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vendredi 17 mai 2024
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Interview/ Lolo Diby Cléophas( Vice- président Fipme) Visa et e- liasse: « Plus de 50 mille Pme sont ciblées au départ…»

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Lolo Diby  Cléophas/ Vice- président de la Fédération ivoirienne des petites et moyennes  entreprises(  Fipme) «  Les  Pme qui représentent  environ 80% des entreprises ivoiriennes »   Lolo Diby Cléophas/ Vice- président de la Fédération ivoirienne des petites et moyennes entreprises( Fipme) « Les Pme qui représentent environ 80% des entreprises ivoiriennes »

De la situation des Petites et moyennes entreprises( Pme) en passant par les effets de croissance économique sur les ménages, à la mise en œuvre du Visa et e-liasse, M. Lolo Diby Cléophas, vice- président de la fédération ivoirienne des petites et moyennes entreprises ( Fipme) , fait le point.

 

Comment se porte le secteur du tourisme et de l’hôtellerie ?

Avant de répondre à votre question, voudrais vous présenter la Fédération ivoirienne des petites et moyennes entreprises ( Fipme). Qui est la deuxième grande faitière des Pme après la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire,( Cegci). La Fipme comprend une trentaine d’associations et de fédérations sectorielles. Pour occuper ce poste de vice – président de la Fmi Pme, je suis avant tout, le président de la fédération nationale de l’industrie hôtelière de Côte d’Ivoire ; l’une des deux faitières du secteur du tourisme et de l’hôtellerie. Pour revenir à votre question, disons que le secteur du tourisme et de l’hôtellerie est l’un des secteurs qui a eu une très forte croissance ces dernières années. Nous sommes passés de 0,6% de contribution au Produit intérieur brut( Bip) en 2011, à environ 7% à ce jour. Nous avons peur que cela stagne. Il faut donc redynamiser, innover et passer à une autre phase du développement de notre secteur.(… ) Dès l’instant où dans un pays, il y a la paix et que les conditions de certains grands facteurs sont réunis, la première option qui se développe dans ce secteur, c’est le tourisme d’affaires. De grands hôtels sont construits et les gens viennent pour les affaires. Par la suite, le tourisme d’affaires doit s’accompagner des autres formes de tourisme. Citons celui du loisir, l’écotourisme et l’agro-tourisme. Pour que ça marche bien, on n’ira pas à l’intérieur du pays, construire des hôtels genre Sofitel ivoire, mais aider au développement des Pme du secteur. Ce pour capitaliser le flux de touristes qui arrive dans le pays. Quand quelqu’un arrive en Côte d’Ivoire pour un séminaire, après par exemple trois jours, il faut chercher à le maintenir, en l’incitant à se rendre à l’intérieur du pays, pour visiter le site des potières à Katiola, à la Basilique notre Dame de la paix de Yamoussoukro et dormir dans nos hôtels. C’est cette phase qui est un peu à la traine. Le tourisme des affaires continue mais si nous voulons que la croissance continue, il faut développer les Pme du secteur.

 

Dans l’ensemble et d’une manière générale comment se portent les Pme en Côte d’Ivoire ?

Dans l’ensemble, les Petites et moyennes entreprises( Pme) se portent mal. Parce que ce secteur est dominé par l’informel qui n’est pas gage de réussite dans un pays. Pour comprendre ça, entre 2012 à 2017, la Côte d’Ivoire a eu un fort taux de croissance. Quasiment près de 9% en moyenne, selon les chiffres consolidés du gouvernement ivoirien et des bailleurs de fonds. Mais les ivoiriens ne ressentent pas cette croissance économique dans leur pouvoir d’achat. Pour la simple raison que les grosses entreprises créent la richesse et les mouvements de flux financiers. Mais pour capitaliser une croissance aux profits des populations, c’est à travers les Pme qu’on peut le faire. Car, ce sont les Pme qui créent plus d’emplois et qui absorbent une partie de l’argent qui arrive. L'argent peut rentrer dans un pays et ressortir si les Pme ne capitalisent pas. Pour exemple, la Côte d’Ivoire va construire un métro à plus de 900 milliards de Fcfa. Mais si des Pme n’ont pas de marchés dans ce projet ou ne sont pas outillées pour avoir des marchés, cette manne qui va entrer dans le pays quasiment tout va ressortir. Donc si les ivoiriens ne sentent pas qu’il y a beaucoup d’emplois, que leur panier et pouvoir d’achat ne s’améliorent, c’est parce que les Pme n’ont pas capitalisé. Si elles n’ont pas encore capitalisé ce flux d’argent qui entre dans le pays, c’est parce que les Pme se portent globalement mal.

 

L’environnement fiscal dans tout ça ?

