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mercredi 15 mai 2024
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Eurobonds/Mobilisations des ressources sur le marché international: Ces emprunts qui vont faire mal à la Côte d’Ivoire

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Eurobonds/Mobilisations des ressources sur le marché international: Ces   emprunts  qui  vont   faire mal à la Côte d’Ivoire

Le document de l’ambassade de France qui dit tout

Depuis quelques années, l’Etat de Côte d’Ivoire est entrée dans une course à la mobilisation des ressources sur le marché international à travers les Eurobonds dont les taux d’intérêts et le niveau des stocks se chiffrent en moins de cinq ans, à plus de 4 mille milliards de Fcfa. Faut-il craindre un endettement massif de la Côte d’Ivoire ? Dossier

Après, 2014, 2015 et 2017, la Côte d’Ivoire est repartie durant ce mois de mars 2018, sur le marché international, pour mobiliser des ressources en Euros. Soit pour la quatrième fois sous le Régime de Ouattara. Ce à travers des Eurobonds qui lui ont permis de non seulement de tester la qualité de sa signature mais aussi de récolter d’importantes ressources. La dernière émission dont tous les détails ne sont pas encore connus, ont dit-on connu un franc succès avec un carnet de commandes qui affichait plus de 3mille milliards de Fcfa. Sur ce montant, la Côte d’Ivoire, ne devrait retenir que la moitié. A l’issue du Roadshow qui a duré près d’une semaine. Le roadshow, faut –il le préciser c’est la période de présentation de l’emprunt aux investisseurs internationaux. Nous révèle des agences de presse internationales comme Reuters et Bloomberg. Des sources très crédibles indiquent que pour cette année 2018, l’Etat de Côte d’Ivoire recherche 1 310 milliards Fcfa, soit près de 2 milliards d’euros, sur les marchés financiers pour boucler son budget qui s’équilibre en ressources et en charges à plus de 6 756 mille milliards de Fcfa, en hausse de 4,8% par rapport au budget révisé 2017, d’un montant de plus de 6 447 milliard de Fcfa Fcfa. Si le gouvernement ivoirien a de réels motifs de jubiler face au succès rencontrer durant les différentes sorties, il est à faire remarquer que le compteur à ce niveau là commence à tourner très fort et la pullule risque d’être amère, le temps de remboursement arrivé pour nos enfants. Surtout que les taux d’intérêts appliqués à la Côte d’Ivoire diffèrent dans bien de cas de ceux appliqués en la matière en Occident. Rappel des faits : Sous Kablan Duncan alors Premier ministre, Le deuxième emprunt obligataire sur le marché financier international, a permis de lever 1 milliard de Dollars , soit près de 500 milliards de Fcfa( Eurobonds 2015) au taux d’intérêt de 6, 25% contre de 375 milliards de Fcfa au taux d’intérêt de 5,375%( Eurobonds 2014), pour une durée de dix ans courant aout 2015. Par définition, un eurobond ou euro-obligation est un titre de créance libellé dans une monnaie différente de celle du pays de l'émetteur. Au titre de l’Eurobond 2017 donc avec Amadou Gon Coulibaly, Premier ministre , ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat, L’opération a permis de lever 1 milliard 250 millions de dollars et 625 millions d’euros (environ 1.140 milliards de Francs Ccfa), à des maturités de respectivement 16 et 8 ans. Son objectif était de recourir aux places financières internationales, afin d’obtenir des ressources devant venir en appui au financement du budget de l’Etat et notamment du Plan National de Développement (Pnd) 2016-2020. Dans une déclaration faite le 13 juin 2017, à l’occasion de son retour d’une mission de mobilisation de ressources (Eurobond 2017) le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly a indiqué que le succès de l’opération est le témoignage de la confiance des marchés financiers internationaux dans le leadership du Président de la République Alassane Ouattara et dans la vision qu’il a pour le développement de la Côte d’Ivoire. Malheureusement, pour l’Eurobond 2018, Agc et sa délégation sont rentrés sans tambour ni trompette. Pourquoi ce silence bruissant de parole ? Qu’est-ce qui a pu se passer pour qu’on serve à la Côte d’Ivoire bien évidemment du « blé en abondance »( argent) mais à un taux oscillant entre 5,50 et 5,625% pour première tranche , d’une maturité de 11 ans allant jusqu’en 2030. Pendant que pour la deuxième tranche, La seconde tranche, elle, d’une durée de 29 ans, soit jusqu’en 2048, est proposé avec un rendement de 6,875 – 7%. Cette tranche est présentée par la presse économique internationale comme la plus longue maturité jamais émise pour une obligation en Euro par un pays d’Afrique subsaharienne et l’une des plus « rentables » émises par un Etat au cours de ces dernières années. Pourquoi avoir accepté un tel taux ? La Côte d’Ivoire qui a vécu à un moment de son existence sur budget sécurisé peut-elle accepter un tel taux ? La Roumanie qui est début Février 2018, mobilisé plus de 2 Milliards d’Euros soit 1310 milliards de Fcfa à des taux de 2,5% et 3,375% respectivement pour les deux tranches. (Voir encadré 1).

