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Coulibaly Sangafowa Mamadou( Minader) // Filière café-cacao // « Les efforts du gouvernement ont permis d’améliorer significativement la part du paysan »

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Coulibaly Sangafowa Mamadou( Minader) //  Filière café-cacao // «  Les   efforts   du   gouvernement     ont   permis   d’améliorer significativement la  part  du  paysan »

La cérémonie de présentation du 9ème rapport de la Banque Mondiale sur la situation économique de la Côte d’Ivoire qui a eu lieu ce jeudi 11 juillet 2019,  a été l’occasion pour le ministre ivoirien de l’Agriculture et du développement rural,  M. Coulibaly Sangafowa Mamadou, de faire quelques commentaires sur ledit document. Propos liminaire… « Monsieur   le   Ministre   de   l’Economie   et   des   Finances,   représentant   Monsieur   le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat ;Madame la Directrice des opérations de la Banque Mondiale pour la Côte d’Ivoire ;Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;Mesdames, Messieurs, Je voudrais avant tout propos, exprimer ma profonde gratitude à Monsieur le Premier Ministre, Chef  du  Gouvernement, Ministre du Budget  et  du Portefeuille de l’Etat,  pour l’insigne honneur qu’il me fait en me désignant pour conduire les discussions au sein du panel organisé à l’occasion de la cérémonie de présentation du 9ème rapport de la Banque Mondiale sur la situation économique de notre pays, dans lequel je serai représenté par le Directeur Général du Conseil Café-Cacao. Mesdames et Messieurs,  Je voudrais d’entrée dire que je suis un assidu de la présentation des rapports périodiques de la Banque Mondiale sur la situation économique de notre pays. Cela   s’explique   bien   sûr   par   le   fait   que   je   suis   détenteur   d’un   des   portefeuilles économiques du gouvernement. Mais je me dois de reconnaître que c’est surtout la qualité des rapports et celle de leurs présentations qui expliquent mon assiduité. Le présent rapport n’a pas failli à cette réputation. Dès lors, je me suis trouvé face à un choix cornélien lorsque, frappé par un deuil, il m’a fallu arbitrer entre ma présence parmi vous ce matin et ma présence parmi les miens en famille. Ce choix était d’autant plus difficile à faire que le neuvième rapport portait essentiellement sur le secteur agricole et particulièrement sur la filière Café Cacao dans le contexte actuel de cette filière. Si en définitive je me suis excusé auprès des miens pour être des vôtres ce matin, c’est aussi parce que je voulais saisir l’opportunité de cette cérémonie pour rendre hommage au Directeur sortant des Opérations de la Banque Mondiale, Monsieur Pierre LAPORTE dont l’intérêt pour le secteur agricole de notre pays ne nous a jamais fait défaut et aussi saluer Madame Coralie GEVERS, la nouvelle Directrice des Opérations pour tout l’intérêt qu’elle voudra bien réserver à ce secteur clé de notre économie. Permettez   que   j’en   profite   pour   saluer   l’expertise   de   Monsieur   Jacques   Morisset, Coordonnateur   sectoriel   macroéconomie   de   la   Banque   mondiale   en   Côte   d’Ivoire.   La qualité   de   ses   analyses   m’a   toujours   impressionné.   Au   moment   où   il   nous   quitte,   je voudrais saluer le Haut cadre international et l’ami de la Côte d’Ivoire qu’il est. Mesdames et Messieurs, Pour en venir au sujet qui nous rassemble ce matin, je dois dire que suite à la présentation du   rapport  qu’il   vient  de   faire,  j’ai   éprouvé   le  besoin   de  faire   quelques   remarques   et commentaires juste avant le panel. Je remercie l’organisateur principal de ce qu’il convient désormais d’appeler un rituel (BM&RCI), pour avoir accédé à ma requête de faire des commentaires sur  le  rapport avant  le  panel. J’en  profite  d’ailleurs pour  saluer le Haut commis de l’Etat qu’il est comme on en trouve rarement de nos jours dans notre pays. Je veux   