En général quand ça ne va pas on dit qu’il n’y a pas de volonté politique. C’est la première fois au niveau des Pme, que nous sentons que la volonté politique est présente depuis les premiers responsables. La Fipme a été associée depuis la redynamisation du comité de concertation. Les faitières sont associées aux grandes décisions de l’Etat. Au niveau transversal, l’Etat a créé quatre ministères pour les Pme. Vous pouvez prendre le secteur des transports qui a ses Pme. Mais les ministères qui travaillent de manière transversale pour les Pme, nous avons le ministère du Commerce, de l’industrie en charge des Pme. En plus de cela, les premiers responsables ont jugé de l’opportunité de créer un secrétariat d’Etat lié au ministère indiqué plus haut, pour mieux gérer les Pme. Aussi, quand vous prenez l’artisanat, à quelques rares exceptions, tous les artisans sont des Pme. Quand dans un pays, l’environnement est là que les indicateurs sont bons, les structures viennent faire des études et après , elles pensent à venir investir et elles n’ont pas besoin d’une incitation particulière( …) Nous avons beaucoup travaillé sur le code des investissements avec M. Essis Esmel qui est désormais le Secrétaire d’Etat chargé des investissements. Des consignes ont été données également à la Direction générale des Impôts ( Dgi) et depuis des mois, nous avons un groupe de travail. Au point de vue fiscal, nous estimons que dès lors que vous vous asseyez pour échanger, vous trouver forcement des solutions.

 

Une Pme est une entreprise formelle qui paye des impôts et taxes à l’Etat. On parle de visa et e- liasse. Qu’est- ce que vous en savez ?

 

Avant de répondre à votre question je voudrais faire une petite précision. Les gens ont l’habitude de dire que les impôts les Pme. Nous ne partageons pas cette assertion à 100%. Ce ne sont pas les impôts qui tuent les Pme mais la parafiscalité. Parce que nous avons les impôts qui vont directement dans les caisses de l’Etat et puis il y a le pouvoir que l’Etat donne directement ou indirectement à d’autres structures de prélever d’autres types de taxes qui ne vont pas forcement dans les caisses de l’Etat. En notre connaissance, il n’y a pas un taux de parafiscalité en Côte d’Ivoire. C’est à ce niveau qu’il y a beaucoup de problèmes. Pour revenir sur le volet relatif au Visa et au e- liasse, nous allons procéder par des analogies et des équivalences. Pour vous permettre de mieux comprendre

 

Allez-y donc…

 

Pour lutter contre l’analphabétisme, on peut avoir des programmes d’alphabétisation. L’équivalence de cela au niveau des entreprises, c’est comme si pour développer l’entreprenariat et l’économie, il faut formaliser les entreprises. Quelqu’un qui ne sait pas lire, n’arrive pas à tirer profit de sa vie. Donc il faut alphabétiser. Pour qu’une entreprise se développe, il faut formaliser les entreprises. Ce qui sert à garantir sa survie à travers des outils de gestion. La formalisation permet à la Pme de durer parce que la Pme A travers la formalisation, va avoir des outils de gestion. Si vous voulez avoir des bons et pertinents outils de gestion, cela passe par un visa financier. Qui est un gage de crédibilité des indicateurs de gestion. Le visa financier, c’est un certificat qu’on vous donne. Quand on a accepté de vous donner ça, c’est que les chiffres que vous donnés sont crédibles et tout ce qui est dedans est bon. On peut en sortir des indicateurs de gestion qui aident les entreprises. Si vous voulez avoir rapidement ces indicateurs de gestion, il faut avoir une comptabilité. En principe, toute entreprise formelle doit avoir à la base, une comptabilité fiable. C’est la comptabilité qui permet de ressortir les points forts et les points faibles dans la gestion d’une entreprise, pour pouvoir prendre les bonnes décisions. Pour que l’entreprise puisse durer (…) Le Visa c’est aux profits des entreprises. Avec la crédibilité des comptes et un accès facile aux crédits et la commande publique. Sans oublier la sous-traitance des grandes entreprises. Avec une bonne comptabilité, vous aurez aussi accès à tous les avantages fiscaux. Les opérateurs économiques qui sont septiques peuvent poser leur problème au niveau sectoriel ( …)

 

Il y eu certainement eu problème dans sa mise en œuvre au départ ?

La mise en œuvre du Visa provient d’une directive de l’Uemoa en date de 2009 et qui n’était pas appliquée. Simplement parce que nous n’étions pas associés. Les taux de validation de ce Visa, nous les avons jugés trop élevés pour les Pme. Nous sommes entrés en négociation et nous sommes tombés d’accord. Aujourd’hui, nous estimons que c’est bonne chose pour les Pme. Il ne faudrait pas avoir peur du Visa ou du e- liasse. De tout temps, on estime que le secteur bancaire ne finance pas les Pme. C’est en fonction des critères qu’on doit remplir. Si vous êtes les seuls à savoir votre chiffre d’affaires et que vous n’avez pas quelque chose de pertinent pour convaincre le banquier, Il ne va pas vous croire comme ça. Le Visa de l’état financier est signé par l’expert-comptable. Une fois que l’expert- comptable a signé ce visa vous n’avez aucun problème devant le banquier. Cela est un point fort pour tout responsable de Pme ou toute autre entreprise pour obtenir un accompagnement financier.

