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Challenges// Entrepreneuriat ivoirien// M. Stéphane Eholié Pdg de Simat : « On ne peut pas être émergent, s'il n'y a pas un vivier fort de Pme locales qui croient en ce qu'elles font »

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Challenges// Entrepreneuriat ivoirien//   M. Stéphane  Eholié  Pdg de Simat :   « On ne peut pas être émergent, s'il n'y a pas un vivier fort de Pme locales qui croient en ce qu'elles font »

De sa propre   expérience, en passant   les   conseils  et  astuces  pour  booster les  Pme,  pour   arriver  à   l’émergence   d’entrepreneurs nationaux   qui aiment le  goût  du risque, Stéphane  Eholie,  Président directeur général  de la  Société  ivoirienne  de manutention et   de transit( Simat),  à  cœur ouvert….  Pouvez-vous,  vous  présenter  à nos lecteurs  ?   Je  suis  Stéphane Eholié.  J'ai fait mes études scolaires et universitaires d'abord en Côte d'Ivoire et après j'ai fini à Paris, où j'ai eu un 3e cycle en finance des entreprises à Paris. Après cela,  j'ai travaillé dans un grand groupe en Europe. Et une autre qui a été pour moi une bonne école ;  Bolloré  d’où je suis  parti    en 1993.  De  93 jusqu'à maintenant,  j'ai crée des entreprises diverses. Et en 2001 je créé la Simat(Société, ivoirienne de manutention et de transit). De 2001 jusqu'à aujourd'hui, je suis toujours le Prédirent directeur général de cette entreprise qui emploie à peu près  700 personnes.
Quand et pourquoi avez -vous eu envie d'entreprendre ?
 J'ai toujours eu le goût du risque. Vous savez étant jeune,  j'ai toujours été , je ne vais pas dire un meneur d'hommes,  mais j'ai toujours mener des groupes, j'ai toujours voulu prendre mon destin en main. Ça toujours été difficile de me faire commander, parce que j'ai un caractère un peu trempé.Quand je suis rentré en Côte  d’Ivoire,  en 1993 et 1994, ce n'est pas une sinécure de créer une entreprise, ce n'est pas une sinécure d'être un manager. J'ai toujours voulu créer des entreprises et gérer des hommes et voulu voir ce que  être un entrepreneur , ce que c'est de créer une entreprise ou d'être un manager. Mais, je pense que le stress qu'il y a,  n'est pas négatif, mais tout à fait positif. Et qui permet de se remettre en question et j'ai l'habitude de  toujours dire que   aide-toi , le ciel t'aidera . Je ne vois pas qui va créer l'Afrique de demain, si ce n'est pas nous. Je pense qu'il y a matière à faire, des opportunités à créer. Il y a des secteurs d'activités qui demande tout ça. L'entrepreneuriat c'est un état d'esprit. J'ai toujours voulu créer et bâtir et j'ai créé et bâti ce que vous voyez aujourd'hui.Quelle sont les difficultés rencontrées lors de votre conversion de salarié à entrepreneur ?
Les premières difficultés sont déjà d'ordre pécuniaire ou financière. Pour créer il faut avoir un peu d'argent , il faut avoir la confiance des banques, la confiance des clients. C'était déjà ça les premières difficultés et puis après c'était les ressources humaines. Créer c'est avoir du personnel compétent, du personnel qui croient en vous. Au départ tout reposait sur moi seul, donc ce n'était pas évident et puis si c'était si simple tout le monde l'aurait fait.  La création d'une entreprise c'est d'abord le goût du risque.  Celui de ne pas se dire qu'à la première embuscade ou difficulté on ne va pas se décourager. La vie d'une entreprise c'est une remise en cause perpétuelle, c'est voir se projeter sur l'avenir. Comme j'ai l'habitude de le dire l'entrepreneuriat ivoirien doit être quelque chose s'agissant. Ce n'est pas une absurdité, mais je suis convaincu qu’il y a plusieurs personnes qui prennent leur destin en main, qui croient en ce qu'ils font , je vous assure qu'il y a beaucoup de choses qui seront faites. Ce que je voudrais ajouter qui est important, c'est de se lancer dans un domaine que vous maîtrisez pour exercer. Il ne faut pas exercer dans un domaine que vous ne maîtrisez pas. Donc, c'est un métier où je suis tombé dedans, que j'ai beaucoup apprécié , que j'aime et je maîtrise. Je me dis qu'il faut des logisticiens ivoiriens et africains qui permettent d'apporter un plus dans ce domaine.Votre entreprise la Simat , valorisée à des millions d'euros , est la première entreprise Africaine à être cotée en bourse Parisienne, que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
