le cas de la ravissante P. Gomes. Elle a 18 ans est d’origine capverdienne, P. Gomes nous apprendra qu’elle suit des cours de couture dans une grande école de haute couture de Rabat. « Ma formation est financée par mes parents qui attendent beaucoup de moi. Après ma formation, je vais retourner au pays. Où ma mère ; elle aussi couturière, va m’engager dans son atelier. Toutefois je vais profiter des occasions qui s’offriront ici à moi. Pas question de traverser la mer de façon clandestine. », dit-elle. Un avis partagé par Miss Kwassey, 18 ans d’origine Ghanéenne qui a plein d’idées dans la tête. Surtout dans la valorisation des pagnes tissés au pays de Kwame Nkrumah. « Nous voulons bien retourner au pays. Mais, il faut que nos Etats nous accompagnent comme c’est bien le cas ici au Maroc. Car, une chose est de se former à grand frais, une autre est de retourner au pays et d’aller chômer. (…) Malheureusement », dit-elle.

Concrètement que fait le Maroc pour lutter contre la migration clandestine ?

Sur place, dans le royaume chérifien, les initiatives ne manquent pas. Pour réguler voire lutter contre la migration illégale. Adoptant une approche holistique en matière de lutte contre la migration illégale, le Maroc ne cesse de déployer des efforts considérables, en priorisant le renforcement de la coopération et de la coordination avec ses voisins du nord, notamment l'Espagne.
« Sur le plan opérationnel, le Royaume a toujours insisté sur la nécessité de faire une distinction nette entre les victimes de ce phénomène qu'il faut protéger et les réseaux de trafic des migrants auxquels il faut opposer une fermeté absolue. Le Maroc, qui n’a pas pour vocation d’être le gendarme de l’Europe, a toujours estimé que cette problématique doit être traitée dans le cadre d’une responsabilité partagée et d’un partenariat bien défini aussi bien avec l’Espagne qu’avec l’Europe en général. », Hassane, nous explique un confrère de l’Agence marocaine de presse,(Map).

Dans ce cadre, se tiennent régulièrement des réunions entre les responsables des deux pays, dont celle du Groupe migratoire mixte permanent maroco-espagnol tenue, début Mai 2023 à Rabat. La réunion, qui intervenait après une période d’interruption en raison du contexte imposé par la crise sanitaire due à la propagation de la Covid-19, a permis à la partie espagnole d’exprimer ses remerciements pour les efforts d'envergure déployés par les autorités marocaines en matière de lutte contre la migration illégale avec des résultats tangibles. (Voir encadrés)
Mais comment faire pour fixer les jeunes africains sur place grâce aux métiers des arts et de la mode ?

Khalid Tamer, Directeur artistique, metteur en scène d'origine marocaine, et le premier président africain de la Commission internationale du théâtre francophone, a sa petite idée.
« Les jeunes africains ont du potentiel qu’il faut valoriser. Mais l’ignorance empêche de voir toute la créativité et la force de l’Afrique. Cette jeunesse qui veut partir de l’autre côté, manque la créativité et un savoir-faire pour l’accompagner. », indique- t-il.


Mais en quoi consisterait l’accompagnement ?


Pour Khalid Tamer, « C’est d’abord le pouvoir politique économique et la société civile pour parler à la jeunesse africaine qui a soif d’apprendre. Mais aussi et surtout à connaitre sa culture. Ce qui lui permettra de mieux s’en raciner dans son continent. Les universités et les grandes écoles, on en a en Afrique. Mais ce qui nous manque ce sont les stratégies de donner à ces jeunes un espoir. Dans la société occidentale, les choix ne se sont pas arrivés un soir, mais au bout de 100ans. Il y a 60 ans que nous avons été décolonisés. Donc nous avons le temps, pour mettre en place des outils et des stratégies pour accompagner notre jeunesse. »

Heureusement au Maroc où les initiatives ne manquent pas, le Roi Mohammed VI a fixé le cap et la cadence suit de façon méthodique et bien organisée.

« C’est la volonté politique. Ici au Maroc, c’est le roi qui a emprunté sa marque à sa volonté. Nous pensons qu’Abidjan a repris sa place. Avant la guerre, ce n’était pas facile et c’était très compliqué. Aujourd’hui, Abidjan fait partie des capitales qui ont tous les atouts économiques et culturels pour devenir un véritable marché artistique, culturel et sociétal. », explique notre l’interlocuteur qui croie en la jeunesse africaine qui a du talent.
Pour Tamer, « Il faut donc créer de l’espoir pour aller de l’avant et l’Afrique est en marche. »

 

Bamba Mafoumgbé, envoyé spécial à Rabat(Maroc)

Légende photo : Une vue des panelistes et participants à Afrifata2023

Encadré 1 : Les engagements du Maroc contre la migration illégale
Sur la question migratoire, le registre du Maroc est très bien connu avec un bilan très édifiant. Ainsi, pour la seule année de 2021, le Royaume a réussi à avorter un total de 63.121 tentatives d’immigration et d'émigration irrégulière et à démanteler 256 réseaux criminels de trafic illicite de migrants, alors que 14.236 migrants ont été secourus en mer, selon des chiffres officiels.
Également, le Royaume du Maroc a également initié au profit des catégories de migrants vulnérables des programmes de retours volontaires assistés. Cette politique de retour volontaire constitue aujourd’hui un modèle de référence de la coopération Sud-Sud. Ainsi, 3500 retours volontaires concernant des étrangers en situation irrégulière au Maroc ont été organisés vers leurs pays d’origine, dont 2300 en partenariat avec l’Organisation internationale pour les migrations (Oim), alors que 49 assauts sur Sebta et Mellilia ont été avortés durant la même année.
Le bilan du premier trimestre 2022 confirme aussi cette détermination à toute épreuve. Ainsi, 14.746 tentatives d’immigration et d’émigration irrégulières ont été avortées, 52 réseaux criminels de trafic illicite de migrants démantelés et 97 personnes secourues en mer. Par ailleurs, 1080 retours volontaires concernant des étrangers en situation irrégulière au Maroc ont été organisés vers leurs pays d’origine, dont 600 en partenariat avec l’Oim et douze assauts sur Sebta et Melilia avortés. Malgré ces efforts, ce fléau continue d’attirer les jeunes africains.
La série noire continue pour les jeunes africains…
Indiquons que le premier trimestre 2023 a été le plus meurtrier pour les migrants qui tentaient de traverser la Méditerranée, depuis 2017.(Il s’agit de chiffres globaux certainement en l’Afrique et l’Europe.)Les premiers chiffres publiés par le directeur de l'Organisation internationale pour les migrations (Oim), Antonio Vitorino indiquent que 441 décès ont été enregistrés entre janvier et mars 2023. « La crise humanitaire qui persiste en Méditerranée centrale est intolérable. Avec plus de 20 000 décès enregistrés sur cette route depuis 2014, je crains qu'il y ait une normalisation de ces décès », a déclaré le directeur de l'agence de l'Onu pour les migrations.
Il a indiqué, en outre, que « les retards et les lacunes dans les opérations de recherche et de sauvetage menées par les États coûtent des vies humaines ». Ces retards dans les opérations de recherche et de sauvetage (Sar) ont été un facteur déterminant dans pas moins de six incidents depuis le début de l’année, entraînant la mort d’au moins 127 personnes sur un total de 441, indique l’Oim dans un communiqué, qui souligne que ce bilan « est en deçà de la réalité ». « Pendant le week-end de Pâques, 3 000 migrants ont atteint l’Italie, ce qui porte le nombre total d’arrivées depuis le début de l’année à 31 192 personnes », ajoute l’Oim comme rapporté par Anadolu Agency. Il faut mettre fin à la série noire, en fixant par exemple les jeunes africains sur le continent.
B. Mafoumgbé
Encadré 2 : L’artiste - peintre Daouda Ndiaye ne dit pas le contraire. Le regard fixé sur l’un de ses tableaux ne croit pas si bien dire quand il dit : Interview /Daouda Ndiaye, artiste plasticien sénégalais basé à Dakar
« J’ai toujours mis en avant l’encadrement des jeunes. »
Pouvez- vous nous dire l’objet de votre présence à ce festival ?

Je suis à Rabat, dans le cadre d’un festival artistique qui cherche à promouvoir les jeunes talents africains et pointer du doigt les richesses de l’Afrique. Parce que l’Afrique est un continent riche de talents. Il appartient aux jeunes africains d’y croire, de se fixer en Afrique et entreprendre des actions qui peuvent nous mener au développement.

C’est quoi concrètement ces actions ?
Entreprendre dans la synergie, tout ce qui pourrait nous aider à tendre vers un échange et une dynamique de création dans une certaine confiance. Nous avons les richesses, donc il n’y a pas de raison que nous ne puissions émerger.

Vous avez écouté les panélistes, ils ont parlé d’accompagnement des jeunes porteurs de projets fait défaut. ?