parler   du   Directeur   de   Cabinet   du   Premier   Ministre,   Monsieur   Ahoutou   Koffi Emmanuel. En ce qui concerne le diagnostic sur le secteur agricole et particulièrement sur la filière Café Cacao, nous le partageons largement. Cependant, je   voudrais  faire observer  que  ce diagnostic  ne met  pas  suffisamment en évidence les performances du secteur agricole des sept dernières années. Contrairement au 6ème rapport qui avait conclu que la croissance économique enregistrée par notre pays en 2017 a été largement portée par le secteur agricole. En effet, les productions végétales toutes catégories confondues sont passées en volume d’environ 17 millions de tonnes à environ 25 millions de tonnes entre 2012 et 2018 soit une croissance de 68%. En valeur, les revenus globaux des producteurs ont, quant à eux doublés sur la même période. Passant d’environ 3000 milliards á 6000 milliards de FCFA. Ce  sont   ces  résultats   qui  ont   permis  à  notre   pays  d’enregistrer   la  plus  forte   balance commerciale agricole excédentaire du continent africain devant l’Afrique du Sud en 2018.Selon une publication des experts des matières premières. Le fait que sur cette période la contribution du secteur agricole au PIB soit restée modeste (21 et 22,7%) par rapport aux secteurs secondaire et tertiaire est plutôt un bon signe et pourrait être le fait d’une modernisation progressive de notre économie prenant appui sur le secteur primaire agricole. En tout cas, c’est ainsi que l’ancien Directeur des Opérations de la Banque Mondiale, Monsieur   Madani   TALL   a   interprété   de   tels   signaux   lors   du   groupe   consultatif   sur   le financement de notre PND1 à Paris en 2012.C’est d’ailleurs un signe caractéristique des économies des pays émergents notamment ceux d’Asie, parmi lesquels notre pays aspire à compter.  Un autre chiffre dans le rapport qui est un élément indicatif de cette tendance, c’est celuide la part des emplois agricoles dans la population active qui est tombée à 51% contre 60à 70% aux lendemains des indépendances. Ce   qui   veut   dire   que   nous produisons   plus   avec   moins   de   personnes   et   qu’il   y’a   un transfert des emplois du secteur primaire vers les secteurs secondaire et tertiaire. Mesdames et Messieurs, Se fondant sur le diagnostic spécifique de la filière Café Cacao, le rapport nous propose trois pistes de réflexion dont je partage la pertinence. Il s’agit:- de mettre en place un système fiable de prévision de production à court et à moyen termes ;- de prendre des mesures permettant à la Côte d’Ivoire de capter une plus grande part des ressources générées par l’économie cacaoyère mondiale ;- de prendre des mesures pour assurer une meilleure répartition de la valeur ajoutée parmi les acteurs de la filière, en vue d’améliorer le revenu des producteurs. Ces pistes de réflexion m’inspirent quelques commentaires qui, je l’espère, contribueront à alimenter les échanges lors du panel et bien au-delà de celui-ci. Pour   la   première   piste   de   réflexion,   il   est   proposé   que   la   Côte   d’Ivoire   se   dote   d’un système de prévision qui donne des indications sur la production de la campagne à venir et sur l’évolution de la production à moyen terme pour une meilleure gestion de la filière. C’est une nécessité à tout point de vue et sur laquelle un travail est en cours au niveau du Conseil du Café Cacao. Toutefois, un tel système ne pourra être pleinement profitable à tous que s’il contribue à la transparence du marché. Or, en aval, aucun effort n’est consenti pour rendre disponibles à temps les données sur les stocks et les prévisions de broyage à court et moyen terme. En l’absence de ces données qui permettent d’anticiper la demande de façon plus précise, le risque est qu’un tel système de prévision serve au final à alimenter la spéculation au détriment des producteurs. Les   mesures proposées par la   deuxième  piste   de   réflexion   