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vendredi 3 mai 2024
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Transports aériens en Afrique// Quand les taxes font flamber les coûts des billets d’Avion

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Transports aériens en Afrique//  Quand les taxes font flamber les coûts des billets d’Avion

. 40 à 45 % de taxe sur les billets c’est trop…

De Douala au Cameroun, à Dakar au Sénégal en passant par Abidjan, en Côte d’Ivoire à Ouagadougou au Burkina Faso. Pour certainement atterrir à Ndjamena au Tchad. Les voyageurs et habitués des avions tous sont d’accords sur une chose : Les billets d’avions coûtent chers en Afrique. Dossier…

En effet, le gouvernement ivoirien a adopté en conseil des ministres, du 17 janvier 2018, un décret instituant une redevance de sécurité. Ce décret fixe également ses modalités de perception et de répartition à l'aéroport international Félix Houphouët Boigny. Ainsi, « Cette redevance va varier entre 4000 et 5000 Fcfa et sera incluse directement au montant du billet d'avion. Ce décret institue à l'exclusion des vols domestiques, une redevance de sécurité perçue sur les passagers à destination et au départ de l'aéroport international Félix Houphouët Boigny d'Abidjan » Mais que va-t-on faire avec les ressources générées par cette redevance ? Les sources officielles indique que : « Les ressources ainsi captées vont permettre, selon la communication gouvernementale, d'investir davantage dans la mise en place de solutions technologiques innovantes en vue entre autres d'assurer plus efficacement la maitrise des flux migratoires aux frontières et de renforcer la lutte contre les actions éventuelles à caractère terroristes » Il est à préciser que les taxes aéroportuaires représentent déjà plus de la moitié du prix d'un billet d'avion au départ d'Abidjan. Une mesure qui est applicable aux vols en provenance ou à destination de tout aéroport de la Cedeao et à 5000 francs Cfa pour les vols en provenance des aéroports autres que ceux de la Cedeao. Des sources gouvernementales, ajoute que cette redevance, en réalité, « n’est pas nouvelle puisqu’elle remplace une taxe qui existait déjà et qui s’élevait à 10 000 francs Cfa uniquement à l’aller du vol de l’aéroport international Félix Felix Houphouët Boigny d’ Abidjan- Port- Bouet. Qui en 2017 a enregistré plus 2 millions de passagers contre 1.829.000 passage en 2016. Un petit calcule mentale indique que l’Etat va récolter au moins huit milliards de Fcfa( Voir encadré). Et pourtant en juin 2016, le gouvernement ivoirien annonçait une réduction du coût des billets d’avion notamment vers l’Europe, sans plus de précisions, lors d’une cérémonie de réception du troisième Bombardier Q400 de Air Côte d’Ivoire. « Le gouvernement s’engage dans un programme important de réduction (du coût) des billets d’avion notamment vers l’Europe », avait déclaré Gaoussou Touré, alors ministre des Transports, devant le personnel de Air Côte d’Ivoire. Son successeur, Amadou Koné face aux membres de l’Association des transporteurs aériens( Ataf) en Novembre 2017, à Abidjan a abondé dans le même sens. En invitant « les compagnies aériennes africaines à baisser leurs tarifs » jugés trop chers, afin de participer à la croissance du secteur où la part du continent reste faible. « Je lance un appel aux compagnies aériennes africaines afin qu’elles nous aident à faire baisser les coûts de transport aérien dans nos pays. Il y va de la survie de ces entreprises » a déclaré M. Koné. Le ministre ivoirien qui s’exprimait à l’ouverture de l’assemblée générale de l’Association des transporteurs aériens francophones (Ataf) qui regroupe 16 compagnies dont la libanaise Middle East Airlines a poursuivi pour dire : « Il est moins cher d’aller d’Abidjan à Paris, quelle que soit la compagnie, que d’aller d’Abidjan à Dakar » M. Amadou Koné qui s’est dit constamment interpellé quant au coût du transport aérien en Afrique a ajouté que « le transport aérien mondial a enregistré une croissance de plus de 60% sur les dix dernières années, pour l’heure l’Afrique ne représente qu’une faible proportion. Mais les prévisions laissent entrevoir une croissance de 16,3% de l’Afrique dans le secteur lors des vingt prochaines années Il est donc important pour les pays africains de se préparer à affronter les challenges futurs qu’induira cette croissance attendue » Mais comment les compagnies africaines peuvent être compétitives si le coût du billet supporter des taxes à reverser à l’Etat et qui dépassent les 45%. Sans oublier par exemple les liées à l’assistance en escale des avions sont quasiment insupportables. Une source proche de l’Association des compagnies aériennes en Côte d’Ivoire est formelle quand elle dit : « Depuis la concession de l’assistance à l escale à l’aéroport international Félix Houphouët Boigny d’Abidjan –Port Bouet, à la National Aviation Services-Ivoire ( Nas Ivoire) qui est une entreprise koweïtienne, nos charges ont grimpé de 100 voire 300%. On peut dire sans se tromper que l’aéroport d’Abidjan est l’aéroport le plus cher au monde »( nous y reviendrons)

