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vendredi 17 mai 2024
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Sem Eloi Laourou( Amb. du Benin à Omc ):Négociations sur le coton et la pêche à l’Omc « Nous avons négocié et obtenu des résultats.»

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Sem Eloi Laourou : «   Nous devons  tirer grand profit de l’économie numérique(…) » Sem Eloi Laourou : « Nous devons tirer grand profit de l’économie numérique(…) »

Des négociations sur la subvention coton, en passant par celle portant sur la pêche ,à l’avenir de l’Afrique dans le Commerce international, Son excellence monsieur Eloi Laourou, ambassadeur du Benin à l’Organisation mondiale du Commerce( Omc) et président de l’Organe d’examen des politiques fait le point des négociations

 

Quel est rôle d’un négociateur à l’Organisation mondiale du Commerce( Omc) ?

Le Négociateur à l’Organisation mondiale du commerce( Omc) porte la parole de son pays. Il est présent dans les travaux de négociation et il interagit avec les autres partenaires dans la négociation. Egalement, le négociateur doit faire en sorte que les préoccupations, les intérêts et les attentes de son gouvernement et des autres membres de son Groupe régional, par exemple l’Afrique ou de son Groupe d’intérêt, les Pays moins avancés( Pma) soient pris en compte au tant que faire se peut. C’est un rôle important et noble. Parce que quand vous négociez, vous avez à l’esprit la situation de millions de personnes derrière vous restées au pays.

Vous êtes du Benin qui est membres du Groupe Coton IV constitué du Mali, Benin Tchad, du Mali et du Burkina Faso. Comment se portent les filières cotonnières dans ces pays- là ?

C’est aussi un point important dans la négociation. Car cette spéculation est dans la négociation. Le coton est depuis plusieurs années porté par le Benin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad. Ce ne sont pas que ces pays qui produisent le coton, mais 36 pays africains dont la Côte d’Ivoire qui produisent le coton sur le continent africain. La question a été soulevée pour la première fois en mai 2003. Nous sommes aujourd’hui en mai2018, cela fait 15 ans bien comptés. Nous avons négocié et nous avons obtenu des résultats. Mais le pilier ou la dimension que nous avons voulue traité en profondeur, ce pilier-là n’ a pas encore eu de réponse. Cela demande de l’effort et de la patience. Parce que les négociations commerciales prennent souvent du temps. Car, ce sont des intérêts économiques énormes croisés que nous traitons.

Concrètement, quels sont les résultats que vous avez obtenus depuis mai 2003 ?

Nous avons le pilier qu’appelle ‘ accès au marché’. C’est-à-dire ce qui touche aux tarifs, aux droits de douanes et autres mesures. Nous avons pu obtenir l’accord de l’ensemble des membres de l’Omc que le coton produits par les Pays moins avancés( Pma) soit exportés sans droit de douanes et sans limitation de quantité sur les marchés internationaux à la fois de pays développés et de pays en développement. C’est ce qu’on appelle dans le jargon de l’Omc, « accès en franchise de droits et sans contingent ». Le deuxième pilier, c’est le pilier « concurrence à l’exportation ». A Nairobi au Keynia en décembre 2015, nous avons eu la deuxième bonne réponse. Que, les financements qui sont accordés par les grands pays à leurs exportateurs de fibres de coton sur le marché international concurrençant celles exportées par ces quatre pays ( Coton IV) et d’autres pays moins avancés, soient arrêtés automatiquement à partir du 1er 2016. Sous la dimension dite développement qui porte sur l’amélioration de la production et la transformation du coton, nous avons eu l’accompagnement des partenaires, pour avoir des ressources et les expertises, pour avancer dans nos efforts. Voilà les résultats d’étape. Mais le troisième pilier appelé ‘aspect commercial’ et pilier soutien interne, c’est-à-dire les financements énormes et massifs accordés énormes aux producteurs des pays développés, les Usa, certains pays de l’Union Européenne( Ue) et certains pays asiatiques, nous demandons que ces financements soient réduits de façon substantielle, en vue de l’élimination dans un délais donné . C’est cela le point d’achoppement et de résistance. Mais en tant que négociateur, nous sommes persuadés qu’à termes, nous obtiendrons du concret.

Excellence, il n’y a pas que le coton, les négociations coincent aussi sur la subvention à accorder à la pêche. A ce niveau qu’avez-vous obtenu concrètement ?

