Prix garanti bord champ (campagne 2023-2024): Cacao 1000 Fcfa/Kg;  Café  900 Fcfa/Kg

vendredi 17 mai 2024
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Agro-industrie// Les cours sur le Marché mondial du cacao en baisse// Ce qui se trame en Amérique Latine contre les producteurs africains

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Agro-industrie// Les cours sur le Marché mondial du cacao en baisse//   Ce qui se trame en Amérique Latine contre les producteurs africains

Pour la première fois depuis des semaines, le prix du cacao sur la bourse ICE Futures tombe en dessous de 9.000 dollars la tonne. Le 30 avril, le coût des contrats à terme de mai pour la fourniture de fèves a été 8.850 dollars la tonne, selon les données de la bourse ICE Futures. Selon des experts, c’est le minimum depuis le 21 mars. Le maximum, soit 11.878 dollars la tonne, a été atteint le 19 avril 2024. Cette dégringolade va continuer ou pas ?
Surtout au moment où des multinationales bien implantées en Côte d’Ivoire, sont en train créer des grandes plantations à la taille de la moitié du territoire français en Amérique Latine.
Selon des informations disponibles sur le site de Rfi, « Investir dans des plantations de cacao, à grande échelle, et avec des variétés à haut rendement, c'est la nouvelle tendance chez les multinationales du cacao, qui ont déjà jeté leur dévolu sur plusieurs milliers d'hectares en Amérique latine. »
La dernière annonce en date est celle de Barry Callebaut, qui s'est allié à une entreprise agricole de Bahia au Brésil sur une plantation de 5 000 hectares, soit environ la moitié de la surface de Paris. La multinationale a déjà expérimenté la culture de ce cacao nouvelle génération dans ce qu'elle appelle « une ferme du futur », d'un peu plus de six cents hectares dans la vallée de Cerecitas, en Équateur. L'objectif affiché du chocolatier suisse est de développer une culture à un niveau industriel, tout en faisant de la durabilité la norme
C'est précisément ce qui séduit aujourd'hui les industriels qui investissent en Amérique latine : la région offre des millions d'hectares de terres libres et propices à l'agriculture, selon un expert de la filière, des terres « qui cochent toutes les cases » pour répondre aux exigences de durabilité de la nouvelle règlementation européenne devant entrer en vigueur à la fin de l'année. A noter que Barry Callebaut est l’un des gros négociants sur la place ivoirienne au niveau du cacao.
Le modèle ouest-africain menacé par les nouvelles initiatives
C'est donc du pain béni pour les multinationales confrontées à une chute de la production en Afrique de l'Ouest, et à des plantations vieillissantes dont le rendement n'a pas évolué depuis des années. Sans parler de la difficulté à tracer les fèves issues d'une multitude de parcelles. Ce contexte pousse de plus en plus d'industriels à devenir donc aussi des « planteurs », pour garantir leur approvisionnement et peut-être aussi moins dépendre des cours mondiaux. Le projet de Barry Callebaut n'est pas le premier du genre. Depuis quelques années déjà, le groupe Mars, associé au trader Ecom, a lancé une plantation pilote de 4 000 hectares en Colombie : Andean Cacao Project entend être le déclencheur d'une « transformation mondiale du secteur », loin des pratiques « désuètes » qui prévalent aujourd'hui peut-on lire sur le site du projet.
Plantations de cacaoyers à haut rendement
Selon les informations consultées sur le site du confrère, Le projet repose à 80% sur la variété hybride CCN-51, « un cacao fantastique » selon un de ses défenseurs, qui offre une grosse fève riche en beurre et « bien suffisante » en matière de goût pour des barres chocolatées. Ce cacao a surtout le mérite d'avoir un rendement qui peut dépasser deux tonnes à l'hectare contre 500 à 600 kg pour les variétés ouest-africaines.
Selon le site en question, « la liste, des industriels prêts à investir dans ce modèle de culture du cacao plus rentable et plus sécurisé, pourrait très vite s'allonger : selon nos informations, l'Américain Mondelez et l'Italien Ferrero chercheraient eux aussi à prendre des parts dans des plantations d'Amérique latine. »
