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samedi 4 mai 2024
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Rémi Nono Womdim( Fao)// Invasion des Chenilles légionnaires en Afrique de l’Ouest// « Rien que sur le maïs, l’impact est de 3000 milliards de Fcfa »

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Rémi Nono Womdim( Fao)//  Invasion des   Chenilles légionnaires  en Afrique de l’Ouest// «  Rien que  sur le maïs,  l’impact est  de  3000 milliards de Fcfa »

M. Rémi Nono Womdim, Directeur adjoint à la Division de la Production végétale  et Protection des  plantes  au Siège   de   l’Organisation des nations unies pour  l’alimentation et l’agriculture( Fao) basée à Rom en Italie.  Dans cette interview, il nous parle  de la Chenille légionnaire et  son impact sur l’Agriculture  en Afrique de l’ouest.C’est quoi la chenille légionnaire ? La Chenille légionnaire, de son nom  scientifique Spodoptera frugiperda  est une chenille native  des Amériques. Elle a été introduite en Afrique  au  début   des années 2016.   D’abord en Afrique de l’ouest et elle s’est ensuite rapidement propagée. Dès fin 2018, nous avions toute l’Afrique subsaharienne qui était donc infestée par cette chenille.   Il convient d’indiquer que c’est une chenille  qui, une fois qu’elle est introduite dans un endroit, elle  est très  difficile à éradiquer. Elle  est très polyphage, c’est-à-dire qu’elle  s’attaque à plusieurs espèces données. Dans les pays africains, elle s’attaque aux céréales de base.  Principalement le maïs, le mil, le Sorgho. Mais aussi  à certains produits maraichers comme le chou. Voilà  ce que nous pouvons  vous dire très rapidement   sur cette chenille. Pour l’instant elle touche toute l’Afrique  subsaharienne et il   n’y  a que l’Afrique du  nord qui est épargnée.  Fin 2018, elle a commencé à pénétrer l’Asie, en passant par le Yémen. Maintenant elle touche la Chine et la Thaïlande entre autres.  Quelle est l’Etat de lieu au niveau de l’Afrique subsaharienne ?
 Nous allons  vous prendre les données actuelles dont nous disposons.  L’impact des maladies et des ravageurs sur les plantes à l’échelle mondiale,   nous  parlons de 300 milliards de dollars  soit   plus de 150 mille  milliards de Fcfa . Ce sont des montants énormes. Dès 2017, lorsque nous avons conduit les premières évaluations, concernant le coût financier des chenilles légionnaires sur les 12 pays africains  principaux  producteurs de maïs, nous avons constaté que  si les pertes s’élevaient rien qu ’ à  20% cela représenteraient  16  millions de tonnes de maïs  de perdues. Ce qui équivaut à six milliards de dollars soit 3000 milliards de Fcfa. ( Voir encadré).Nous n’avons pas véritablement de données encore de données. Au Nigeria, ils ont conduit des études  et ils ont pu évaluer les pertes. C’était en 2016  et 2017. L’Atelier qui vient  de se tenir à Abidjan  visait  à   former les cadres,  d’équiper les cadres des   différents pays de l’espace Cedeao, afin  de leur permettre de maitriser   des outils  misent en place par la Fao. Il s’agit d’outils d’évaluation des coûts  et de l’impact des  chenilles légionnaires et de prendre la bonne décision.   Mais aussi et surtout  voir quelle stratégie adopter. Il   s’agira de stratégie durable. Parce qu’on ne peut pas éradiquer cette chenille. Il faut envisager une batterie de  stratégies.  Quelles sont ces stratégies ?  La Fao a mis sur pied, un outil  d’évaluation et d’alerte précoce. Il permet aux petits agriculteurs qui sont notre cible,  de rapidement après les semis et  quand il y a la levée, voir  s’il y a des attaques.  Plus on détecte mieux  c’est  pour commencer  les traitements. Deuxième point, notre cible,  ce sont les petits producteurs. Qui  n’ont pas beaucoup de moyens. Parce que ça coûte très cher.   Nous sommes en train d’envisager des méthodes qui permettent de ne pas dépenser beaucoup d’argent. Généralement lorsqu’on parle de maïs, ce sont des cultures qui ne sont pas  à très haute valeur  ajoutée pour la plupart du temps, ce sont des cultures de subsistance. Ce  sont  des producteurs qui  n’ont pas beaucoup de moyens. Donc, il faut développer des stratégies qui leur permettent de ne pas beaucoup dépenser beaucoup d’argents.  