 

Ça certainement un coût ?

Nous avons négocié et obtenu pour les Pme qui vont jusqu’à 10 millions de Fcfa de chiffre d’affaires par an, de 250 mille nous sommes tombés à 60 mille Fcfa. C’est dejà pas mal. Dans la tranche de dix à 20 millions de Fcfa, nous a fixé 100 mille Fcfa (…) Dans cette phase expérimentale, environ cinquante mille entreprises sont ciblées. Mais, il faut noter que le visa ne sera pas payant pour tout le monde. Dès l’instant où vous avez une comptabilité suivie par un centre de gestion agrée adossé à un expert-comptable ou bien vous avez votre comptabilité qui est déjà élaboré par un cabinet d’experts-comptables, automatiquement en fin d’exercice, on vous délivre un Visa. Par contre vous pouvez avoir un comptable ou comptable qui vous suit et si vous établissez votre état financier et que comme à la différence des grands groupes, vous n’avez pas de commissaire aux comptes pour vérifier et attester de ça, en ce moment- là, on prend cet état financier qu’on présente à un expert-comptable qui va analyser soigneusement et si c’est conforme, il vous donne le certificat. C’est cette frange d’entreprises qui aura à payer pour le visa financier.

 

Quelle est la différence entre le visa et le e- liasse ?

différence entre le visa et le e- liasse ?Le Visa c’est un certificat. J’ai mon visa et mon état financier Je me rends aux impôts étant donné que nous sommes dans un système déclaratif. Il se trouve que vous pouvez aller pour déclarer vos impôts. Vous y trouverez des agents qui vont vérifier l’ensemble des documents qui font l’objet de la déclaration. Très souvent, vous faites des allez et retour et l’agent des impôts peut estimer que tel ou document n’est pas présenté comme l’exige la norme en vigueur. Le e- liasse c’est tout simplement un système de déclaration en ligne via les technologies de l’information et de la communication. Même le paiement des impôts peut se faire en ligne sur la plate-forme du e- Liasse. Cela évite des déperditions pour l’Etat d’une part, et ça fait un gain de temps énorme pour les opérateurs économiques d’autre part. Avec assistance ou pas désormais depuis vos bureaux ou votre domicile, vous pouvez transmettre vos états financiers en ligne. Nous avons dans les fichiers environ 50 mille Pme connues dans le fichier. Rien que dans le district d’Abidjan, plusieurs études attestent qu’il n’existe pas moins de 600 mille Pme. Pour l’Etat, il faut que nous passions de 50 mille Pme à ce jour et à 100 mille voire 120 mille Pme. Nous estimons au niveau de la Fipme allez au de-là si nous formalisons le maximum d’entreprises. L’enjeu, ce n’est pas forcement l’élargissement de l’assiette fiscale mais le développement économique et l’encadrement des Pme qui représentent environ 80% des entreprises ivoiriennes.

 

En tant que responsables de faitières n’ avez –vous pas vu venir les problèmes que rencontrent en ce moment les Pme agricoles notamment dans la filière hévéa ?

Nous avons en son temps alerté des Pme agricoles. En tant qu’ingénieur en économie rurale. A un moment donné, au niveau international, nous étions à 5 fois le prix actuel d’achat aux producteurs d’hévéa. En ce moment-là, certains parmi ont averti les gestionnaires, en les invitant à faire des provisions et à maitriser les coûts de production(…) Pourquoi nous sommes les seuls à nous plaindre pendant qu’en Malaisie, on ne se plaint pas des prix de vente de l’hévéa ? Si c’était mauvais partout, il n’y aurait plus de vente de caoutchouc. Cela voudrait dire que c’est chez nous que le problème se pose au niveau du coût de production

 

Soyez plus explicites ?

Nous pensons qu’avec une comptabilité et un visa financier, les Petites et moyens entreprises( Pme) de la filière hévéa auraient vu qu’il y a de la mauvaise gestion. Comme les cours étaient bons, on n’a pas senti mais qu’ils sont bas, la réalité est là.

 

La situation qui prévaut depuis quelques mois dans la filière hévéa pourrait-il prévaloir dans d’autres filières agricoles notamment la filière anacarde ?

Nous sommes les premiers producteurs d’anacarde au monde, mais nous ne valorisons pas. Nous sommes presque partis du néant et tendons vers une production de 700 mille tonnes. A un moment donné, les prix vont commencer à chuter. Parce qu’entre temps, nous ne veillons pas à nos structures de coûts. Au moment où ça se vend bien, on produit beaucoup pour faire des réserves et essayer de transformer plus(…) Dans tous les secteurs agricoles, nous avons ce problème-là. (…) La situation a prévalu hier dans la filière coton, aujourd’hui demain ça risque d’être l’anacarde si nous n’ anticipons pas( …)

 

Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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