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vendredi 17 mai 2024
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Protection et exploitation durable des mers et des océans: Abou Bamba « Il faut porter un regard critique sur la surpêche… »

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Abou Bamba , Secrétaire exécutif de la Convention d’Abidjan Abou Bamba , Secrétaire exécutif de la Convention d’Abidjan

Abidjan vient d’abriter une importante rencontre sur la protection de la faune sauvage et aquatique, marquée par la mise en place de la convention d’Abidjan. Son secrétaire exécutif, Abou Bamba , nous parle des enjeux et de la lutte contre la surpêche..

 

Vous avez dit toute à l’heure, que les espèces aquatiques sont menacés. Pouvez-vous nous en dire plus?

Avant de répondre à votre préoccupation, permettez-moi de parler de l’A-etp. Qui veut dire : Aquatic Endangered, Threatened or Protected (A-etp) species ou espèces aquatiques en danger, menacées ou protégées. Qui renvoie à une bien triste réalité. Les espèces aquatiques en danger, menacées ou protégées (viande de brousse aquatique), regroupent les produits dérivés de mammifères et les oiseaux aquatiques ainsi que les reptiles. Dans certaines contrées, ces produits sont utilisés pour l'alimentation de subsistance et les usages traditionnels, notamment la viande, les coquilles, les os et les organes, on les utilise aussi comme appâts pour la pêche. La viande sauvage aquatique est obtenue par des chasses non réglementées, et parfois illégales des espèces aquatiques en danger, menaces ou protégées, Cette faune aquatique, y compris les espèces de dauphins, de baleines, de lamantins, de crocodiles et de tortues, est utilisée comme source de nutrition et de subsistance pour les communautés côtières des régions tropicales, tempérées, subarctiques et arctiques. Il faut suivre tout ça de près.

Parlez-nous un peu des conséquences de la surpêche ?

Pour les pays côtiers Africains, la diminution des stocks de poissons suite à la surpêche et aux activités des navires industrielles venues des pays pratiquant la pêche hauturière (Pphh) a eu pour effet d’accroitre le recours aux espèces aquatiques en danger, menaces ou protégées. Nous ne pouvons donc pas efficacement prendre en charge la question du trafic illégal des espèces aquatiques en danger, menacés ou protégées sans porter un regard critique sur la surpêche. La diminution des prises de poisson a plongé dans le plus grand désarroi le secteur de la pêche, notamment la pêche artisanale dans les pays africains côtiers. Au point que les pêcheurs artisanaux confrontés à l’impossibilité de vivre de leur activité sont dans l’obligation de changer d’activité ou d’abandonner leurs foyers pour aller chercher un mieux-être dans un ailleurs lointain, à travers l’émigration clandestine en Europe notamment.

D’autres ont aussi recours à des alternatives peu viables

En effet ! Ceux qui résistent à l’appel du large à travers l’émigration ont recours à des alternatives peu viables pour se nourrir et s’assurer un minimum de revenus. Parmi ces alternatives, nous pouvons citer la chasse et la consommation d'un nombre croissant d'animaux marins tels que les dauphins, les baleines, les lamantins et les tortues de mer, c’est-à-dire ce qu'on appelle aujourd’hui les espèces aquatiques en danger, menacés ou protégées Cette situation est un obstacle majeur à l’atteinte des Odds, notamment l’Odd 14 sur la gestion durable des ressources marines et un frein au développement durable des communautés côtières, en particulier en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, le développement du tourisme et la sécurité alimentaire. C’est dire donc que la culture, l’environnement, l’économie et les activités touristiques des pays africains côtiers sont en péril majeur.

Les assises d’Abidjan ont coïncidé avec le 25 juillet, journée africaines des mers et des océans. Une belle occasion pour lancer un appel aux gouvernants ?

Effectivement, le 25 juillet est la Journée africaine des mers et des océans. Sa célébration, faut –il le rappeler est l'une des recommandations de la Stratégie maritime intégrée africaine (Aims) de 2050 qui fournit un cadre général pour la protection et l'exploitation durable des mers et des océans d'Afrique. La tenue de cet atelier ce jour-là a été l'occasion pour les États membres d'approuver le programme Aawp. Pour notre part, nous demeurons convaincus qu’avec les expertises, les expériences et les ressources dont nous disposons, doublées de la volonté et la détermination qui nous animent, le partenariat d’Abidjan sera la cheville ouvrière en matière de lutte contre le trafic illégal des espèces aquatiques en danger, menaces ou protégées en Afrique de l’Ouest, du Centre et du Sud. Permettez-moi avant de finir, d’adresser mes sincères remerciements à tous nos partenaires notamment Ocean Care et WaBicc, ainsi qu’à tous ceux qui n’ont ménagé aucun effort pour que le partenariat d’Abidjan voit le jour et que se tienne cette importante réunion

Par B. Mafoumgbé

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