Cela a tendance à faire défaut, mais concrètement l’accompagnement qu’on peut leur apporter c’est le réarmement allant dans le sens de la confiance en soi. Les aspects matériels, ça vient après. Nos politiques doivent accompagner la jeunesse.
Pensez-vous que l’El Dorado comme le pensent des jeunes africains c’est en Europe qu’ils essaient de rejoindre en traversant périlleussement la Méditerranée ?
C’est loin d’être en Europe. Les richesses sont partout dans le monde. Chacun à sa richesse propre et L’El Dorado c’est chez nous en Afrique. L’immigration clandestine, c’est malheureux de le constater. Je le dis souvent aux jeunes qui gravitent autour de moi, ils ont un comportement suicidaire. C’est à nous qui avons vécu ailleurs, de tenir des discours de vérité aux jeunes. Des collègues me reprochent le fait d’accorder trop d’attention à la jeunesse. Moi, j’ai toujours mis en avant l’encadrement des jeunes. J’interviens beaucoup en milieux scolaire et ouvert toujours en direction des jeunes qui en ont besoin.
Bamba M.
Envoyé spécial à Rabat( Maroc)
Légende photo : D. Ndiaye, artiste- peintre sénégalais : « Je le dis souvent aux jeunes qui gravitent autour de moi qu’ils ont un comportement suicidaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

Commerce international//Performances des ports à conteneurs dans le monde // Quand Tanger Med tire le Top Ten africain en 2022

mardi, 30 mai 2023 17:29 Written by

Quand on demande à M. Hassan ABKARI, Directeur général de Tanger Med port authority, le secret du succès dudit complexe portuaire ? il répond : « Il y a trois éléments qui me viennent à l’esprit. Le premier c’est la clarté de la vision royale. C’est un projet intégré et audacieux de Sa Majesté Mohammed VI que Dieu l’assiste qui a permis de façon cohérente de construire, un complexe portuaire, industriel et des zones activités économiques et industrielles. Sans oublier la connexion des infrastructures routes et rails pour connecter le port à ces zones de la création de valeurs et d’emplois. Le deuxième élément, c’est la situation géostratégique unique sur le Détroit de Gibraltar sur les routes du monde maritime est et ouest de la Péninsule ibérique et l’Europe. Tanger Med est situé à 14 Kilomètres de la péninsule Ibérique Ce qui permet de recevoir les plus gros porteurs du monde avec zéro déviation. Naturellement, un navire passe à moins de 3 km des côtes marocaines. Le fait d’intégrer le port à la route maritime, permet d’offrir aux armateurs des coûts compétitifs. Enfin, le troisième point, c’est la capacité des ressources humaines africaines, de relever défis à se former, à se remettre en cause pour hisser les standards de la qualité du port aux standards internationaux. Bref tout cela a permis non seulement de faire tourner le port mais attirer les gros armateurs. Pour faire tourner le port et d’assurer les volumes qui sont recherchés. »
Résultat ; durant l’exercice 2022, Tanger Med a traité 108 millions de tonnes de marchandises. « Nous sommes passés de 0 à 108 millions de tonnes en 18 ans. Nous avons une prospective sur 2030, pour atteindre les 130 millions de tonnes », dit-il. (Source : afrikchallenges.info)
En attendant, un classement de Banque Mondiale, vient de confirmer ces performances aussi bien au plan mondial, qu’en Afrique. Le classement de la Banque mondiale classe Tanger Med dans le Top Ten des ports à conteneurs au sixième rang mondial. Le port marocain de Tanger-Med est le mieux classé pour l’Europe et Afrique du Nord. Selon l’indice de performance des ports à conteneurs établi par la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence, les ports du Moyen-Orient et de l’Asie de l’Est se sont le mieux adaptés à la forte croissance des volumes et à la volatilité des services engendrées par la pandémie. Dans les détails, ajoute Agence Ecofin, qui a consulté ledit rapport, (classement des ports à conteneurs les plus performants en Afrique en 2022 les plus performants en Afrique en 2022 (Rapport de la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence) ajoute que la majorité des ports du continent pâtissent de la durée excessive des cycles de chargement-déchargement, qui fait peser un risque constant de perturbation sur la chaîne logistique.
« Hormis deux ports situés en Afrique du Nord et le port de Djibouti, les infrastructures portuaires africaines figurent parmi les moins performantes au monde en 2022 », précise ce rapport publié le 18 mai par la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence. Intitulé « Indice mondial de performance des ports à conteneurs (Cppi) 2022 », ce rapport compare les performances de 348 ports à conteneurs dans le monde selon leur efficacité, en mesurant le temps écoulé entre l’arrivée en rade d’un navire et son départ du poste d’amarrage, une fois l’échange de cargaisons effectué. Il en ressort aussi, que cinq ports d’Afrique du Nord figurent dans le Top 10 des ports à conteneurs les plus performants du continent. Le port de Tanger Med qui s’étend sur près de 2000 hectares et accueille plus de 500 entreprises opérant notamment dans les filières automobile, aéronautique, textile et agroalimentaire, a gagné deux rangs dans le classement mondial par rapport à l’édition 2021 de l’indice. A l’échelle africaine, Tanger Med est suivi par Port Said (Egypte), qui occupe la 10è position dans le classement mondial, le port de Djibouti (26è rang mondial) et le port de Berbera au Somaliland (144è). Viennent ensuite les ports de Casablanca (Maroc), El Dekheila (Egypte), Damiette (Egypte),
L’Afrique au sud du Sahara…
En Afrique au sud du Sahara, nous avons le port de Conakry en Guinée et de Dakar au Sénégal. Le port de Matadi en RD Congo ferme, quant à lui, le Top 10 africain. En ce qui concerne les ports ivoiriens ? Si San Pedro arrive à la 30e place au plan africain et 296e mondial, le port d’Abidjan est classé 42e en Afrique et 333e au monde. Pendant que Takoradi et Lagos arrive respectivement à la 17e place en Afrique et 245e au monde, Lagos 22e et 260e en Afrique et au monde. (voir classement en annexe).Juste un petit commentaire au niveau des ports ivoiriens, Abidjan et San Pedro doivent encore faire des efforts dans le traitement des conteneurs pour véritablement concurrencer les autres ports de l’Afrique de l’Ouest. Pour in fine être plus compétitifs pour l’Hinterland et la Guinée forestière entre autres. Aussi, le rapport indique d’autre part que la majorité des ports africains pâtissent de la durée excessive des cycles de chargement/déchargement, qui fait peser un risque constant de perturbation sur la chaîne logistique.
Rappelons qu’à l’échelle mondiale, le port chinois de Yangshan arrive en tête de classement des ports à conteneurs les plus efficaces en 2022, malgré la survenue de typhons et d’autres facteurs qui ont désorganisé son fonctionnement en 2022.En dehors des excellentes performances du port de Yangshan, qui avait occupé la 4è position à l’échelle mondiale en 2021, la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence soulignent cette année la bonne performance des installations portuaires de la région Moyen-Orient & Afrique du Nord.
Des recommandations à prendre au sérieux
Par ailleurs, la troisième édition du rapport sur l’indice mondial de performance des ports à conteneurs constate globalement une nette amélioration des conditions opérationnelles depuis les perturbations sans précédent causées par la pandémie de Covid-19. Partout dans le monde, les ports à conteneurs continuent de récupérer leur retard. Ils pourraient toutefois gagner davantage en efficacité dans certains domaines à condition d’accroître leur productivité et d’améliorer la qualité de leurs services en dématérialisant davantage les procédures et en modernisant les infrastructures.
Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Classement des ports à conteneurs les plus performants en Afrique en 2022 :

1-Port de Tanger Med/Maroc (4è rang mondial)

2-Port Said/Egypte (10è)

3-Port de Djibouti/Djibouti (26è)

4-Port de Berbera/Somaliland (144è)

5-Port de Casablanca/Maroc (159è)

6-Port El Dekheila/Egypte (172è)

7-Port de Damiette/Egypte (173è)

8-Port de Conakry/Guinée (189è)

9-Port autonome de Dakar/Sénégal (196è)

10-Port de Matadi/RD Congo (197è)

11-Port de Tema/Ghana (205è)

12-Port de Radès/Tunisie (210è)

13- Port de Mogadiscio/Somalie (221è)

14-Port de Beira/Mozambique (223è)

15- Port de Freetown/Sierra Leone (226è)

16- Port de Toamasina/Madagascar (227è)

17- Port de Takoradi/Ghana (245è)

18-Port de Maputo/Mozambique (248è)

19- Port Victoria/Seychelles (249è)

20-Port d’Agadir/Maroc (252è)

21-Port de Béjaïa/Algérie (256è)

22-Port de Lagos/Nigeria (260è)

23-Port d’Alexandrie/Egypte (268è)

24-Port de Sokhna/Egypte (269è)

25- Port de Monrovia/Libéria (271è)

26- Port d'Owendo/Gabon (275è)

27- Port Elizabeth/Afrique du Sud (291è)

28- Port de Walvis Bay/Namibie (293è)

29- Port autonome de Douala/Cameroun (295è)

30- Port de San Pedro/Côte d'Ivoire (296è)

31- Port d’Onne/Nigeria (302è)

32-Port de Qasr Ahmed/Libye (303è)

33- Port de Tin Can Island/Nigeria (308è)

34- Port de Dar Essalaam/Tanzanie (312è)

35- Port de Pointe-Noire/République du Congo (315è)

36- Port de Lomé/Togo (318è)

37- Port en eaux profondes de Kribi/Cameroun (324è)

38- Port de Mombasa/Kenya (326è)

39- Port-Louis/Maurice (327è)

40- Port de Cotonou/Bénin (330è)

41-Port de Nouakchott/Mauritanie (331è)

42-Port d’Abidjan/Côte d’Ivoire (333è)

43- Port de Luanda/Angola (337è)

44-Port de Ngqura/Afrique du Sud (338è)

45-Port de Durban/Afrique du Sud (341è)

46-Port du Cap/Afrique du Sud (344è)

