Prix garanti bord champ (campagne 2023-2024): Cacao 1000 Fcfa/Kg;  Café  900 Fcfa/Kg

vendredi 17 mai 2024
sys bannière

MULTILATERALISME ET INGERENCE ETRANGERE EN AFRIQUE// Analyse et proposions du Dr Obio. O. Mathias , Analyste Politique et Economique

Facebook Twitter LINKEDIN
MULTILATERALISME ET INGERENCE ETRANGERE EN AFRIQUE//  Analyse et proposions du Dr Obio. O. Mathias , Analyste  Politique   et Economique

I. GENERALITES :
Le Multilatéralisme peut être défini comme des relations qui lient plusieurs états (au moins 3). C’est un concept qui est complexe. C’est l’organisation des relations internationales fondée sur des mécanismes permettant de privilégier les rapports de chacun des pays sur l’ensemble des partenaires. On parlera alors d’accords multilatéraux, de relations multilatérales, de forces multilatérales. Le multilatéralisme intervient à tous les niveaux de la vie d’une nation : en politique étrangère, en diplomatie et en économie. La notion d’opposition est la base de la négociation bilatérale et multilatérale. C’est par ce qu’il y a opposition qu’il y a négociation. Selon Christophe Dupont, la négociation multilatérale est complexe, non modélisée et fait intervenir le droit de véto et non l’égalité des forces comme dans la négociation bilatérale. Aujourd’hui plus que jamais, la négociation s’impose aux états du fait de la mondialisation ou de l’européanisation et pourquoi pas de l’africanisation qui n’est autre qu’une forme accomplie de multilatéralisation à l’échelon européen, africain et mondial. Le concept de multilatéralisme a été fortement au menu de la 73ème assemblée générale des Nations Unies ou les défenseurs et opposants du multilatéralisme se sont affrontés. Dans cette analyse-ci nous allons chercher à comprendre ses fondements, sa justification et situer la place de l’Afrique dans le multilatéralisme.
II.LE FONDEMENT ET LES INSTRUMENTS DU MULTILATERALISME
La création du G7 trouve son origine dans le contexte économique difficile des années 1970. Alors en pleine crise pétrolière, les dirigeants des six pays les plus industrialisés de l’époque, les États-Unis, la France, l’Angleterre, l’Italie, l’Allemagne de l’Ouest et le Japon décident de se rencontrer à Rambouillet, en France, en 1975. Cette initiative a été lancée par le président français Valéry Giscard d’Estaing et le chancelier allemand Helmut Schmidt. À l’ordre du jour : la crise économique, la récession et l'organisation de l’économie pour limiter les dommages de la crise pétrolière et de l'échec des accords de Bretton Woods qui étaient censés stabiliser l'économie mondiale après la Deuxième Guerre mondiale. Ce premier G6 deviendra l’année suivante le G7 avec l’intégration du Canada, à la demande des États-Unis. Or, en pleine guerre froide, le sommet du G7 n’avait pas la prétention à vouloir diriger la politique mondiale. L’objectif était beaucoup plus économique. Le sommet de Pittsburgh en septembre 2009 a consacré le G20 qui regroupe les 20 plus grandes économies de la planète représentant 90 % du PIB mondial. L’organisation des nations unies créée quelques mois après la fin de la seconde guerre mondiale (le 24 octobre 1945) et prend le relais de la Société Des Nations, par la ratification de la Charte des Nations Unies par les 51 États fondateurs. C’est au sein des Nations Unies qu’ont été créées les plus grandes institutions mondiales ( OMS ,  UNESCO ,  PNUD ,  UNICEF , CPI, etc.). Aujourd’hui l’ONU compte 193 états membres.
