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vendredi 17 mai 2024
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CI//Contexte politique et sécuritaire de la présidentielle du 30octobre 2020// Révélations et observations de Eisa et du Centre Carter

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CI//Contexte politique et sécuritaire  de la  présidentielle du  30octobre 2020//   Révélations  et observations  de  Eisa et  du Centre Carter


« Le contexte politique et sécuritaire n’a pas permis d’organiser une élection présidentielle compétitive et crédible. Le processus électoral a exclu un grand nombre de forces politiques ivoiriennes et a été boycotté par une partie de la population dans un environnement sécuritaire volatile. Plusieurs candidats n’ont pas participé à l’élection et une part importante de la population n’a pas participé à ce scrutin. Les appels de l’opposition à la désobéissance civile et les actes de violence qui ont suivi ont également impacté le scrutin. Ces problèmes menacent l’acceptation des résultats par la population et la cohésion du pays » Propos de M. Denis Kazadi Kadima, Directeur exécutif de l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique(Eisa). Il a parlé aux noms de la structure qu’il dirige et le Centre Carter(Tcc), Dans son rapport préliminaire ayant pour titre : « Un scrutin non inclusif et boycotté qui laisse un pays fracturé » de 16 pages, lu devant la presse dans un hôtel de la place, M. Kadima, chef de la mission internationale d’observation internationale Eisa/Tcc, a rappelé que « La décision du Président sortant, Alassane Ouattara, de briguer un troisième mandat, après s’être engagé à ne pas être candidat à sa propre succession, a suscité une forte crispation au sein de la classe politique et de la population. La validation de sa candidature, par le Conseil constitutionnel, a été contestée et à juste titre, les motivations de cette décision ne s’appuyant sur aucun fondement juridique clair ou justifié en points de droit. Cette orientation préoccupante fait écho à une tendance observée sur le continent africain, de changer ou amender la Constitution pour permettre à des Présidents en exercice de briguer un troisième mandat ».En ce qui concerne l’observation sur le terrain, il a été déployé 16 équipes d’observateurs. « Elles ont pu observer les opérations de vote dans 17 régions du pays. Leur observation porte sur 213 bureaux de vote (Bv) visités tout au long du scrutin. Ainsi, dans 6 des 17 régions observées, l’organisation du vote a été fortement impactée avec, à minima, 1 052 Bv comptabilisés par nos observateurs, qui n’ont jamais pu ouvrir dans ces régions. Dans les autres régions observées(…) » a-t-il dit. Eu égard à la situation sécuritaire dégradée, 54% des Bv seulement, ont pu ouvrir à l’heure et les opérations d’ouverture ont été évaluées positivement dans 66% des cas. En effet, les retards observés ont précipité les membres des bureaux de vote pour ouvrir les bureaux au plus vite, sans respecter tous les points de procédure. Le matériel était bien disponible, dans les Bv ayant ouvert, même si l’utilisation des isoloirs et des tablettes mérite. Quid du taux de participation qui était un mystère jusqu’à hier 02 novembre 2020. En tout cas jusque dans l’après- midi. (Voir encadré).
Situation sécuritaire dans certaines régions
Aussi, la mission a fait le point sécuritaire dans sa zone d’observation. Ainsi, dans les régions de Poro et Tchologo, l’administration électorale a confirmé aux observateurs que 100% des Bv ont pu ouvrir le jour du scrutin. Dans la région de Tonkpi (département de Sipilou), une attaque à la machette est intervenue dans deux Bv et les urnes ont été volées, dans le département de Man, les isoloirs de tout le département ont été incendiés au niveau de la Commission électorale locale (Cel), nécessitant de recourir à des isoloirs de fortune. « Dans la région du Cavally, le processus a été perturbé par des incidents disparates, ayant empêché l’ouverture de 53 Bv le jour du scrutin. Dans la région de Loh-Djiboua (département de Lakota), des barrages installés dans la matinée ont ralenti l’ouverture des bureaux. Dans le Haut-Sassandra (département de Daloa), le centre-ville de Daloa s’est avéré calme et propice au vote, mais les zones rurales ont fait l’objet d’incidents récurrents, comme à Sapia, Bouali, Boludughé et Boguedia où le vote a été empêché dans un nombre limité de Bv (4 sur les 84 observés par nos observateurs) sans que l’administration électorale ne souhaite communiquer sur des chiffres consolidés pour la région » précise le rapport préliminaire. Dans 6 régions où ont été déployés des observateurs d’Eisa/Centre Carter, la situation sécuritaire a fortement impacté les opérations de vote et donc, la participation des électeurs : Sud-Comoé, Gbèkè, Yamoussoukro, Bélier,Marahoué et la Mé. Dans la région du Sud-Comoé (sous-préfecture de Bonoua), 13 lieux de vote sur 28 n’avaient toujours pas pu ouvrir à la mi-journée. Une situation sécuritaire dégradée a, en effet, prévalu tout au long du scrutin. Ainsi, 10 Lv n’ont jamais pu ouvrir, sept d’entre eux n’ayant pu recevoir le matériel électoral et trois ayant été saccagés. Au total, 59 BV sur 119 n’ont jamais pu ouvrir, pour permettre aux électeurs d’exercer leur droit civique. Dans les autres départements du Sud-Comoé, 42 Bv n’ont pas pu ouvrir. Dans la région de Gbèkè (département de Sakassou), le vote n’a pu se dérouler qu’en centre-ville, 128 Bv implantés en zone rurale n’ont jamais pu ouvrir du fait d’incidents. Dans cette même région, dans le département de Béoumi (sous-Préfectures de Bodokro, Kondrobo, Sakasou et Andokekrenou) 131 Bv n’ont pas pu ouvrir sur187 ; dans le département de Bouaké (sous-Préfectures de Botro(…). Dans le district autonome de Yamoussoukro, la situation s’est avérée très tendue la veille et le jour du scrutin, avec des barrages, des coups de feu et des intimidations récurrentes de jeunes à moto munis de machettes. Cet environnement dégradé n’a pas permis à 276 bureaux de vote d’ouvrir sur 359 soit 77% des bureaux du district. Dans la région de Bélier (département de Tiébissou), 113 des 139 Bv sont restés fermés toute la journée. Dans la région de Marahoué (département de Bouaflé), des retards ont été observés pour l’ouverture du scrutin, du fait de barricades. A la fin de la journée, 119 BV n’avaient toujours pas pu ouvrir, particulièrement en zone rurale. Bref, la Mission internationale d’observation électorale (Mioe), déployée par l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (Eisa) et le Centre Carter, note que l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 a été organisée dans un environnement politique très polarisé. Le climat pré-électoral a été marqué par un profond manque de consensus entre les forces politiques et un paysage médiatique détérioré par des discours haineux, incitant à la violence et exacerbant des antagonismes régionaux. « Une partie des protagonistes a ainsi préconisé le report du scrutin et privilégié un dialogue préalable, nécessaire pour dégager un consensus et lever, ainsi, les principales entraves à la poursuite d’un processus électoral apaisé » a dit M. Kadima.

