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vendredi 3 mai 2024
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Covid-19/ Les effets de la crise sanitaire sur l’économique ivoirienne// Les chèques promis par l’Etat se font attendre….

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Covid-19/ Les effets de la crise sanitaire sur l’économique ivoirienne//       Les  chèques promis par  l’Etat se font attendre….

Depuis plus de trois mois, l’économie mondiale est impactée négativement par la crise sanitaire liée au Covid-19. La Côte d’Ivoire n’est pas épargnée par les effets collatéraux de cette pandémie. L’état des lieux….

« Mesdames et messieurs, les problèmes de trésorerie ont fini par avoir raison de la volonté de maintenir coûte que coûte les emplois. La mort dans l’âme, quelques entreprises sont emmenées, à mettre au chômage technique ou à licencier des travailleurs. Et si l’on n’y prend garde, au mois de Mai et Juin la situation se dégradera dangereusement » Propos de M. Amed Cissé, vice- président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire,( Cgeci). C’était le 1er mai 2020, à l’occasion de la célébration symbolique de la fête du travail à l’auditorium de la Primature au Plateau. Des propos qui illustrent bien le sentiment profond des opérateurs économiques ivoiriens, face à la crise sanitaire liée au Covid-19. Qui depuis plus de trois mois, est en train de bouleverser aussi bien l’environnement sanitaire qu’économique. Ce qui fait dire à bien d’observateurs que nous sommes passés de la crise sanitaire à une crise économique sans précédent à travers le monde. L’onde de choc de l’infection à Coronavirus, déclarée pour la première fois en Chine, s’est vite propagée dans le monde entier. Face à la vague de contamination, Covid- 19 a fini par être déclarée par l’Organisation mondiale de la Santé( Oms) comme une urgence sanitaire. Elle a commencé à mettre à rude épreuve aussi bien les systèmes sanitaires et économiques des pays dits développés que ceux des pays pauvres. Pour la contrer, les Etats ont mis en place des mesures drastiques de confinement des populations, des couvre-feux entre autres. Plongeant ainsi l’économie mondiale dans une crise sans précédent. Au fur et à mesures que les jours passent, la Côte d’Ivoire, première puissance économique de l’Union économique et monétaire ouest africain,( Umeoa) reçoit de plein fouet, les effets collatéraux et ravageurs du minuscule et invisible Covid-19. Qui est en train d’impacter négativement le tissu économique ivoirien.

Le secteur privé en panne sèche de liquidité…

M. Amed Cissé, vice- président du patronat ivoirien tire la sonnette d’alarme quand ajoute : « Il y a urgence et l’application immédiate de toutes les mesures annoncées il y a un mois, offrira une vraie bouffée d’oxygène aux entreprises et par ricochet, aux travailleurs. Plus de 50 % des entreprises impactées sollicitent des aides financières pour faire face à leurs charges mensuelles et au règlement des factures des fournisseurs ». Soulignons à ce propos qu’une étude récente, réalisée sur un échantillon de 5 499 Pme et Grande entreprises du secteur formel, a déterminé le nombre de jours pendant lesquels une entreprise peut tenir grâce à ses réserves de trésorerie si ses entrées de liquidités cessaient. « Les résultats indiquent que 50% des entreprises risquent la faillite au bout de seulement 35 jours en cas d’arrêt complet des entrées de liquidité (de 21 jours pour l’Industrie à 43 jours pour le commerce). La question que l’on est en droit de se poser, c’est combien de jours les entreprises peuvent tenir grâce aux mesures fiscales. Au-delà, nous pensons qu’il est possible et même fortement souhaitable d’envisager des mesures et mécanismes additionnels comme l’accès des travailleurs au fonds de solidarité. Ces efforts ne doivent pas s’analyser comme une dépense, mais bien plutôt comme un investissement pour soutenir la consommation et faciliter la relance de l'économie ivoirienne une fois la crise sanitaire surmontée » ajoute- t-il. Mais que fait le gouvernement ivoirien pour soulager les créateurs de richesses ; le secteur privé ivoirien ?Le Chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara, dans sa dernière adresse à la Nation à l’issue de la dernière réunion feutrée du Conseil nationale de sécurité du 07 mai 2020, a dit justement que dans le cadre du « Plan de soutien économique et social Covid-19, plus de 190 milliards de Fcfa ont déjà été décaissés ». Une manne qui n’ a pas encore impacté les comptes des entreprises ( Voir encadré 1). Au niveau de l’emploi, même si le gouvernement plaide pour évider les licenciements et les chômages techniques, le nombre de chômage technique ne fait que flamber. En effet, le 1er mai 2020, fête du travail, les centrales syndicales indiquaient plus de 18 mille travailleurs en chômage technique. Avant d’atteindre très rapidement la barre des 19 mille. Le 06 mai 2020, les mêmes sources, c’est-à-dire les partenaires sociaux avançaient plus de 25 mille travailleurs touchés par la vague des chômages techniques dont les pics sont enregistrés dans le secteur des transports, du tourisme et de l’hôtellerie.( Voir encadré2). Dans cette grisailles, les grosses entreprises comme le Groupe Sifca opérant en grande partie dans l’agro-industrie et le transport maritime d’une part, et Groupe Nsia dans la bancassurance d’autre part, ont opté pour le télétravail et parfois la rotation de certains travailleurs, sur certains pôles d’activités, l’impact en termes de chômages techniques est réel. Dans la gestion du train- train quotidien

