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vendredi 10 mai 2024
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Sécurité alimentaire en Côte d’Ivoire: la Côte d’Ivoire sur le long chemin de l’élimination de la faim

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M. Graziano Da Silva, le Directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture( Fao) : « Les données nécessaires pour la réalisation des Odd dépassent de loin les capacités actuelles de la plupart des systèmes statistiques nationaux » M. Graziano Da Silva, le Directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture( Fao) : « Les données nécessaires pour la réalisation des Odd dépassent de loin les capacités actuelles de la plupart des systèmes statistiques nationaux »

La Côte d’Ivoire pays à vocation essentiellement agricole vise à atteindre un objectif de faim zéro d’ici 2030. Elle a pris officiellement l’engagement devant partenaires du Système des Nations unies( Snu), partenaires financiers et acteurs du monde rural. Mais peut-elle atteindre cet objectif sans encombre ? Dossier.

 

La Côte d’Ivoire dispose aujourd’hui de fondement solide pour assurer la lutte contre la faim et la malnutrition. En procédant début février 2018 au lancement de la feuille de route, les autorités ivoiriennes, ont embouché sur le même refrain. La Côte d’Ivoire a procédé au lancement de “Faim zéro” d’ici 2030. Une feuille de route du gouvernement visant à éliminer la faim et la malnutrition en Côte d’Ivoire où le taux de prévalence pour l’insécurité alimentaire est évalué à 12,8%. Mais que dit et prévoit feuille de route ? « La feuille de route prévoit l’élimination d’ici 2030 de la faim et faire en sorte que chacun, en particulier les pauvres et les personnes en situation vulnérable, y compris les nourrissons aient accès toute l’année à une alimentation saine, nutritive et suffisante(…) La méthodologie combine trois approches, une revue documentaire, une collecte de données secondaires et qualitatives et une analyse des données en sept étapes allant de la validation de l’approche méthodologique à la soumission de l’examen stratégique « faim zéro » indique une note remise à la presse, à l’occasion de la cérémonie de lancement qui a eu lieu à Abidjan. ( Voir encadré). Pour Daniel Kablan Duncan, le Vice-président ivoirien qui a présidé le lancement de cette feuille de route, a dit que « celle-ci n’est pas une nouvelle stratégie qui vient s’ajouter mais elle doit être perçue comme une boussole et un instrument de mise en œuvre efficace de l’ensemble des actions gouvernementales concourant à la réalisation des Objectifs de développement durables (Omd) » Mieux, il a ajouté que d’ici à 2030, le gouvernement entend doubler la productivité agricole et les revenus des petites producteurs alimentaires, en particulier des femmes, des autochtones, des exploitants familiaux, des éleveurs et des pêcheurs en assurant l’égalité d’accès aux terres, aux autres ressources productives à toutes les populations. Pari difficile pas intenable même si en Côte d’Ivoire, nous avons été habitué à plusieurs effets d’annonce notamment dans le domaine de la production vivrière. Car dans le domaine de l’agriculture, malgré une disponibilité alimentaire globalement satisfaisante au plan national, l’accès aux aliments constitue la principale cause d’insécurité alimentaire qui touche environ 13% des ménages ruraux. La disponibilité dans le temps des denrées alimentaires reste quant à elle, tributaire des effets du changement climatique, des faibles capacités de conservation et de transformation des produits, avec des pertes post récolte et post capture variant de 30% à 40%. Ajouté à cela, les difficultés d’accès aux zones de production d’une part et le coût du transport desdites zones rurales aux grandes agglomérations dont Abidjan. En effet, selon Touré Adama, président de la coordination des gares routières de Côte d’Ivoire,( Cngr.Ci), « en fonction des zones de productions( Daloa-à Abidjan, la location d’ un véhicule de dix tonnes revient au commerçant à 450 mille Fcfa. Ce sont de véhicules pour la plupart en piteux dont l’état de nos pistes rurales contribue à déglinguer davantage » Toute chose qui contribue au renchérissement du prix au consommateur final. En claire, il peut avoir des vivres en quantité dans les zones de production mais, les récoltes pourrissent sur place faut d’acheteurs ou quand il y en a, ils l’achètent à vil prix aux producteurs. Que fait l’Etat ivoirien en matière d’entretien des pistes villageoises. Pas grand-chose. Là aussi, le gouvernement donne beaucoup de coups pioches devant les caméras mais à après, certainement faute d’argent, les travaux avancent à pas de tortue.

