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dimanche 19 mai 2024
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Pr Zirihi Guédé Noel, Professeur Titulaire d’Ethnobotanique et d’Ethnopharmacologie(UfhbCocody) / Plantes médicinales en Afrique «Seulement 20% de notre potentiel africain est exploité (…)»

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Pr Zirihi Guédé Noel, Professeur Titulaire d’Ethnobotanique et  d’Ethnopharmacologie(UfhbCocody) / Plantes médicinales  en Afrique «Seulement  20%  de notre potentiel africain   est exploité (…)»

Pr Zirihi Guédé, Noel, est  Professeur Titulaire d’Ethnobotanique et  d’Ethnopharmacologie(UfhbCocody)    de Cocody entre autres.  Dans cet entretien,   il nous présente les fruits  de la recherche au niveau  de son laboratoire. Non sans jeter un regard critique sur  la coopération entre  la médecine classique et traditionnelle en Côte d’Ivoire. Interview…  Qu’est-ce qu’on fait  spécialement à l’Ufr dont vous parlez plus haut ?À l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, le Laboratoire de Botanique a été scindé en plusieurs unités.  Nous nous intéressons à la recherche des plantes médicinales, à leur identification et leur transformation en médicaments.  Ce pour soigner les hommes, les animaux et les plantes.  Donc, l’Unité Ethnobotanique  et Substances Naturelles d’Intérêt Thérapeutique. Peut-on dire que l’Afrique regorge de plantes et substances naturelles pour soigner les africains à bas coûts ?L’Afrique contrairement à l’Europe, dispose d’une  diversité floristique. C’est-à-dire que sur périmètre  d’un Km2, nous avons dix fois plus de plantes que dans les pays européens. Nous avons en Afrique, une certaine diversité et ces plantes n’ont pas encore fait l’objet d’études approfondies. Nous sommes seulement peut-être à 20%  de notre potentiel qui est exploité. Donc, nous avons  encore 80%  de notre réserve qui n’a   pas encore fait l’objet de recherche. Les pays en voie de développement constituent pour moi, une réserve de plantes médicinales à même de fournir  des  molécules  capables  d’intervenir dans le traitement du cancer, du paludisme  voire même du Vih Sida.  Vous  travaillez   également sur  des  maladies chroniques comme le Diabète et l’Hypertension Artérielle ( Hta).   Qu’avez-vous trouvé à ce niveau-là ?A l’issue de nos enquêtes ethnobotaniques, nous avons pu sélectionner des plantes dans  notre pharmacopée.  Ces  Plantes sont capables de  réduire la glycémie  chez les diabétiques  d’une part, et aussi  contrôler  la tension chez les personnes hypertendues d’autre part. Nous avons effectivement  sélectionné ces plantes que nous avons étudiées d’autre part.  Nous avons fait la toxicité de ces plantes et nous avons extrait leurs principes actifs.  Pour fabriquer un médicament antidiabétique soit sous forme de gélules soit sous forme de solution pour traiter  les diabétiques. Aussi,  nous pouvons traiter des hypertendus avec des plantes.   La particularité de Nutrasucre,  c’est que les plantes qui ont montré  une forte activité antidiabétique ont été  associé à du sucre pour pouvoir réduire l’effet néfaste du sucre. Donc le mélange extrait de plante  et sucre a permis  de  mettre au point le Nutrasucre. Qui est un produit sucré mais qui peut aider à lutter contre le Diabète.   Avec Nutrasel,   nous  avons les plantes qui sont fortement anti-hypertensives ont été associées    à du sel de cuisine et ce mélange aussi est capable de contrôler l’Hypertension Artérielle chez les personnes malades.   Nutrasel    est du sel neutralisé quand l’autre est du sucre neutralisé. Cette dernière trouvaille peut-être consommée par des personnes  diabétiques ou toute autre personne. Tout comme le sel en question peut être consommé par des hypertendus ou non. A ce jour, vous avez découvert combien de produits et officiellement reconnus ? Nous avons beaucoup de produits. Mais pour qu’un produit soit officiellement reconnu et autorisé  à la vente en pharmacie, il doit subir un certain nombre de tests.  