Nous avons entre autres stratégies, les pratiques culturales, la  diversification  et la lutte biologique.  C’est une technique que nous sommes en train de mettre  en œuvre  et qui  pourrait permettre aux petits producteurs  de pouvoir contrôler la chenille légionnaire à  des coûts limités. Y a-t-il péril quant à la sécurité alimentaire ? Nous ne pouvons pas aller jusque-là. Parce que  nous vous disions plus  haut, de la diversification des cultures. La chance que l’on a  dans cette sous -région, c’est que l’alimentation est diversifiée. Nous  avons d’autres cultures. Il  n’y a pas que les céréales. Nous avons également les tubercules. Toujours est –il que nous sommes conscient que la chenille légionnaire pose un problème   et qu’il très rapidement que les outils  en notre disposition puissent être utilisés pour limiter son impact sur le terrain.Peut-on venir à bout  la chenille légionnaire à travers le  traitement chimique avec les produits phytosanitaires ? Nous  vous indiquons plus haut que la cible, ce sont les petits producteurs.  La lutte chimique comme vous le savez, coûte excessivement cher mais en même temps, c’est nocif pour l’environnement. Parce qu’il  ne faut pas  commettre   les mêmes erreurs.  Qu’on appelle les pesticides biologiques qui donnent  des résultats assez encourageants. Il s’agit   de pesticides à base de Trupogensus ou de Trichoderma.   Nous  avons là une opportunité comme ça  se fait dans les Amériques, de mettre en place des unités de production de ces pesticides. Les pesticides conventionnels   doivent être  découragés. Non seulement ça coûte très cher mais encore, il y a la lutte biologique avec les ennemies naturelles qui ont été déjà identifiés. Dites-nous, quelles sont les missions assignées  à  la Division dont vous être le directeur adjoint ?La Division de la production végétale et de la protection des plantes (Agp) aide les pays à faire la transition vers des systèmes de production agricole durables.  La Division collabore avec les pays et avec un large éventail de partenaires à l'élaboration et à la promotion d'approches agroécologiques visant à une production agricole durable, des approches qui tirent parti des services écosystémiques et permettent d'améliorer et de protéger la base de ressources naturelles.  Missions  que  cette  Division ne s’aurait réussir sans un mandat précis ? Tout à fait.    La Division de  la production végétale et de la protection des plantes, a   un mandat précis  qui est  d’adopter une approche écosystémique vis à vis de la production agricole pour contribuer au développement des connaissances et des pratiques agro-écologiques qui accroissent la biodiversité et valorisent les services écosystémiques, et contribuer à l'adaptation et à la résilience au changement climatique. Promouvoir la diversification et la production durable des végétaux en vue d’améliorer la nutrition, les moyens de subsistance et les revenus dans les zones rurales et urbaines. Améliorer la rapidité et la productivité des opérations agricoles, et permettre un passage de l'agriculture de subsistance vers une agriculture plus axée sur le marché grâce à des systèmes et des technologies de mécanisation appropriés. Garantir l’accès à des cultures et des variétés bien adaptées, résilientes et nutritives, conserver le germoplasme des cultures et renforcer les systèmes de distribution de semences. Mais aussi surveiller et réagir face aux ravageurs et maladies transfrontières des plantes pour atténuer leur impact par la mise en place de systèmes de surveillance, d'alerte rapide et des systèmes efficaces de lutte contre les ravageurs. Réduire la dépendance à l’égard des pesticides en appliquant une approche intégrée de lutte raisonnée contre les ravageurs. Élaborer des normes de qualité internationales et des directives techniques pour réduire les risques liés à l’utilisation de pesticides, en vue d’améliorer la protection des consommateurs et de l’environnement.  Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. Légende photo : Rémi Nono Womdim, Directeur adjoint à la Division de la Production et Protection des  plantes  à la Fao : « L’utilisation   des  pesticides conventionnels   doivent être  découragés… »( In Lginfos du 30  Avril 2019)

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