 

Le privé et le public à l’heure de la gestion du train- train quotidien

Désormais que ce soit dans le secteur privé que public, l’heure est à la gestion du train - train quotidien pendant que la mise en œuvre des stratégies d’entreprises en vue de l’atteinte des prévisions annuelles, les plans d’investissement et autres sont remis à plus tard. Il faut d’abord et avant tout, mettre tout en œuvre pour ‘tuer’, l’ennemie commun et invisible : le Covid19. Dans son dernier rapport du 02 avril 2020, le Département des Affaires Economiques et Sociales des Nations-Unies (Daes) a encore revu à la baisse la croissance annuelle du Pib mondial qui devrait désormais s’établir à 1,5% en 2020 au lieu de 2,5% en raison de la pandémie. En Afrique, le Forum économique mondial alerte sur le risque de perte d’emplois pour plus de la moitié des travailleurs. La Commission économique pour l’Afrique (Cea) prévoit, de son côté, une division par deux de la croissance économique du continent à 1,8%. Dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest africaine( Uemoa), le dernier sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement ténu par visioconférence, le lundi 27 avril 2020, a pris la pleine mesure de l’ampleur de la pandémie dans l’espace communautaire.. Non sans recommander la mise en veilleuse du Pacte de convergence et la mise en place d’un plan de riposte globale bien chiffré entre autres. La dernière édition d’Africa’s Pulse, le rapport semestriel de la Banque mondiale consacré à la conjoncture économique africaine donnent froid dans le dos. Car, précise le précieux document, « La croissance en Afrique subsaharienne a été touchée de plein fouet par la pandémie de coronavirus et devrait se rétracter fortement entre 2019 et 2020, passant de 2,4 % à -5,1 %, plongeant la région dans sa première récession depuis plus de 25 ans. » En attendant des données plus affinées d’ici la juin 2020, entre impératif sanitaire et reprise économique, le chef de l'État ivoirien a opté pour le retour à pas forcés vers la normalité. Le jeudi 7 mai 2020, dans son deuxième discours à la nation, sur le sujet du coronavirus, Alassane Ouattara a divisé le pays en deux zones. L'intérieur du pays est la zone verte où moins de 10% des cas sont enregistrés. Et puis, depuis le 21 avril, aucun test positif n'y a été recensé. Alors, ici, le couvre-feu et toutes les mesures restrictives (fermeture des bars, maquis, boîtes de nuit, salles de cinéma, etc.) sont levés; les cours, officiellement suspendus jusqu'au 16 mai 2020, vont reprendre, une semaine plus tôt, du primaire au supérieur, à compter du lundi 11 mai. Le grand Abidjan, épicentre de la maladie, reste la zone rouge jusqu'au vendredi 15 mai, c'est-à-dire pour encore une semaine.

Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Légende photo : Le port d’Abidjan et le transport maritime tournent au ralenti...

Encadré 1 :

Le gouvernement continue de tourner en rond

Pourtant, l’annonce par le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, par ailleurs, ministre du Budget et du portefeuille de l’Etat, d’un plan de riposte économique d’un montant de 1700 milliards de Fcfa, soit environ 5% du Produit intérieur brut( Pib) de la Côte d’Ivoire , avait été applaudie par les syndicats et le secteur privé ivoirien. En effet, dans un message radiotélévisé, en date du 31 mars 2020, M. Amadou Gon avait annoncé la création de plusieurs fonds. Pour juguler les conséquences de la crise sanitaire et relancer l’appareil productif dans l’après Coronavirus, l’Etat de Côte d’Ivoire, a mis en place des mesures économiques chiffrées à 1700 milliards de Fcfa. Ces mesures sont en train d’être déroulées difficilement. Plus d’un mois après l’annonce fracassante, les acteurs du secteur privé ivoirien, la mort dans l’âme continuent d’attendre. Les fonds mis en place et qui attendent d’être opérationnels, sont : le Fonds national spécial de solidarité et de soutien humanitaire, d’un montant de 170 milliards de Fcfa qui sera doté de 50 milliards de Fcfa, dont 20 milliards par le gouvernement. Le Fonds d’appui aux acteurs du secteur informel, d’un montant de 100 milliards de Fcfa qui sera doté de 20 milliards de F cfa. L’adoption du manuel de procédures, des modalités d’intervention et du mode opératoire étaient attendues avant le 24 avril 2020. Quid du soutien aux Pme ? Quant au Fonds de soutien aux Pme, d’un montant de 150 milliards Fcfa et le fonds de soutien aux grandes entreprises, doté d’un montant de 100 milliards de Fcfa seront respectivement approvisionnés de 40 et 30 milliards de Fcfa. Le Chef de l’Etat ivoirien, le 07 mai 2020 annonçait que plus de 190 milliards de Fcfa avait été déjà décaissé. Avant de donner des détails quand il précise : « A ce jour, le gouvernement a décaissé, pour le compte des différents mécanismes de soutien, un montant cumulé de 190 milliards de Fcfa comprenant : 50 milliards de Fcfa pour le fonds de solidarité 40 milliards de F Cfa pour le fonds de soutien aux Pme. 30 milliards de Fcfa pour le fonds de soutien aux grandes entreprises ; 20 milliards de Fcfa pour le fonds d’appui au secteur informel ; 50 milliards de Fcfa en soutien au secteur agricole, dont 10 milliards de Fcfa pour le vivrier ».Mais que dit le secteur privé ivoirien qui attendant toujours la traduction dans la réalité de ces promesses gouvernementales ? « Malgré les annonces, nous n’ avons pas encore reçu cinq francs de l’Etat. Nous sommes confrontés à une grosse lourdeur administrative. Trop de procédures, nous allons mourir. C’est trop grave. Pour les fonds, les autres pays ont commencé sauf nous(…). On nous parle de 100milliards de Fcfa logés à la Banque Nationale d’investissement( Bni). C’est certes petit mais si les banques jouent le jeu, elles peuvent multiplier par 3 ou 4. Les entreprises françaises ont leurs banques. Les marocaines aussi tout comme les libanaises qui ont leur circuit et reste qui ?(…) ». S’indigne un opérateur économique, sous le couvert de l’anonymat. Ses propos traduisent bien l’état d’âme du secteur privé ivoirien. Mais quand le secteur privé va- t-il passer à la caisse ? Certainement après la validation par les cabinets privés de renommée internationale qui ont été recrutés à grand frais pour accompagner les organes de gestion des différents fonds mis en place . « Ceux-ci définiront les critères de sélection et le mode opératoire, en accord avec le Secteur privé. Compte tenu de l’urgence des besoins, des dispositions transitoires vont être adoptées, en vue de la matérialisation des premiers soutiens à compter du vendredi 15 mai 2020 » a dit le Chef de l’Etat ivoirien.

