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vendredi 17 mai 2024
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M.Bakayoko Metogra(ex-Dga du Bnetd): Lutte contre les incendies des marchés « Il faut rendre les organes de protections accessibles»

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 Bakayoko Metogra,( ex- Dga du Bnetd) : «  il faut que chaque commerçant aie  son compteur électrique »  Bakayoko Metogra,( ex- Dga du Bnetd) : « il faut que chaque commerçant aie son compteur électrique »

La problématique des incendies des marchés reste une préoccupation majeure en Côte d’Ivoire. Décideurs, politiques et autres experts essaient de trouver une solution à ce phénomène qui n’est pas une fatalité. Bakayoko Métogra, ancien directeur général adjoint du Bureau national d’études techniques et de développement( Bnetd) ayant participé la construction de plusieurs marchés et édifices publics, en exclusivité donne sa recette.

Pourquoi selon vous nos marchés brulent ?

Je voudrais pour répondre à votre question, partir d’exemples précis. Sur le grand marché d’Abobo, le noyau de bâtiment du principal construit en son temps est débordé. Aujourd’hui, vous êtes peut-être à cent mètres. Les voitures ne peuvent pas même arriver au niveau des bouches d’incendie qui avaient été installées. Tout est inaccessibles. L’anarchie dans l’occupation fait que qu’il n’ y a aucun couloir d’aménagement pour les sapeurs- pompiers et les véhicules de de services. C’est pareil sur tous nos marchés. Ce n’est pas seulement au marché d’Abobo. Quand vous prenez l’ancien marché de Treich ville à côté de maison du parti, qui a été construit en son temps par la Setao et la Sicogi avec le respect de toutes normes. Mais quand vous y allé ce jour, même si les installations existent, il n’y a pas d’entretien donc c’est innopérationnnel. Ce n’est même pas évident qu’un marché comme celui de Treich ville qui a mis du temps pour être occupé, peut – être. Mais ce n’est pas évident. Dans un tel environnement, en cas de court-circuit, un feu est vite déclaré et il est difficile d’intervenir rapidement pour maitriser un incendie.

Voulez-vous disculper les maires et les opérateurs économiques qui construisent les marchés depuis quelque temps ?

Non. Il y a deux sinon trois facteurs à l’origine de l’anarchie et le désordre sur nos marchés. Nous avons entre autres, l’incivisme de la population qui veut à tout prix s’installer. Quand vous prenez les personnes qui occupent ces lieux, elles disent que nous n’avons rien affaire, c’est ici que nous nous débrouillons. Donc, elles viennent et s’installent contre vents et marée. Aussi, en ce qui concerne les maires, on a beau faire les opérations de déguerpissements, après c’est eux-mêmes qui favorisent le retour des commerçants. Ces derniers reçoivent la part de la mairie, des tickets alors qu’ils occupent illégalement des espaces. Là ou en principe, on devrait les chasser. Dès l’instant qu’ils payent un ticket, ils se croient en droit de rester là. Il y a cette duplicité des maires qui font que les opérations de déguerpissement ne marchent pas. Sur 90% des voies qui avaient été dégagés à l’époque par la ministre Ouloto sont réoccupés aujourd’hui.

A qui la faute selon vous ?

Les mairies et les populations. Les populations, parce que comme il n’y a pas de sanction en matière d’occupation illégale des espaces, elles reviennent toujours. Or s’il y avait des sanctions ou des mesures dissuasives, elles ne reviendraient pas. Au niveau des mairies, nous assistons à une course à la collecte des taxes. Même la nuit sur les marchés de nuits, les agents émettent des tickets sans dire à l’occupant de quitter.

Etes-vous pour qu’on ferme par exemple une semaine sur deux les marchés afin de procéder à des nettoyages ?