Il est bon de rappeler que la pénurie de fèves de cacao, qui dure depuis 2 ans. Elle devrait se poursuivre en 2024, a déjà prévenu l'Organisation internationale du cacao. La sécheresse en Afrique de l’Ouest et les difficultés de transport en mer Rouge figurent parmi les facteurs aggravants. Dans des pays petits producteurs comme le Cameroun et Madagascar dont la commercialisation ne repose sur aucun système du moins officiellement, le Kilogramme de fèves de cacao de très haute qualité a atteint parfois les 3000fcfa aux enchères, contre 1500Fcfa en Côte d’Ivoire (prix garantie au producteur) et environ 1516Fcfa au Ghana (prix garanti) depuis la campagne de commercialisation intermédiaire en cours.
Il est noter que récemment, dans la mouvance de la cinquième édition de la conférence mondiale du Cacao ténue à Bruxelles, les pays producteurs de cacao dont la Côte d’Ivoire et le Ghana, via l’Initiative cacao Cote d’Ivoire Ghana(Iccig), appelé à la révision du mécanisme du Différentiel du revenu décent( Drd) , qui vise a améliorer le revenu des producteurs. A rapporté le site afrikchallenges.info.
« Il est à rappeler comme l'indique le baromètre du cacao, en octobre 2020, le Drd avait augmenté le prix garanti à la production du cacao au Ghana de 28 %, à 1 837 dollars la tonne, et celui de la Côte d'Ivoire de 21%, à 1.840 dollars. Ces dernières années, l’accès à un revenu décent pour les producteurs est devenu une priorité de la filière cacao, notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana, les deux premiers exportateurs mondiaux. Les gouvernements de ces pays en ont pris conscience en adoptant, en octobre 2020, le Différentiel de revenu décent (Drd), une prime de 400 dollars par tonne de cacao vendu entièrement reversée aux producteurs. », www.afrikchallenges.info.
Engager dès maintenant la réflexion rigoureuse
Pendant qu’il est temps, la Cote d’Ivoire, premier pays producteur mondial de fèves de cacao doit engager une réflexion profonde sur son système de vente du gros lot de sa production - par anticipation et vendre une petite portion en spot. Très concrètement, selon Nguessan Kouassi Edouard, ancien Dga du Conseil Café cacao et expert en cacao, la Côte d’Ivoire dont système de commercialisation a été reformé à plusieurs reprise, a un système de vente qui repose sur la vente par anticipation. « Elle vend par anticipation par le biais d’enchères électroniques, 70 à 80 % de sa récolte globale afin de tirer profit d’éventuelles hausses des cours mondiaux. Le reste est vendu en spot au cours du jour. Dans le cadre du nouveau système en vigueur né de la dernière réforme, il est servi aux producteurs ivoirien, 60% du Caf de référence et le prix du Kilogramme est garantie au producteur. » explique- t-il dans son livre « Reforme de la filière cacao en Côte d’Ivoire, Evolutions institutionnelles, incitations fiscales et financières à l’industrie »( Editions universitaires européennes). En outre, la Cote d’Ivoire doit mettre véritablement le cap sur la transformation locale et l’accroissement des ses capacités de stockage des fèves en interne. Car, « Là où le Cocoa board dispose d’une capacité de stockage de 500 mille tonnes. Quant à la Côte d’Ivoire, notre pays ne dispose que d’une capacité d’un million de tonnes qui sert à stocker plusieurs produits dont l’anacarde et le café.. Le cacao à lui seul occupe 500 mille tonnes. Il faut donc renforcer notre capacité de stockage », précise l’expert ivoirien N’Guessan K. Edouard dans son livre.
En Côte d’Ivoire, la production de cacao est finalement attendue à 1,75 million de tonnes en 2023/2024 contre 1,8 million de tonnes prévu en septembre dernier. D’après Reuters, cette révision à la baisse s’explique principalement par la propagation de la maladie virale du cacaoyer (Swollen Shoot) dans plusieurs vergers. D’après Reuters, cette révision à la baisse s’explique principalement par la propagation de la maladie virale du cacaoyer (Swollen Shoot) dans plusieurs vergers.
Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

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