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vendredi 17 mai 2024
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Bineswaree Bolaky( Cnuced): Investissements privés en Afrique

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Madame Bineswaree Bolaky( Cnuced) : «  Il faut aussi libérer le potentiel  du secteur privé en Afrique » Madame Bineswaree Bolaky( Cnuced) : « Il faut aussi libérer le potentiel du secteur privé en Afrique »

« Attention, à de nouveaux endettements… »

Du partenariat public privé( Ppp), en passant par la question de l’endettement des Etats africains, au rôle de la Femme dans le développement économique de l’Afrique, Bineswaree Bolaky, chargée d’affaires économiques à la Division de l’Afrique, des Pma et des programmes spéciaux à la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement(Cnuced) , en exclusivité s’ouvre à Lginfos

Comment le Partenariat public –privé( Ppp) peut-il contribuer à la mise en œuvre des Objectifs de développement( Od) en Afrique ?

Le partenariat public- privé, est une très bonne chose. Parce que l’Afrique a beaucoup d’objectifs de développement qui doivent être accomplis. Dans un tel contexte, la question du financement est une préoccupation majeure. Comment financer le développement ? L’endettement est inévitable en Afrique et Il faut diversifier les sources de financement sur le continent, pour mener à bien tous les projets. Dans ce sens, le Partenariat public –privé peut-être un nouveau modèle de financement. Cependant, il faut s’assurer que les Etats africains ne récoltent une dette supplémentaire. Parce que si les projets du secteur privé n’aboutissent pas, il y a un risque que les gouvernements qui se portent garants des investissements en question, peuvent s’endetter. Il faut donc être vigilant par rapport aux passifs éventuels qui peuvent contribuer à l’endettement des pays africains

Pouvez-vous revenir sur les investissements dans les Pays moins avancés( Pma) dans le secteur énergétique ?

En 2017, la Cnuced a publié un rapport Pma sur le thème : l’accès à l’énergie comme vecteur de transformation structurelle. Il est impératif que les pays africains développent leurs économies et les transforment. Aussi, ils doivent développer les secteurs à plus fortes productivités. Mais cela passe par un accès aux services énergétiques de qualité aux entreprises africaines. L’accès à l’énergie est primordial pour pouvoir développer les capacités productives en Afrique, développer les secteurs économiques et renforcer la compétitivité des Pme africaines.

Vous avez aussi parlé de transformation structurelle de l’économie. Quel rôle devrait y jouer la Femme africaine ?

La femme africaine est un atout pour l’économie de ce continent. Malheureusement, nous constatons que dans pas mal de pays, pas seulement en Afrique mais dans beaucoup de pays en développement, les femmes sont parfois confrontées à des difficultés particulières. Certains facteurs entravent leur pleine participation au processus de transformation structurelle. Par exemple, dans le milieu rural, il y a parfois des pratiques traditionnelles qui font que les femmes n’ont pas accès à la terre, aux ressources productives, aux crédits et aux intrants. Tout cela contribue à diminuer la productivité de la Femme en tant qu’acteur économique. Donc, il est impératif que les politiques impliquent davantage la Femme et donc le genre dans les politiques de développement.

Pendant combien de temps, les africains devraient continuer à agir en pourvoyeurs de Matières premières brutes ?

Je suis africaine de l’Ile Maurice et peut-être que ça été un bienfait de ne pas avoir de ressources naturelles. Mais ce pays s’en sort bien. A la Conférence des nations unies sur le commerce et le développement(Cnuced), ça fait des années et des années que nous tirons la sonnette d’alarme, sur le fait que l’Afrique ne devrait pas rester dépendante des exportations des Matières premières brutes. Il faut non seulement tisser des liens entre le secteur extractif mais aussi avec le secteur économique. Le Botswana est un très bon exemple en Afrique. C’est un pays qui a su bien gérer le secteur d’exploitation de diamant et qui a évolué dans la chaine des valeurs. En passant de l’exportation du diamant brut au développement de l’industrie local du diamant en un secteur de bijouterie sur place. Cela est un très bon exemple. Avec les ressources naturelles comme intrants, les pays africains peuvent progresser dans la mise en place des chaines de valeurs

La Côte d’Ivoire produit non seulement du cacao mais aussi du café, de la noix de cajou. Avec des faibles taux de transformation au plan local. Quels conseils pouvez-vous donner à un tel pays, pour accroitre ses taux de transformation ?