Embargo Cédéao//Risques sur les exportations du coton malien// Incertitudes à Abidjan et Dakar// Le port de Conakry se positionne pour capter 300 mille tonnes

vendredi, 14 janvier 2022 12:14 Written by

Dans  l’espace  de  la  Communauté  des Etats  de  l’Afrique de l’ouest,(Cédéao)envisageait la   réouverture     intégrale  des frontières, notamment les frontières terrestres dès  janvier  2022.    Des   frontières  qui  sont toujours  officiellement fermées depuis l’apparition des premiers de Covid-19  en Afrique de l’Ouest.  La  session ordinaire du Conseil des ministres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao)  tenue récemment   à Abuja au Nigeria, vers  la    fin  de  l’année  2021  avait  mis  la question de la réouverture des frontières au 1er janvier 2022. Il en  a été de même pour   l'harmonisation de la reconnaissance des tests Pcr sur la table alors que certaines d'entre elles sont restées fermées depuis plusieurs mois, à cause de la pandémie de Covid-19. Avec la  fermeture des frontières  maliennes,  au moins  cinq pays  voisins de  la Cédéao, consécutivement  à  l’ embargo de la Cédéao  du  10  janvier 2022, qui  en rajoute à la tablette  de  sanctions  contre la junte malienne,  certainement  l’on va vers  un report   de cette  « réouverture intégrale ».  Ou alors,  les  pays  membres  de  la Cédéao ayant faisant frontières  d’avec le Mali  vont prendre le   train en marche.  Et  pourtant,  dans l’optique  de cette réouverture intégrale, commerçants, transporteurs et  transitaires avaient   commencé à redéployer   à la grosse  batterie   pour  reprendre  d’assaut   les corridors ouest africains. Malheureusement,  les   de marchandises commandées  déjà   en parcs sous  douanes    dans les zones portuaires  ou  en   route vers le pays  de Soundjata, vont  devoir attendre que les  autorités maliennes et  ceux  de  la Cédéao  trouvent un compromis. Cette  attente,   des opérateurs  économiques  la voudraient moins longue,   car, elle   a  un  coût !
 Des  surcoûts  qui  risquent  de peser  lourds…
Evidemment, «  ces  sanctions de la  Cédéao   qui vont  visiblement   déglinguer davantage l’économie et  faire souffrir les populations  maliennes,  vont aussi  alourdir les charges des opérateurs  économiques qui seront  contraints d’entreposer  les  marchandises  dans des entrepôts.  Avec  pour conséquences, le paiement de lourds  surestaries dans  les ports  de  transits d’une part, et aux  transporteurs routiers »  Nous  explique   K.  L, un  expert en transports  maritimes. Compte tenu  du  fait  que les  chargeurs  maliens et  leurs  partenaires  ont  la  possibilité   d’utiliser   d’autres  ports notamment celui  de  la Guinée Conakry,  l’on va assister   aux    « détournements » de trafics   vers  le port de ce pays qui   n’ a certes pas   de grandes infrastructures comme  ceux  d’Abidjan et  de  Dakar, mais   qui  pourrait  profiter de l’occasion pour  se redimensionner, se  positionner davantage, pour capter  une  partie  du  trafic traditionnel destiné    aux ports ivoiriens  et sénégalais.  « La  Guinée Conakry  commerce déjà avec le  Mali.  L’axe  Conakry – Bamako n’est  pas entièrement  bitumé. Les   travaux en  cours, vont     connaitre un coup d’accélérateur. Un peu comme le Sénégal  a profité de la crise militaro-politique ivoirienne, qui a éclaté  en septembre2002, pour  s’ouvrir davantage aux opérateurs économiques maliens. Avec qui, il fait de bonnes affaires   depuis quelques années »  estime-t-il.  
Du  lobbying  pour  le  coton malien à Abidjan  
Dans  le  fret  malien  à  destination d’Abidjan pour l’export,  nous  avons en bonne place   les  fibres de  coton.   Qui,   ces 20 dernières    années,  fait l’objet d’une cour  assidue  de la  part  des  autorités  des ports    autonomes  d’Abidjan(  Paa) et  de  San Pedro.   Un fort tonnage  de  l’or blanc produit au Mali  qui transite  par les ports ivoiriens,   garanti   dans  le sens   inverse,  une remontée vers  Bamako, de gros tonnages  d’engrais et  de pesticides entre autres pour le  traitement  des champs  de coton, de riz et de maïs.   Selon     commodafrica, « En 2020/21, le Mali était le deuxième producteur ouest-africain de coton avec 1,4 million de balles,  derrière 1,5 million pour le Bénin »   Les  chiffres du Département américain de l’Agriculture,  souligne  que    « le Mali a fait un bond fantastique l’année dernière après une année de boycott, ses superficies cotonnières atteignant 795 000 hectares, soit une hausse de 382% sur la campagne précédente lorsque seulement 165 000 ha avaient été emblavés » Un trader   interrogé  par le  confrère indiqué  plus  en  question  que  « Face  à ces volumes et aux enjeux majeurs pour la région, on peut douter que le coton malien reste longtemps sous sanction. Le coton du Mali ne devrait pas être inquiété longtemps par les sanctions.  Je pense que le coton va être sorti des sanctions car la plus grande part est chargée d’Abidjan et de San Pedro et j’imagine mal la Côte d’Ivoire se passer de cette manne.  Il y a près de 300 000 tonnes  à exporter. A défaut, le Mali et le monde paysan sont à genoux. » Pense-t-il  que  les  sanctions de la Cédéao  tiendront longtemps ? La  réponse  du trader est  sans ambages : « Pour le moment, cela ne se ressent pas,  car il y a des quantités déjà évacuées dans les ports et la crise du fret aidant, tout est ralenti(…) Je ne pense pas que ces sanctions tiennent très longtemps car la main de la France est évidente et la cohésion de la Cédéao va se fracturer. » Aussi, les coûts  dans le    transport aérien  et les prix à la consommation des produits  de  grande consommation  seront  aussi impactés.  « Si la  crise devrait  s’inscrire  dans la durée  les compagnies de  transport  aérien seront    aussi impactées avec les retards  et   les annulations des vols. Avec les remboursements  en  cascade.    Cela   sera   difficile   à supporter par  les transporteurs  aériens  dont les activités  sont  négativement   impactées déjà  par la Covid-19. Aussi,  les  prix à la consommation de certains produits alimentaires (Sorgo,Mil et  Mais)  et le bétail sur pieds  pourraient grimper  sur les marchés ivoiriens  » Commente un gros  commerçant   basé     Adjamé.
  Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. In Le  Temps du  13 JANVIER 22 Nb :  le  titre est  de la  rédaction
 Légende photo :   (Photo  Port  d’Abidjan)  La  Côte d’Ivoire  risque    de perdre plus de 300 000 tonnes    de coton malien à l’ export 

Pollution//zone portuaire de Treichville// Accusés de tuer à petit feu les riverains, des cimentiers s’expliquent