Bamba M.

Légende photo : Alassane Ouattara, le Chef de l’Etat ivoirien et son gouvernement sont toujours attendus par le secteur privé ivoirien.

Encadré 2 : Emplois ; les clignotants au rouge en Côte d’Ivoire..

Pour la Côte d’Ivoire, les prévisions les plus optimistes indiquent que la croissance projetée à 7,2% pour l’année 2020, se contracterait significativement à 3,6%, dans l’hypothèse d’une maîtrise de la pandémie à fin juin 2020. Selon M. Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre Ivoirien, « La fermeture des frontières, les mesures et exonération fiscales représentent une moins-value de 300 milliards de Fcfa à l’Etat. Quand on parle des 1700 milliards de Fcfa, il faut intégrer cette moins- value et coûts supplémentaires(…) » a -t-il dit. Rien que dans la région du Bélier, dans le centre de la Côte d’Ivoire et dans le Bas Sassandra, l’impact socio- économique est implacable. Spécifiquement dans le secteur de l’industrie touristique, l’industrie du bois et dans le transport maritime. Un confrère de la télévision nationale indiquait il y a plus d’une semaine : « Yamoussoukro, ville touristique qui ne dispose pas d’usine, ce sont plus de 5 mille personnes qui sont au chômage technique. Quand le manque à gagner se chiffre à plusieurs milliards de Fcfa au secteur de l’hôtellerie que de la restauration ». Malekah Mourad- Condé, Dg de Sodertour-lacs pour sa part ne manque pas d’avertir : « Le tourisme aura une très longue convalescence en Côte d’Ivoire ». La situation est telle que cette société d’Etat a dû mettre au chômage technique 500 employés. Sodertour-Lacs, société d’Etat chargée du développement touristique, gère le patrimoine hôtelier et touristique de l’Etat à Yamoussoukro et sa région ainsi qu’à Séguéla. « Nous sommes une industrie du voyage et de l’accueil. Quant à la situation des employés, elle est très critique. Avec la fermeture des établissements, nous avons mis en chômage technique 500 employés, arrêté 300 contrats de stagiaires et laissé également 1 500 employés journaliers ». Dit-elle. A San Pedro, pôle économique du sud –ouest de la Côte d’Ivoire, le port tourne au ralenti. Nous sommes bien évidemment en plein dans la campagne intermédiaire de commercialisation du cacao dont le port de San pedro est le premier port mondial. A cause de la crise sanitaire liée à Coronavirus, les bateaux n’arrivent plus comme d’ordinaire. Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’activité économique à la station balnéaire. Avec pour conséquences, le lot de chômage technique dans le secteur de l’hôtellerie et de la manutention au niveau du port et des entreprises opérant dans le secteur de l’exportation du cacao. Sans oublier l’industrie du bois qui était déjà sinistrée bien avant Coronavirus. La mesure de réouverture des espaces gastronomiques, bars et restaurants et des écoles depuis le 08 mai 2020, va-t-elle relance véritablement les activités ? Attendons de voir. Au niveau du continent africain, l'Union africaine (Ua) indique que : « près de 20 millions d'emplois à la fois dans les secteurs formel et informel, sont menacés de destruction ».Pour l'Organisation des Nations unies( Onu) ,qui se fonde sur une alerte de l’Organisation internationale du travail le mardi 28 avril 2020, sur les ravages sanitaires et sociaux du Covid-19,«ce nombre pourrait aller jusqu'à 50 millions ». Aussi, l’Oit prédit que sur une population active de 3,3 milliards de personnes, plus de quatre sur cinq sont affectées par la fermeture totale ou partielle des lieux de travail.

Bamba M.

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