pour  permettre  à  la   Côte d’Ivoire   de   capter   une   plus   grande   part   des   ressources   générées   par   l’économie cacaoyère   mondiale,   concernent   entre   autres,   l’amélioration   de   la   productivité,   la diversification   agricole,   les   produits   à   haute   valeur   ajoutée   (produits   de   niche)l’amélioration de la politique fiscale sur les ventes et la transformation industrielle. En dehors de la transformation industrielle et des produits de niche, la contribution des autres mesures à l’amélioration des ressources captées par notre pays dans l’économie cacaoyère mondiale n’est pas évidente. A   titre   d’exemple,   si   l’amélioration   de   la   productivité   permet   d’accroître   le   volume   de production  et par conséquent une  augmentation  de la  valeur  absolue  des revenus du producteur, elle n’a aucun effet sur l’équité recherchée dans la répartition des richesses générées dans la chaîne des valeurs du Cacao.  Pour ce qui est de la fiscalité sur les ventes du cacao, à l’issue de la dernière réforme de la filière, elle a été plafonnée à 22%. Depuis la mise en œuvre de cette réforme, le taux maximum   n’a   été   appliqué   qu’au   cours   de   la   campagne   2015-2016   et   sur   la   récolte principale de la campagne 2016-2017 ; sur les autres campagnes, le taux s’est situé entre16 et 18%. Si   ces   efforts   du   gouvernement   qui   seront   poursuivis   ont   permis   d’améliorer significativement la  part  du  paysan dans  les  revenus  captés  par le  pays,  ils  n’ont  eu aucune incidence sur la part captée par le pays au niveau international. S’agissant de la transformation industrielle, nous sommes d’avis que celle-ci contribuera de façon significative à l’exploitation de l’immense potentiel économique de la filière Cacao par notre pays. Pour autant que cette transformation aille jusqu’aux produits finis et qu’elle implique les producteurs et le secteur privé local. Mais comment y arriver ?  La question reste ouverte dans ce rapport. Mesdames et Messieurs, Pour terminer, je voudrais dire que ce rapport vient à propos et est pertinent tant dans ses analyses que dans ses suggestions. La plupart de ses recommandations font déjà l’objet d’analyses si ce n’est de mise en œuvre au niveau des départements ministériels et services compétents tel que le Conseil Café-Cacao. D’autres   recommandations   telles   que   celles   liées   au   respect   des   normes   sociales   et environnementales ainsi que sur l’amélioration de la gouvernance de la filière méritent qu’on y accorde un plus grand intérêt et ce, en étroite collaboration avec nos partenaires dont principalement la Banque Mondiale. Toutefois, au terme de ce rapport, la question fondamentale sur l’équité dans la répartition des  ressources  générées  dans  l’économie   cacaoyère  mondiale  reste   entière.  Dans la mesure où, ce ne sont pas les efforts en cours pour améliorer la part du producteur dans la partie congrue captée par les pays producteurs qui sortiront nos parents paysans de la pauvreté pour, d’abord les emmener aux portes du paradis et ensuite les faire entrer dans celui-ci, donc dans la prospérité. Mais c’est bien l’amélioration significative de cette part elle-même qui changera la donne. C’est tout l’objet de la déclaration d’Abidjan du 26 mars 2018. Cette déclaration est la traduction de la vision commune de Leurs Excellences NANA AKUFO-ADDO du Ghana et ALASSANE OUATTARA de Côte d’Ivoire. C’est   dans   le   cadre   de   la   mise   en   œuvre   de   cette   déclaration,   qu’à   l’initiative   des structures de gestion de cette filière dans les deux pays, les acteurs mondiaux du Cacao se sont retrouvés à ACCRA le 11 juin dernier puis à ABIDJAN le 3 juillet 2019. Si cette rencontre a  permis de faire des progrès, il  reste  encore  des  efforts  à faire  de  part  et d’autre. Telle est ma contribution aux échanges de ce matin.Je vous remercie de votre aimable attention »