Prix garanti bord champ (campagne 2023-2024): Cacao 1000 Fcfa/Kg;  Café  900 Fcfa/Kg

mardi 16 avril 2024
sys bannière

Edmond Coubibaly(Dg Ch-Ph)// Hévéaculture en Côte d’Ivoire// « Cap sur la transformation du caoutchouc national ivoirien…»

Facebook Twitter LINKEDIN
Edmond Coubibaly(Dg Ch-Ph)// Hévéaculture  en Côte  d’Ivoire// « Cap sur la transformation du caoutchouc national ivoirien…»


A l’occasion du Salon international de l’agriculture (Sia) à Paris, entretien avec Edmond Coulibaly, Directeur général du Conseil Hévéa-Palmier à huile, sur la filière caoutchouc en Côte d’Ivoire. Le premier producteur africain de caoutchouc et troisième au niveau mondial veut que la qualité du caoutchouc ivoirien soit reconnue et payée à son juste prix avec la création cette année du Standard Ivorian Rubber et invite les industriels à revoir leur schéma et à se rapprocher un peu plus des zones de production comme la Côte d’Ivoire.

La production de caoutchouc progresse fortement, à 1,3 million de tonnes en 2022, ainsi que les exportations où la Côte d’Ivoire gagne des parts de marché tant en Inde qu’en Chine, le caoutchouc ivoirien étant compétitif par rapport aux géants asiatiques.
Comment expliquez-vous cette compétitivité ?

En premier lieu car la production de caoutchouc de Côte d’Ivoire est de qualité. Quand on regarde les standards qui sont côtés, le TSR20, la production ivoirienne est essentiellement du TSR10, nettement supérieure en standard de qualité. Ceci explique en partie l’intérêt des origines ou des acheteurs internationaux pour l’origine ivoirienne.

Le TRS10 ivoirien est-il vendu plus cher que le TSR20 ?

Cela fait partie d’une de nos batailles de dire que certes la référence internationale c’est le TSR20 côté à Singapour mais à partir du moment où l’on produit de la qualité, il va falloir que cette qualité soit reconnue.

Les contrats que concluent nos industriels, ce sont parfois des contrats avec des primes. Mais cela dépend de l’acheteur qui est en face. Certains clients très sensibles à la qualité payent avec une prime au dessus du marché mais il y a aussi des acheteurs qui cherchent à se sourcer à moindre coût.

C’est pour cela que nous voulons mettre en place une labélisation du caoutchouc ivoirien pour que la qualité ne dépende plus du bon vouloir du client. Nous voulons marquer la différence.

Comment allez-vous mettre en place cette labélisation ?
Nous avons l’avantage d’avoir un organe de régulation, le Conseil Hévéa-Palmier à huile. Nous allons définir la norme ivoirienne la Standard Ivorian Rubber (Sir) et dans le dispositif il est prévu un laboratoire central pour garantir la qualité des résultats. Le label sera déposé auprès des institutions de protection des brevets et des normes. Dès cette année, le label devrait être mis en place.

La pression sur une filière durable du caoutchouc est de plus en plus forte avec notamment la prochaine entrée en vigueur de la loi contre la déforestation de l’Union européenne qui concerne également le caoutchouc. Où en est la Côte d’Ivoire ?

Un inventaire forestier a été fait. Les résultats disponibles depuis 2021 montrent qu’à peine 1% des plantations d’hévéa ont été créées dans des espaces forestiers. Comme le disait ce matin le ministre, « une plantation d’hévéas c’est une forêt ». En réalité nos 700 000 hectares d’hévéa sont 700 000 hectares de forêt. Ils nous restent juste à le prouver pour répondre à la directive européenne. La filière est membre de la plate-forme pour le caoutchouc durable (Global Platform for Sustainable Natural Rubber –GPSNR) et les professionnels sont déjà sensibilisés à la question.

