« Au niveau domestique, le climat politique pourrait se détériorer à l’approche des prochaines élections présidentielles… Une forte incertitude pourrait retarder les investissements et ralentir l’activité économique. Une hausse de l’agitation sociale, comme lors du premier semestre 2017, pourrait influer sur la conduite de la politique budgétaire si le gouvernement choisi de répondre favorablement à de nouvelles revendications ».Extrait du 7e rapport sur l’économie de la Côte d’Ivoire publié en juillet 2018 par le Groupe de la Banque mondiale et dont le thème est : « Pour que demain ne meure pas jamais, la Côte d’Ivoire face au changement climatique ». Une lecture des experts de la Banque mondiale qui cadre bien avec l’actualité socio-politique nationale de ces derniers mois. Marqués par la montée de l’adrénaline dans les états-majors des politiques dans la perspective de la présidentielle d’Octobre 2020. A environ 4 mois du premier tour de cette jouxte électorale, le climat politique commence à s’alourdir et de plus en plus angoissant. Il pourrait davantage se détériorer et impacter négativement l’investissement privé d’ici 2020. Le constat sur le terrain : Dans le message des groupes de soutien pro- Rhdp qui portait jusque-là la candidature d’Amadou Gon Coulibaly, décédé le 8 juillet 2020 à Abidjan, pas question d’un deuxième tour. Il faut gagner dès le premier tour au soir du 31 Octobre 2020. Pour honorer la mémoire du défunt. Pendant qu’en face, le Pdci Rda, le Fpi et des indépendants qui n’entendent pas se faire conter affutent leurs armes pour disent-ils gagner. Comment pourrait gagner le Rhdp qui est non seulement en train de se trouver un autre candidat de la carrure d’Agc, en trois mois et gagner ? Des faucons de ce parti dont Adama Bictogo sont en train de faire un appel de pieds à Ouattara à briguer un troisième mandat pendant que le Washington le lui déconseille et que Paris est dans l’embarras. Pour tout dire, la cocotte-minute est en marche. De l’avis d’experts, « il est difficile à une seule formation politique de gagner une élection présidentielle en Côte d’Ivoire au premier tour. Stratégiquement, le Pdci Rda , malgré des départs d’un bon nombre de ses cadres au Rhdp( certainement seuls), est en plein dans un jeu d’alliance avec le Front populaire ivoirien( Fpi)(…).Ce qui ne faut pas négliger ».Face à une tension prévisible, depuis 2018,un haut fonctionnaire du système des Nations unies,( Snu), très formel faisait, il y a plus de deux ans son analyse sur la poursuite des grands chantiers en Côte d’Ivoire, avait été aussi formel :« Les investissements publics vont continuer mais nous allons assister à un grand ralentissement au niveau du privé au fur et à mesure que nous allons approcher les élections de 2020 ». La Banque mondiale n’ a certainement pas tapé en plein dans le mil. Nous sommes en juin 2020. Avec la pandémie sanitaire à la Covid-19, le PsGouv, entendez Programme social du gouvernement tourne quasiment au ralenti. Nous enregistrons plus d’effets d’annonces que du concret. L’émergence à l’horizon 2020 n’est plus à l’ordre du jour. Les priorités sont ailleurs et il est même prévu un collectif budgétaire pour prendre en compte les nouvelles dépenses nées de la crise sanitaire. Vous avez dit crise sanitaire à la Covid-19 ? La facture de son impact socio- eco s’annonce très amère aussi bien pour le secteur privé ivoirien que pour l’Etat de Côte d’Ivoire. Ce dernier à mi en place un programme riposte économique et social de 170 milliards de Fcfa dont les signes tangibles sont encore difficilement perceptibles par le secteur privé ivoirien. C’est dans cet environnement de menace à la Covid-19 que la Côte d’Ivoire a encore mal à son nord.