Ses objectifs : Maintenir la paix partout dans le monde ; Développer des relations amicales entre les nations ; Collaborer pour améliorer la qualité de la vie, éradiquer la misère, les endémies et l’analphabétisme, mettre fin à la dévastation de l’ environnement  et faire régner un  climat  de tolérance et de respect des droits et libertés fondamentaux ; Offrir aux nations un point de rencontre pour faciliter leur réalisation. La banque mondiale (BM) et le FMI sont des institutions spécialisées de l’Organisation des Nations unies (Onu). Le principal rôle de la BM est d'aider financièrement les pays en voie de développement sur les thématiques de l’éducation, de l’agriculture , de l’industrie et de la santé. Comme le résume Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, la Banque mondiale est vouée à l’éradication de la pauvreté et le FMI, au maintien de la stabilité mondiale. La cour pénale internationale ou Le  Statut de Rome  est le  traité international  qui a créé la Cour pénale internationale. Il est adopté lors d’une conférence diplomatique réunissant les représentants des États adhérant aux  Nations unies , dite  Conférence de Rome , qui se déroule du 15 juin au 17 juillet 1998 à  Rome , en  Italie . Il entre en vigueur le 1 er  juillet 2002 après sa  ratification  par 60 États : la Cour pénale internationale est alors officiellement créée. La compétence de la Cour n’étant pas  rétroactive , elle traite les crimes commis à compter de cette date.
Depuis le 4 mars 2016,  123 États  sur les  193 États membres de l'ONU  ont ratifié le  Statut de Rome  et acceptent l’autorité de la CPI (dont tous les États de l' Union européenne ). Cependant, trente-deux États supplémentaires, dont la  Russie  et les  États-Unis , ont signé le Statut de Rome mais ne l’ont pas ratifié. Certains, dont la  Chine  et l’ Inde , émettent des critiques au sujet de la Cour et n’ont pas signé le Statut. À ce jour, la Cour a ouvert une procédure d’enquête dans 11 situations :  Ouganda  (2004),  République démocratique du Congo   (2004), Centrafrique   (2004),  Soudan   (2005), Kenya   (2010), Libye   (2011), Côte d’Ivoire  (2011), Mali   (2013),  Centrafrique  (2014),  Géorgie   (2016) et  Burundi   (2017).
Nous constatons ici qu’aucun dirigeant de pays européens n’a été jugé malgré les violations graves des droits de l’homme commises par ces états. L’Union Européenne et la monnaie unique (l’Euro) est une association politico-économique de vingt-huit États européen qui délèguent ou transmettent par traité l’exercice de certaines compétences à des organes communautaires. Elle s'étend sur un territoire de 4,5 millions de kilomètres carrés, est peuplée de plus de 512 millions d'habitants et est la deuxième puissance économique mondiale en termes de PIB nominal derrière les États- Unis. Le 1 er  janvier 1999, l'euro devient la monnaie unique de onze pays européens et les taux de change des monnaies participantes sont fixés de manière irrévocable (1 euro = 6,55957 francs français).
III. ANALYSE DES INGERENCES ETRANGERES IMPLIQUANT LE MULTILATERALISME
Concernant la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International, en réalité, l’institution est sous le contrôle du gouvernement des États-Unis. Celui-ci négocie avec les gouvernements d’autres grandes puissances capitalistes concernant la politique à suivre, sous son leadership, au sein de la Banque mondiale. Le FMI aide les états défaillants et en contrepartie, une ingérence économique et même politique de la politique intérieure de l’Etat concerné est permise. Les états qui sollicitent le FMI ou la banque mondiale le savent. Lorsqu’un pays est en difficulté financière, ces institutions de Breton Wood lui prêtent de l’argent pour relever son économie. Mais très vite, cette assistance financière se transforme en ingérence politique afin de permettre à ces institutions de s’assurer que leur argent est non seulement bien géré mais aussi par celui qui est à leur goût. C’est le cas de nombreux pays africains complètement dépendants de ces institutions et dont la souveraineté se trouve durablement compromise. Concernant la Cour Pénale Internationale, elle a longtemps été critiquée sur le faible nombre de jugements prononcés ou encore sur sa partialité. Aujourd’hui, cela ne fait aucun doute que la justice internationale ne fait pas l’unanimité. Elle est accusée de régler les comptes aux chefs d’états insoumis à l’ordre impérialiste afin de préserver les intérêts d’une part de ceux qui l’ont créée et d’autre part ceux qui la financent. Pour mettre le monde entier à ses pieds, les concepteurs du multilatéralisme utilisent ses instruments que sont la force onusienne pour contraindre militairement les états à se soumettre, la Banque mondiale et le FMI pour les sanctions économiques, l’OMC pour les sanctions commerciales etc. Par exemple lors du procès de  Laurent Gbagbo , la Cour n’a pas jugé les crimes commis par les troupes de son adversaire   Alassane Ouattara