mardi, 02 février 2021 13:09 Written by

Les entreprises de cimenterie Ciment bélier, de la société LafargeHolcim Côte d’Ivoire, Ciment cuirasse, de la Société de ciments d’Abidjan (SCA), Cim Ivoire de CIM Métal Group, et le quai minéralier concédé par l’Etat à la société Sea Invest, situées sur l’espace portuaire, posent un problème de pollution atmosphérique et de santé publique dans le District d’Abidjan. Reportage.
Boulevard portuaire dans la commune de Treichville, ce lundi 17 février 2020. Une épaisse poussière s’élève le long de la voie au passage des voitures. Il est pratiquement impossible d’y circuler les vitres baissées pour les véhicules et sans un cache-nez pour les piétons. La pollution atmosphérique est permanente en raison de l’implantation de trois entreprises de cimenterie mais surtout du quai minéralier dans la zone. Une réalité qui ne fait pas bon ménage avec les riverains, le Port Autonome d’Abidjan et même le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Treichville.
En effet, les sociétés de cimenterie Ciment bélier, Ciment cuirasse, CimIvoire et le quai minéralier d’où l’on débarque le clinker, constituent une menace pour la santé des riverains, contraints d’inhaler les fines particules de poussières produites par le déchargement et le transport du clinker et des sacs de ciment. Certains jours même, on pourrait croire qu’il s’agit de brouillard tant la poussière est épaisse. Or cette pollution n’est pas inoffensive. Puisque les panneaux posés sur le mur des sociétés incriminées expliquent les dangers en invitant les travailleurs et les visiteurs à se munir d’un cache-nez. Ce lundi-là, nous avons aperçu de nombreux passants se boucher le nez au moment où ils empruntaient ce long boulevard. Les agents des sociétés eux, sont munis de cache-nez. Dès lors, se pose avec acuité, la question de la santé des riverains qui ne bénéficient pas de mesure de protection.
- Une pollution atmosphérique permanente
Après ce constat alarmant au cœur de la production, nous mettons le cap à la Cité du port qui jouxte ces entreprises. Le constat est aussi préoccupant. Dès que l’on franchit le portail principal, se trouve une école maternelle sur la gauche qui accueille les tout-petits. Ces enfants, (l’organisme fragile et en pleine croissance) inhalent, à longueur de journée, les fines particules de ciment. Qui pourra imaginer les dégâts que pourraient causer dans 5, 10 ou 20 ans, ces particules nocives, peut-être cancérigènes, dans leur organisme?
Ils pourraient alors développer des maladies que l’on ne liera pas nécessairement à cette poussière. Mais il n’y a pas que les tout-petits. A droite, en face de l’école maternelle, se trouve, des ‘’gargotes’’ où viennent se sustenter les riverains et des travailleurs de la communauté portuaire. Toutes ces gens se voient obligées de respirer cet air pollué qui s’invitent par le biais du vent au menu. «On sait que ce n’est pas bon pour notre santé mais on n’a pas le choix, ce sont les autorités qui ont installé ces entreprises-là. On fait donc avec», semble se résigner Kouassi Bruno. Mais le président des riverains de la Cité n’est pas de cet avis.
- Des cas de maladies signalés
Selon M. Traoré Hamed, l’installation des usines sur le site du Port menace la santé des riverains. «L’installation de ces cimenteries est un vrai problème pour les riverains que nous sommes. Et il faut dire que cette question a soulevé un débat à notre niveau. L’émission de poussière, de jour comme de nuit, nous gêne énormément. D’ailleurs, on enregistre de nombreux cas d’asthmatiques et des allergies», révèle-t-il. Et de poursuivre: «On s’est plaint auprès des sociétés de cimenterie et il n’y avait pas d’évolution jusqu’à ce que la nouvelle entreprise CimIvoire arrive et mette en place des installations qui ont permis la réduction des émissions. Cependant, les deux autres trainent les pieds et rechignent à suivre l’exemple de cette dernière». Le combat continue donc, selon M. Traoré, puisque les émissions sont toujours aussi incommodantes et nocives pour la santé.
Cette situation pose la responsabilité des pouvoirs publics. Comment a-t-on pu permettre à ces sociétés de s’installer dans cette zone, aux environs immédiats d’habitations, du Port Autonome d’Abidjan et du CHU de Treichville? La question prend tout son sens quand on sait que deux nouvelles zones industrielles ont été aménagées à Akoupé-Zeudji et sur l’autoroute du Nord au PK24 pour ces entreprises. Et même sur ces sites, si l’on en croit l’ex-ministre de l’Industrie et des Mines, Jean-Claude Brou, «les entreprises les plus polluantes comme les cimentiers sont éloignées des moins polluantes comme les brasseries, et des non polluantes».
- Les mis en cause réagissent
Si, pour Ciment bélier et Ciment Cuirasse, installées respectivement, en 1952 et 1965, on peut comprendre, puisqu’à cette époque lointaine, on avait peu connaissance des questions de pollution à Abidjan, pour CimIvoire, en revanche, opérationnelle depuis novembre 2018, beaucoup s’interrogent sur son implantation à cet endroit sérieusement. Toujours est-il que nous avons sollicité par courrier avec accusé de réception, l’avis des trois entreprises incriminées. LafargeHolcim Côte d’Ivoire et CimIvoire ont réagi.
Selon M. Paul Anet, directeur développement à LafargeHolcim, cette entreprise est bien consciente de la pollution qu’engendre la fabrication du ciment. C’est pourquoi l’entreprise travaille, selon lui, à réduire de 40% ses émissions de CO2 par tonne de ciment. «C’est un objectif réalisable grâce à l’amélioration de nos procédés, à la substitution des énergies fossiles par des combustibles alternatifs», explique-t-il. Selon ce dernier, l’entreprise mène également des actions en matière de santé, d’hygiène et de salubrité au profit des riverains. «Pour la cité du port, à titre d’exemple, nous avons mené des campagnes de sensibilisation à la sécurité routière qui a touché plus d’une cinquantaine d’enseignants et plusieurs milliers d’élèves», a-t-il fait remarquer.
- L’inadéquation des installations du quai minéralier
Du côté de CimIvoire, la conscience d’être installée dans une zone portuaire a nécessité de la part de cette entreprise de gros efforts sur le plan de l’ingénierie que de la construction. L’obtention du feu vert des autorités pour s’installer sur ce site était soumise à des critères très stricts. «Nous fonctionnons en circuit fermé, pas d’émission de poussière et nous sommes à la pointe de la technologie sur le plan environnemental. Nous sommes dotés d’un broyeur d’une capacité de 360 tonnes/heure, soit le plus important de la sous-région», explique M. Essam Daoud, directeur général. Qui précise au passage que: «Notre autre particularité, est que nous sommes les seuls, à ce jour, à être connecté directement au quai minéralier du port d’Abidjan par des convoyeurs qui permettent d’acheminer le clinker directement vers les silos de stockages. Cela garantie une qualité irréprochable de stockage de la matière première réduisant par le même le flux de transport par camions et les émissions de poussières».
Une chose est certaine, si certaines entreprises incriminées comme LafargeHolcim Côte d’Ivoire mènent des activités en faveur des riverains, c’est bien parce qu’elles sont conscientes du danger que représente leurs activités dont le caractère polluant est de notoriété. C’est un peu comme la souris qui mord et souffle à la fois.
A la vérité si CimIvoire s’impose dans la zone par sa taille, elle parait également inattaquable sur le plan de sa technologie. Ce que reconnait d’ailleurs, M. Traoré Hamed, président des résidents de la cité du Port qui dit attendre des deux autres cimentiers des efforts dans ce sens. Seulement, en s’acharnant sur les cimentiers, les riverains semblent oublier le quai minéralier qui reste de loin le plus gros pollueur de l’espace portuaire.
De fait, les déchargements du clinker des navires au quai minéralier se font presqu’à ciel ouvert, laissant s’échapper des poussières de la matière première du ciment. Nous avons pu faire le constat et sommes en mesure d’affirmer que les procédés de déchargement du quai minéralier géré par l’entreprise Sea Invest ne sont pas en adéquation avec la protection de l’environnement. Or il se trouve que toutes les usines de ciments installés dans le pays viennent y charger le clinker. Ce qui semble expliquer la pollution permanente de la zone. Les cimentiers auront donc beau respecter les normes écologiques, tant que Sea Invest en charge de la manutention maintiendra le quai minéralier en l’état, il n’y aura aucune amélioration pour la qualité de l’environnement du Port Autonome d’Abidjan ni pour la santé des riverains. Là, semble se situer les responsabilités.
Source : www.informateur.info

 

 

 

Covid-19 : Approvisionnement des populations en vivres// Dans le quotidien des femmes des ‘marchés Gouro’ d’Adjamé

jeudi, 09 avril 2020 16:25 Written by

 Malgré la crise sanitaire  du Covid- 19,  les marchés  du vivrier  d’Abidjan continuent  d’être approvisionnés, par les sociétés   coopératives  animées par  des femmes : Les Létagonin.  Reportage  sur les deux  marchés  Gouro d’Adjamé…

