Il y a de cela une dizaine d’années vous avez, dans le cadre du programme de désarmement, démobilisation et de réinsertion( Pnddr) dirigé une opération de distribution de tricycles aux démobilisés. Quel était l’objectif visé ?
Effectivement, à l’époque, à la faveur du redéploiement de l’administration dans les zones ex- Centre nord et ouest( ex- Cno), nous avons géré le dossier de la distribution des engins à trois roues. Un projet qui entrait dans le processus de réinsertion des ex- combattants. Pour y pouvoir, il fallait sensibiliser les jeunes en leur disant que l’exploitation des tricycles pourrait être rentable dans le cadre de leur insertion. Cela est passé par une phase de sensibilisation et avec obligation d’avoir le permis de conduire. Cela nous a permis d’apaiser la tension sociale. Parce que ça nous a permis de mettre les jeunes au travail. Souvenez-vous que les zones ex- Cno il n’y avait pas assez de véhicules et taxis. Le transport était presqu’inexistant. Les engins à trois roues étaient donc, un moyen de substitution aux véhicules classiques que nous connaissions par le passé. Donc, en même temps que c’était une trouvaille, nous avions là une solution à la mobilité des personnes et des biens. Un exemple tout bête, il était difficile pour nos mamans de transporter des zones de production, leur manioc, ignames et bananes aux sites de commercialisation. Il leur fallait des moyens de locomotion. Ces tricycles étaient bien et plus adaptés dans sur ce segment de transport de marchandises. Nous les avons installés en son temps pour les opérateurs économiques de l’ex-zone Centre nord et ouest principalement à Korhogo et à Bouaké. Très vite, nous avons trouvé ces tricycles comme moyens de locomotion même avant la fin de la crise dans la partie sud de la Côte d’Ivoire.
Combien de jeunes vous avez installé dans les deux villes indiquées plus haut ?
Difficile pour nous de donner des statistiques fiables. Toutefois, pour vous donner une idée, nous recevions trois à quatre fois par semaine, un conteneur qui prenait entre 500 et 750 tricycles qui passaient Ouangolo en provenance du port de Lomé. Quand ça arrivait à Korhogo ou à Bouaké, ça s’arrachait comme des petits pains. (…).
Aujourd’hui, l’utilisation de ces tricycles a fait tache d’huile visiblement ?
Tout à fait. Mais force est de reconnaitre que les méthodes que nous utilisions a différé avec le retour de l’Etat. L’administration a voulu revenir immédiatement avec le transport par les véhicules classiques. Ce en terme de règlementations et ignorer les engins à deux et trois roues. Naturellement avec beaucoup de véhicules de ce type- là, avec de vieilles personnes et une bonne partie d’une population qui n’avaient de permis de conduire. Il faut le reconnaitre les tricycles sont plus commodes dans les zones rurales que les bâchées et bennes et véhicules vieillissants. Les réparations fréquentes font que les propriétaires ne font pas de gros bénéfices et donc on se rabat naturellement sur les engins à trois roues. Il y a des tricycles qui prennent jusqu’à 1,5 tonne alors que nous avons des bâchées qui ne peuvent même pas charger une tonne. Aussi avec un coût moyen de 15 mille Fcfa, vous pouvez aller d’un point à un autre grâce à un tricycle à un coût compétitif. Ce qui n’est pas le cas avec la bâchée dont le coût de location oscille entre 30 mille et 45 mille Fcfa. En sommes, nous pouvons dire que le tricycle est moyen efficace de transport à coût compétitif pour les usagers qui l’utilise.
Mais, il faut tout de même de l’ordre dans son utilisation ?
Nous sommes tout à fait d’accord avec vous. Nous avons dit plus haut, que nous avions bien organisé ce secteur. Toute crise génère des comportements nouveaux et avec, de nouvelles assiettes fiscales pour l’Etat. Avec le retour de l’administration dans cette partie de la Côte d’Ivoire, l’Etat n’a pas vite pris à bras le corps le problème. C’était au moins trois mille tricycles qui arrivaient chaque trois mois et nous pouvons dire que nous avons au moins un million d’engins en Côte d’Ivoire aux mains de personnes pas très bien formées et qui n’ont pas le permis de conduire. Ce qui est à la base des nombreux accidents. Fort heureusement, le Ministère ivoirien des transports a décidé d’engager la sensibilisation sur le port du casque et de la formation des exploitants à avoir non seulement le permis et souscrire à une police d’assurance. A titre d’exemple et qu’on pourrait bien implémenter aujourd’hui, nous avions demandé aux importateurs de contracter avec des assureurs. Pour que quand ils vendent un engin à un jeune, que ce soit avec les accessoires de sécurité dont le casque et la police d’assurance. Aussi, nous avons préconisé qu’avant la vente, que le vendeur exige le permis de conduire. Cela a été trouvé un peu dictatorial mais il le fallait pour mieux traiter au départ les petits dérapages que nous voyons aujourd’hui. On peut aujourd’hui explorer cette stratégie, si on veut réguler ce segment d’activités qui est une mine inestimable d’emplois pour nos jeunes.
Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Légende photo : Cissé Sindou( ex- cadre des forces nouvelles) : «Ce segment d’activités est une mine inestimable d’emplois pour nos jeunes » ( In Lginfos du 18 avril 2019)
Cissé sindou( ex- cadre des Forces nouvelles)/ Introduction des tricycles et taximotos « Nous avions là une solution à la mobilité des personnes et des biens »
Publié le 18 avril 2019