Nous avons travaillé dure avant d’aller à Buenos Aires en décembre 2017. Ce afin que, les subventions qui sont accordées aux activités de pêches qui soient des subventions qui ne soient pas conformes aux règles et pratiques en matière d’ échanges de bien dont fait partie la pêche, que ces financements- là prennent fin à terme. Pour que le marché international de la pêche soit un marché équitable. La décision prise à Buenos Aires a souligné l’engagement des membres à travailler en vue de parvenir dans un délai donné à ces résultats. Mais nous n’avons pas eu ces résultats. La décision n’ a pas couvert tous les aspects pour parvenir à ceux-ci. Mais l’engagement moral et juridique d’aller vers cela a été manifesté.

Excellence, quel est l’avenir de l’Afrique dans le commerce mondial ?

Aujourd’hui, nous avons des difficultés dans le commerce international. Aussi bien par rapport à la présence de nos produits que de nos services sur le marché international. Toutefois, l’avenir est prometteur. Parce que nous nous sommes engagés individuellement, collectivement au niveau de l’Afrique et des Communautés économiques régionales, à obtenir des résultats plus importants. C’est bien l’objet de la présence des négociateurs et des efforts concertés que nous faisons avec la Commission de l’Union africaine et avec nos autorités dans les régions et les pays. Nous sommes déterminés à faire changer les choses. (…) Il ne faut pas être fatalistes et baisser les bras. L’activité dans le domaine de l’économie numérique, au lieu de considérer cela comme un épouvantail, nous devons capter le potentiel et les opportunités qui s’offrent à nous. Parce qu’il s’agit d’utiliser les moyens plus actuel pour nous connecter au marché international. Faire savoir que dans tel village du Benin ou de la Côte d’Ivoire, il y a ce produit de qualité à prix intéressants qu’on peut exporter aux fins de la Chine ou du Canada. Organiser non seulement la chaine mais aussi les inter- actions pour que nous puissions tirer avantages de nos efforts(…) Que la pauvre Dame du fin de la République Démocratique du Congo( Rdc) ou du Mali puisse avoir le retour sur effort et que la communauté locale puisse toucher du doigt, les réalités d’aujourd’hui, en termes de mise en relation sur le marché international.( voir encadré)

Avec toujours des noix brutes de cajou ou de coco comme produits d’exportation ?

Là également, il y a l’engagement au niveau de nos pays, des gouvernants et des services techniques d’améliorer les choses. En produisant en quantité mais en qualité. Bien évidemment en y ajoutant de la valeur. Quand vous prenez par exemple la noix d’acajou, c’est un produit important pour nos pays, en termes de part de contribution au Produit intérieur brut( Pib) et en termes de dérivés à tirer de cela. Nous mangeons de l’amande d’acajou et nous jetons la pomme. Lorsque nous nous faisons cuir la noix pour en extraire l’amande, nous jetons la coque or celle-ci contient une huile très importante dans l’aéronautique, comme lubrifiant. Malheureusement, cette particule est jetée dans la Nature. Nous devons encourager la recherche et innover depuis nos écoles, en passant par les instituts de cherches jusqu’ à nos usines de transformation. Nous devons pouvoir tirer profits de ce que la Nature nous offre.

Interview réalisée à Genève( Suisse) par Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Légende photo : Sem Eloi Laourou : « Nous devons tirer grand profit de l’économie numérique(…) »

 