Les Létagonin, femmes garçons ou  braves femmes en Gouro (ethnie du centre ouest de la Côte d’Ivoire), sont ces femmes- là qui approvisionnent  les marchés en vivriers dans grandes agglomérations de la Côte d’Ivoire. Connus sous l’appellation de marchés gouro, on en trouve  dans  plusieurs   communes   du District d’Abidjan voire  de l’intérieur du pays.  A  Adjamé, l’une   des communes les plus populeuses  de Côte  d’Ivoire,  durant la journée,   l’on trouve les  deux  plus grands  marchés  Gouro.   Entre couvre- feu et rumeurs de toutes sortes,    ces deux marchés ne sont  pas  fermés.  Même  si   la  Nouvelle   sociétés coopératives des commerçantes de vivriers,(  Nouvelle  Cocoprovi)  a fermé  son marché pour une désinfection et un  nettoyage  complet totale,  du  jeudi 26 mars au  samedi suivant, les activités commerciales et  les approvisionnements ont repris  le mardi  31 avril 2020.   Avec  sa   réouverture aux commerçantes et  aux populations. Passé ce temps  d’arrêt,  les deux marchés Gouro  d’Adjamé ont repris du service.   Vendeuses, ménagères et  petits voleurs à la tire    comme d’ordinaire sont au rendez- vous.   Même  si ce n’est pas la grande  affluence.  Nous  avons fait le constat le    vendredi 04 avril 2020.  Il  est 9heures. Le  soleil a  repris  irrémédiablement sa cours quotidienne vers l’ouest.  Nous sommes à l’entrée   du  siège de  la  nouvelle Société  Coopérative des commerçantes  du vivrier (Nouvelle Cocoprovi), propriétaire du marché gouro sis   au carrefour  Banfora-Adjamé Saint Michel. Devant l’imposant bâtiment  qui abrite le siège  de cette  société coopérative, il  est installé un dispositif  sanitaire : Un  seau à robinet  contenant  de l’eau javellisée  et  des flacons  de gel main hydro-alcoolisé.   A tous les visiteurs, le vigile de service les   enjoint  de se laver les mains avant  d’avoir accès  au bureau  de  Madame   Goley Lou Irie Yvonne,  la Pca de la  Nouvelle  Cocoprovi(  fondée par   feu Zamblé Lou Madeleine). La   ravissante    Goley Lou Irié,  qui nous reçoit   a    son   masque    bien  fixé  sur son visage et les gans  sur les deux mains reçoit visiteurs et collaborateurs n’a vraiment pas le temps de nous recevoir.
Pas facile  de faire respecter  les mesures barrières
Entre deux coups de fil, pour  s’assurer que les convois  de vivres en  provenance des zones de production de l’intérieur du pays,  vont arriver à temps,  elle nous explique les raisons  de la fermeture du marché  Gouro   de Saint Michel. « Dans le souci de lutter contre la pandémie mondiale du Covid 19 qui sévit actuellement, les femmes du marché gouro d’Adjamé, Nouvelle Cocoprovi, (…) ont  décidé  de fermer  du  dimanche 29 et lundi 30 mars 2020. Qui  ont été  consacrés à la désinfection et la dératisation du marché par les services d’hygiène du district d’Abidjan ».  Nous  explique-t-elle avant de nous confier à M. Djah  Alain, son assistant.  Après une  rapide balade   sur  le marché, nous serviteur  nous indique bien  que   ce n’est pas l’affluence des  grands jours.   Après la réouverture, nous  explique  M. Djah, « un service minimum est observé.  L’effectif des commerçantes  a été  réduit respectant la norme d’un mètre entre chaque étale comme  le gouvernement nous le conseille. Parmi toutes ces commerçantes, nous en avons  qui  occupent  deux voire trois places. A situation exceptionnelle, mesures  exceptionnelles.  On leur a dit que si vous avez deux places ou trois places  par exemple et que vous venez avec nos enfants  d’habitude,  qu’ils restent à la maison. Chaque  commerçante  dispose  d’une surface  d’un  mètre carré.  La  troisième mesure, est  qu’   il faut éviter que les commerçantes  se rapprochent les unes    des autres pour causer.  (…).  Le nombre d’entrées    a été   réduit à 4 au lieu des 12 entrées habituelles et  à chacune  d’elle nous avons  mis un kit de  lavage de main avec  du savon liquide, du gel hydro-alcoolique  et des vigiles  veillent  au grain(…). Tous  ceux  qui entrent doivent  se soumettre au lavage des mains(…) nous avons réduit  tous les mouvements  à l’essentiel surtout dans la main courante »  Constat ;  dans cet espace commerciale qui accueille plus   de 2500 personnes  par jour, les vieilles habitudes ont la peau dure. Devant  leurs étals, nous tombons  sur deux vendeuses en pleine causerie amicale  oubliant même de respecter l’une des mesures barrières : celle de un mètre entre deux personnes.  Très rapidement, elles sont rappelées à l’ordre.
 Vers  la  flambée des prix sur les marchés aux vivriers.
Il  est  11heures 30mn, nous mettons le cap sur l’autre marché  Gouro d’Adjamé- Roxy. Qui est géré par  la   Société  coopérative des marchés Gouro d’Abjamé,(  Comagoa). En  chemin, nous sommes frappés   par forte présence des femmes.  Assisses  devant leurs étals,   elles  vaquent à leurs occupations comme  d’habitude. Une forte odeur  de piment frais nous frappe les narines.   De l’autre côté,  une   semi-remorque chargée d’ignames   est en train   d’être  déchargée par une bande joyeuse  sans masques et autres moyens  de protection.   Le temps  de  fixer  des images, nous profitons de l’occasion   pour acheter  un peu de citrons.  Le  Kg  se négocie à 2000Fcfa  quand le demi est à  1000Fcfa.  C’est à prendre  ou à laisser.  Mais pourquoi  le citron  est tant prisé   ces dernier temps ?  Djeneba K.   La  trentaine environ, est    demi-grossiste basée dans la commune  d’Abobo.   Elle  s’active  à faire  le plein de son tricycle nous apprend : «   Il  parait  que le Thé au citron aide  à non seulement lutter contre le mal de gorge mais contre  le Coronavirus. C’est  ce  qui  se dit dans certains  milieux  chez nous à Abobo.   C’est pourquoi le  citron est  se fait de plus en plus rare.   Si   le Kg  se négocie à 2000 Fcfa,   chez les détaillants du quartier  la boule revient à 100Fcfa.Certains produits commencent à  se faire rares et il nous faut   faire face au charge des tricycles que nous louons ».  Sans blague.  Aussi,   il nous  a  été donné de constater une hausse  au niveau  du prix du sac   du riz  , du  Placally et  du Kilogramme  de la   de bœuf( Voir encadré).  Il est 12heures, le soleil est au zénith.  Dans notre randonnée, sous sommes parfois happés par les vendeurs  de masques en tout genre. Nous les esquivons tant bien que mal.  Il y en a pour tous les prix.500Fcfa, 1000Fcfa.   Un regard rapide ici et là,   achève  de convaincre  que      si   les dessous  des  tables des  vendeuses  en grande partie  des femmes Gouro, bété et malinké   sont bien propres , apparemment  nettoyés à l’eau,  et les couloirs très fluide,  ici aussi les mesures barrières notamment la distance  de un mètre entre deux personnes n’est pas respectée comme il se doit.  Mais pourquoi ? 12heures 30mn,  nous sommes  devant le siège   de la Comagoa.  Là aussi,  avant  d’y  accéder,  l’équipe de service pose sur notre visage le Thermo flash, 36° c’est bon. On  nous verse  du gel- main dans la paume droite avant de nous laisser entrer  dans le bureau de    M. Alexis Youan, Directeur général de la Comagoa.  A la première  question, il   est formel  quand il dit : «Nous n’avons pas attendu  l’appel du gouvernement pour procéder   à un nettoyage  de notre marché  occupé par plus de 2mille femmes en temps normal.  Parlant du Covid 19, nous l’avons négligée au départ et ne savons pas que ça allait avoir une telle proportion.  (…)  C’est une leçon  que dieu nous apprend. Nous avons commencé à placer le matériel  de lavage des mains lien avant.  En fonction de nos moyens, nous avons commencé à distribuer les gans, les masques à nos commerçantes et commerçants. Entre temps nous leur avons demandé de  s’en procurer. C’est par la suite que cette affaire de 1mètre est venue. Au début, nous  demandions à ceux qui venaient faire les achats  de se laver les mains avec  de l’eau javellisée et  du savon liquide.  Nous avons  demandé même  à nos membres de le faire.  Nous n’avons pas fermé, mais nous avons demandé à nos femmes de procéder à un balayage lourd sous leurs tables.  Nous avons également mis notre service d’entretien   à contribution ». Comme indiqué plus  haut,   un détour  sur   ces deux marchés que nous avons visités, tout comme    sur les marchés de quartier, l’on constate  une  flambée sur les prix à la consommation.  L’approvisionnement est devenu difficile.   Surtout  que nous sommes   dans le  mois de mars  et il n’y  a pas de pluie. « Les denrées  de premières nécessités se font rares parce que le sol est devenu dur. La banane, c’est   tout au plus trois mois.  Nous sommes  dans  une période exceptionnelle et  des produits de grandes consommations  sont devenus rares et très prisés ».  Nous explique M. Djah. Qui ne manque pas  d’ajouter  que le contexte  particulier lié au Covid 19  y est pour quelque chose.   Mais  comment   se fait l’approvisionnement du marché ?« Nous mettons une plateforme à la disposition des femmes. Si  vous prenez votre produit par exemple à Daloa, vous venez déposer. Les    grossistes ou  semi-grossistes  viennent récupérer  et ils   s’en vont. Le jeudi  02 avril 2020,  les deux  camions  qui sont arrivés   venaient de Daloa. Sur l’axe Daloa Abidjan, ceux qui  ont  de la marchandise,  s’appellent   et à chaque étape,  le camion prend la marchandise et ainsi de suite. Cela permet  de  partager les coûts de transports.(…) Une  remorque qui part   de Bouaflé à Abidjan,  c’est  400 mille Fcfa. Avec la rigueur du couvre- feu, les véhicules mettent plus de temps, pour arriver  sur  nos plateformes.  Ce qui visiblement a un coût .Sans  oublié   les avaries que doivent supporter les pauvres dames. Qui pourraient le répercuter sur le prix    à la consommation finale ». Cet avis  est partagé par M.  Alexis Youan, Directeur général de la  Société Coopérative des marchés gouro d’Adjamé. En nous recevant au siège de sa coopérative il précise : « Effectivement, étant donné que  des marchés ont été fermés notamment à Yopougon, nous observons  une certaine tension  sur les prix à la consommation.  Pour le moment le produit se fait rare en partie  à cause  de la saison sèche. Le vivrier  ne viennent plus assez.  Les  chargements   qui viennent  de l’intérieur du pays,  sont bloqués  en route ou  ne peuvent plus rentrer ici facilement. En outre, compte tenu de la situation, les gens ne travaillent plus assez.  Le peu de vivrier qui se trouvent en brousse,  ils ont  des difficultés pour aller  le chercher. Ici sur notre marché, normalement nos camions arrivent  toujours 24heures/24. Compte tenu du couvre-feu, il n’  y a plus assez  de livraisons. Les  camions  que nous utilisons d’ordinaire,  peuvent démarrer à 18heures pour arriver ici à 24 heures.  Même  les poids lourds  qui partent de Divo et Ndouci peuvent   se mettre en route à 18heures,  pour pointer ici à 22heures ». En guise  de souhait,  la plupart  des acteurs  de la chaine  d’approvisionnement interrogés  souhaitent  que  « le gouvernement  ouvre  un couloir humanitaire  pour les véhicules qui transportent les vivriers. Avec un macaron précis  comme au temps de la crise militaro-politique.  Cela permettrait  d’approvisionner régulièrement nos marchés. Plus ça devient cher, la population ne peuvent s’approvisionner comme il se doit. Des pères de familles étant au chômage».   Malgré  cette situation, les marchés de proximité continuent  d’être approvisionnés.  «  Ce n’est pas facile.  C’est ici  que  des femmes grossistes et demi- grossistes qui  sont  de véritables lèves-tôt,  viennent  s’approvisionner    pour aller   ravitailler  les marchés   de quartiers et  des villes  de la périphérie  Abidjanaise(…)».  Nous rapporte notre interlocuteur ;  M. Djah du  marché Gouro d’Adjamé- Saint Michel. En ce qui concerne  le soutien  annoncé par le gouvernement ivoirien au secteur du vivrier le Dg de la Comagoa  préconise : «Que  les  50 milliards de Fcfa annoncés  par le gouvernement partent  aux coopératives  et marchés  bénéficiaires  qui doivent être  recensées.  Que l’Office d’aide à la commercialisation  des vivriers( Ocpv) via le ministère du commerce  soit   responsabilisée. Car cette structure sert de pont entre les producteurs et les coopératives. L’Ocpv connait bien les producteurs et les coopératives» 
  Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
 Légende photo : Une vue  des femmes  sur l’un  des  marchés Gouro d’Adjamé. Difficile  de respecter les mesures  barrières. ( In Le Temps du 8 avril 2020)
Encadré :    Banane, aubergines, manioc… les prix grimpent
 Au marché Gouro d’Adjamé- Roxy,  le Kg   de viande  de bœuf   se négociait au moment  de notre passage à 2500 Fcfa  contre  environ 2200Fcfa   par le passé. En ce qui concerne le sac de pâte   de manioc qui est produit  à Bonoua, et   servant  à faire le placally  qui  se négociait à  15  mille Fcfa n’a certes pas changé.  Mais la quantité a fortement diminué. Selon Dame   Kouzia vendeuse de riz locale  qui s’approvisionne à Tiassalé,  «  le sac  de 50 Kg de riz  local    se négocie pour l’instant à 30 mille Fcfa. Nous sommes obligées de  vendre à ce prix puisqu’à cause de Coronavirus, les populations n’ont pas  d’argent. Aussi, le transport commence à  grimper. Si dans  les prochains jours, le prix augmente  chez nos fournisseurs de Tiassalé,  nous serons  obligés de suivre la tendance ». Qu’en est –il du sac   prix  du sac  d’aubergine ? «  Le  sac d’aubergine,   qui était à 3000Fcfa,   se négocie désormais  entre 15 mille  voire même à  20mille Fcfa. C’est  de ce  commerce que nous vivons. Ça  ne marche pas trop  mais il faut gagner un peu  pour nourrir  nos familles et  approvisionner la population… La  situation est devenue plus avec la crise sanitaire du Covid-19 ». En ce  qui concerne   le coût du transport, le prix   de la location  d’une   remorque    sur la distance  de  Bouaflé à Abidjan c’est  400 mille Fcfa.  
 B. Mafoumgbé
 Légende photo : Les prix  commencent à flamber  les marchés…
Ces braves femmes  appelées Letagonin…De Madame   Zamblé  Lou,  fondatrice  de la Cocoprovi, en passant par  feu Madame Boty  Lou  Rosalie, ex- Pca  de Cocovico, à Madame Irié Lou Collette,  la Président   de la Fédération nationale  des sociétés coopératives  du vivrier de  Côte d’Ivoire,( Fenacoovici), pour ne citer que  celles-là,  sont de  femmes battantes  dont les noms riment avec l’existence des marchés Gouro en Côte d’Ivoire dont les origines remontent  aux années 1970. Ben structurés   ces marchés  sont   dédiés essentiellement à l’approvisionnement  du grand Abidjan  en bananes plantains, gombo, piment et aubergines,  sont  adossés à  des  sociétés coopératives  animées   par   des  braves femmes. On les appelle les Letagonin. Qui  signifie   en Gouro,  ‘femmes garçons’ ou ‘braves femmes’.   Au sein de la Fenacoovici, par exemple dont la présidente du Conseil  d’administration  est  Irie lou Collette, qui   compte  1800 membres dont 85% de femmes.  Pas seulement  des femmes  Gouro ou Gagou mais aussi   des femmes Senoufo, Malinké( voir encadré 2). Qui de jour et de nuis et malgré  les crises militaro-politiques  qui ont  secouées  la Côte d’Ivoire, elles ont  mis  tout en œuvre  pour approvisionner  nos marchés.  En Côte d’Ivoire, il n’y a pas eu de largage de vivres. La Côte d’Ivoire était en crise, mais ce n’était pas une crise alimentaire. Ce  qui a fait dire  à Marie Noëlle Koyara,  ex- ministre d’Etat ministre du Développement rural de la République centrafricaine( Rca) et ex- représentante résidente  de l’Organisation mondiale pour l’alimentation,( Fao) en Côte d’Ivoire, que : «En Côte d’Ivoire, il n’y a pas eu de largage de vivres. Pendant tout le temps que votre pays était en crise, il y avait à manger sur le marché. Quand bien même  que je sois de la Fao, je me suis beaucoup inspirée du cas pratiques de la crise ivoirienne. Cela m’a beaucoup aidé(…) ».  
Bamba Mafoumgbé