En réalité nos 700 000 hectares d’hévéa sont 700 000 hectares de forêt.

Comme pour d’autres matières premières, la Côte d’Ivoire ambitionne de davantage les transformer pour créer de la valeur. Jusqu’à présent pour le caoutchouc, la Côte d’Ivoire n’est qu’au stade de la première transformation.

Notre environnement en termes de facilité d’investissement a été nettement amélioré. Des dispositions complémentaires ont été prises spécifiquement pour l’hévéa en plus des avantages prévus au niveau du code des investissements. Il s’agit d’exonération fiscale pour les importations de biens d’équipement (TVA et droits de douanes) et d’un crédit d’impôt au prorata des investissements réalisés sur dix ans. Cela a permis à 15 nouvelles usines de première transformation de s’installer pour faire du caoutchouc sec avec 400 000 tonnes supplémentaires de capacité de transformation entre 2020 et 2022. Ajoutées à celles existantes d’environ 600 000 tonnes, nous sommes proche d’un million de tonnes. Il manque environ 400 000 tonnes pour absorber toute la production de fonds de tasse.

En ce qui concerne la deuxième et troisième transformation, j’invite les industriels à revoir leur schéma et à se rapprocher un peu plus des zones de production comme la Côte d’Ivoire qui offre des avantages fiscaux et des facilités pour l’installation d’unités pour la fabrication de pneumatiques ou de gants.

Nous sommes tous engagés sur la réduction de l’empreinte carbone, cela implique que les industriels se rapprochent des zones d’approvisionnement.

La production ivoirienne est plus proche des marchés européens et cela n’a pas de sens de laisser notre production aller en Asie et ensuite de la rapatrier en Europe. De même produire des pneus en Europe ou en Asie pour les ramener en Afrique, cela aussi n’a pas de sens. Nous sommes tous engagés sur la réduction de l’empreinte carbone, cela implique que les industriels se rapprochent des zones d’approvisionnement. La Côte d’Ivoire en tant que premier producteur africain de caoutchouc a toute la matière nécessaire pour fabriquer des pneumatiques ou de gants médicaux pour l’ensemble du continent.

Au dernier trimestre 2022, on a observé un fort mécontentement des producteurs de caoutchouc, qui ne parvenaient pas à vendre leur matière première, menant à des grèves, des blocages des ponts à bascule. Où en sommes-nous aujourd’hui ?

C’était une situation conjoncturelle. A partir de juin 2022, les usiniers avaient du mal à maintenir les contrats et ont par ricochet reporté les achats aux planteurs. Nous avons alors revu les quotas à l’exportation pour permettre d’absorber le surplus.

Le Conseil Hévéa-Palmier à huile se chargera d’acheter le caoutchouc auprès des planteurs pour rééquilibrer la demande en interne.

Afin que cette situation ne se répète pas nous sommes en train de prendre des mesures pour retirer les quantités supplémentaires qui se trouveraient sur le marché. Le Conseil Hévéa-Palmier à huile se chargera d’acheter le caoutchouc auprès des planteurs pour rééquilibrer la demande en interne. Nous avons l’avantage que le caoutchouc puisse se stocker. Nous avons aussi une période creuse entre février-mars-avril où il y a peu de produit et cela peut permettre de recycler ces stocks auprès des usiniers locaux.

Le prix au planteur est-il suffisamment rémunérateur ?

Si vous posez la question à un planteur, il vous dira non. Mais dernièrement dans le cadre du nouveau mécanisme de prix, les discussions ont été ouvertes entre les usiniers et les producteurs et ont abouti à une nouvelle clé de répartition avec 63% du prix international aux planteurs et 34% aux usiniers.
Source : www.commodafrica.com)
Nb : Le titre est de la rédaction
Légende photo : Edmond Coulibaly, Dg du Ch-ph : « Les discussions ont été ouvertes entre les usiniers et les producteurs et ont abouti à une nouvelle clé de répartition »

sys bannière