Encadré : Agriculture et commerce

L’Avenir de l’Afrique vue par des experts

Dans quelques années, le continent africain sera le grenier du monde entier. Les pays africains ont donc un grand intérêt dans l’Agriculture. Selon les économistes et les businessmen qui opèrent dans le domaine de l’agroalimentaire, « ceux qui maitriseront la nourriture, domineront le monde. Actuellement, il y a des mesures prises par les grands pays qui créent des distorsions sur le marché international et qui pénalisent les pays moins avancés (Pma). (un Pma, selon la définition de l’Organisation des nations unies Onu, se caractérise par un faible poids économique, son développement faible et sa vulnérabilité). Un accord sur l’Agriculture a été mis en place et cela devait, normalement, bénéficier le plus aux pays en voie de développement un meilleur accès aux marchés et des exportations plus importantes vers les pays développés » explique Aileen Kwa du programme de commerce pour le développement, Centre Sud de l’Omc. Qui exposait sur le thème : « Négociations sur l’agriculture » dans le cadre d’un séminaire international regroupant les journalistes de l’espace francophone en charge des questions économiques. C’était du 23 au 27 Avril 2018 au siège de l’Omc à Génève( Suisse) . Ce à l’initiative de la Fondation Friedrich Ebert Stiftung. Malheureusement, ajoute notre personne ressource, « Après cinq années de mise en œuvre, les opportunités d'accès au marché attendues ne se sont pas matérialisées et bien au-delà de toutes attentes, il y a eu plus d'exportations des pays développés vers les marchés des pays en voie de développement. La Fao, de son côté, a noté que les importations de produits alimentaires en provenance des pays en voie de développement augmentaient rapidement dans la plupart des études de cas. Pour la volaille du Cameroun, par exemple, les importations de volaille ont augmenté de près de 300% entre 1999 et 2004 » Avec comme conséquence, l’abandon par près de 92% d’aviculteur de leurs activités. Pendant que 110 000 emplois ruraux massifs ont été perdus chaque année 1994 à 2003. Les subventions dans le domaine de l’agriculture ont certes augmentées la production des pays développés mais ont supprimés et sont encore en train de supprimer des emplois dans les Pays moins avancés considérés encore comme pays en voie de développement. Par ailleurs en 2015, fait remarquer notre interlocutrice, « les pays membres de l’Omc ont décidé de supprimer les subventions à l’exportation de produits agricoles et d’établir des règles pour les autres formes de soutien à l’exportation de produits agricoles. Toutefois, les Pays moins avancés doivent négocier davantage de ces soutiens » Il est à rappeler qu’au début des années 60, le continent africain participait à hauteur de 14 % au commerce mondial, alors que sa population représentait à peine 9 % de la population mondiale. En 2013, sa part dans les échanges mondiaux a chuté à 4 % alors que son poids démographique atteignait les 14 %. Au cours des deux dernières décennies, la part de l’Afrique subsaharienne par exemple, dans les échanges mondiaux a diminué de moitié alors que ses importations de céréales ont été multipliées par trois et que sa dette totale a été multipliée par vingt. Dans un tel contexte, quelle pourrait être le rôle du Cadre intégré renforcé dans l’accès à l’aide pour le commerce aux profits des Pma ?

Aide pour le commerce et les Pma

Daria Shatckova, Chargée de programmes à Organisation Mondiale du Commerce,( Omc) croit en savoir davantage quand elle dit : « Dénommé au départ cadre intégré depuis les accords de Brettons woods, la création du Cir remonte en 1997. Mais l’échec enregistré a poussé l’équipe du cadre intégré à en faire un cadre intégré renforcé (Cir) en 2006. Moteur de croissance, de développement durable et de réduction de la pauvreté. Le cadre intégré renforcé demeure le seul partenariat multilatéral destiné exclusivement à aider les pays les moins avancés (Pma) » Le Cir regroupe 51 pays, 24 donateurs et 8 organisations partenaires qui collaborent étroitement avec les gouvernements, les organisations de développement, la société civile et les milieux universitaires. Si les donateurs apportent les financements, les organisations internationales apportent l’expertise technique, les Pma prennent en charge le programme sur le terrain, le Cir pour sa part, analyse les obstacles auxquels se heurtent les Pma. « Le résultat de cette analyse appelée matrice des actions, est composée entre autres de l’examen des politiques, des institutions, des infrastructures, et des secteurs ayant un potentiel d’exportation. Des actions prioritaires qui servent de base pour développer le potentiel commercial. Elle est aussi utilisée par les partenaires internationaux pour coordonner leur soutien technique et financier. Le Cir aide ainsi les Pma à faire des produits prêts à être exportés, facilite les échanges transfrontaliers, et à rejoindre des marchés encore inexploités. L’Afrique capte ainsi 68% des investissements du Cir, l’Amérique 1% ; le Pacifique 10% et l’Asie 21%. Ces investissements vont vers l’agriculture, la pêche, le tourisme, les industries textiles, cuirs et produits similaires, les services et institution de soutien commerciaux, la production industrielle de récolte, la facilitation du commerce, la politique commerciale et la gestion administrative et les normes » Nous a-t-elle indiqué. A noter que les 13 et 14 juin 2018, se tiendra à Genève, un forum mondial sur le commerce inclusif pour les Pma. Il sera question de plénières de haut niveau, d’évènements de réseautage et de partage d’expériences susceptibles de rendre audible la voix des Pma en Afrique et ailleurs.

B. Mafoumgbé

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