Programme national de production de riz / / Plus 15 milliards de Fcfa injectés dans le projet improductif .L’entreprise Lucky Export et son Dg Ansu Bajla jugés défaillants// Yacouba Dembélé (Dg de l’ADERIZ) : « Tout le temps, ce sont des palabres av

lundi, 24 février 2020 21:52 Written by

Ça ne sent pas trop bon dans la mise en œuvre du Programme national de production de riz. Le 31 mars 2010, l’Inde a signé un accord de crédit d’un montant de 30 millions de dollars américains (Plus de 15 milliards de francs cfa) pour permettre à la Côte d’Ivoire de construire 30 unités de transformation du riz paddis, dans plusieurs localités du pays. Mais la construction de ces usines qui devait se faire en moins d’un an, traine encore, bien que l’entreprise indienne choisie ait perçu environ 88% du financement. Ce crédit qui devrait permettre à la Côte d’Ivoire de construire 30 unités de transformation du riz paddis, dans plusieurs localités du pays. Mais la construction de ces usines qui devait se faire en moins d’un an, traine encore, bien que l’entreprise indienne choisie ait perçu environ 88% du financement. Depuis, les choses sembles coincées et côté ivoirien, l’un des responsables approché a dit que la partie ivoirienne va bien finir avec ce dossier se rapportant au Programme national de production de riz. Un programme qui, faut-il le préciser a pris suffisamment du retard. Ce par la faute de Lucky Export, l’entreprise indienne dirigée par Ansu Bajla que le directeur général de l’Agence pour le développement de la filière riz a qualifié de « défaillante ». Vrai ou faux, pour en savoir davantage sur ce projet qui traine, avons approché l’Ambassade de l’Inde, à Abidjan Cocody. Ici, on nous apprendra que « Le projet est très en retard. C’est le projet entre la Côte d’Ivoire et l’Inde qui est le plus en retard, à ce jour. Il y a beaucoup de problèmes dessus ».A la question de savoir pourquoi ce grand retard, notre interlocuteur nous a orienté vers l’Autorité pour le développement de la filière Riz (Aderiz). Non sans nous indiqué que la partie ivoirienne devait identifier des sites dans les localités choisies pour la construction des 30 usines. L’inde se chargeait du financement y compris l’achat de 90 véhicules. Précision de taille : les usines devaient être construites en un an. Ce sont des usines préfabriquées. La société exécutrice, Lucky Export, est indienne. Les sous-traitances, sont des sociétés locales.
La réaction de Aderiz
La réaction du directeur général, Yacouba Dembélé est très claire quand il dit : « Nous avons bénéficié d’un financement d’Exim Bank Inde de 30 millions de dollars soit C’est un projet qui a commencé depuis 2010 soit plus de 15 milliards de Fcfa. Quand on a entamé le programme de 30 usines, on a fait un programme complet : l’usine, les bâtiments, le matériel roulant et tout avec ». Selon les explications du directeur général de l’Aderiz ce sont 30 usines de 5 tonnes par heure, c’est-à-dire 25 000 tonnes par an, qui doivent être construites. Malheureusement, à ce jour, « Sur 30, il y a 16 usines construites. Il va rester 14. Sur les 14, il y a, à peu près 5 ans autres qui sont à 80% finies ». « Lucky Export a été défaillante plusieurs fois parce que les chronogrammes n’ont pas été respectés » nous a-t-il précisé. Selon M. Yacouba Dembélé, la première difficulté rencontrée concerne les sites (terrains) où doivent être construites les usines. « Il y en a, jusqu’à 3 ans après, on n’a pas encore résolu le problème foncier. Parce qu’il faut au moins un hectare. Et on a fait ces usines pour qu’elles puissent grandir. Ce sont des usines qui font 25 000 tonnes par an, mais si la production augmente, celui qui gère n’a qu’à augmenter d’une chaine…Il met une chaine dessus et ça passe à 50 000 tonnes…L’Etat n’a pas de terrain », a-t-il dit, avant d’ajouter que le financement s’adresse uniquement à l’usine, les bâtiments et les véhicules : « Acquérir le terrain et le viabiliser, c’est l’Etat. Et vous connaissez le système de l’Etat de Côte d’Ivoire, les paiements sont en dent de scie. Jusqu’à présent, on n’a pas encore fini de payer la plupart, on n’a même pas fini de payer. Il y en a qu’on n’a pas commencé à payer. On est poursuivi, on a des dossiers en justice ». Mais quel était le rôle de Lucky Export ? Le Dg de l’Aderiz nous expliqué
Le directeur général de l’Aderiz explique que l’entreprise qui était chargée de réaliser les infrastructures, de construire les usines constitue le deuxième gros problème. « Cette entreprise, Lucky Export, elle a été défaillante plusieurs fois parce que les chronogrammes n’ont pas été respectés », et d’égrener ses déboires avec cette entreprise : « On a fait un chronogramme que Lucky n’a pas respecté. Vous ne pouvez pas savoir qu’est-ce qu’on a fait ici. Il a été choisi par rapport au code des marchés publics. Mais on a fait tout ce qu’on peut. Lucky, c’étaient des palabres tous les jours. On a même embauché des techniciens pour suivre les travaux, jour par jour. Parce qu’on tient à ce projet, on veut qu’il finisse vite. Plus vite il finira, plus vite les choses iront sur le terrain…Lucky nous a retardé sur le système de crédit. Tout le temps, ce sont des palabres avec lui. Moi, j’ai fait une mission en Inde, mes collaborateurs en ont fait 3. On est fatigué. On veut finir avec ce dossier »
M. Dembélé indique qu’au départ, « les équipes étaient petites. Il n’avait pas assez d’équipes. Faire 30 usines, dans un délai de 8 mois qui étaient prévus, il faut beaucoup d’équipes. Il n’a pas assez d’équipe. Et puis, ses équipes viennent et s’en vont. Donc j’étais obligé de monter le ton. Et j’ai fait une mission en Inde. J’ai rencontré la direction générale d’Exim-bank et puis le ministère des Affaires Etrangères qui suit ce dossier, avec Lucky, pour leur dire, moi, je souhaiterais que pour aller vite, qu’il y ait les deux équipes : les équipes ivoiriennes et les équipes indiennes. Et qu’en Côte d’Ivoire, il y a beaucoup d’usines et que ce sont les Ivoiriens qui les ont construites. Je ne comprends pas pourquoi, nous on peut faire et puis…C’est parce que c’est votre marché. Lucky peut prendre des entreprises ivoiriennes. J’ai obtenu cela. Et c’est quand j’ai obtenu cela que les travaux mêmes ont commencé à être accélérés. Les entreprises ivoiriennes sont en sous-traitance avec Lucky qui a le marché. Si Lucky n’est pas payé, elles ne peuvent être payées. Voilà un des éléments du grand retard de ce marché ». Mais comment cette entreprise jugée défaillante aujourd’hui a-t-elle été choisie et quels sont les critères qui ont milité en sa faveur ? «Le marché n’était adressé qu’aux entreprises indiennes.L’appel d’offre ne s’adressait qu’aux entreprises indiennes. C’est nous qui avons fait l’appel d’offre, le dépouillement, le choix par le biais du code des marchés publics. La Commission d’ouverture de jugement des offres (Cojo). Le comité était présidé par le ministère de l’Agriculture, qui était le ministère de tutelle. Il y avait l’Aderiz et le ministère du Budget. C’est ce comité qui a travaillé, qui a choisi Lucky Export. Les critères, c’était la qualité du matériel, le prix (le coût)».
Tous les travaux arrêtés depuis octobre 2018
Depuis octobre 2018, tous les travaux sont arrêtés parce que selon lui, la banque indienne a aussi présenté « des défaillances, notamment dans les procédures. Souvent, ils arrêtaient les paiements. Depuis octobre 2018, tous les travaux sont arrêtés. Pendant que des factures étaient en cours de paiement, ils ont tout arrêté. Parce qu’ils ont dit qu’ils ne sont pas surs que Lucky peut finir les travaux. Et que ce qu’ils ont payé, c’est plus que le coût des travaux ». Aussi, M. Dembélé souligne que les Indiens ne sont pas satisfaits. « Les Indiens disent que vous avez fait 16 usines, vous n’avez rien fait encore. Ils ont déjà payé 87%. Ils disent à ce niveau-là, tout doit être fini. Lucky dit que moi, j’ai fait ceci et j’ai fait cela. J’ai des travaux que j’ai faits, payez-moi ces travaux-là et je vais finir le reste du marché. Et ils sont en discussion entre eux depuis octobre 2018 ».
La réaction de Lucky Export…
Contacté au téléphone, Ansu Bajla, directeur de Lucky Export, n’a pas voulu nous répondre dans l’immédiat. Face à notre insistance il nous répondra le jeudi 13 février 2020, lors du lancement des activités de la Chambre de Commerce et d’industrie indienne, à l’Espace Event, aux II Plateaux. Où nous rencontrons enfin, Ansu Bajla. Au cours de nos échanges, il nous a fait savoir que 16 usines ont été construites et que le retard accusé était lié aux difficultés à trouver des sites. Nous avons souhaité avoir un rendez-vous avec lui, pour le lundi 17 février 2020 afin d’avoir des discussions plus approfondies. A l’heure du rendez-vous, il était injoignable. Plus tard, il nous dira : « Je voyagerai à nouveau cette semaine. Pouvez-vous, s’il vous plait, envoyez vos questions par e-mail et je peux vous envoyer la réponse. Merci ». Pour sa part, le directeur résident d’Exim Bank, Tyagi Puspesh, rencontré lui aussi à la cérémonie de lancement des activités de la Chambre de Commerce et d’industrie indienne, soutient que 88% du financement ont été donné à Lucky Export et que, lui, son travail consistait à libérer les fonds. Pas plus. Il n’a pas voulu donner d’autres détails.
Ayoko Mensah
Légende photo : Ici des débuts de construction d’usine laissées à l’abandon