C’est possible, mais avec le système de fonctionnement actuel de nos marchés, je ne sais pas comment, nous y arriverons. Etant donné que les marché fonctionnent 24 sur 24 ou tout au moins 20 sur 24. Dans les années 1970 quand nous étions au marché, tous les marchés d’Abidjan fermaient à 15 heures. Une équipe dédiée venait procéder à un nettoyage en procédant à l’enlèvement de toutes les ordures. Le lendemain, on venait trouver les lieux propres et très agréables. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Donc, il faut un peu de discipline à ce niveau, pour permettre d’enlever ces bouts de papiers et plastiques qui participent souvent la propagation du feu. Ça va être difficile avec le phénomène des marchés de nuit qui ferment souvent à 23 heures. Il y a toute une réflexion à mener. On peut organiser un séminaire de réflexion avec les associations de commerçants, faire une sensibilisation pour que chacun y voit non seulement l’enjeu mais aussi pour que les commerçants comprennent que la sécurité et l’hygiène sur les marchés, c’est d’abord et avant tout, dans leurs intérêts. Un marché qui brule, ce sont des milliards de Fcfa qui vont en fumée. Il y a des commerçants qui gardent leur argent au marché sous les étalages. Des commerçants y perdent souvent de grande quantité de marchandises d’une valeur de dix millions par exemple, prise parfois à crédit chez des grossistes. Quand vous avez dans un tel cas de figure de milliers sinistrés après un incendie, faites un peu le calcule et vous verrez que les conséquences sont désastreuses pour les commerçants et leurs fournisseurs.

Le Bnetd en tant que Cabinet- Conseil de l’Etat de Côte d’Ivoire et autres groupements d’intérêts en Côte d’Ivoire a - t-il réalisé une étude pour évaluer les conséquences des incendies des marchés ?

Il n’y a jamais d’évaluation à ce niveau. Pour la simple raison qu’aucun commerçant ne dispose d’un livre comptable à jour. Pour faire une évaluation pour savoir ce que l’Etat ou le commerçant a perdu, il aurait fallu d’avance savoir ce que commerçant avait en stock ou ce qu’il a vendu. Ce qui n’est pas le cas. Ils sont même gênés souvent de dire qu’ils avaient des millions dans leur magasin qui a pris feu.

Une modernisation du commerce en Côte d’Ivoire devrait véritable passer une professionnalisation des acteurs avec une carte professionnelle sécurisé, très fiable et registre de commerce ?( voir encadré)

Pour y arriver, il faut d’abord et avant tout une sensibilisation. Qu’on soit professionnel ou pas, nos mamans se débrouillent bien. La sensibilisation devrait porter sur le fait qu’ils doivent exercer dans un cadre légal et sécurisé qui consolide leurs intérêts eux-mêmes. Nous professionnels quand nous regardons les installations, dire que y a pas le feu, c’est ça qui nous surprend.

Les espaces qui accueillent le grand public en Côte d’Ivoire, vu d’expert. Pouvez-vous dire qu’ils sont construits selon les normes de sûreté et de sécurité en vigueur ?

N’ayant pas participé à la construction de ces grands centres commerciaux, je ne peux en dire plus. Toutefois, étant donné qu’ils sont l’émanation de groupes basés en Europe où les normes sont strictement respectées, nous pouvons dire Dieu merci. Car depuis la Galérie Lafayette, en passant par Cap Sud, Cap Nord à Playce, nous n’avons pas encore d’incendie. Si vous visitez ces sites en question, vous noterez la présence des équipes formées pour faire les premières interventions avant que les pompiers n’arrivent en cas d’incendie. En plus, on y trouve des systèmes de lutte contre les incendies avec des extincteurs et autres systèmes de désenfumage. C’est un minimum que ces groupes- là intègrent dans leurs dispositifs.

Avec la communalisation, l’Etat a décidé d’installer dans nos régions des unités de sapeur-pompiers. Est-ce que c’est la solution selon vous ?

