Dans l’espace de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest,(Cédéao)envisageait la réouverture intégrale des frontières, notamment les frontières terrestres dès janvier 2022. Des frontières qui sont toujours officiellement fermées depuis l’apparition des premiers de Covid-19 en Afrique de l’Ouest. La session ordinaire du Conseil des ministres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) tenue récemment à Abuja au Nigeria, vers la fin de l’année 2021 avait mis la question de la réouverture des frontières au 1er janvier 2022. Il en a été de même pour l'harmonisation de la reconnaissance des tests Pcr sur la table alors que certaines d'entre elles sont restées fermées depuis plusieurs mois, à cause de la pandémie de Covid-19. Avec la fermeture des frontières maliennes, au moins cinq pays voisins de la Cédéao, consécutivement à l’ embargo de la Cédéao du 10 janvier 2022, qui en rajoute à la tablette de sanctions contre la junte malienne, certainement l’on va vers un report de cette « réouverture intégrale ». Ou alors, les pays membres de la Cédéao ayant faisant frontières d’avec le Mali vont prendre le train en marche. Et pourtant, dans l’optique de cette réouverture intégrale, commerçants, transporteurs et transitaires avaient commencé à redéployer à la grosse batterie pour reprendre d’assaut les corridors ouest africains. Malheureusement, les de marchandises commandées déjà en parcs sous douanes dans les zones portuaires ou en route vers le pays de Soundjata, vont devoir attendre que les autorités maliennes et ceux de la Cédéao trouvent un compromis. Cette attente, des opérateurs économiques la voudraient moins longue, car, elle a un coût !
Des surcoûts qui risquent de peser lourds…
Evidemment, « ces sanctions de la Cédéao qui vont visiblement déglinguer davantage l’économie et faire souffrir les populations maliennes, vont aussi alourdir les charges des opérateurs économiques qui seront contraints d’entreposer les marchandises dans des entrepôts. Avec pour conséquences, le paiement de lourds surestaries dans les ports de transits d’une part, et aux transporteurs routiers » Nous explique K. L, un expert en transports maritimes. Compte tenu du fait que les chargeurs maliens et leurs partenaires ont la possibilité d’utiliser d’autres ports notamment celui de la Guinée Conakry, l’on va assister aux « détournements » de trafics vers le port de ce pays qui n’ a certes pas de grandes infrastructures comme ceux d’Abidjan et de Dakar, mais qui pourrait profiter de l’occasion pour se redimensionner, se positionner davantage, pour capter une partie du trafic traditionnel destiné aux ports ivoiriens et sénégalais. « La Guinée Conakry commerce déjà avec le Mali. L’axe Conakry – Bamako n’est pas entièrement bitumé. Les travaux en cours, vont connaitre un coup d’accélérateur. Un peu comme le Sénégal a profité de la crise militaro-politique ivoirienne, qui a éclaté en septembre2002, pour s’ouvrir davantage aux opérateurs économiques maliens. Avec qui, il fait de bonnes affaires depuis quelques années » estime-t-il.
Du lobbying pour le coton malien à Abidjan
Dans le fret malien à destination d’Abidjan pour l’export, nous avons en bonne place les fibres de coton. Qui, ces 20 dernières années, fait l’objet d’une cour assidue de la part des autorités des ports autonomes d’Abidjan( Paa) et de San Pedro. Un fort tonnage de l’or blanc produit au Mali qui transite par les ports ivoiriens, garanti dans le sens inverse, une remontée vers Bamako, de gros tonnages d’engrais et de pesticides entre autres pour le traitement des champs de coton, de riz et de maïs. Selon commodafrica, « En 2020/21, le Mali était le deuxième producteur ouest-africain de coton avec 1,4 million de balles, derrière 1,5 million pour le Bénin » Les chiffres du Département américain de l’Agriculture, souligne que « le Mali a fait un bond fantastique l’année dernière après une année de boycott, ses superficies cotonnières atteignant 795 000 hectares, soit une hausse de 382% sur la campagne précédente lorsque seulement 165 000 ha avaient été emblavés » Un trader interrogé par le confrère indiqué plus en question que « Face à ces volumes et aux enjeux majeurs pour la région, on peut douter que le coton malien reste longtemps sous sanction. Le coton du Mali ne devrait pas être inquiété longtemps par les sanctions. Je pense que le coton va être sorti des sanctions car la plus grande part est chargée d’Abidjan et de San Pedro et j’imagine mal la Côte d’Ivoire se passer de cette manne. Il y a près de 300 000 tonnes à exporter. A défaut, le Mali et le monde paysan sont à genoux. » Pense-t-il que les sanctions de la Cédéao tiendront longtemps ? La réponse du trader est sans ambages : « Pour le moment, cela ne se ressent pas, car il y a des quantités déjà évacuées dans les ports et la crise du fret aidant, tout est ralenti(…) Je ne pense pas que ces sanctions tiennent très longtemps car la main de la France est évidente et la cohésion de la Cédéao va se fracturer. » Aussi, les coûts dans le transport aérien et les prix à la consommation des produits de grande consommation seront aussi impactés. « Si la crise devrait s’inscrire dans la durée les compagnies de transport aérien seront aussi impactées avec les retards et les annulations des vols. Avec les remboursements en cascade. Cela sera difficile à supporter par les transporteurs aériens dont les activités sont négativement impactées déjà par la Covid-19. Aussi, les prix à la consommation de certains produits alimentaires (Sorgo,Mil et Mais) et le bétail sur pieds pourraient grimper sur les marchés ivoiriens » Commente un gros commerçant basé Adjamé.
Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. In Le Temps du 13 JANVIER 22 Nb : le titre est de la rédaction
Légende photo : (Photo Port d’Abidjan) La Côte d’Ivoire risque de perdre plus de 300 000 tonnes de coton malien à l’ export
Embargo Cédéao//Risques sur les exportations du coton malien// Incertitudes à Abidjan et Dakar// Le port de Conakry se positionne pour capter 300 mille tonnes