Pour le moment, nous avons fait subir à tous nos produits,  ces tests mais ceux  qui arrivent  à donner satisfaction, ce sont les deux produits que nous avons cité plus haut. Ils ont été autorisés à la vente ici en Côte d’Ivoire et dans la Sous-région ouest africaine. Également, nous continuons d’exporter hors Afrique avec l’agrément du ministère ivoirien  de la Santé publiqueQuels sont vos rapports avec les tradi-praticiens ? Nous sommes Professeurs d’Université et Enseignants-Chercheurs.  En  principe le chercheur en pharmacopée  doit  faire un pont entre la médecine dite traditionnelle et la médecine classique. Nous étudions les plantes des tradi-praticiens, nous sélectionnons  les plantes  les plus actives. Aussi, nous étudions la chimie, la toxicité  desdites plantes, pour proposer à la médecine classique,  des molécules capables d’être transformées en médicaments. Nous chercheurs, nous montrons que la médecine traditionnelle enrichie la médecine et vice  versa.  En médecine moderne, lorsqu’on reçoit  un malade, on  fait   des tests cliniques pour voir quelle est la maladie.  On fait un diagnostic précis qui peut servir aussi  aux tradi-praticiens pour  pouvoir  trouver la maladie et proposer la plante la plus efficace dans le traitement de cette maladie. Donc nous chercheurs, faisons  un pont entre les deux médecines. N’empêche que par moment, il y a des piques entre Tradi- praticiens et chercheurs ?   C’est normal ! Le Tradi-praticien pense que   nous venons vers eux, pour leur arracher leurs plantes  et recherches.  Ils disent que nous prenons leurs plantes qu’on transforme et eux, ils ne gagnent rien.   Nous pensons que l’Etat doit créer un institut au sein duquel, Tradi-praticien et des  Professeur d’Université comme nous peuvent mettre au point des produits. En ce moment-là, tous les acteurs qui sont dans ce projet peuvent bénéficier des ristournes de  la vente de ce produit.   Ainsi,  tout le monde  y trouvera son compte dans cette collaboration ( voir encadré)  Généralement, certains Chercheurs  vont vers les tradi-praticiens. Ils prennent leurs recettes et viennent les transformer en médicaments. En ce moment-là, le Tradi-praticien se sent lésé.  Pour éviter d’en arriver là, il faut aller à  la formule que j’ai indiquée plus haut. Il faut que l’Etat prenne une décision politique, en créant des groupes de chercheurs  sur le paludisme, sur le  Diabète et sur l’Hypertension Artérielle Sans oublier les maladies immunitaires. Dans chaque groupe, on pourrait trouver des pharmaciens, des tradi-praticiens, des pharmacologues, des botanistes et des sociologues par exemple. Chaque équipe va plancher sur une maladie et rechercher des médicaments pour traiter ces maladies. Dans  ces conditions, ce ne sont pas les médicaments du Professeur Zirihi Guédé ou du Tradi-patricien M. Aka, mais celui de l’équipe, donc de l’Etat de Côte d’Ivoire.Le  paludisme tue en Afrique que le Vih Sida. Que pouvez-vous faire pour lutter  contre le paludisme ou le Diabète ? Nous avons  déjà  des produits  antidiabétiques.  Il faut reconnaitre que les maladies métaboliques ne sont  pas des infections. La maladie métabolique il faut la gérer toute la vie. Si on fait un bon traitement antidiabétique par exemple, et que le patient suit très bien les conseils qu’on lui donne, il va vivre longtemps avec la maladie.   C’est ce que nous faisons et nous avons déjà des résultats et nous sommes sur la bonne voie. En dehors du Diabète, nous avons des produits à même de booster les défenses immunitaires. D’ici deux ou trois mois, ce produit sera en  pharmacie.  En ce  qui concerne le paludisme, disons qu’il est en train de devenir une maladie métabolique. Il n’existe pas un médicament pour l’éradiquer complètement. Nous sommes dans une zone endémique de paludisme.  On peut prendre des médicaments pour tuer les plasmodiums, vous êtes guéri demain. Après vous rechutez simplement  parce que nous sommes dans une zone  endémique où nous avons l’anophèle   qui va encore inoculer la maladie.  Notre intention, c’est d’utiliser  des antipaludiques usuels qui ont déjà  confirmé leur activité. Mais à ces antipaludiques usuels, il faut ajouter   des extraits de plantes pour renforcer le système immunitaire.