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samedi 4 mai 2024
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Contribution//L’analyse de risque de crédit// Une étape essentielle pour le financement des infrastructures en Afrique

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Contribution//L’analyse de risque de crédit// Une étape essentielle pour le financement des infrastructures en Afrique

Dans mon précédent post, nous avons défini le concept de risque de crédit, qui correspond à la probabilité qu’un emprunteur ne rembourse pas sa dette ou ne respecte pas ses obligations financières. Aujourd’hui, nous allons examiner les principaux types de risques qui peuvent affecter la performance des projets d’infrastructure.

Selon le rapport de McKinsey & Company “Solving Africa’s infrastructure paradox”, 80 % des projets d’infrastructure en Afrique ne dépassent pas le stade de l’étude de faisabilité et du business plan, faute de rentabilité ou de viabilité sur les plans technique, financier, environnemental, et social.
Ce manque de rentabilité ou de viabilité des projets explique en partie le déficit de financement des infrastructures en Afrique par le secteur privé.

En effet, Selon le rapport annuel sur les Tendances du financement des infrastructures en Afrique 2019-2020, les raisons du sous-investissement du secteur privé sont multiples. Il s’agit notamment d’une pénurie de projets « bancables », c’est-à-dire de projets préparés à un niveau de qualité et de détail (études de faisabilité, modèles financiers, évaluations environnementales et sociales) qui permet une clôture financière ; d’un manque de solvabilité des services publics africains, notamment l’électricité et l’eau, qui leur compliquent l’emprunt et donc le financement de leurs programmes d’investissement ; et enfin d’une série de contraintes telles que les perceptions du risque politique et les acheteurs non solvables qui empêchent le secteur privé de jouer un plus grand rôle.
Dans ce contexte, il est essentiel de comprendre et de gérer les risques liés aux projets d’infrastructure, qui sont souvent plus complexes, plus coûteux, plus longs, et plus incertains que les projets immobiliers.
Pour mieux comprendre ces risques, imaginons cette fois-ci que vous voulez lancer une nouvelle entreprise, comme une start-up, ou une PME. Vous avez besoin d’un financement pour réaliser votre projet. Vous allez donc voir des investisseurs, qui vont vous demander de leur fournir des informations sur votre projet, comme le concept, le marché, le business plan, le budget, l’équipe, les partenaires, etc. Ils vont ensuite analyser ces informations, et décider s’ils vous accordent le financement ou pas, et à quelles conditions.
Dans les projets d’infrastructure, cette analyse consiste à élaborer une matrice des risques du projet, répartie entre les parties prenantes, avec des mesures de mitigation appropriées.
Les risques du projet se manifestent à différentes phases, et sont souvent liés les uns aux autres. On peut distinguer trois types de risques :

 Les risques de pré-construction du projet : ce sont les risques liés à l’obtention des permis, des autorisations, des études de faisabilité, etc. Ces risques peuvent entraîner des retards, des surcoûts, voire l’annulation du projet.
 Les risques de construction de l’actif : ce sont les risques liés à la réalisation du projet, tels que les risques techniques, environnementaux, sociaux, etc. Ces risques peuvent affecter la qualité, le coût, le délai, et la performance du projet.
 Les risques liés à l’exploitation : ce sont les risques liés à la gestion du projet, une fois qu’il est opérationnel, tels que les risques de marché, de demande, de revenus, de maintenance, etc. Ces risques peuvent impacter la rentabilité, la durabilité, et la viabilité du projet.
En plus de ces risques spécifiques au projet, il faut également prendre en compte d’autres facteurs qui peuvent influencer le risque de crédit, tels que :
o Le cadre politique, juridique et réglementaire : il s’agit d’analyser la situation politique et juridique du pays où se déroule le projet, ainsi que la stabilité et la clarté du cadre réglementaire applicable au projet, notamment en matière de fiscalité, de tarification, de contrôle, de sanctions, etc.
o Les références des sponsors : il s’agit d’évaluer la réputation, la confiance, la solidité financière, la crédibilité et l’expérience des promoteurs du projet, qu’il s’agisse d’entités publiques ou privées. Il est toujours rassurant d’avoir un sponsor expérimenté qui sait gérer un projet et sélectionner les bonnes contreparties.
o Les garanties et les collatéraux : il s’agit d’identifier et de valoriser les actifs ou les droits que l’emprunteur peut offrir en gage au prêteur, en cas de non-remboursement du crédit. Ces garanties et collatéraux peuvent être de nature réelle, personnelle ou financière, et peuvent réduire le risque de crédit en assurant au prêteur un moyen de recouvrement en cas de défaillance de l’emprunteur.
o L’analyse consiste donc à trouver des solutions pour réduire le risque, en transférant une partie du risque à d’autres parties, en renforçant les garanties et en renégociant les conditions de financement, etc.

Avez-vous déjà participé à un projet d’infrastructure, en tant que promoteur, investisseur, prêteur, ou autre partie prenante ? Quels sont les risques que vous avez rencontrés ou anticipés ? Comment les avez-vous gérés ou mitigés ? Partagez avec nous votre expérience et votre point de vue dans les commentaires. Nous serons ravis de vous lire.
Par Yo Singoh, Spécialiste des Risques Financiers à la Banque Ouest-Africaine de Développement (Boad)

 

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