par ce que ce dernier est soutenu par l’ONU, la France, les USA et l’UE. Ces crimes sont passés sous silence. Des instruments du multilatéralisme tels que la fermeture des banques, les échanges commerciaux, l’embargo sur les médicaments et les armes et lorsqu’ils se sont rendus compte que ces actions ne donnaient pas le résultat escompté, ils ont décidé de l’attaquer militairement en impliquant les forces onusiennes, françaises et sous régionales. Il y a aussi les liens entre la CPI et certaines ONG qui font également l’objet de critiques. Le bureau de la procureure s’appuie très souvent sur les rapports de  Human Right Watch pour monter ses dossiers d’accusation, au lieu d’enquêter lui- même et se faire   une idée claire sur la réalité des états en crise. Cela a été constaté en Côte d’Ivoire et dans nombreux états africains. C’est une preuve de sa partialité et son incapacité à conduire une juridiction internationale selon ses missions définies dans les textes qui ont fondé sa création. Selon Toby Cadman, en 2015 « un grand nombre d’ONG qui fournissent des témoins à la CPI ont reçu des subventions de la part de gouvernements européens qui financent aussi la Cour ». Les plaintes les plus récurrentes sont celles émanant des pays africains qui affirment que la CPI ne juge que les africains ou les dirigeants insoumis aux dictats des grandes puissances étrangères. Dans tous les cas, le constat est clair : la CPI ne juge que les présumés coupables que s’il y a une opportunité de le faire. La guerre en Syrie dure depuis 7 ans, plus de 350.000 morts sans que Bachar El-Assad et Vladimir Poutine qui le soutient ne soient jugés. L’exemple du Soudan du Sud, après une guerre civile qui a fait plus 380.000 morts n’a pas fait non plus l’objet d’un jugement d’Omar El Béchir. Malgré l’émission de deux mandats d’arrêts internationaux (pour crime contre l’humanité, crime de guerre et pour génocide) en 2010, le chef de l’État soudanais voyage régulièrement, sans en n’être nullement inquiété. A cause de son soutien à la Syrie, la Russie bloque toutes les résolutions qui ont été émises contre ce pays qu’elle aide à combattre et à résister contre la coalition européenne et américaine. L’assassinat de Kadafi par la coalition dirigée la France de Sarkozy ; l’arrestation de Laurent Gbagbo et la guerre à lui faite ; la pendaison de Saddam Hussein le 30 décembre 2006 ; l’implication de la France dans le génocide rwandais ; en 1961, l’opération Lancée par la France avec pour but le maintien de la base militaire navale de Bizerte ; l’opération rétablissement en février 1964 du président Léon M’ba après un putsch d’une partie de l’armée ; de 1968-1972, l’opération contre la rébellion du Tibesti au Tchad ; l’opération soutien au maréchal Mobutu Sese Seko contre la rébellion du Shaba ; en 1978, l’opération menée dans la ville minière de Kolwezi envahie par les rebelles katangais ; en 1979, le renversement de Jean-Bedel Bokassa ; au Tchad, en 1983, 4 000 soldats français sont mobilisés en appui au président Hissène Habré mis en difficulté par les rebelles de Goukouni ; le 15 février 1986, l’aviation française bombarde la base aérienne avancée de l’armée libyenne à Ouadi-Doum (Nord) ; 150 parachutistes français débarquent en renfort au Togo pour une opération de sauvetage du président Gnassingbé Eyadema, menacé par une tentative de coup d’État  le 23 septembre 1986. D’autres interventions militaires françaises ont eu lieu au Comores, au Gabon, au Soudan, en Somalie, en RDC, en Cote d’Ivoire (en 1999, 2002, 2004, 2010, 2011). Du coté des américains, les intervention sont légion : au Nicaragua, aux Philippines, au Panama, en Haïti, en Colombie, au Katanga, en Cuba, au Japon avec le bombardement atomique de Hiroshima et Nagasaki, en Chine, en 1961 au Congo par L’assassinat du premier ministre Patrice Lumumba par les services secrets belges soutenus par la CIA, en 1964 au Brésil par le renversement du président Joao Goulart par un putsch militaire soutenu par la CIA et l’installation du maréchal Castelo Branco, en Afghanistan, en Irak, en Israël, en Yougoslavie. Toutes ces interventions militaires qui sont en réalité des crimes contre l’humanité sont couvertes par les résolutions des Nations Unies qui constituent l’un des instruments du multilatéralisme. Lorsqu’une situation se présente aux pays puissants, membres du G20, ils activent et  instrumentalisent les outils du multilatéralisme mis en place à savoir : l’ONU, son armée et le droit de veto, la banque mondiale, le FMI, la CPI etc. pour régler le problème avec pour seul principe : être toujours les vainqueurs et ne jamais perdre la face et ceci au mépris des règles internationales qui régissent les Etats indépendants et souverains selon la formule consacrée : « En vertu du Droit inaliénable des peuples à s’administrer ; Au nom de quoi, un état aussi puissant soit-il doit-il administrer un autre état indépendant et souverain sous le prétexte des résolutions et veto de l’ONU.