Les transporteurs aériens pas sur la même longueur que les Etats

Le débat autour du coût du billet d’avion constitue une préoccupation majeure des transporteurs aériens. Le Général Abdoulaye Coulibaly, le président du conseil d’administration de l’aéroport international d’Abidjan (Aeria) en charge de la gestion de l’aéroport international Félix-Houphouët-Boigny d’ Abidjan- Port – Bouet. Lors d’une rencontre bilan avec la presse début 2014 de AirCôte d’Ivoire dont il est par ailleurs le Pca, il a dit : «Les taxes dans nos aéroports ne sont pas adaptées, notamment celles liées à la sûreté aéroportuaire. Dans les prochains mois, nous allons engager la lutte contre ces taxes qui alourdissent le coût des billets. Ces taxes comptent pour 60% dans le coût des billets et il n’y a que 40% qui vont aux compagnies...» Mais comment réussir un tel challenge sans le soutien et l’onction des organisations communautaires comme l’Uemoa et la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ? Sans en dire plus, le Pca d’Aéria avait ajouté qu’il s’agissait d’une opération d’envergure dans l’espace Cédéao. Juste avant cette sortie, les agences de voyages avaient également donné de la voix contre ces nombreuses taxes qui réduisent leurs marges bénéficiaires. A la faveur du quatorzième congrès de la Fédération inter-états des syndicats des agences de voyage et de tourisme de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (Fisavet/Aoc), tenu en fin 2013 à Abidjan, le président de ladite fédération, Prince Emmanuel Ngassa, a dénoncé les nombreuses taxes, qui représentent 40 à 50% du prix définitif d’un billet : « A propos de la cherté des destinations interafricaines, comment comprendre que Douala-Paris soit moins cher que Douala-Dakar ou Ouagadougou ? Par ailleurs, comment comprendre que Paris-Nouvelle-Calédonie ou Paris-New York soient moins chers que Paris-Douala ou Dakar ?»

Trop de taxes sur les billets d’avion en Afrique

Dans une interview accordée au journal Le Temps en 2014, Pap Sow Thiam, qui a été directeur général de Air Afrique disait : « Nous avons deux sortes de taxes. Celles qui sont prélevées sur les billets qui ne sont pas supportées sur les compagnies. Elles sont collectées par la compagnie auprès du client et les reversent telles qu’elles aux Etats. (…) L’inconvénient de ces taxes, quand elles sont élevées, elles donnent l’impression que les billets sont chers. . Ces taxes sont justifiées d’une autre façon. Parce qu’il y a des investissements qui ont été fait par les Etat pour accueillir les avions, les passagers et des marchandises. Bien évidemment, l’Etat doit avoir un retour sur investissement. Toutefois, Il faudra que nos politiques se penchent sérieusement sur ce problème de taxes parce que quand vous prenez un billet d’avion dans nos pays, il y a environ 40 à 45% de taxe du prix du billet » Pour l’ancien Dg de Air Afrique, « C’est beaucoup, c’est énorme et ça obère le développement du transport aérien. Je ne suis pas spécialiste en fiscalité, pour donner une recette, mais il faut se pencher sur ce dossier. Quant au deuxième types de taxes, ce sont les mêmes qui sont imposées à toutes les entreprises. (Tva etc) »

Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Légende photo: ( voyageurs en avion) La démocratisation de l’accès d’un grand nombre au transport aérien en Afrique n’est pas pour demain

Encadré: Le deux poids deux mesures du gouvernement ivoirien

Alors que l’annexe fiscale à la loi de finance pour la gestion 2018, est en vigueur depuis le 02 janvier de la même année, le gouvernement ivoirien annonce l’instauration d’une redevance aéroportuaire. Qui devrait lui permettre de récolter une manne substantielle supportée par les passagers estimés à plus de 2millions en 2017 au départ et à l’arrivée de l’aéroport Fhb d’Abidjan. Une projection faite avec le nombre de passagers donne plus de 8 milliards de Fcfa au moins destinés à financer la lutte contre le terrorisme. Et pourtant les passagers résidents et les entreprises contribuent conformément à l’annexe fiscale en vigueur au financement du budget de l’Etat de Côte d’Ivoire dont au moins quelques lignes sont destinées au financement des actions de protection et de sécurisation des citoyens vivants sur le territoire national. Sur ce point le budget d’Etat 2018 consacre une enveloppe conséquente de 516, 842 milliards de fcfa contre 481,570 milliards de fcfa à Défense et la sécurité y compris la lutte contre la cybercriminalité qui fait partie des missions régaliennes de l’Etat. « La Côte d’Ivoire qui a déjà subi une attaque terroriste se doit de prendre toutes les dispositions pour se mettre à l’abri de ce phénomène et faire également face à la cybercriminalité. Outre la coopération internationale qui apparaît comme un moyen efficace en la matière, les Etats doivent disposer d’équipements de dernière génération. Dans ce cadre, et en exécution de la loi de programmation militaire 2016- 2020, le gouvernement envisage d’acquérir des équipements pouvant permettre aux services compétents du Ministère de la Défense et du Ministère en charge de la Sécurité intérieure de prévenir efficacement le terrorisme et la cybercriminalité en Côte d’Ivoire. Dans le but de faciliter l’acquisition desdits matériels dont les coûts toutes taxes comprises sont généralement élevés, il est proposé de les exonérer de la taxe sur la valeur ajoutée ainsi que des droits de douane à l’importation. » Indique l’annexe fiscale. L’article 355 du Code général des Impôts est complété par un 64 rédigé comme suit : « 64 – Les matériels importés par l’Etat, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la cybercriminalité, dont la liste est établie par arrêté conjoint du Ministre de la Défense ou celui en charge de la Sécurité intérieure et du Ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat » Aussi, les exonérations prévues à l’article 355-64 du Code général des Impôts sont étendues aux droits de douane. Afin de remédier à cette situation, il proposé d’alléger la procédure de mise en œuvre de l’exonération en supprimant la condition de liste. Voilà qui est claire : L’Etat de Côte d’Ivoire, de l’avis de certains fiscalistes a décidé de « s’auto-exonérer là où les pauvres contribuables sont soumis à une kyrielle d’impôts et taxes et qui doivent encore payer cette redevance instituée pour le même motif. Malheureusement ! » Mais que gagne l’Etat en s’auto- exonérant ? Notre expert affirme : « Les équipements entrant dans ce genre de lutte sont surtaxés au niveau au titre de la Taxe à la valeur ajoutée( Tva). Avec les exonérations, l’Etat va faire de grosses économies »

B. Mafoumgbé

 

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