C’est d’utiliser ses ressources naturelles pour développer le secteur manufacturier. Par exemple avec le cacao, il faut passer à la fabrication du chocolat comme c’est le cas au Ghana, où l’accent est mis sur la production de chocolat local. En ce qui concerne, le coton, il faut passer à la fabrication de produits textiles (exemple du coton organique). Il y a beaucoup de secteurs où l’accent doit être mis sur la valorisation des ressources naturelles et du secteur extractif

Quel a été l’impact du terrorisme sur le développement du commerce au niveau de pays de l’Afrique de l’Ouest ( Mali, Burkina Faso) ces dernières années ?

Le développement du commerce ne peut se faire sans la sécurité. Ça été démontré dans des études. Pour développer par exemple le secteur touristique, il faut avoir un environnement sécuritaire stable. Pour attirer les Investissements directs étrangers( Ide), il faut avoir aussi un minimum de paix et de sécurité. L’Union Africaine doit sensibiliser les pays africains sur ce sujet. Mais aussi et surtout promouvoir la coopération régionale et le dialogue entre pays africains afin de maintenir la paix et la stabilité sur le continent africain.

Quel est le regard de la Cnuced sur les réformes en cours au niveau de l’Ua , notamment la zone économique de libre échange, la monnaie unique ?

L’intégration régionale est un moteur clé pour développer le continent africain. Nous pensons à la Cnudec que l’intégration régionale peut vraiment catalyser le processus de développement intégral en Afrique. Nous avons noté que le commerce intra-africain peut servir de tremplin pour le développement du secteur manufacturier local. A travers l’intégration régionale on peut mettre en place des projets régionaux pour améliorer les infrastructures. Bref, l’intégration régionale doit être une priorité. Elle doit bénéficier avant tout aux africains, aux entreprises africaines et non entreprises étrangères. Il faut certes signer des accords mais les mettre en œuvre d’une part, et d’autre part tout mettre en œuvre pour assurer des financements régionaux adéquats. Il faut aussi libérer le potentiel du secteur privé en Afrique

Pensez-vous qu’on pourra arriver à cette intégration régionale à brève échéance ?

Le grand défis, c’est la mise en œuvre. Aussi, il faut une véritable volonté politique à tous les niveaux, pour mettre en œuvre les accords et nous pensons que l’idée c’est d’avoir une Union Africaine qui pilote des grands projets de coopération régionale en Afrique. Nous pensons que ce modèle de coopération régionale peut se faire. Mais cela demandera beaucoup de volonté politique. Le secteur privé africain y a un grand rôle.

Vous avez parlé toute à l’heure dans votre exposé de tourisme médical ; en quoi ça consiste ?

Il consiste à attirer des étrangers à venir se faire soigner sur place. L’Ile Maurice et la Tunisie sont deux pays africains qui ont eu un certain degré de succès dans le développement du tourisme médical. Bien évidemment pour y réussir, il faut avoir de très bonnes infrastructures médicales, un personnel médical de haut niveau et qualifié. Dans le cas de la Tunisie, le gouvernement a fait de ce créneau, une priorité en mettant en œuvre une politique pour développer les infrastructures médicales. En ce qui concerne l’Ile Maurice, il y a eu certaine coopération avec l’Inde. Des hôpitaux indiens sont venus s’implanter dans ce pays. Ce afin d’aider ce dernier à se positionner comme un hub en termes de tourisme médical.

Avez-vous des exemples de pays africains qui ont émergé dans le domaine du Tourisme médical ?

Oui, moi – même je suis de l’Ile Maurice qui est un exemple parfait. Nous avons également les Seychelles, nous avons également le Rwanda qui est un exemple d’un pays qui veut développer le tourisme comme un produit d’exportation. C’est important de tirer les bonnes leçons des expériences des autres. Le tourisme est un secteur qui peut favoriser le développement de liens intersectoriels ; c’est-à-dire qu’à travers le tourisme, on peut aussi développer le secteur agricole, développer les infrastructures et le secteur des services. Bref, c’est un créneau à exploiter. Mais, il faut viser un développement du tourisme qui soit diversifié en essayant d’offrir un produit touristique sophistiqué et surtout éviter un tourisme de masse.

Interview réalisée à Génève(Suisse),par Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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