( …)  les personnes traitées pourraient rester jusqu’à un an ou  deux sans faire le paludisme. Parlez-nous un peu du sucre que  vous utilisez dans votre produit Nous utilisons du sucre de canne que nous achetons avec les producteurs. Le sucre sur toutes formes donne le Diabète Mais ce sucre associé  avec nos extraits de plantes, permet  de diminuer  la nocivité à donner le Diabète  Donc nous n’utilisons pas le sucre normal mais notre est un sucre traité. Votre regard sur la  médecine  traditionnelle africaine ?  Les Etats africains doivent mettre en place des systèmes pour faire collaborer toutes  ces  médecines. Nous avons  des maladies qu’on peut traiter avec la médecine classique  mais  pas d’autres. Il faut une association des techniques pour arriver à bout de  ces maladies. Si j’étais décideur, j’allais commencer par construire  des instituts de recherches pour réhabiliter la médecine traditionnelle, créer des équipes de recherches comme indiqué plus haut.  L’initiative est en marche à Madagascar en copiant le modèle français qu’on appelle l’Inserm. Qui a des pôles  de recherches. Je pense qu’on peut faire ça ici.  Lorougnon Guédé, Frédérique Guédé Guina, Zirihi Guédé. C’est une affaire de famille ?  C’est une coïncidence. Le  Professeur Guédé Guina est Professeur de Biochimie. Sa spécialité c’est la pharmacologie des substances naturelles. Le  Professeur Lorougnon Guédé est botaniste pure. Sa spécialité c’est  les plantes et la morphologie des plantes et  lui c’est la  botanique. Moi, j’ai appris et la botanique avec le Professeur Lorougnon Guédé et  la Biochimie avec le Professeur Guédé Guina. En Allemagne, j’ai pu apprendre toutes les techniques pour faire  passer la plante en médicament. Sur le plan parenté, nous n’avons pas de lien. (…)  A l’Ufr Biosciences, on dit à chaque génération son Guédé. La première  génération c’est Lorougnon Guédé, la deuxième c’est  Guédé Guina et la troisième actuellement c’est  Zirihi Guédé. Professeur croyez-vous  au cure-dent  Gouro tout comme à Atôté ?  Le Cure-dent gouro, c’est une plante qui contient des glucosides cardiaques capables de stimuler la pompe du sang. Qui arrive au corps caverneux et des corps spongieux pour pouvoir maintenir une bonne érection.  Les glucosides cardiaques existent mais pour  des personnes hypertendues, c’est dangereux de prendre ce produit. Pour les hypertendus, la pression sanguine est déjà forte, si vous utilisez ce genre de produit, ça peut vous causer un problème cardiovasculaire. Ce sont  des produits qu’il faut prendre avec beaucoup de précautions.  Parce que  les glucosides cardiaques en fonction  des structures, peuvent être très  néfastes pour le cœur surtout chez les personnes hypertendues. Aussi, il  est à préciser  que  l’Hypertension Artérielle est liée  au Diabète.      Le trou qui est dans les vaisseaux sanguins est  réduit par les huiles donc, la tension augmente. A titre d’illustration, si vous voulez arroser un jardin et que vous pincez le bout du raccord, l’eau va plus  de dix mètres plus loin parce que le canal est réduit.  Le Diabète provoque le  dépôt de cholestérol dans les vaisseaux sanguins. Donc cela   peut entrainer l’Hypertension Artérielle (…) Quant au « Petit cola», nous l’avons étudié, c’est un puissant antioxydant. Ça réduit le stress oxydant. Lorsque vous n’êtes pas stressé, c’est normal que l’appétit sexuel revienne. Parce que le  stresse  partie des radicaux libres(…) Les produits aphrodisiaques existent mais il faut être rigoureux sur la qualité et la posologie. Je ne peux pas dire que  c’est bon ou pas.  Si ce n’était pas bon, peut-être  qu’on l’aurait retiré du marché.  Ce que je peux conseiller, c’est  de faire attention surtout pour les hypertendus. Les produits aphrodisiaques ne sont pas bons pour eux. Les aphrodisiaques qui sont vendus en pharmacie sont  des glucosides cardiaques qui  boostent l’activité cardiaque.  En tant qu’hypertendu, votre cœur est en train de travailler dure et si vous faites remonter encore plus le rythme, vous pouvez faire une Infarctus. Votre cœur peut se déchirer. Il faut donc l’utiliser avec modération parce que vous pouvez non seulement augmenter anormalement votre circulation sanguine mais aussi mettre votre cœur en difficulté. 

Bamba Mafoumgbé, Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 Légende photo : Professeur  Zirihi Guédé Noel : «  l’Etat  doit créer des instituts de recherches pour réhabiliter la médecine traditionnelle »

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