Le sapeur-pompier n’intervient que quand il y a le feu. Il intervient à postériori. C’est comme le médecin, vous faites la vaccination pour ne pas tomber malade. En matière de sécurité, nous avons déjà prévention, la protection avant d’arriver à l’extinction du sinistre. Quand on construit les grands immeubles ou les marchés, on commence par la protection incendie avec les détecteurs d’incendies, les bouches d’incendie et les colonnes d’eau humide pour qu’en cas de détection d’un feu, une sirène retentisse (…). Avec les Tics, à partir d’un tableau, vous pouvez localiser le départ du feu. Du coup, on va attaquer le feu à la source pour maitriser le feu avant qu’une équipe de sapeur-pompier n’arrive.(…) Ce qui s’est passé pendant longtemps c’est Abidjan qu’il y avait des sapeur- pompiers. Par la suite, nous avons enregistré l’installation de la caserne de Bouaké et Yamoussoukro. Imaginez à l’époque un incendie à Yamoussoukro. Il peut-être parcourir plus de cent km en partant de Bouaké pour venir intervenir à Yamoussoukro. Pour arriver plus d’une heure après et le feu aura tout consumer. Heureusement depuis quelques années, nous enregistrons l’installation de certaines d’unités dans plusieurs villes. C’est bien mais il faut les équiper davantage.

Les commerçants disent que ce sont les maires qui mettent le feu pour pouvoir les dégager et donner la reconstruction du marché à un autre opérateur. Votre commentaire ?

Ça c’est un débat. Il n’y a pas de fumée sans feu.(…)

En tant qu’expert du Bnetd est-ce qu’il ne serait pas bon d’associer et le Bnetd et le Groupement des sapeurs –pompiers militaires à la reconstruction des marchés incendiés et les nouveaux marchés à construire ?

C’est pour tout ça que Feu le Président Félix Houphouët avait la Direction du Contrôle des grands travaux( Dcgtx). Qui est devenu par la suite le Bureau national d’étude technique et de développement, (Bnetd) sous le Président Bedié. C’est là que vous trouvez l’intelligentsia ivoirienne dans tous les domaines. Ce sont des gens qui travaillent avec une certaine intégrité. Faire ce genre d’investissement (immeubles, marchés et hypermarchés) sans y associer le Bnetd est une erreur. Ça ne coûte rien de payer les experts de cette structure pour s’assurer du minimum. Vous voyez bien que tout ce qui est grand travaux en Côte d’Ivoire, quand on dit Bnetd, la population est mis en confiance.(…) Quand vous faites des travaux autant vous payez ou l’architecte pour faire les plans et une entreprise pour construire, autant , vous payez le bureau de contrôle dont le travail est à deux niveaux : le contrôle pour la construction et la normalisation des risques incendies. En refusant de payer 2 ou 3% du coût global du contrôle, à la fin vous avez vos investissements dont la valeur peut-être chiffré à 500 millions ou 1 milliard de Fcfa qui s’écroulent. Simplement pour avoir refusé de payer cinquante millions de Fcfa. De la solidité, il y va de la garantie de votre édifice.

Vous avez participé à la construction de plusieurs marchés qui existent encore. Ces édifices-là tiennent t-ils ? Faut-il craindre qu’ils s’écroulent un jour ?

Les structures tiennent. Allez voir le marché de Belleville ( Treich ville) ou le marché de Marcory. Vous verrez que l’édifice de base tient mais que c’est l’environnement qui est dégradé. Sinon personne n’a vu une tôle partir lors des tornades. En bâtiment, au bout de vingt ans, il faut une réhabilitation. On peut le faire progressivement. Mais il faut rendre les organes de protection accessibles et revoir le système de protection pour qu’on puisse mettre les extincteurs et au tant que faire se peut, se débarrasser des installations en plastique que nous trouvons partout dans les marchés. Il faut arriver à construire en dure et pourquoi pas, construire des box métalliques. De concert avec la compagnie ivoirienne d’électricité( Cie), il faut que chaque commerçant aie son compteur électrique. Il faut finir avec les branchements anarchiques. Car la pluparts des incendies ont pour origine un court-circuit. Les mairies doivent tout mettre en œuvre pour avoir des équipes de sécurités bien équipées

Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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