Reportage/Université Fhb, 8 ans après sa réhabilitation// Dans la fournaise qui étouffe étudiants et enseignants…

jeudi, 24 octobre 2019 21:35 Written by

Si sa restauration et réhabilitation ont permis de mettre de l’ordre dans le cadre bâti du campus universitaire Felix Houphouët Boigny de Cocody, le couvert végétal a été négativement touché. Ce qui n’est pas sans conséquence dommageable sur le quotidien des étudiants et les enseignants. Reportage….

Jeudi 17 octobre 2019, 10 h. Au portail sud du campus de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody. Les vigiles qui sont de faction, contrôlent comme ils peuvent l’entrée. Tous ceux qui entrent doivent montrer pattes blanches. Nous sommes en route, pour répondre à un rendez-vous pris quelques jours avant, avec un enseignant de l’Unité de formation et de recherche en Langue, littérature et civilisation, (Llc). Ce rendez-vous est d’ailleurs pour 12h. Les rayons du soleil nous frappent le visage à cette heure de la journée. En chemin nous constatons, le grand changement intervenu au niveau de l’environnement à la faveur de la réhabilitation intervenue juste après la fin de la crise postélectorale de 2011. La pelouse verdoyante replantée et des fleurs dégagent un parfum qui rend supportable la grande chaleur qu’il fait sur le campus universitaire Fhb de Cocody. A perte de vue, un vaste espace gazonné sans le moindre arbuste. Au niveau du Campus 2000, notre attention est attirée par une forte concentration de jeunes, tenant en mains, livres, cahiers et crayon à papier sous les palmiers. Renseignement pris, il s’agit d’étudiants en pleine révision. Ce, sous une vaste palmeraie qui ressemble bien à un champ, fraichement nettoyé à la machette. Cette palmeraie bien entretenue par le passé, a donné son nom d’ailleurs aux restaurants universitaires appelés «Le palmier». Une sorte d’abri en forme de case rustique et couverte de pailles. Malgré l’usure du temps, certaines cases résistent encore aux intempéries et des tenancières y proposent des plats pas vraiment à la portée de la bourse de tous les étudiants dont la plupart ne sont pas des boursiers. En dépit du souvenir que cela rappelle, nous revenons au sujet qui suscite notre curiosité : La forte présence de ces ‘essaimes’ d’étudiants qui, assis autour d’une table ou carrément à même le sol frais, viennent ici, non seulement pour profiter de l’air frais, mais aussi cogiter. Il se dit que c’est l’un des rares endroits bien ombragés qui semble propice à la concentration après la réhabilitation de l’université Félix Houphouët-Boigny début 2012. Alors que nous sifflotons une bouteille de soda, nous prenons soin d’approcher un groupe d’étudiants, certainement du Département d’espagnol. Au nombre de ceux-ci, Mlle Bian Lou Patricia, étudiante en troisième année de Licence au Département d’Espagnol. «Par rapport au cadre, on dirait que ça serrait mieux si le cadre du palmier était assainie. Nous constatons que les arbres manquent sur le Campus. Ici, ce n’est pas propre, mais nous faisons avec. Car là-bas au Département, nous n’avons pas assez de salles d’études. Nous préférons venir ici pour réviser dans la quiétude », lance-t-elle d’une voix timide. Idem pour Yao Nguessan Lima, étudiant en troisième année de Licence. Ce dernier, les yeux rivés sur une page d’un cahier qu’il tient en main, ajoute : « Sur le campus, nous n’avons plus d’espace vert boisé. C’est donc ici que nous convergeons tous. Il faut continuer de planter des arbres, pour remplacer les arbres qui ont été abattus à la faveur de la réhabilitation. Tous ceux que vous voyez là sont à la recherche d’un arbre pour s’abriter et étudier (…) ». Juste à côté, Mlle Coulibaly Assetou, étudiante en Licence 3 de Sciences physiques, 23 ans environs, arborant fièrement des lunettes d’intello, plongée dans ses cahiers, tente de nous répondre. A la question de savoir pourquoi elle se retrouve ici sous les palmiers pour étudier elle n rajoute. «C’est, dit-elle, l’un des rares sinon l’unique endroit du campus, qui est propice à la concentration et où il fait moins chaud ici. Nous somme à l’université Fhb de Cocody, il y a seulement trois ans. Mais, des grands frères nous ont rapporté que par le passé, il y avait beaucoup d’arbres sur le campus et il faisait moins chaud. Ce qui n’est pas le cas depuis sa réhabilitation. Nous avons aussi appris qu’à la faculté de Médecine, le bois qui s’y trouvait a été détruit. Il fait très chaud et nous n’avons pas assez de salles d’études. Donc, venir là pour étudier est mieux, même si le cadre n’est pas très salubre, ont fait avec». Il est 11h, il faut faire vite, pour ne pas rater notre rendez-vous. Nous voici devant le Forum ; un autre site mythique de l’Université Fhb de Cocody. Il grouille de monde. Tout autour dans un vacarme indescriptible, des étudiants assis sur des tables-bancs de fortune, revisitent des enseignements reçus précédemment. Il est 11h 30. Nous ne sommes pas loin de notre lieu de rendez-vous. Il fait de plus en plus chaud et la soif nous tenaille. Quelques pas et encore quelques pas. Nous voici à l’ex- Flash. Entre le Centre de recherche en communication,( Cercom) en passant par l’Institut de géographie tropical ( Igt), nous tombons sur une touffe de gros arbres et d’arbustes qui ont échappé aux tronçonneuses. Heureusement ! Après un petit temps de répit, nous frappons à la porte du bureau du Docteur Yao N. Il n’est pas là. Avec un pincement au cœur, nous décidons de revenir très prochainement rencontrer notre maître.

 

Des anciens étudiants nostalgiques..

