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mercredi 1 mai 2024
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Cacaoculture//Lutte contre le Travail des Enfants// Comment la Côte d'Ivoire gagne la lutte

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Cacaoculture//Lutte contre le Travail des Enfants//   Comment la Côte d'Ivoire gagne la lutte

La Côte d'Ivoire a adopté un certain nombre de lois, en commençant en 2010 par l'interdiction de la traite des enfants et des pires formes de travail des enfants. En 2017, elle a adopté une liste de travaux dangereux interdits aux moins de 18 ans, et une liste de travaux autorisés pour ceux âgés de 13 à 16 ans, qu'ils peuvent effectuer lorsqu'ils ne sont pas en classe.

L'école a été rendue obligatoire et gratuite pour tous les enfants de six à
16 ans et l'âge minimum pour un emploi à temps plein est passé de 14 à 16 ans. Une vaste campagne a été menée pour sensibiliser les gens à ce qui constitue le trafic, l'exploitation et le travail dangereux des enfants. Les fonctionnaires du gouvernement local, les magistrats, les officiers de police, les journalistes et les travailleurs sociaux, entre autres, ont reçu une formation sur la traite des enfants.


Le Centre de Soubré - l'un des trois centres dédiés en Côte d'Ivoire - a ouvert en juin 2018. Les enfants y sont envoyés par des organisations caritatives, des organisations locales ou la police. Jusqu'à présent, le Centre a accueilli 486 enfants âgés de 5 à 18 ans, selon Flora Djebre Leocadie, sa directrice. L'objectif est de réunir les enfants victimes de la traite avec leur famille, et de ramener dans leur pays d'origine ceux qui se trouvent à l'étranger, puis de leur permettre de reprendre leur scolarité. Certains enfants, comme Soura, recevront une formation en coiffure, en couture ou en élevage de lapins (une viande très prisée en Côte d'Ivoire), entre autres, et suivront un apprentissage à leur sortie.
"Le service accueille des enfants de toute la Côte d'Ivoire (...), nous disons [aux enfants] que leur place n'est pas dans les champs."
Certains enfants arrivent sans rien, et peuvent être traumatisés, dit-elle. Une infirmière et un psychologue font partie du personnel. Les enfants reçoivent des vêtements, des articles de toilette et tout ce dont ils peuvent avoir besoin et restent généralement six mois. Il y a des dortoirs, des salles de classe et une pièce où les enfants peuvent aller se détendre, avec une télévision.
En juin 2020, la Côte d'Ivoire a créé six unités de police régionales dédiées à la lutte contre la traite et le travail des enfants.
Aidés par un réseau d'informateurs, ils effectuent des patrouilles dans les plantations de cacao et des fouilles aléatoires de véhicules aux points de contrôle dans les régions productrices de cacao. Plus de 1 000 trafiquants ont été arrêtés et emprisonnés depuis 2012, selon les chiffres du gouvernement.
Cette année, 392 trafiquants ont été arrêtés et 2 116 enfants ont été sauvés de situations abusives. En 2021, la police a sauvé 1 353 enfants et arrêté 25 personnes, tandis que cinq personnes ont été condamnées à 20 ans de prison - la peine maximale pour le trafic d'enfants - et 17 à cinq ans lors d'une opération très médiatisée à Soubré.
Le mois dernier, quatre personnes ont été accusées de trafic d'enfants dans le sud-est du pays.
Selon Luc Zaka, chef de l'unité de police chargée de la lutte contre le trafic d'enfants, les principaux défis auxquels ces unités sont confrontées sont le manque de financement et le nombre croissant d'enfants victimes de trafic en Côte d'Ivoire depuis les pays voisins, où règnent les conflits et l'instabilité. L'exploitation dans les mines d'or illégales devient un problème plus important que les abus dans le secteur du cacao, qui est depuis longtemps un domaine d'intérêt pour les ONG et le gouvernement, ajoute-t-il. "La situation s'est améliorée [dans le secteur du cacao] ... mais nous devons tous continuer à lutter contre le phénomène du travail des enfants. Nous devons moderniser nos frontières et savoir qui entre et sort."
Il est difficile de mesurer pleinement l'impact des efforts de la Côte d'Ivoire pour éliminer le travail des enfants. En 2021, le ministère américain du travail a reconnu que le pays "a fait des progrès significatifs dans ses efforts pour éliminer les pires formes". Un rapport du Norc (National Opinion Research Center) de l'Université de Chicago, un organisme de recherche, a constaté qu'il n'y avait pas eu d'augmentation significative du travail dangereux des enfants, qui est resté à environ 39% de travaux faits par des enfants dans la production de cacao entre 201314 et 2018-2019. La prévalence du travail des enfants dans la production du cacao est restée stable à 41% entre ces dates, même si la production de cacao a augmenté de 14%. La fréquentation scolaire des enfants des ménages agricoles dans les zones cacaoyères est passée de 58% à 80% entre 2008-09 et 2018-19.

Mais l'étude note également que 790 000 enfants travaillent encore dans cette industrie.
Amourlaye Touré, représentant pour l'Afrique de l'Ouest de l’ONG Mighty Earth, affirme que même si "le phénomène du travail des enfants se réduit", le problème n'a pas disparu. Il estime que les entreprises internationales de chocolat devraient être plus proactives, tout comme le gouvernement. "Vous ne pouvez pas nier qu'ils font un effort", dit-il, "mais ils peuvent faire plus".
Karim est arrivé au terme de son séjour au Centre de Soubré. Lorsqu'il rentrera chez lui, il commencera un apprentissage chez un tailleur près de son village. "Si je pouvais remonter le temps, je me dirais qu’il est préférable de ne pas aller aux champs et d'aller à l'école", dit-il. "Maintenant, mon avenir, c'est la couture. Je ne ferai pas travailler mes enfants dans les champs de cacao. Je les encouragerai à aller à l'école pour qu'ils puissent trouver un emploi."
Publié par The Guardian le mardi 27 décembre 2022

NB/ LE TITRE EST DE LA REDACTION

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