Un scrutin marqué par de nombreux incidents…
Selon le chef de la mission, « le taux de participation est extrêmement bas. Selon les retours qui nous avons eu du terrain. Mais pour l’instant, nous ne pouvons donner un chiffre précis. Il a été noté une affluence dans le nord, une faible affluence dans le centre et variable dans le sud. A comparer aux élections précédentes, le taux sera extrêmement bas(…) ». Non sans ajouter que « le taux de participation observé est mitigé et présente de fortes disparités sur le territoire national avec un taux élevé dans le nord, faible dans le centre et à l’ouest et très variable dans le sud du pays. Le scrutin a été marqué par un grand nombre d’incidents et un environnement sécuritaire volatile ». Par ailleurs, dans le rapport préliminaire, il est clairement souligné que 44 candidatures déposées, 40 ont été rejetées, sans que les prétendants n’aient accès à un recours effectif, le rejet de leurs dossiers leur ayant été signifié en dernier ressort. Sur quatre candidatures acceptées, seuls Alassane Ouattara et Kouadio Konan Bertin ont mené campagne, les deux candidats de l’opposition ayant appelé à boycotter activement le processus électoral. Ces facteurs combinés ont plongé le pays dans une période de campagne électorale déséquilibrée et terne, marquée par la désobéissance civile et des violences qui ont fait plus de 30 morts et des centaines de blessés. L’obligation de respecter la période de campagne officielle et l’interdiction de recourir aux biens de l’État ont été largement bafouées. Les modalités de financement des partis politiques et de la campagne électorale n’ont pu être que très partiellement appliquées et le cadre juridique ne prévoit pas de plafond des dépenses de campagne ni de contrôle. « La République de Côte d’Ivoire devrait être particulièrement sensible au respect des décisions de la justice internationale et, notamment, des récents arrêts de la Cour africaine de droits de l’homme et des peuples dont les décisions s’imposent à elle. La liberté de réunion et de manifestation a été limitée par l’imposition d’une autorisation préalable soumise au pouvoir discrétionnaire de l’autorité de l’Etat. L’état d’urgence ne saurait imposer une telle limitation pendant une période électorale. La composition de l’administration électorale devrait garantir une représentativité des différentes forces politiques, pour autant brouillée par des revirements politiques et un blocage persistant de l’opposition sur les modalités de proposition de ses membres, ayant entraîné leur retrait de l’institution » a-t-il rapporté M. Kadima. Cette situation a conduit la Commission électorale indépendante (Cei) à fonctionner, au niveau central, avec 13 membres sur 16 et ses démembrements avec cinq des huit membres prévus par les textes. En outre, poursuit –il, « les démembrements de l’administration électorale sont largement dominés par la majorité présidentielle avec 97% de présidents de commissions locales, rencontrés par nos observateurs, appartenant au Rhdp. Le fichier électoral de la Côte d’Ivoire a connu une révision en 2020, qui lui a permis d’accroître sensiblement le nombre d’électeurs inscrits, atteignant aujourd’hui environ 71% d’inscrits par rapport à la population cible. Cependant, le manque de transparence relative des institutions ivoiriennes, sur ce sujet, ne permet pas de garantir sa représentativité territoriale, la complétude des données ou encore l’unicité des électeurs » En outre, la radiation des électeurs décédés communiquée par la Cei ne représenterait que 5% des personnes potentiellement décédées depuis la dernière révision de 2018, un grand nombre d’électeurs aujourd’hui décédés restent donc présents dans la base de données.
Ayoko Mensah
Légende photo : L’ élection présidentielle du 31 octobre 2020 a été organisée dans un environnement politique très polarisé.

 

 

 

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