 

Beaucoup de projets annoncés peu de concrets

 

En Côte d’Ivoire, en tout cas depuis l’arrivée aux affaires de Ouattara, il a été annoncé en grande pompe, plusieurs projets dans le domaine agricole notamment sur le segment de l’agriculture vivrière. Ainsi, fin janvier 2013, Margarita Louis-Dreyfus est reçue à Abidjan pour signer un accord historique : son groupe a décidé de se lancer dans la production de riz alors qu’il domine déjà les importations de ce produit dans le pays. « La Côte d’Ivoire mettra à notre disposition entre 100 000 et 200 000 ha dans le Nord, affirme alors Serge Schoen, directeur général de Louis Dreyfus Commodities (Ldc). La Côte d’Ivoire et nous investirons 30 milliards de Fcfa [près de 46 millions d’euros] dans le projet qui démarrera cette année. » En ce moment-là, Alassane Ouattara indiquait à qui veut l’entendre que la Côte d’Ivoire veut atteindre l’autosuffisance en riz avant 2020, avec une production annuelle d’environ 3 millions de tonnes. La Côte d’Ivoire importe d’Asie plus de la moitié de sa consommation, en pleine croissance. Malheureusement depuis ces annonces, les choses ne semblent pas bouger. L’Office national pour le développement de la riziculture( Ondr) a été cassé à la limite. Désormais, c’est l’Agence pour le développement de la filière riz, dénommée (Aderiz ) pilotée par le ministre Touré Gaoussou, lui-même riziculteur à Odienné qui a les pleins pouvoirs. En tant que Président du Conseil de surveillance qui va certainement prendre le relais de l’Ondr. Par ailleurs, les difficultés d’accès au foncier y serraient pour beaucoup. A Abidjan, il se dit qu’il n’a jamais été question de céder ou de louer ces immenses surfaces à Dreyfus. « Il y a eu confusion entremise à disposition et disponibilité potentielle », admet Siaka Coulibaly, directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture et du développement rural. Seuls l’État et les opérateurs nationaux peuvent être propriétaires de la terre La zone concernée par l’accord, un immense territoire autour de Korhogo, offre « 100 000 ha potentiels ». En clair, Dreyfus doit négocier parcelle après parcelle. « Encore faut-il trouver 5 000 à 10 000 paysans prêts à coopérer pour lui fournir du riz », prévient Frédéric Varlet, agroéconomiste. Le groupe devra en effet convaincre les producteurs pour sécuriser son approvisionnement. Un parcours du combattant auquel l’américain Cargill aurait renoncé avant lui, avec un plan pourtant limité à 30 000 ha. D’ailleurs, parmi la petite dizaine de projets ciblés par les autorités, peu ont avancé. Néanmoins, Siaka Coulibaly avait assuré,il y a quelques année que le processus de contractualisation des paysans mené par le groupe Dreyfus est en cours , sans dire combien d’hectares le négociant est parvenu à sécuriser. Selon nos informations, un représentant du groupe est arrivé avec une enveloppe de 1 milliard de Fcfa pour un premier achat de paddy (riz non décortiqué). Aussi, le vendredi 18 septembre 2015 lors de la visite du Chef de l’Etat Alassane Ouattara à Abengourou (région de l’Indénié-Djuablin, centre-est du pays). Lors d’un conseil des ministres aux allures exceptionnelles et de surcroit, qu’ a été adoptée une communication relative à l’état de mise en œuvre du projet d’appui aux infrastructures agricoles dans la région de l’Indénié-Djuablin (Paia-Id). Point de départ très fort pour la mise en œuvre de cet projet très importance pour le pays et la vie dans cette zone, d’une population de 561000 âmes et d’une superficie de 6900 km2.Ce projet piloté par la Banque africaine de développement( Bad) depuis juin 2012, et destiné entres autres objectifs, à appuyer l’aménagement de bas-fonds, de pistes rurales, de marchés et de lieux de stockage. Un appui et des actions majeures pour juguler les menaces sur les conditions de vie des populations de la région concernée. Sa durée est de cinq ans et d’un coût total de 21,6 millions d’Uc, soit 14,5 milliards de Francs cfa. « Le projet est marqué du sceau de la volonté d’améliorer la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté qui s’incrustait graduellement au niveau des couches de la population. Et pour cause. Bien que dotée d’un énorme potentiel agricole: café, cacao, hévéa, maraîcher et vivrier » Où en sommes –nous à ce jour ? Aussi, dans la mouvance, il y a environ 4 ans, alors Premier ministre, ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, Daniel Kablan Duncan a procédé dans la commune de Yamoussoukro, au lancement du programme d’urgence d’appui à la production vivrière (Puapv). En présence d’une forte délégation de femmes productrices de vivriers, le Chef du gouvernement a officiellement mis en route ce programme d’une valeur de 100 milliards Fcfa entièrement financé par l’Etat ivoirien pour assurer la sécurité alimentaire en permettant la production en toute saison des vivriers. Le Premier ministre d’alors a soutenu que ce programme adossé à un système d’irrigation, marquait une nouvelle étape dans la production de vivriers. En ce sens qu’il s’agit d’un « programme innovant qui sort l’agriculture ivoirienne des vielles méthodes à faible productivité » Notons que le Puapv prévoit dans sa mise en œuvre la mise à disposition des planteurs de matériel végétal de qualité. Il permettra de réaliser en 2017 du manioc sur 10 000 ha pour une production de 200 000 tonnes en 2018, de même 200 ha de banane plantain pour une production attendue de 30 000 tonnes en 2018, la mise en place de 500 ha de maraîchers pour une production de 7 500 tonnes en 2017. Nous sommes en mars 2018. Il urge que les parties prenantes aux différents projets fassent un point exhaustifs aux ivoiriens. Car, une chose est d’annoncer en grande pompe mais une autre est de faire un bon point. Cela s’appelle bonne gouvernance. En attendant, à Abobo derrière rails ou à Zoé Bruno de milliers de familles continuent de souffrir pour avoir un seul repas par jour. Pendant ce temps, des cartels bien maitrisés par des non ivoiriens continuent de gagner gros sur les filons de production et d’exportation d’ignames, de banane plantains et d’Atiéké vers des pays de la sous- région.

