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vendredi 17 mai 2024
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Commerce/Risque d’une guerre commerciale entre des acteurs majeurs: Les inquiétudes du Dg de l’Omc

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 Roberto Azevedo, Directeur général de l’Omc et les journalistes africains de l’espace francophone    Roberto Azevedo, Directeur général de l’Omc et les journalistes africains de l’espace francophone  

« En 2017, le commerce a augmenté de 4,7%. Il s'agit là du taux d'expansion le plus rapide que nous ayons enregistré depuis 2011, quand l'économie mondiale sortait de la crise financière. Ces bons résultats sont en grande partie attribuables à des facteurs conjoncturels, comme l’ accélération de la croissance du Pib réel mondial. Nos prévisions pour 2018 et 2019 sont également positives. En 2018, nous estimons que le commerce de marchandises augmentera de 4,4%. En 2019, la croissance devrait être de l'ordre de 4,0%. C'est une bonne nouvelle. Toutefois, des risques majeurs subsistent. Ils pourraient facilement compromettre toute reprise du commerce, notamment les tensions observées entre certains partenaires commerciaux » C’est propos sont de Roberto Azevedo, Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce( Omc). C’était le lundi 23 avril 2018, à l’occasion de la conférence inaugurale du séminaire dont le thème principal est : « Les nouveaux défis du commerce international » , organisé par le bureau de la Fondation Friedrich Ebert (Fes) et la Division de l'information et des relations extérieures de l’Organisation Mondiale du Commerce (Omc) à Genève. Pour le patron de l’Omc, qui a dit qu’il rentrait à Washington, n’ a pas manqué de se prononcer sur les conséquences d’une guerre commerciale dont les ingrédients politiques sont en train de se mettre en place quand il dit : « Une rupture des relations commerciales entre des acteurs majeurs aurait de graves conséquences pour nous tous. Dans une économie interconnectée, ces effets auraient une ampleur mondiale, allant bien au-delà des pays directement concernés. Les pays pauvres seraient ceux qui auraient le plus à perdre » Car selon Roberto Azevedo, « Les petites économies n'ont pas assez de sources de demande intérieure, et doivent faire du commerce pour se développer. Dans de nombreuses économies de ce type, quatre emplois sur dix sont liés aux exportations. Nous devons donc faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter une nouvelle escalade. J'ai exhorté les membres de l'Omc à prendre toutes les mesures possibles pour éviter de s'engager dans cette voie. Je reviens tout juste des États Unis, où j'ai rencontré quelques parlementaires et membres de l'administration et entendu ses préoccupations » Mais que peut l’Omc dans un tel contexte où Chinois et américains se bandent les muscles ? A cette préoccupation des séminaristes, citer le nom de ces pays, il a dit dans son bref discours : « L'Omc a ici un rôle important à jouer. L'Organisation a été créée comme une instance de dialogue, pour aider les membres à résoudre leurs différends commerciaux d'une manière transparente et prévisible (…) Elle s'est acquittée de ce rôle de manière très efficace durant de nombreuses années. En fait, je dirais que, sans l'Omc, nous serions déjà engagés dans une guerre commerciale. Nous continuerons donc à œuvrer en faveur du renforcement et du maintien du système commercial multilatéral. Il s'agit d'un effort continu. Et une partie importante de ce travail consiste à mettre en œuvre de nouvelles réformes du commerce mondial. »

Des actions majeures depuis 2003

Lors des Conférences ministérielles de Bali( Indonésie) en 2013 et de Nairobi en 2015, cette organisation a montré que des résultats significatifs peuvent être obtenus à l'Omc. Surtout que les membres sont parvenus à des résultats majeurs. Citons l’accord sur la facilitation des échanges, l’Accord sur la facilitation des échanges d’une part, et la décision de supprimer les subventions aux exportations de produits agricoles d’autre part. ( voir encadré 1). Par ailleurs, une série de décisions visant à aider les Pays Moins avancés ( Pma) à faire du commerce et l'expansion de l'Accord sur les technologies de l'information. Pour le patron de l’Omc, « Il s'agit là d'accords parmi les plus importants qui aient été conclus depuis une génération. Et ils auront un impact économique réel. L'Accord sur la facilitation des échanges pourrait à lui seul réduire les coûts du commerce mondial de 14,3%. La dernière étape de ce voyage a été notre Conférence ministérielle tenue à Buenos Aires en décembre de l'année dernière. Les membres ne sont pas parvenus cette fois-là à des accords définitifs substantiels, mais il y a eu des éléments positifs que nous devons exploiter » Aussi, commentant les différents travaux qui ont eu lieu à l’Omc, il ajoute que force est de constater que ceux-ci bénéficiaient « d’un soutien politique au plus haut niveau. Les ministres ont également adopté un certain nombre de mesures à Buenos Aires, obtenant notamment d'importantes avancées en matière de subventions à la pêche » Non sans révéler que : « les membres se sont également engagés à poursuivre les négociations sur toutes les questions. Cela inclut les questions de longue date de Doha, dont beaucoup présente un grand intérêt pour nos Membres africains. Nous continuerons donc à travailler, et je vais encourager les Membres à trouver de nouvelles perspectives qui pourraient nous aider à faire avancer les travaux » Il convient d’ajouter qu’ À Buenos Aires(Argentine) des groupes de membres ont aussi proposé d'autres sujets de discussion qu'ils considèrent comme économiquement importants et urgents. Pendant qu’ un groupe de 71 Membres de l'Omc a lancé des travaux sur le commerce électronique. Fait aussi majeur, un autre groupe de 70 membres a lancé des travaux sur la facilitation de l'investissement. Un groupe de 87 Membres a lancé des travaux sur la réduction des obstacles qui empêchent les Mpme de commercer. Justement parlant de tous ces groupes qui sont à la tâche, Roberto Azevedo parlant de l’Afrique précise : « Tous ces groupes sont très divers. Ils comprennent des Pme, des pays en développement et des pays développés et représentent tous les continents.(…) Il s'agit là de questions d'importance économique pour nos membres, parmi eux les africains. Il y a quelques années, j'ai lu une étude très frappante du Pew Research Centre. Elle constatait que, de toutes les régions, c'était en Afrique que l'opinion publique était la plus favorable au commerce. Et cela ressort de mes conversations avec les ministres. Et, nous nous rendons bien compte des gros efforts fournis par l'Afrique pour faciliter le commerce à l'échelle du continent tout entier » Toujours parlant du continent africain dont les pays attendent beaucoup des négociations en cours, et de la Zone de libre- échange continental africaine il a dit que cet « accord encouragera la circulation des biens et des services entre les nations de l'Union africaine, plaçant le commerce au cœur de sa stratégie de croissance et de développement. J'apporte tout mon soutien à ces travaux et je pense que, là encore, l'Omc joue un rôle essentiel. L'Omc fournit la plateforme sur laquelle ces blocs régionaux s'édifient. Nous nous efforcerons donc d'appuyer cet effort en vue d'une plus grande intégration économique en Afrique » Terminant M. Azevedo a dit compter sur les journalistes africains pour expliquer et vulgariser ce qui se fait à l’Omc( voir encadré 2)

Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser., envoyé spécial à Genève( Suisse)

Encadré 1 : La Chine, les Usa , l’Ue, l’Afrique et les subventions aux agriculteurs

Selon les experts de l’Organisation mondiale du commerce(Omc), s’il y a un pays qui utilise le plus de subventions sur le coton, c’est bien la Chine ( Nous disons bien sur le coton). Avec 5 milliards de dollars soit plus de 2500 milliards de Fcfa aux profits de 800 millions de fermiers chinois. La Chine selon les indices de la Banque mondiale, « est un pays en voie de développement » Soit ! Mais pour les chinois, « leur pays a fait un développement remarquable où plus de 500 millions de personnes ont été sorties de l’extrême pauvreté selon les Objectifs de Développement durable( Odd) » Par ailleurs au niveau des Etats unies d’Amérique ( Usa), pour éviter les effets de distorsions au niveau de l’agriculture, injectent 19 milliards de dollars soit 9500 milliards de Fcfa dans son agriculture contre 70 milliards d’Euros soit 45850 milliards de Fcfa. Et les agriculteurs africains ? En ce qui concerne l’Afrique, les négociations sur le coton à l’Omc, datent de 2003 à l’initiative des pays comme le Burkina Faso, du Tchad et du Mali entre autres. Des pays africains comme le Burkina faso sont contre la subvention que le gouvernement américain octroi à ses cotonculteurs, sous le prétexte qui cela rend moins compétitif le coton Burkinabé. Sur ce point, « nous sommes au stade de solutions transitoires et nous sommes en 2017 négociations » ajoutent des experts. Aussi, que retenir de concret depuis l’ouverture du fameux cycle de Doha qui a commencé depuis 2001 ? A cette interrogation, la réponse est sans ambages. « Depuis 2001, nous sommes dans le cycle Doha. Cela fait donc 17ans et nous ne sommes pas encore arrivés à un accord global. Nous sommes dans une période de transition. Le Cycle de Doha n’est pas mort mais il est en danger. Les questions sont importantes pour tous. Le Cycle de Doha pour certain doit être complet avant qu’on ne commence avec les questions relatives au commerce électronique. Nous avons 90 membres avec 8ou 9 propositions. En ce qui concerne la question relative à la subvention à la pêche, tous les membres ne sont pas décidés à y participer pour le moment » nous a indiqué Keith Rockwell, porte-parole et directeur de la Division de de l’information et des relations extérieures à l’Omc. A quoi les Etats d’Afrique, caraïbe et du Pacifique( Acp) devraient s’attendre d’ici 2020,dans un environ où l’Omc qui n’ pas ni police ni armée ne peut contraindre un membre, mais offre une platte-forme pour l’engagement des pays au dialogue ?

Bamba M. à Génève( Suisse)

Encadré2 : Le méssage du Dg de l’Omc à la presse africaine

« Je suis heureux de vous rencontrer aujourd'hui. Je vous félicite de votre intérêt pour le commerce et l'Omc. C'est formidable. Je vois que vous avez un programme très chargé cette semaine. J'espère que ce dialogue vous aidera à mieux comprendre le système commercial et les travaux de l'Omc. Et j'espère qu'il vous aidera également, de retour chez vous, à informer vos lecteurs sur le travail que nous faisons ici et sur l'impact qu'il a dans vos pays. Ce rapprochement est très important. Permettez- moi donc de remercier nos amis de la Fes et le Secrétariat pour leur soutien et travail pour organiser ce séminaire. Celui-ci est un moment très intéressant en ce qui concerne le commerce mondial »

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