 

Il est 12 h 15, tenaillé par la soif et la grande chaleur, nous décidons de marquer une pause sur le parvis de la présidence de l’Université. Avec une vue panoramique, entre deux gorgées d’eau, nous suivons les mouvements des étudiants, enseignants et autres visiteurs qui vont et arrivent dans un désordre, bien harmonieux parfois perturbé par le passage des navettes fonctionnant à l’énergie solaire. Que ne fut notre surprise ! Les arbres cinquantenaires sous lesquels, nous prenions du bon temps, durant nos années universitaires ont disparu. Ici, des étudiants fuyant la grande chaleur, sont venus s’abriter aux pieds du bâtiment abritant la présidence de l’Université. A dire vrai, les travaux de réhabilitation ont ‘défloré’ l’environnement. I. B, ancien membre d’une structure estudiantine affiliée à l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture(Unesco) qui n’en revient pas est d’avis avec nous. «Dans le cadre de nos activités socio- culturelles en 1992, nous avons planté beaucoup d’arbres sur le campus Universitaire de Cocody en collaboration avec la Société de développement des forêts( Sodefor). L’Association internationale des étudiants en sciences économiques (Aiesec) en avait fait autant. C’est dommage que ces arbres que nous avons plantés et qui contribuaient à l’équilibre de l’écosystème aient été détruits. C’est avec des larmes aux yeux qu’en passant par là en 2012, j’ai constaté qu’ils n’étaient plus là… Pourtant derrière ces arbres- là, se cachaient une vie et l’histoire de toute une génération d’étudiants», se souvient-il. Comme nous l’indiquions plus haut, l’Université Fhb de Cocody a connu une réhabilitation lourde dans le cadre du Programme de réhabilitation des universités publiques de Côte d’Ivoire. Mais cette réhabilitation n’a pas donné tous les résultats escomptés, en dépit de son coût exorbitant estimé aux bas mots, à plus de 110 milliards Fcfa pour les cinq universités publiques. Florent Kouamé, Doctorant à l’Unité de formation et de recherche Littérature langues et civilisation( Llc), de la même université se souvient. «C’était une université où on alliait à la fois, modernisme et héritage biologique. Qui respectait véritablement la faune et la flore. Ce qui donnait un environnement très plaisant à l’Université de Cocody à l’époque. Nous avions de gros arbres dans les encablures du stade de l’université, à l’entrée de l’université et derrière les amphithéâtres, des Facultés de Droit, de Sciences économiques et de gestion. Sans oublier l’Ufr de Mathématiques et sciences informatiques. Il y avait véritablement une flore très originale. Nous imaginons qu’à Ufr Ssmt et en Cbg-chimie géologie, nous avons la physiologie végétale… On travaille avec des plantes. Il y a également la botanique. Il ne faut pas créer un environnement seulement qui soit propre(…) les autres espaces permanemment occupés sur lesquels les étudiants passent, tout a été dégagé ! ». Puis, contenant à peine sa colère et très nostalgique, Florent Kouamé poursuit. «Ils ont déshabillé tout. Ils ont détruit tous ces jardins originaux qu’on a trouvés comme ça naturellement et qu’il fallait préserver. Tout a été abattu à la faveur de la réhabilitation de l’université Fhb de Cocody. On n’a même pas essayé de créer des passages pour que ces arbres soient préservés. On pouvait détruire quelques arbres, mais pas tous. Qu’on entre par le portail du côté de l’Ecole nationale de police(Enp), que par le Chu de Cocody, on doit affronter un soleil de plomb. Même s’il y a les bus solaires (pas en grand nombre), mais pour la flopée d’étudiants qui rentre régulièrement sur le campus, c’est difficile. C’est vrai que le soleil est bon pour la santé, mais quelque fois, il est source de maladies. Quand on rentre dans cet espace universitaire, ces gros arbres et l’ombrage qui incitaient à s’abriter pour siroter du jus de fruit en lisant un livre ou deviser avec des amis, ont disparu. Bref, l’université de Fhb de Cocody, ce temple du savoir a perdu de sa superbe de bois sacré». Avis partagé par Kamagaté A. Un ancien étudiant de la Faculté des sciences avant 2007 et fraichement recruté dans le cadre de la Couverture Maladie universelle( Cmu). Il nous exhibe son contrat qu’il vient de signer. La trentaine révolue, il reconnait qu’il fait très chaud sur le campus que par le passé. Il note le grand changement au titre de l’environnement. «Depuis quelques jours, nous nous sommes rendus sur le campus, mais nous avons du mal à nous retrouver. Il y a eu la réhabilitation et la restauration certes, mais nous constations qu’il y a beaucoup de choses qui manquent. Le couvert végétal surtout», fait-il savoir avant de se rappeler. «Quand nous étions ici, il y avait beaucoup d’arbres et autres palmiers cinquantenaires qui offraient de l’ombre aux étudiants, se souvient-il. Ils ont été abattus. Nous ne savons pas trop pourquoi ? Nous avons l’impression que nous sommes dans une nouvelle université. Ce qui n’est pas le cas. Il nous revient que la petit forêt qui se trouvait du côté de la Fac de médecine a été détruite. Ceux qui ont fait la réhabilitation de l’Université auraient dû faire des aménagements et garder le reste à l’identique. Cela donnerait davantage tout son sens à l’appellation Temple du savoir à notre université avec son symbole, le Wambêlê qui est de retour sur le campus. ( voir encadré)». Un avis qui n’est pas tout à fait partagé par Gbapo, étudiant en fin de cycle de comptabilité dans une grande école de la place qui partage une chambre avec son ami à la Cité Campus 2000. Il trouve le cadre très agréable et tombe sous le charme du cadre universitaire après la vaste réhabilitation. « Il fait désormais beau sur le campus. Faites un tour du côté des palmiers. C’était devenu un véritable bazar de produits prohibés, de débits de boisson en tout genre. Le bois qu’on trouvait du côté de la Faculté de médecine était dit-on devenu des chambres de passe à ciel ouvert. C’est là-bas que les syndicalistes se donnaient rendez-vous pour aller se taillader à la machette », dit-il en s’épongeant le visage à cause de la chaleur. Pourquoi n’avoir pas copié ce qui se passe juste à côté, dans le périmètre de l’Ecole nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée, (Ensea) ? Logée dans un cadre verdoyant, sous des arbres régulièrement élagués. Mais que dit la Présidence de l’Université ? Nous avons approché le service communication de l’Université de Cocody. Qui nous a orientés vers le Secrétaire général de l’Université qui était en mission hors du pays lors de notre passage. Mais que dit le schéma directeur de l’université Fhb ? Nous ne pouvons en dire plus ! Si les travaux ont été supervisés par le Bureau national d’Etudes techniques et de développement( Bnetd), on aurait associer un cabinet d’architecte. Ce qui n’a vraiment pas été le cas. L’architecte Abdoulaye Dieng, le président du Conseil national de l’Ordre des architectes de Côte d’Ivoire(Cnoa.ci ) tranche. «A notre connaissance, il n’y a pas eu de cabinet d’architectes ivoiriens associés à cette rénovation. Voyez plutôt avec le Bnetd(…) », coupe-t-il. L’université Félix-Houphouët-Boigny est établie dans un campus de 200 hectares situé au cœur de la commune de Cocody. Cette université fut, dans les années 70 et 80, réputée en Afrique de l'Ouest francophone pour ses nombreuses facultés. Fermée après la crise postélectorale, elle a fait l'objet d'une réhabilitation pour rouvrir ses portes en septembre 2012. Elle est toutefois accusée d'être mal gérée. Elle manque cruellement de matériel, de locaux, et n'est plus entretenue depuis son inauguration, menant ainsi ses installations vers un état de dégradation prématurée.

 

Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.( In le Temps du 23 octobre 19)

 

Légende photo : Ici des étudiants de l’Université Fhb en pleine concentration sous les palmiers(voir photo dans yacou, sekou, Kpassou

 

Encadré :

 

Wambêlê, le grand masque, est de retour sans son ‘bois sacré’

 

Provenant du pays Sénoufo, situé au nord de la Côte d’Ivoire, le Wambêlê est un masque biface qui renferme plusieurs mystères. C’est le symbole de l’université Fhb de Cocody. Supposé violent par certaines langues et des pasteurs, la statue de Wambêlê qui trônait dans les années 1990 à l’entrée du parking de la présidence de l’université, avait été déboulonnée. Son esprit selon des sources « était pour quelque chose dans la violence qui secouait le monde universitaire». Pour eux, «il et l’incarnation du diable et du fétichisme». Le Wambêlê appelé communément « Wanioug» est l’un des grands masques du peuple Sénoufo. Ce masque spécial et mystérieux est composé de deux faces opposées (biface) faisant sortir de la fumée. Les significations données par les sages sur cette formation de la tête sont diverses. Pour certains, il signifie : le bien qui affronte le mal. Pour d’autres, le passé et le présent constituent l’avenir d’un individu. Aussi spécial que mystérieux, porté par un initié du Poro, ce masque apparaît, le plus souvent, dans les cérémonies funéraires et les occasions spéciales. En effet, le Poro est une société secrète d’initiation des jeunes garçons d’une durée 90 jours dans la forêt sacrée. Au cours de son apparition, seuls les initiés de cette société et les sages peuvent assister à ses prestations. Cependant, sa vue, ses prestations sont strictement interdites aux femmes (sauf les vielles) sous peine de stérilité, ménopause précoce ou la mort. Le Wambêlê est aussi un masque protecteur. Il est rattaché à un génie protecteur qui préserve celui qui le consulte du sort, du mauvais œil, de la sorcellerie. Mais quand il se sent pris au piège (défié), il peut lancer des sorts, de la foudre et même tuer l’individu qui viole ses interdits. Particulier, il est différent des autres masques Sénoufo. Cependant, avec la modernité, aujourd’hui, le mystère autour du Wambêlê et du Poro existe-t-il toujours ? Après une décennie d’absence, Wambêlê est de retour depuis 2012, dans ‘le Temple du savoir’ de Cocody. Mais pas sous ses gros arbres ; sorte de bois sacré qui a été aussi tué…

 

B. Mafoumgbé

Légende photo : La statue du Wambêlê à l’entrée du parking de la présidence de l’Université Fhb de Cocody( In Le Temps du 23 octobre 2019)

 

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