 

Bamba Mafoumgbé

 

Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

Légende photo : ( riz banchi exposé sur une table au marché : En Côte d’Ivoire, ont produit certes en abondance mais les ivoiriens n’ont pas d’argent pour manger

 

Encadré : La Fao à propos de la Faim zero

 

Pour Graziano Da Silva, le Directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’ agriculture( Fao), « les pays et les organisations internationales doivent faire des efforts considérables et accroître leurs investissements afin d'améliorer les capacités statistiques nationales et suivre les progrès effectués en vue de la réalisation du Programme de développement durable à l'horizon 2030.(…) L'adoption plus tôt cette année de 230 indicateurs différents par la Commission de statistique des Nations Unies afin d'assurer le suivi des Objectifs de développement durable (Odd) a représenté « une étape charnière pour le système statistique mondial », Pour lui, « Les données nécessaires pour la réalisation des Odd dépassent de loin les capacités actuelles de la plupart des systèmes statistiques nationaux » Aussi, il note que pour relever le défi, le monde devra améliorer les systèmes éprouvés de collecte de statistiques et adopter de nouvelles approches et des méthodes rentables, telles que l'utilisation de la technologie mobile et l'imagerie par télédétection. Afin d'aider les pays à réaliser le Programme de développement durable à l'horizon 2030, dont l'objectif 'Faim Zéro', la Fao a mis en place une série d'initiatives visant à renforcer les capacités de ces pays et à développer de nouveaux outils de sondage, tels que l'échelle de mesure de l'insécurité alimentaire vécue qui sert à surveiller l'insécurité alimentaire dans le monde et Agris Agris (Système intégré de recensements et d'enquêtes agricoles) qui permet de contrôler les aspects économiques, sociaux et environnementaux des activités agricoles, a expliqué José Graziano da Silva. La Fao travaille également à collecter et à harmoniser les informations reçues par les différents pays pour produire des résumés régionaux et mondiaux. Tous sont disponibles en ligne sur Faostat, une base de données statistique sur les questions liées à l'alimentation, l'agriculture, la pêche, la foresterie, la gestion des ressources naturelles et la nutrition. Il s'agit de la plus grande et de la plus complète source de données de ce genre. Faostat offre un accès facile, gratuit et libre à plus de 3 millions de données chronologiques et transversales issues de 245 pays et territoires. L'ensemble des outils développés et utilisés par la Fao aidera à établir des critères de base dont les pays se serviront pour mesurer les progrès effectués en matière de réalisation des Odd, à concevoir des politiques efficaces et à en évaluer les impacts.

 

Bamba M.

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