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vendredi 3 mai 2024
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Docteur Adama Coulibaly Dg du Conseil du Coton et anacarde / Trafic illicite de l’anacarde « Voici ce que ça rapport au Ghana …»

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Docteur Adama Coulibaly Dg du Conseil du Coton et anacarde / Trafic illicite de l’anacarde   «  Voici ce que   ça rapport  au Ghana …»

  A la faveur  d’un atelier d’échanges et de renforcement des capacités  portant sur la législation de la commercialisation  de l’anacarde qui vient  de prendre fin à Yamoussoukro, le Docteur Adama Coulibaly , Directeur général du Conseil du Coton et de l’anacarde,   situe les enjeux du renforcement  des textes. Non sans   dénoncer l’impact négatif  de la fraude  sur   la filière. 

Monsieur le Directeur général, pourquoi un atelier  sur la législation de la commercialisation de l’anacarde ?Nous  sommes venus  effectivement à Yamoussoukro pour un atelier d’échange et de renforcement de capacité  sur la législation de la commercialisation de l’anacarde. Ce avec le dispositif judiciaire de notre pays  et tous ceux   qui exercent sur le terrain.  Surtout ceux d’Abidjan – Plateau et de Yopougon qui connaissent très souvent   des litiges  de ce genre.  Ca  été un atelier nécessaire en  ce sens que  la reforme a eu lieu en 2013. Cinq ans après  la mise en œuvre  de la réforme, il était bon de revisiter les textes, la loi, les décrets d’application( …) de sorte à regarder s’il y a des solutions de continuité dans les   textes. A l’effet de combler  les  vides   et   gérer   la commercialisation  pour les années à avenir  dans d’excellentes  conditions.  En d’autres termes, il s’agissait de faire le bilan de la mise en œuvre  de la reforme au plan des textes juridiques et de voir si ces textes sont complets, satisfaisants. Pour in fine faire des propositions nouvelles.  Il s’agit à la foi   d’instruire les magistrats qui n’ont pas parfois la chance ou l’inconvénient d’avoir des affectations où on ne produit pas cette spéculation.  Pendant que d’autres  qui n’ont pas été formés viennent  dans  les  régions où l’on produit l’anacarde.  L’un dans l’autre, il s’agit de porter à la connaissance des certains  magistrats, les textes qui portent  sur la commercialisation de l’anacarde et du coton 

Concrètement sur le terrain quels sont les obstacles sur lesquels bute l’application des textes qui sont pour l’instant en vigueur ? 

 

Il  n’y a pas d’obstacle. Mais  aucune œuvre humaine n’étant parfaite, après  cinq ans après  de  mise en œuvre,  il  était bon de revisiter les textes. Mais aussi et surtout  permettre aux magistrats  d’avoir tout l’arsenal juridique, pour pouvoir  bien exercer sur le terrain. Ce dans l’intérêt de la filière. Comme nous l’avons tantôt indiqué,  la magistrature représente  la colonne vertébrale de l’Etat. Ce dernier étant lui la colonne vertébrale  de la Nation.   Pour que les investisseurs soient rassurés, il convient que l’Etat de droit s’exprime.   Ce qui se fait à travers la justice. C’est pourquoi nous sommes occupés à  bâtir des filières coton et anacarde durables, solides, conquérantes qui attirent les investisseurs du monde  entier. C’est pourquoi nous insistons  sur la qualité des jugements qui sont rendus au niveau des filières. Y a-t-il eu des sanctions  durant cette campagne qui est en train de prendre fin ? 

Nous ne pouvons pas  donner un nombre précis  de sanctions prononcées. Parce que certaines affaires  se dénouent  et ne vont pas forcement devant les tribunaux.  Nous sommes les premiers niveaux d’arbitrage. 

Les  comités de veille  qui sont présidés par les préfets sont également des niveaux  de gestion de certains conflits. Heureusement  beaucoup de conflits s’éteignent au niveau du Conseil coton et anacarde et  des comités de veilles. Tel est donc l’esprit de la filière. Il faut régler ce qu’on peut  régler à l’amiable. C’est quand on échoue à cette étape, qu’on peut  aller devant les tribunaux.   C’est comme ça  que ça marche et c’est tant mieux pour la filière.  

Un point sur la campagne de commercialisation de l’anacarde qui est en train de finir ? 

Pour la noix de cajou, nous sommes à 742 mille tonnes de produits achetées bord champs contre 630 mille tonnes exportées à la date du 17 décembre 2018. Quant au taux  de transformation locale,  nous ne sommes pas loin des 10%. Nous progressons et pensons que d’ici deux ans, vous verrez  notre taux de progression. Nous voulons ici profiter  de l’occasion pour remercier l’appareil judiciaire pour  sa contribution au renforcement de capacité de nos collaborateurs.  ( …)    qui ne baissent  pas les bras sur le  terrain  face à la fuite  de l’ anacarde dans  des zones  de production. Dans  la Région du Gontougo,   cette année, nous sommes à 47 mille tonnes produites  dans cette région. Si nous remontons deux ans en arrière, le Gontougo en 2016 avait produit  83 mille tonnes. Si nous voulons aller plus  loin en arrière, nous étions à 126 mille tonnes d’anacarde.  A ce jour nous sommes à 47 mille tonnes. Les planteurs tout comme leurs plantations sont là et nous n’avons pas enregistré une catastrophe particulière dans cette région.  Des feux  de brousse ou une baisse de pluviométrie par exemple.

  Mais pourquoi la production baisse  d’année en année ? 