Quand le fardeau de la dette ivoirienne prend du poids

Que le gouvernement nous dise que la Côte d’Ivoire s’est engagée dans un schéma d’endettement intelligent certes mais , il ne faudrait pas oublier que la Côte d’Ivoire qui s’est retrouvée avec un taux d’endettement de 36% est remontée à environ 46% là où les directives communautaire de l’ Union économique et monétaire ouest africain( Uemoa) indique 70% . Soit ! « Si prendre crédit est doux, au moment de payer c’est souvent difficile. Surtout qu’il va falloir tenir compte des cours du dollar » Fait noter un expert financier. A noter que la Côte d’Ivoire a terminé l’année budgétaire 2014, avec une dette globale de 7804 milliards deFcfa. Si l’on ajoute donc les 500 milliards de l’Eurobonds de Février 2015 la dette ivoirienne va tourner autour de 8304 milliards de Fcfa au moins en début d’année2015. Avec les eurobonds 2017 et 2018, la dette ivoirienne à certaine encore pris du poids. Il est à préciser que L’Eurobond de début juin 2017 situe la dette de la Côte d’Ivoire plus de 41,9%. Quand sa dette représente 70% de son produit intérieur brut (Pib), selon la norme établie par l’Union économique monétaire Ouest Africaine (Uemoa) tandis que sur le plan international, le seuil se situe à 49%. Donc bien en-deçà du taux d’endettement communautaire. Soit mais ne faudrait-il aller à pas modérés dans la course à l’endettement ?

 

Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Légende photo : ( Fac-scimilé de la revue de presse du Service économique de l’ambassade de France en roumanie

 

 

Encadré 1 : Les vérités du Professeur Mamadou Koulibaly

Tout comme la Côte d’Ivoire, la Roumanie a réalisé début Février 2018, une émission de deux Eurobonds pour un montant de 2 milliards d’Euros soit 1310 milliards de Fcfa. L’information est de du Service Économique de l’ambassade de France à Bucarest( Roumanie) dans les « Breves Mensuelles Roumaine » en date de Février 2018. « Début février, le Ministère des Finances Publiques a émis deux Eurobonds pour un montant total de 2 milliards d’euros soit plus de 655 milliards de Fcfa sur le marché extérieur. La première, 750 millions Euros, soit plus de 491,2 milliards de Fcfa a une maturité de 12 ans avec un taux d’intérêt de 2,5%, tandis que la seconde, 1,25 milliard d’Euros a une maturité de 20 ans avec un taux de 3,375%. Les taux attractifs ont assuré une demande deux fois supérieure à l’offre. Le ministère des finances publiques ( Mfp) prévoit de lever environ 10 milliards d’ Euros( plus de 6550 milliards de fcfa sur le marché domestique et 5 milliards d’Euros soit 3275 milliards de Fcfa sur le marché extérieur en 2018. Une information de première main qui donne encore une fois du poids aux prises de positions du Professeur Koulibaly Mamadou de l’université Félix Houphouët Boigny de Cocody. Réagissant, il y a de cela quelques années sur les taux élevés pratiqués sur les Eurobonds, le Mamadou Koulibaly de l’Université Fhb de Cocody n’avait caché pas ses inquiétudes ! « C’est trop ! Peut-être c’est politiquement correcte mais économiquement ce n’est pas bon… Sur le marché en Europe les taux oscillent entre 0 ,2% et 0,3% » C’était indigné récemment, le Pr Koulibaly Mamadou de l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody,à l’occasion d’une cérémonie de présentation officielle d’un rapport de la Banque Mondiale sur l’économie ivoirienne. En tout cas c’était sous Ouattara. Pour la deuxième sortie sur le marché financier international, c’est 1 milliard de dollar soit environ 500 milliards de Fcfa qui ont été récolté par la Côte d’Ivoire, mais cette fois avec un taux d’intérêt de 6,25% sur 12 ans. Soit ! Mais au-delà de la grande joie du Régime d’Abidjan face à ce montant collecté, il faut s’interroger sur ces taux d’intérêt exponentiel qui frise la sanction du marché international où la tendance observée par les préteurs notamment la Réserve Federal américaine( Usa) , Deutsche Bank , City Groupe et la Banque nationale de Paris,( Bnp) entre autres ont tendance à servir de faible taux oscillant entre 0 et 2%. En un mot, ils ont décidé de casser les taux d’intérêt en Europe. A titre d’illustration, Apple, un acteur majeur mondial du secteur informatique a mobilisé récemment sur marché des Eurobonds, un milliard de dollar soit environ 500 milliards de Fcfa au taux de 0,23% sur 10 ans. Pendant qu’en Janvier, l’Irlande( Europe) qui présente quasiment le même niveau de risques que la Côte d’Ivoire a levé environ 4 milliards de dollars soit 2 mille milliards de Fcfa à un taux de 0,87%. Même si comparaison n’est pas raison, avec l’ Afrique ils font autres choses. Disons- le clairement le taux risque pays appliqué à la Côte d’Ivoire, est élevé. C’est à se demander si à la prochaine émission nous n’allons pas frôler les 8% sur 14 ans. « Et pourtant, ici en Côte d’Ivoire, on nous dit que tout va pour le mieux, il y a de la croissance mais les populations sont de plus en plus pauvres et le gouvernement retourne sur le marché international pour s’endetter à un taux d’intérêt supérieur au 1er Eurobonds souscrit en 2014. De 5,375% la Côte d’Ivoire va s’endetter à 6,25%. Le risque-pays est très élevé. Aussi, il faut ajouter que cet autre prêt arrive au moment où l’Euro est dévalué tout comme le Fcfa par rapport au dollar. » Explique le Pr Mamadou Koulibaly. A quelle sauce sera mangée la Côte d’Ivoire à l’heure du remboursement ? « Si le dollar est faible tant mieux pour la Côte d’Ivoire. Dans le cas contraire, c’est le fardeau de la dette qui va davantage s’alourdir(…) » ajoute t-il. A noter qu’au titre du budget d’Etat 2015 qui s’équilibre en ressources et dépenses à plus de 5014 milliards de Fcfa, 1213, 3 milliards sont destinés aux remboursements de la dette publique. « Le marché est resté globalement constructif envers la Côte d’Ivoire depuis que le pays a repris en 2012 les paiements réguliers sur les eurobonds et que les risques extrêmes liés à des défaillances antérieures ont été amoindris », explique Samir Gadio, analyste chez Standard Chartered, en référence au défaut de paiement du pays ouest-africain début 2011. « Les investisseurs vont surveiller de près l’élection présidentielle prévue en octobre 2015, étant donné que les défauts sur les eurobonds en 2000 et 2011 ont été principalement le résultat de l’instabilité politique. » L’analyste rappelle que le stock d’eurobonds ivoiriens sur le marché atteint 4,25 milliards de dollars, soit 2125 milliards de Fcfa, soit le montant le plus important en Afrique subsaharienne (hors Afrique du Sud) devant le Kenya qui a un stock de 2,75 milliards de dollars soit 1375 milliards de fcfa.

Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Légende photo : Pr koulibaly Mamadou : « Et pourtant, ici en Côte d’Ivoire, on nous dit que tout va pour le mieux(…) »

Encadré 2 : Christine Lagarde( Fmi) « Les gouvernements devraient être attentifs(…) »

Souvent présenté comme le continent du XXI siècle, l'Afrique n'en finit pas d'étonner par ses performances économiques. Le dynamisme a pourtant ses revers. A l'occasion d'une conférence organisée à Maputo par le Mozambique et le Fmi en 2014 rassemblant les ministres des finances et les gouverneurs de banque centrale de l'Afrique sub-saharienne, la directrice de l'institution multilatérale, Christine Lagarde, dont les propos ont été rapportés dans les colonnes de « Les Echos.fr » le 30 mai 2014, s'est inquiétée de la hausse de l'endettement public de ces pays. « Il y a quelques pays qui ont été un peu en avance sur eux-mêmes et qui voient une hausse de leur endettement à un niveau qui pourrait être préoccupant » , a-t-elle indiqué lors de cette conférence. Selon l'agence de notation Fitch, les émissions de dettes souveraines des pays sub-sahariens devraient atteindre 6 milliards de dollars soit plus de 3 mille milliards de Fcfa cette année( c’était 2014) après le record de 6,25 milliards de dollars soit plus de 3125 milliards de Fcfa de l'année précédente( 2013) Le Kenya, la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Sénégal envisagent de lever entre 500 millions ( 300 milliards de Fcfa) et 1,5 milliard de dollars(1500 milliards de Fcfa) d'euro-obligations cette année. Jusqu'ici, seule la Zambie, avec 1 milliard de dollars soit 500 milliards de Fcfa, en avril 2014 est venue solliciter le marché international de la dette. « Les gouvernements devraient être attentifs et prudents pour ne pas surcharger le pays en dette publique », a alerté Christine Lagarde avant de préciser que si « c'est un financement supplémentaire », c'est aussi « une vulnérabilité supplémentaire ». Nous sommes en 2018, la course à l’endettement massif ne s’est pourtant pas arrêtée au niveau des pays indiqués plus haut

 

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