L’Afrique doit savoir que les Etats-Unis et les pays européens qui ont mis en place ces outils sont vraiment dotés d’une extrême intelligence et de ruse sans pareille. Ce sont des sacrés calculateurs prévisionnistes par excellence, Ils sont capables de créer des instruments internationaux comportant dans leur statut des dispositions qui piègent les pays africains qui signent ces accords internationaux inadaptés à leur environnement politique, économique et social en échange d’appuis financiers. Une fois signées, ces conventions internationales deviennent de vrais calvaires pour ces pauvres états qui ne savent plus comment en sortir. Ils observent avec attention l’évolution des choses et en fonction des tournures, sortent de nouvelles trouvailles, de nouvelles cartes. C’est bien le cas du traité de Rome et tout ce qui entoure les interventions politiques et militaires de l’ONU dans les pays membres qui ont connu des crises graves. Devant ces solides organisations mise en place par les puissances étrangères, que fait l’Afrique pour avoir une place dans le concert des nations, où l’amateurisme et les émotions n’ont pas leur place dans les relations multilatérales ? Nous pensions que le la 8ème retraite de l’UA tenue à N’djamena en Octobre 2017 permettrait à l’Afrique de prendre conscience de sa situation défavorisée dans les négociations multilatérales au regard du thème de cette assise « l'ordre mondial émergent, le multilatéralisme et l'Afrique ». Nous nous attendions à ce que L’UA prenne une décision courageuse afin de se donner des outils et mécanismes propres à elles pour positionner l’Afrique.  Elle devrait prendre l’initiative dans l'analyse systématique de toutes les crises qu’elle a connues et leur règlement impartial dans le cadre multilatéral, pour explorer d’autres types de coopération multilatérale pour servir au mieux les intérêts de l’Afrique, en particulier dans le domaine de la prévention et du règlement des conflits. Malheureusement non, elle a plutôt choisi une autre voie : celle qui a consisté à la réaffirmation par les chefs d’états de la primauté de l’ONU en tant que forum mondial pour un multilatéralisme légitime, efficace et inclusif afin de relever les multiples défis auxquels la communauté internationale est confrontée. Alors qu’ils savent très bien ce que le multilatéralisme basé sur les règles de l’ONU leur a couté (coups d’états sur des chefs d’états en exercice, crimes organisés, arrestations et emprisonnements de leaders africains, assassinats de leaders africains, sanctions économiques etc.). L’Afrique observe impuissamment l’Europe et les Amériques unir leurs forces par la création de grands outils d’intégration économiques et militaires (UE, SCHENGEN, l’EURO, forces de l’ONU). Elle attend que son présent et son avenir soient décidés par les puissances multilatérales alors qu’elle représente un marché potentiel de 1,216 milliards de population et un pouvoir économique immense grâce à ses matières premières. Ce qui constitue des atouts qui peuvent impacter durablement les négociations multilatérales. Concernant le « deux poids deux mesures » des grandes puissances, après avoir identifié les outils de la domination à savoir : la monnaie, le FMI, la Banque mondiale, les programmes d’ajustement structurel, le libre échange à travers l’OMC, l’OCDE etc., les pays développés vont instaurer un système d’intervention militaire directe. C’est ce qui a justifié toutes les interventions militaires à travers le monde. Depuis la chute de l’Union soviétique au début des années 90, les états Unis à travers la politique des président Bush père et Clinton ont progressivement renforcé leurs interventions militaires à travers le monde : l’invasion du Panama, l’attaque de l’Irak en 1991 et sa pendaison le 30 décembre 2006, l’attaque aérienne en Yougoslavie et en Somalie. A partir de Bush fils, la domination acquise par l’intermédiaire des Nations Unis s’est transformée en un impérialisme de colonisation qui s’est matérialisé par des attaques et interventions de grandes envergures dont les plus récentes sont celles de la Syrie et la Corée du nord et le Liban tolérées par le conseil de sécurité via la Russie et la Chine.