 Il faut qu'on soit clair, le marché français n'est pas mon marché originel, je suis parti là-bas parce que c'était en 2007 où la Côte d'Ivoire était en période de crise très forte. Où les risques étaient plus élevés. Où pour travailler, ce n'était pas du tout évident. Et en même temps j'ai bénéficié d'une opportunité historique, où le marché de Paris voulait s'ouvrir à l'extérieur et cherchait des entreprises comme les nôtres. Il y a avait   des entreprises chinoises et autres qui arrivaient.  J'étais en compétition avec des entreprises sénégalaises.   Heureusement pour moi, c'est moi qui ai été choisi. Mais, je dirai dans le terme d'aujourd'hui, ça m'a fait du buzz. Mais, ce n'est pas mon marché originel. Mais véritablement si on veut asseoir une entreprise pérenne, des objectifs de très longues durées, des objectifs prospectifs plus hautes, il est évident qu'il faut rentrer en bourse . Et je suis rentré en bourse à Paris, la deuxième étape c'était de rentrer en bourse en Côte d'Ivoire,  mais pour des problèmes endogènes et exogènes ça été remis en cause.  Surtout principalement à cause de la crise qu'on a vécu. Le futur pour des entrepreneurs comme moi,   c’est  de   pouvoir  aller   sur    des marchés et capter des capitaux et des ressources à longues durées il est inévitable qu'ils ne passent par la bourse. Je suis totalement convaincu de ça , c'est ma religion [...]
 L'essor d'un pays repose sur les petites et moyennes entreprises.  Encouragez-vous l'élite de la diaspora à entreprendre en Côte d'Ivoire ?Ça c'est clair aujourd'hui   en  Côte d'Ivoire,  on cherche à faire une croissance inclusive qui est tirée par le secteur privé. Regardez tous les pays émergents tels que la Corée , la Chine, le Brésil(…) dans tous ces pays la croissance est tirée par des Pme/Pmi locales. [...] L'Ivoirien doit s'approprier son pays.  L 'Ivoirien doit comprendre que c'est par lui-même que doit se faire la croissance, de la croissance durable. Comprendre qu'on ne peut pas être émergent, s'il n'y a pas un vivier fort de PME / PMI locales qui croient en ce qu'elles font . Des entrepreneurs qui investissent , qui embauchent, qui créent de la valeur ajoutée et  qui réinvestissent . C'est comme ça on rentre dans le cercle vertueux et cela permettra d'avoir un effet d'entraînement comme dans tous les domaines. Un effet d'entraînement c'est comme partout dans tout ce qu'on veut faire si ça marche , ça marche pour tout le monde. Je le dis toujours, j'invite la diaspora à rentrer. La Côte d'Ivoire est magnifique , comme partout il y a des problèmes.  La  Côte d'Ivoire a une particularité d'être un pays où il fait bon vivre , un pays où l'on a tout , toutes les commodités pour pouvoir vivre de manière décente , comme si nous étions aux Etats-Unis où nous étions en Europe. Et puis je le dis toujours à la diaspora c'est à la fin de la journée que tu sais qu'il y a de la tristesse, le manque du pays.   C'est ce qui fait que cette diaspora à cette capacité, cette envie de revenir d'investir l'argent qu'elle a gagné. Je suis convaincu qu'il y a beaucoup  de choses à faire surtout dans tous les domaines d'activités de la Côte d'Ivoire. Oui, je confirme on a besoin d'eux , on a besoin de la diaspora, on a besoin de PME , PMI locales. Oui , on a besoin de tirer nous-mêmes ce pays vers le haut. On a besoin d'une croissance inclusive gérer en grande partie par les ivoiriens.Quels conseils d'experts pourriez- vous partager avec la diaspora ?
 Le   fait de créer,  n'est pas une sinécure, ne vous dite pas que , si vous créez, ça va marcher tout de suite, non. Sinon, ce serait très simple, très facile et tout le monde va le faire.  Il faut avoir un projet, il faut avoir un métier,  il faut avoir cette envie. Un entrepreneur c'est un doux rêveur. Il faut se dire on rentre pour essayer de gagner et pour gagner. Il faut se donner les moyens de gagner. C'est sûr que tout le monde ne va pas gagner, c'est ça le jeu de la libre concurrence et de l'entreprise. Peut-être qu'on trébuche, mais on se relèvera. Si on a cette envie d’entreprendre, si on a ce goût du risque et l'on se dit que c'est par nous-mêmes qu'on va y arriver, je vous assure que beaucoup de choses se feront.  Je ne suis pas un expert.  Je  ne suis pas aussi un pionnier, mais je suis une personne qui croit en qu'elle fait. Mais, je dis aussi que je suis une personne qui aime l'amour dans son grand ''A'' et en tant que ressources humaines.   Je  suis un ivoirien, toujours qui croit en son pays et ce pays ne peut être tirer vers le haut que par les ivoiriens , que par nous-mêmes. L'expertise, tout le monde a une expertise , mais il faut vraiment identifier le métier le secteur d'activité dans lequel on vient. Le seul reproche que je fais toujours, c'est le fait que l'on dise qu'un secteur d'activité donné marche et tout le monde se jette là-dedans. Je dis non, ce n'est pas comme ça que ça marche. Si quelqu'un rentre dans un domaine, c'est parce qu'il a cette maîtrise, cette expertise. Donc que chacun exerce dans son domaine,  dans le secteur qu'il maîtrise .  En somme, ce que je peux vous dire,  est  que tous les experts qui sont capables de venir en Côte d'Ivoire et capables d'investir dans ce qu'ils font , ils sont les bienvenus. Je pense qu'il y a énormément de choses à faire parce que l'argent part là où , il y a un projet viable et bancable.

Interview réalisée par  Akwaba’n Work(  il y  quelques  années). Retranscrite  par    B.M. C  collaboration (  I Cisse)