A notre  avis,  nous pensons  que cela est  dû   au  trafic illicite des noix vers  des pays frontaliers.  Si nous prenons la région voisine, l’Indénié- Djuablin, en  2017, nous étions à 8510 tonnes. Cette année, nous sommes  à 2170 tonnes. Dans le département de Ouangolo, en 2015, nous étions à 3300 tonnes 2016, nous sommes tombés à 2130 tonnes. En 2017,  nous  tombés à 2400 tonnes. Ce sont des chiffres qui nous interpellent nous, en tant que responsables  de la gestion de la filière. 

Face à un tel tableau  qu’est-ce qu’il faut faire ?

Nous sommes conscients que lorsque le Ghana dit  que mon produit ne peut pas sortir par la voie terrestre ou  dit en d’autres termes qu’elle interdit  le trafic de son  produit par la voie  terrestre, nous ne voyons pas qui peut le contredire. Il ne viendra jamais à l’idée d’un ivoirien, de prendre un camion d’aller collecter des noix  de cajou au Ghana et ressortir  tranquillement. Il  en est   de même  pour le Burkina Faso. Quand  il dit  que   tel produit ne peut pas sortir, nous ne voyons quel ivoirien peut rentrer   dans les villages de ce pays avec un camion immatriculé en Côte d’Ivoire, pour aller  acheter  des noix et retourner tranquillement en Côte d’Ivoire.  Tout ça parce que dans  notre pays nous sommes préoccupé à construire un Etat de droit.  Mais en même temps, nous devons chercher l’équilibre entre nos intérêts et  l’Etat de Droit. Cela est extrêmement  important pour les investisseurs.il ne faudrait pas que notre arsenal juridique devienne un handicap au point que les gens  viennent nous narguer  sur notre propre territoire.  Pour le moment, nous avons l’impression  que les trafiquants nous narguent. Aucun ghanéen ne peut entrer en Côte d’Ivoire tout seul, acheter  des noix  de cajou  et repartir.  Pour y arriver les gens jouent sur les failles de  notre dispositif, en se disant  très bien que si on me prend, je vais aller passer quelques jours en prison et après, on va me libérer.  Nous en tant que techniciens,  nous avons le devoir de corriger  les failles qui existent dans notre dispositif juridique. Pour lutter  contre la fraude, nous prenons parfois des dispositions  qui  ne sont pas normales aux yeux  des acteurs de l’appareil judiciaire.  Quand on perd 50 mille tonnes, ça fait mal. 

Pouvez-vous nous présenter le poids réel  des  pays producteurs  de la Sous – région ? 

c’est la moitié de la production du Benin,( environ 120 mille tonnes officiellement). C’est le deuxième produit  d’exportation de pays.   Le Togo est  12 mille tonnes pendant que le Ghana  est officiellement à 85 mille tonnes. Mais quand on va regarder dans les statistiques d’exportation que nous allons capter  dans les ports d’arrivée. Le Ghana refuse de nous donner les statistiques. Nous sommes allés  au Port de Tema où s’exporte la noix de cajou. Nous avons parlé avec le Dg dudit port pour nous donner les chiffres. Il nous a bien reçu  mais quand nous avons demandé les statistiques  d’exportation, il  les a promis  et jusque –là rien depuis deux ans. Nous sommes obligés d’aller chercher  ces chiffres  dans les ports d’arrivée au Vietnam et en Inde. Le trafic  illicite transfrontalier à plusieurs conséquences.  L’une des conséquences pour une région comme le Gontougo, est en train de devenir du point  de vue de la noix de cajou, une zone désertique. Les investisseurs qui étaient motivés  d’y construire des usines,   sont en train de refuser de s’y implanter.  Parce qu’ils n’arrivent à avoir  de la Matière première. C’est mauvais la région et la création d’emplois pour les jeunes.  La deuxième conséquence, la fuite  de nos produits vers les pays limitrophes faussent les statistiques internationales. Aujourd’hui le Ghana peut se targuer  de produire plus de 150 mille tonnes alors qu’en réalité il ne produit que 75 mille  tonnes. Au plan international, lorsque nous allons aux conférences  internationales,  ce pays considéré comme un grand pays producteur de noix de cajou.  En termes  de mobilisation des financements, le Ghana  mobilise des ressources pour sa filière cajou alors qu’il n’a même pas un organe de régulation  et de gestion de la filière. C’est un marché libre  et ce produit est marginal dans  l’économie ghanéenne.  Il est reconnu que l’anacarde produit  dans le Gontougo est de très bonne qualité et il  se trouve que  ce sont  ces noix de très bonne qualité qui vont  par la fraude au Ghana.

Quels sont alors  les avantages pour le Ghana ? 

Un double avantage.  Le Ghana  du fait  de ces noix de très bonne  qualité est très bien rémunéré sur le marché international, grâce à notre production et nous passons pour un pays producteur de cajou de moindre qualité par rapport au Ghana. Là où ce dernier  peut gagner  50dollars (  25000Fcfa) en plus sur chaque tonne, nous  ne percevons rien. La dernière conséquence, c’est le manque à gagner pour l’économie nationale ( Voir encadré) le travail que nos magistrats  viennent  d’accomplir est très capital pour nos filières. Parce que cela va  renforcer l’arsenal juridique. Nous serons amenés à poser des actes forts si davantage  d’ici là, s’il y a des   failles dans notre arsenal juridique que voudraient exploiter  les trafiquants. ( …) nous  voulons travailler le plus possible dans la légalité en laissant  moins de marge aux  situations qui ne sont pas gérer par les textes. 

 Interview réalisée à Yamoussoukro par Bamba Mafoumgbé , Cette adresse courriel est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. Légende photo :  Docteur Adama Coulibaly, Directeur général du Conseil du Coton et de l’anacarde : « Le Ghana  du fait  de  nos  noix de très bonne  qualité,  est très bien rémunéré sur le marché international » 

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