Depuis le début de l’année 2019, une crise secoue le Venezuela, opposant Yuan GOUAIDO à Nicolas MADURO. L’analyse de la situation de ce pays de l’Amérique latine nous amène à penser que l’Amérique est dans le même schéma impérialiste que les cas précédents. D’abord il existe un mobile pour lequel l’Amérique s’agite en faveur d’un président autoproclamé du nom de Yan GUAIDO. Le Venezuela est un pays qui regorge de réserves pétrolières et autres matières premières dont les états Unis ont toujours bénéficié sous les régimes précédents. Depuis le régime d’Hugo Chaves, les choses ont commencé à moins bien se passer jusqu’à ce qu’un certain Nicholas MADURO, nationaliste, socialiste arrive au pouvoir le 19 avril 2013. À la mort d' Hugo Chavez , survenue le 5 mars 2013 , il devient président du Venezuela par intérim. C'est dans ce contexte que Nicolas MADURO expulse deux fonctionnaires de l'ambassade des États-Unis accusés de nourrir une déstabilisation.  8 mars 2013 , il prête serment comme président de la République par intérim. MADURO est élu président de la République le 14 avril 2013. Il l'emporte avec 50,6 %, validé par le conseil constitutionnel et la CNE. Alors d’où vient que l’Amérique ne reconnait pas un président qui est sorti des urnes mais plutôt Yuan GOUAIDO qui s’autoproclame président. La crise au Venezuela est une crise créée de toute pièce par l’Amérique pour mettre la main sur les richesses de ce pays de l’Amérique latine. Est-ce que l’Amérique peut avoir la même attitude avec le pouvoir actuel de Macron qui est complètement incapable de résoudre les revendications sociales des gilets jaunes et d’une grande partie de la population française qui dure depuis octobre 2018. Si la situation que traverse actuellement la France était celle d’un président africain, il y a longtemps que ce président en exercice aurait déjà été dégagé par la communauté internationale. Depuis 6 mois que dure la crise des gilets jaunes, la communauté internationale est restée muette, elle n’intervient pas dans cette affaire qu’elle considère comme étant interne à la France. Il faut plutôt comprendre par là que la communauté internationale ne veut pas gêner un allié du G20.
IV. NOS PROPOSITIONS
Avant de faire des propositions, nous allons identifier en quoi consiste le multilatéralisme ; les raisons de son inefficacité en Afrique. L’Afrique est le continent le moins développé et le moins avancé du monde (2% de l’exportation mondiale). Pour être à la hauteur des enjeux du multilatéralisme, les États africains doivent relever quatre défis principaux. Il s’agit de 1) constituer d’abord des organisations sous régionales puissantes et opérationnelles dans le domaine de la monnaie commune, le transport, la sécurité, les échanges commerciaux, l’immigration. 2) il faut maitriser les phases de négociations multilatérales et des thématiques y afférentes ; 3) le leadership dans les coalitions et 4) le changement du comportement diplomatique des acteurs politiques africains. Les résultats médiocres dans les négociations multilatérales des pays africains sont dus à l’absence d’organisations sous régionales fortes. Les organisations telles que (OUA, UA, CENSAD, COMSA, SADC, CEDEAO, CEEAC, UEMOA, IGAD, CEMAC, WAMZ, EAC, SACU, UMA, MRU, CEPGL, ALG) n’existent que de nom. Elles n’ont ni une monnaie commune propre à elle, ni une politique commune en matière de transport, d’immigration et de commerce ni une autonomie de gestion. Elles n’ont pas une armée équipée capable d’interventions sous régionales efficace sans faire appel à la communauté internationale et il n’existe pas véritablement une coopération dans le domaine des renseignements et la sécurité. Si dans certains cas, une politique commune existe, elle reste inefficace et non opérationnelle à cause des moyens matériels et financiers très limités. Le financement de la plupart de ces organisations est assuré par la communauté internationale, leurs décisions ne peuvent donc peser lourd dans les négociations multilatérales. Concernant la maitrise les grands sujets d’actualités qui menacent la planète (COP21, COP22, commerce international, les discussions à l’OMC) et les thématiques objets de négociation, le point de vue de l’Afrique n’a pas véritablement impacté les décisions internationales. Cela est dû à une mauvaise préparation, la méconnaissance des grands dossiers multilatéraux, le manque de ressources financières et matérielles de qualité et le manque d’expertise dans les domaines de relations internationales comme ils en existent ailleurs. Dans les négociations multilatérales, la préparation des argumentaires nécessite une connaissance pointue des questions multilatérales. La diplomatie est la grande faiblesse des acteurs politiques africains. Ils signent les accords internationaux avec enthousiasme, mais la volonté politique manque pour en faire le suivi et l’application. La participation de la société civile dans ces négociations devrait être envisagée dans une perspective de l’institutionnalisation d’un cadre de collaboration mixte entre l’expertise des questions multilatérales et le pouvoir politique.
