Nous sommes en plein dans la saison des pluies. Période propice à la prolifération des pandémies dont le paludisme. Le Professeur Kadjo Kouamé, Médecin interne et Directeur du Centre d’Entomologie médicale et vétérinaire de l’Université Allassane Ouattara parle aux populations ivoiriennes Concrètement qu’est qu’on fait exactement au Centre d’Entomologie médicale et vétérinaire,( Cemv) ? Le Centre d’entomologie médicale et vétérinaire étudie les insectes qui causent des nuisances aux populations. C’est également l’étude des insectes qui transmettent des maladies aux hommes. Certaines de ces maladies sont très graves et mortelles. Nous parlons du paludisme par exemple. Vous savez bien que cette maladie est causée par la première tueuse au monde ; le paludisme qui est transmis depuis la nuit des temps par les moustiques. Nous travaillons également sur la Trypanosomiase humaine ou la maladie du sommeil est transmise par ce qu’on appelle les mouches Tsé Tsé, les glaucine. Nous avons aussi la cécité des rivières. C’est-à-dire l’Onchocercose. Qui est transmise par des simulies. Egalement, nous avons la fièvre jaune qui a fait que la capitale de la Côte d’Ivoire a été transférée à l’époque coloniale, de Grand Bassam à Bingerville. Cette maladie est transmise également par des moustiques d’un type particulier, les Aedes. Il ne faudrait pas oublier aussi l’Ulcère de Burili que les spécialistes européens qualifient de nouvelles lèpres. Cette maladie est transmise par des insectes aquatiques. Elle va dans certaines régions du centre et de l’ouest, entrainer des ulcérations, disons tout simplement des plaies delabrentes.
Quel rôle joue votre centre dans la lutte contre ces maladies ?Disons que le centre joue un rôle pré- primaire. C’est-à-dire que les chercheurs du centre vont mettre sur pieds, des stratégies pour agir sur les vecteurs. Quand par exemple vous distribuez des moustiquaires imprégnés, c’est moustiquaires empêchent le moustique d’atteindre les populations donc, il n’y a pas de maladie. Notre rôle est de trouver toutes les stratégies visant à empêcher le contact entre les vecteurs qui transmettent les maladies et l’Homme. En principe, la prévention devrait être notre cheval de bataille. Puisque l’Afrique n’ a pas encore les moyens pour soigner ses malades. Qu’avez-vous fait pour lutter contre la mouche de fruit ?Nos chercheurs sont dans les hameaux les plus reculés. Ils échangent avec les populations. Ils leur donnent des conseils adéquats. En outre, la distribution de moustiquaires imprégnés avec de l’insecticide de longue durée, constituent une arme efficace pour faire reculer le paludisme.
Et la contamination à la fièvre Lassa ?
Ici aussi il faut mettre l’accent sur la gestion de notre environnement. Regardez Abidjan. C’est sale et comme c’est sale, évidemment, les souries vont se multiplier et transmettre cette maladies dangereuse dont vous parlez. Il faut donc dératiser. Même si vous dératisez chez vous, vous ne pourrez pas en faire autant chez le voisin. Nous devons tous comprendre que la fièvre Lassa est une maladie contre laquelle, nous devons lutter et cela passe par la propreté de notre environnement.( Voir encadré)
Vous avez toute à l’heure que vous avez parlez de médecine interne. C’est quoi la médecine interne ?La médecine interne, est une médecine qui est une spécialité d’organisme. Par opposition aux autres spécialités qui sont des spécialités d’organes. Pour revenir un peu sur la question, c’est Blaise Pascal le premier qui a mieux défini cette spécialité- là. L’interniste se dit qu’il est mieux l’essentiel de savoir toute chose, plutôt que de savoir tout d’une seule chose. C’est dire que le médecin interniste a une large culture en matière médicale et c’est le médecin qui va prendre le patient, qui va l’examiner de la tête aux pieds, avant de faire un diagnostic que la plupart du temps, là où les autres qui sont des spécialistes d’organe, lui pourra faire un diagnostic parce que lui est un spécialiste d’organisme.
Une autre préoccupation à deux volets : Par le passé le Cemv recevait des étudiants du Sénégal, du Mali et autres. Recevez –vous encore des stagiaires de l’extérieur et que faites- vous pour lutter contre la mouche des fruits ?
Pour répondre à votre première préoccupation, nous sommes allés au-delà. Le centre a été installé en Côte d’Ivoire, pour l’Afrique francophone. Mais à ce jour, nous formons des spécialistes venant du monde entier. Il y a trois ans lorsque nous avons signé un partenariat tripartite entre le Cemv de l’Université Allassane Ouattara de Bouaké, l’université de Montpellier et l’Institut de développement ( Ird) qui est l’ex- Orstom . Le partenariat permet de former des spécialistes non seulement de l’espace francophone mais aussi du reste du monde. En 2016 nous avions 9 apprenants pour six nationalités. ( …) pour ne citer que le cas de cette année seulement. Donc aujourd’hui, la formation est plutôt internationale. Ce qui est important, c’est une fois que vous êtes admis au Master, vous avez automatiquement deux diplômes : Un diplôme africain délivré par la partie ivoirienne et le diplôme étranger qui est délivré par l’université de Montpellier. Aussi vous avez parlé de l’éclosion de la mouche des fruits. N’allez pas loin, nous pensons qu’il faut voir notre environnement qui se dégrade de façon inadmissible. Les retenues d’eau sans oublier les sachets d’eau qui gisent partout avec de l’eau à l’intérieur. Tout ceci constitue des foyers favorables pour l’éclosion des moustiques. Il est fondamental que nous nous penchons sur la gestion de notre environnement. Un ministre a pris un décret d’Etat, pour interdire la production des sacs plastiques non biodégradable. Dans les pays développés, vous ne trouverez plus de sacs plastiques qui font des centaines d’années dans le sol. Ils font détruire le bétail et appauvrissent le sol. (…) manifestement les emballages plastiques constituent un véritable danger pour nos populations. Par ailleurs tout ce qui est retenue d’eau dans notre environnement et les carcasses de voitures constituent des retenues d’eau en temps de pluie.Bamba Mafoumgbé,Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.égende photo : Professeur Kadjo Alphonse, Directeur du Centre d’entomologie médicale et vétérinaire de l’Université Allassane Ouattara de Bouaké : « Les carcasses de voitures constituent des retenues d’eau en temps de pluie »
Pr Kadjo kouamé Alphonse( Université Ao de Bouaké)/ Lutte contre le paludisme « Il faut mettre l’accent sur la gestion de notre environnement »
Publié le 9 avril 2019