Ces attaques qui en rajoutent à la peur des opérateurs économiques
Pendant que les Forces de défense se bandent les muscles au sud, parce qu’alertées sur l’éventuelles attaques sur la zone aéroportuaire, le poste avancé de l’armée ivoirienne basée à Kafolo a été attaqué par des hommes armés non encore identifiées. Le Ministre d’Etat, Ministre de la défense Hamed Bakayoko L’a qualifié l’attaque à Kafolo de "terroriste". Il a fait cette déclaration le jeudi 11 juin 2020. C’était lors de l’accueil des 6 blessés de l’attaque arrivés à Abidjan à bord d’un avion de l’Armée ivoirienne. Le Ministre Hamed Bakayoko a fait savoir que des dispositions ont été prises pour sécuriser la zone et identifier les auteurs de ce drame. « Nous allons renforcer la présence militaire autour de la frontière, il y’aura du renfort aérien et le ratissage permettra de neutraliser les assaillants(…) Nous réagirons à la mesure de l’attaque, représailles ou pas, nous nous organisons pour face au terrorisme (…) le plus important pour nous, c’est de protéger nos populations et notre territoire ». Avec une attaque terroriste non encore revendiquée comme d’ordinaire. « Nous avons eu des informations sur cette menace des narcotrafiquants alliés aux terroristes qui voulaient avoir un accès à une zone portuaire et la Côte d’Ivoire était en ligne de mire », avait révélé Hamed Bakayoko dans le feu de l’action. Quand le ministre de la Sécurité, le Général Diomandé Vagondo disait : « Ce qu’il faut retenir, c’est qu’à la suite de cette attaque dont les auteurs n’ont pas encore été identifiés et qui n’a pas encore été revendiquée, à la suite de cette attaque, le dispositif de protection des frontières a été renforcé. Les enquêtes continuent. Nous aurons des résultats très rapidement pour que nous puissions savoir à qui on a affaire ». Quelles Contradictions flagrantes entre deux hauts ‘sécurocrates’ de Ouattara. Heureusement, Ali Sidibé, dit Soufian, l’individu qui était à la tête du commando qui a attaqué Kafolo a été pris. Avec lui, plusieurs individus mais il faut faire beaucoup attention. Commentant cette arrestation très rapide des experts et analystes préviennent : « Ils ont été certes pris, mais l’armée ivoirienne ne doit pas baisser la garde. Ils peuvent être dans une stratégie de diversion pour revenir à la charge(…). Ce n’est pas de nature à rassurer le milieu des affaires déjà traumatisé par les conséquences du Coronavirus et les cris des politiciens(…) » Pour rappel, le bilan provisoire de l’attaque contre une base militaire à Kafolo, localité située à 60 km de Kong dans le nord-est ivoirien fait état d’une dizaine de morts, 6 blessés et un assaillant neutralisé selon l’Etat-major général des armées. Le lendemain, des militaires ivoiriens basés à kaniasso dans le nord- ouest de la Côte d’Ivoire ont été attaqués. Faisant des blessés graves dans les rangs des Forces de défenses et de sécurité.
Un autre sale coup pour le tourisme ivoirien
Curieusement, ces sites attaqués se situent dans le prolongement de la bande du parc de la Comoé. Une zone sur laquelle, l’ambassade de France en Côte d’Ivoire avait donné des détails et informations peut rassurants en terme de sécurité depuis 2019. Les signaux et petites notes de cette chancellerie à Abidjan, disait en substance que « non seulement cette zone était fréquentée par les mouvements terroristes à cheval entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso mais, aussi elle la déconseillait aux touristes français ». Un tableau peu reluisant qui impacte indubitablement sur l’activité économique, notamment touristique dans la partie nord de la Côte d’Ivoire. Avec cette attaque de Kafolo, l’activité touristique vient de prendre un sacré coup. Kafolo qui vit du tourisme, c’est le complexe Kafolo Safari Lodge(Ex-calao Ganse). Qui dispose aussi d’un aérodrome et une auberge de 40 chambres. « Avec ces 40 chambres tout confort, reparties en 20 boungalows pyramidaux. Et aussi un cadre qui invite au repos avec bar, piscine, salle de lecture climatisée et connexion. Internet Wifi. Avant la rébellion de 2002, Kafolo était l’une des meilleures destinations que les touristes choisissaient pour les merveilles du parc national de la Comoé. Un parc qui relie le village à Bouna. Le Safari ivoirien intégrait Kafolo ». Nous rapporte le confrère B. Mathieu. Les effets collatéraux de cette chienlit et de la pandémie à la Covid-19, ruinent tout espoir de relance des activités touristiques dans cette partie de la Côte d’Ivoire. Pris dans l’ensemble, l’impact du Coronavirus sur le secteur du Tourisme et des loisirs se chiffre à plus de 240 milliards de Fcfa. Au dire de Siandou Fofana, ministre ivoirien du Tourisme et des Loisirs, « Les pertes dues à la Covid -19 sont estimées à 240 milliards F Cfa. Il est donc question de mettre en place des mécanismes impliquant la plupart des entreprises du secteur en mettant des outils de rattrapage en place pour faire face à de futures crises qui nous impacteraient. Il sera également question d’un fonds d'investissement qui sera géré par les professionnels et l'ensemble des faitières uniquement en accord avec les banques sur la base d'un prélèvement institué en vue de constituer des réserves pour faire face au besoin de financement en cas de situation de crise ou de difficulté avérée d’exploitation ». La facture sera très salée…
Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
( In Le Temps)
Légende photo : Un vue du port d’Abidjan qui serait aussi dans l’œil du cyclone