CONCLUSION
Le multilatéralisme est une sorte de mondialisation ou d’européanisation peut-être un jour l’africanisation dont la matérialisation concrète est la création de grands ensembles économiques et politiques européens, américains, internationaux ou intercontinentaux pour le contrôle des grands enjeux mondiaux. C’est ce à quoi nous avons assisté jusqu’à présent. Les pays africains et les pays sous développés ont longtemps payé un lourd tribut de cette politique de multilatéralisme. Ce concept qui a des avantages certains en termes de mutualisation des ressources disponibles et des échanges est aujourd’hui décrié par ses opposants dont le plus illustre est les états Unis d’Amérique. Le retrait des Etats-Unis des mécanismes de coopération internationale, le désengagement financier de plus en plus affiché par les USA des affaires mondiales (alors que traditionnellement les Etats-Unis contribuent à l’ONU à hauteur de 20 à 25%) complique la capacité des Etats à construire une coopération multilatérale solide. La menace que représente le multilatéralisme pour l’Afrique qui ne dispose pas encore d’instrument pour sa mise en œuvre et qui subit pour l’instant les conséquences de la loi du veto et des résolutions, l’opposition farouche de certains états dont le chef de file se trouve être les USA au développement de ce concept né après la deuxième guerre mondiale montre à quel point l’Europe détient une feuille de route secrète ; celle de contrer l’hégémonie politique et économique des USA à travers le monde afin de mieux bénéficier des richesses de l’Afrique. L’Afrique s’est trompé lourdement à travers le 8è sommet de l’UA en réaffirmant la primauté de l’ONU en tant que forum mondial pour un multilatéralisme légitime, efficace et inclusif afin de relever les multiples défis auxquels la communauté internationale est confrontée”. L’ONU, à travers ses objectifs et ses principes énoncés dans le paragraphe II, est une organisation qui pourrait éventuellement apporter la justice sur la planète si elle procédait non pas par le système du veto et résolutions mais par la négociation afin d’aider les états membres à sortir des difficultés. L’UA qui réaffirme la primauté de l’ONU dans les négociations multilatérales sait très bien qu’aucun pays africain ne détient le droit de veto. Malheureusement et pour longtemps encore, à cause du manque de courage des chefs d’états africains, l’Afrique doit encore supporter que son avenir, son destin et les déterminants de sa politique de développement soient dans les mains d’autres nations. Toute la problématique du sous développement du continent se trouve à ce niveau et pas ailleurs car je suis certains que l’Afrique sera le continent de demain à condition qu’elle se prépare maintenant à affronter les défis qui sont les siens. Pour l’instant, les interventions de l’ONU n’ont jamais réglé définitivement une crise en Afrique dans la justice et dans l’intérêt des populations des états en crise mais plutôt dans l’intérêt des grandes puissances coloniales qui votent les résolutions contre les pays pauvres d’Afrique. Ce qui est une injustice inacceptableDr OBIO. O. MATHIAS ANALISTE POLITIQUE ET ECONOMIQUE, RCI, 12 MARS 2019

sys bannière